ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Guerre

Par Louis-Ferdinand Céline et François Gibault
(5,0)
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Immense évènement littéraire que la publication de cet inédit de l’inénarrable Céline ! Dès la toute première page et jusqu’à la dernière, on est happé par le grand style irrévérencieux de l’auteur de Mort à crédit. On peut d’ailleurs choisir de voir Guerre comme une annexe à cette œuvre ou encore la lire en toute indépendance en se réjouissant de ce qu’elle a de tout à fait originale. Dans l’arrière-pays, à quelques lieues de tranchées pilonnées de jour comme de nuit, l’horreur et l’absurdité intrinsèques à la guerre déchirent la cervelle en berne d’un soldat trépané. Alité dans un hôpital de campagne, il se réfugie dans la consolation pathétique de rêves lubriques, craignant tant la visite de ses parents que la découverte d’une lâcheté passée qui pourrait lui assurer un futur de fusillé. Ici, il n’y a pas de héros, sauf ceux que l’arbitraire de la providence a désigné en épinglant à la boutonnière de leur veste le clinquant d’une médaille. Les hommes sont aussi violents qu’ils sont brisés, les femmes aussi volages que désespérées et le grotesque affleure chaque fois que l’on croit apercevoir le mirage de la poésie. D’une beauté impitoyable, ce sombre joyau se dresse tel un obélisque noir à la mémoire des vies broyées sur l’autel sanglant des galonnés.
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Les tapas de Marie-Fleur

Par Marie-Fleur St-Pierre et Mathieu Lévesque
(3,0)
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Marie-Fleur Saint-Pierre, cheffe du restaurant Tapeo à Montréal, se spécialise dans la confection des tapas, ces petites entrées issues de la cuisine espagnole. Son livre de recettes recense une panoplie de mises en bouche à base de croûtons et de divers poissons, mais aussi ce qu’elle appelle gentiment les « mal aimés » : cœurs de poulet, foies de veau et de volaille, boudin, ailes de poulet, ris de veau, escargots. Sans oublier une recension de fromages spécialisés dont je n’avais jamais entendu parler (Brebiou, Tournevent, Manchego, La Legenda, Grotte, Valdeon, Rassembleu, Mahon, Murcia al Vino, Ibores, Sao Jorge, Petit Basque) et d’accompagnements essentiels tels l’aïoli, les gousses d’ail confites, les poivrons grillés, vinaigrettes et sauces. Le stylisme de l’ouvrage est impeccable et laisse admirer des photos en gros plan qui donnent l’eau à la bouche. Des hors-d’œuvre vite mangés pour une longue préparation que je juge somme toute laborieuse; une équation que je n’apprécie pas tellement en cuisine. Bref, un ouvrage bien réalisé mais donnons-nous plutôt rendez-vous à son resto!
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Stendhal

Par Philippe Berthier
(4,0)
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Je me souviens encore du sentiment ressenti à la lecture de La Chartreuse de Parme, en plus du lieu et de la saison. C’était l’été des vacances scolaires, j’avais seize ans et, au gré de mes promenades sur la terre familiale, je buvais goulûment les mots de Stendhal, sans toutefois bien saisir toute la portée de ce magnifique et gigantesque roman; c’était ma première incursion dans la littérature dite classique. J’ai ensuite admiré Gérard Philipe dans le film Le Rouge et le Noir, toujours aussi éblouie par l’histoire et le style stendhalien. Et par un concours de circonstances, j’ai pris note récemment d’un ouvrage écrit par Philippe Berthier intitulé Amitiés d’écrivains, ce qui m’a amenée à cette biographie monumentale de Henri Beyle, alias Stendhal, Vivre, écrire, aimer. Un mantra qui sied à merveille à l’homme qui écrivait avant tout dans le plaisir. Philippe Berthier, en spécialiste avéré de Stendhal, s’amuse sans conteste à retracer le parcours d’un enfant unique séparé trop tôt de sa mère et qui abhorrait son géniteur, soumis aux infortunes d’une condition modeste, et qui sera chargé, un temps, de l’intendance de l’armée napoléonienne sous l’Empire. Des postes administratifs dans l’appareil d’État lui seront ensuite offerts sans vraiment qu’il n’y attache l’importance que ses bienfaiteurs auraient voulu. Sa grande affaire, cependant, c’était l’écriture, en tout bien tout honneur. Cette biographie nécessite une adaptation car qui n’est pas féru de l’œuvre stendhalienne doit s’accrocher ferme. Philippe Berthier pose ses mots choisis comme l’aurait fait son sujet, avec panache et humour. Érudit, approfondi jusque dans les moindres détails, l’ouvrage en impose. J’ai bafouillé sur les premières pages, mais j’ai tenu le coup et pris le rythme imposé avec la satisfaction d’avoir embrassé pendant quelques jours la vie d’un écrivain de son temps, « (…) éternel paradoxiste flippant, aimable causeur italomaniaque et caustique mauvais esprit (…) »
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9 T.1 : C'est arrivé la nuit

Par Marc Levy et Pauline Levêque
(3,0)
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Marc Levy est l’écrivain français le plus dans le monde, enfin, c’est ce qu’on lit derrière la couverture de C’est arrivé la nuit. Comme je n’avais pas encore succombé à l’attrait de cette immense popularité, je me suis lancée avec ce premier volet d’une trilogie. Le Groupe des 9, supers héros du piratage informatique, se sont donné comme but ultime dans l’existence de « traquer la vilenie de ce monde depuis un écran d’ordinateur. » Ekaterina, Mateo, Maya, Diego, Cordelia, Janice, Vitalik et Malik, véritables as du hacking, se concertent depuis diverses capitales via des canaux sécurisés et jouent toujours de prudence autant dans leurs communications que dans leurs manipulations des systèmes qu’ils veulent prendre d’assaut. Chassés-croisés dans l’univers de la téléphonie mobile, des réseaux sociaux, de la haute finance, des paradis fiscaux et de la désinformation, C’est arrivé la nuit se déroule à vitesse grand V grâce à la vivacité des dialogues et aux nombreux changements de lieux et de temps. Les personnages sont bien campés, même si leur histoire personnelle n’est que survolée, la certitude de les retrouver dans les tomes deux et trois rassure en quelque sorte le lecteur. Et ne serait-ce que pour connaître l’identité du neuvième membre du groupe, je suis partante pour continuer l’aventure. Un thriller honnête qui m’a plu malgré son penchant un peu trop manichéiste.
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Offrandes musicales

Par Michel Tremblay
(4,0)
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En pleine pandémie, Michel Tremblay se fend d’un énième recueil de souvenirs et d’anecdotes personnelles, cette fois-ci autour de la musique. L’éventail est large : opéras de Pucini et de Verdi, piètres opérettes, œuvres magistrales de Bach, Tchaïkovski, Brahms, Ravel, comédies musicales américaines, concerts de Barbara, de Céline Dion et d’Édith Piaf, Tremblay carbure à tout ce qui le fait vibrer et embrasse tout autant le quétaine que le classique. Ses récits sont parfois burlesques mais toujours empreints d’émotion et de sincérité. En prime, on a droit au retour de son personnage fétiche, Édouard, alias la Duchesse de Langeais, en deux brefs exposés, coda à cet ouvrage à la fois nostalgique et actuel.
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Jack Kérouac

Par Victor-Lévy Beaulieu
(4,0)
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« Et faire un plan, disséquer le cadavre scientifiquement, sortir tout le filage de cette boîte à mots qui s’appelle Jack Kerouac : les fils rouges seraient-ils paternels? Les noirs, maternels? Les vers, religieux? Les mauves, sexuels? Les blancs, alcooliques? - Et ainsi de suite, jusqu’à la mort de Jack (brûlé par le gros gin et le bon vieux vin français - un ivrogne, Jack, t’es un ivrogne! » C’est un essai poulet qu’a concocté Victor-Lévy Beaulieu en 1971, peu après le décès de Jack, presque à chaud. Assaisonné d’anecdotes, pimenté des réflexions de l’auteur et par-dessus tout, puisé à même l’œuvre de Kerouac, l’ouvrage mérite le détour même si le genre biographique ne peut lui être accolé. Pour cela, le livre de Gerald Nicosia, Memory Babe, fait amplement le boulot. VLB dissèque chacun des romans de son sujet afin d’y trouver matière à analyser l’homme derrière l’écrivain. C’est foisonnant de détails et de digressions fort intéressantes. Le style VLB porte à merveille son propos, et en ce sens je n’ai pas été déçue, quoiqu’il aurait été certes préférable de mieux connaître la bibliographie de Kerouac pour en bien saisir toute la dimension. « (…) laisse-toi éblouir, lecteur, ne commence pas par lire entre les lignes, suis ta phrase comme si t’étais un bon chien de chasse, dévore les mots, avale, avale furieusement (…) »
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L'apiculteur d'Alep

Par Christy Lefteri
(4,33)
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L’apiculteur d’Alep, magnifique et désolant récit du parcours de migrants fuyant la guerre civile dans leur pays, incarnés par Nuri Ibrahim et sa femme Afra, syriens dépossédés de tout, y compris de leur jeune fils Sami, mort sous les bombes dans leur jardin. L’écriture de Christy Lefteri sublime et afflige tout à la fois, nous donnant à voir la beauté du territoire quitté, les bouffées d’espoir avili dans les camps de réfugiés et les assauts constants de la perte subie. Structuré autour de passages alternés entre le présent et le passé, le roman embrasse tout le malheur de la migration forcée chez des gens qui, en ayant tout perdu, n’ont plus rien à perdre. Malgré le poids du propos, l’autrice a su intégrer un peu de poésie et de fantaisie dans son récit, rendant ainsi une légèreté à la lecture tout en ne cachant pas la triste réalité des faits. Un tour de force littéraire parfaitement maîtrisé!
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Les villages de Dieu

Par Emmelie Prophète
(4,28)
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« Pour vivre dans la Cité, il fallait croire très fort au présent et l’inventer à chaque seconde. » Célia (Cécé La Flamme) vit dans la Cité de la Puissance Divine, contrôlée un jour par Freddy, détrôné sauvagement par Joël, lui-même blackboulé peu après par Cannibale 2.0 (Justin), lequel finit par tomber sous les balles de Jules César, dit Cassave. C’est le quotidien à Port-au-Prince qui compte plusieurs de ses villages mis à l’écart des lois et du gouvernement et que les petits caïds se disputent (Cité Bethléem, Cité Mercidieu, Cité Source Bénie, Cité Mains de Jéhovah). Tous, sous l’égide de Dieu et des divers pasteurs, se font la guerre nuit et jour, créant un régime de terreur pour leurs habitants. À vingt ans, Célia a déjà perdu sa mère Rosia, morte du sida, et sa GranMa Christa qui l’a élevée. Son tonton Fredo, assommé par l’alcool frelaté et ses désillusions, habite avec elle dans une masure au toit de tôle qui laisse passer chaleur et pluies diluviennes. La prostitution lui procure quelque revenu, mais à un seul client, il lui faut vite trouver autre chose. Le salut viendra par son téléphone mobile, un outil indispensable pour qui veut sortir de son milieu et ce, malgré les inévitables pannes d’électricité et l’indigence ambiante. Les villages de Dieu, c’est un portrait saisissant et actuel d’Haïti, pays gangrené par la corruption, les guerres de gangs, les trafics en tous genres, la pauvreté et l’analphabétisme de ses citoyens. Les rêves y sont déformés par la violence et l’abattement généralisés. « (…) mais la vie c’était du sable mouvant par ici, il fallait saisir la brièveté des choses et s’en accommoder. » Une lecture uppercut qui anéantit ces mots de Charles Aznavour : « Il me semble que la misère, serait moins pénible au soleil ».
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Vie de Gérard Fulmard

Par Jean Echenoz
(5,0)
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Polar, roman social ou politique, psychologique peut-être, pourquoi pas thriller, mais comment définir ce petit bijou de littérature qu’est La vie de Gérard Fulmard? Je n’en sais toujours rien après avoir terminé le parcours insolite de Gérard, un célibataire à l’aube de la cinquantaine habitant rue Erlanger, Paris, ancien steward licencié pour d’obscures raisons et maintenant demandeur d’emploi. Des banales séances de consultation qui lui sont astreintes avec un psychologue sortiront un embrouillamini d’événements déterminants pour la suite de son existence. Jean Echenoz raconte formidablement cette histoire d’un homme ordinaire aux prises avec une réalité complètement foldingue, à mille lieues de son quotidien et de sa solitude. Une spirale infernale dans laquelle évoluent des personnages sculptés au couteau carburant aux complots et aux trahisons. L’écriture superbe fait parfois penser à Houellebecq, les scènes de cul en moins. Jean Echenoz confirme son immense virtuosité et s’installe confortablement dans mon panthéon d’écrivains admirés.
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Vingt-trois secrets bien gardés

Par Michel Tremblay
(4,5)
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Ce sont vingt-trois brefs récits de sa vie que Michel Tremblay nous offre, livrés de manière distanciée, mais avec un regard tendre et humoristique. Du premier souvenir d’enfance à la découverte de son orientation sexuelle, Tremblay ratisse son passé familial et professionnel le temps de ce court ouvrage et révèle quelques moments forts d’une existence d’écrivain bien remplie. C’est la variété dans le propos et dans le ton qui donne toute sa force à ce recueil que j’ai lu au bord de la piscine, le temps d’un après-midi chaud et ensoleillé. Et je peux bien l’avouer, tout ce qui sort de la plume de Michel Tremblay, je ne m’en lasse pas.
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La conquête du cosmos

Par Alexandre Fontaine Rousseau et Francis Desharnais
(4,77)
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Qu’ont bien pu penser ou dire Youri Gagarine, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins avant de se soustraire à l’attraction terrestre et de s’envoler vers le cosmos infini? Et bien, Alexandre Fontaine Rousseau et Francis Desharnais l’ont imaginé et nous le restitue dans cette bande dessinée au ton joyeusement décalé. Du 4 octobre 1957 avec l’envoi du premier Spoutnik soviétique dans l’espace jusqu’à l’alunissage d’Apollo 11, le 20 juillet 1969, les cases uniformes de Desharnais soutenues par les dialogues jubilatoires de Fontaine Rousseau racontent la rivalité entre l’URSS et les États-Unis pour conquérir l’univers interstellaire et s’en approprier la découverte. Entre les conversations et les impressions des scientifiques, le journal de bord de l’astronaute Collins et une brève incursion dans la guerre du Vietnam, la BD arrive à résumer avec légèreté cette course entre les deux géants de l’époque. « Mets ça dans ta pipe pis puff, Popov! » aurait dit, semble-t-il, JFK lors de son fameux discours du 25 mai 1961, lequel devait marquer sa présidence et permettre l’envoi du premier homme sur la Lune. Rigolade et sourire en coin au rendez-vous!
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Chercher Sam

Par Sophie Bienvenu
(4,47)
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« Parfois, les bons jours, j’ai l’impression d’être un aventurier. T’as pas le choix de voir ça de même quand faut réfléchir à un plan rien que pour aller chier. Mais y’en a pas beaucoup, des bons jours. La plupart du temps, j’arrive pas à me mentir. Je sais que devoir survivre au-dehors, c’est ce qui me fait survivre en dedans. » Mathieu vit au jour le jour dans les rues de Montréal, accompagné de sa chienne pit-bull Sam. Peu liant avec le genre humain, toute son existence semble reposer sur le soutien indéfectible de sa compagne de route à laquelle il offre ses pensées et ses craintes. Peu à peu, au fil du récit, on apprend pour quelle raison Mathieu se retrouve ainsi itinérant, habitant une solitude immense dans la multitude de la métropole. Sophie Bienvenu a réussi à faire sourdre la tristesse et l’abattement dans la voix de son narrateur tout en laissant le lecteur sur une note d’optimisme. Un court roman bien structuré qui suscite empathie et questionnement sur la parentalité. L’écriture simple, au plus près du parler quotidien, contribue également à faire corps avec le personnage principal, que l’on dirait à nos côtés en train de nous piquer une jasette. Bref, j’ai beaucoup aimé et lu en une journée.
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Enfant de salaud

Par Sorj Chalandon
(4,33)
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« J’ai besoin de savoir qui tu es pour savoir d’où je viens. Je veux que tu me parles, tu m’entends, je l’exige! Je n’ai plus l’âge de croire mais j’ai l’âge d’entendre et d’accepter. Cette vérité, tu me la dois. » Après Profession du père, Sorj Chalandon revient sur la mythomanie du paternel dans ce roman autobiographique dont le récit prend place alors que s’ouvre le procès de Klaus Barbie en mai 1987 à Lyon. En couvrant les assises de ce procès hautement médiatisé, Chalandon journaliste se décide à fouiller le passé de son père durant la Seconde Guerre mondiale. Qu’a-t-il réellement fait lors cette période mouvementée, de son enrôlement dans l’armée française à dix-huit ans jusqu’à l’armistice? Pendant l’Occupation allemande jusqu’à la victoire des Alliés? Les hauts faits auxquels il a soi-disant participés, les actes de bravoure dont il s’est vanté auprès de son jeune fils, collent-ils avec la réalité? « SS de pacotille, patriote d’occasion, résistant de composition (…) » Une enquête personnelle dans celle plus vaste de Klaus Barbie, toutes deux parfaitement intégrées dans une narration précise et efficace, de laquelle on ne peut se défiler. Une histoire qui confronte et dérange et qui ne cesse de refaire surface tellement les blessures sont profondes. Je ne peux m’imaginer ce que furent ces années terribles d’occupation et d’épuration sur le territoire français, mais Sorj Chalandon, par son écriture sensible marquée de bienveillance, arrive à m’en donner une juste idée.
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Mon maître et mon vainqueur

Par François-Henri Désérable
(4,5)
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Il fallait la plume inspirée de François-Henri Désérable pour sortir des sentiers battus une histoire de triangle amoureux, perpétuel nœud gordien des passions humaines. Edgar & Tina, parents de jumeaux, sont sur le point de convoler en juste noces après quelques années de cohabitation. Sous la pression de la belle-mère snobinarde, Tina se résout à organiser une grande cérémonie. Mais entre-temps, lors d’une soirée entre amis sous l’égide du narrateur, elle fait la connaissance de Vincent Ascot (Vasco pour les intimes). À partir de là, le socle sur lequel son couple était solidement établi, oscille sous les assauts répétés d’une cour galante et charnelle menée par Vasco. Il n’y a pas de banalité dans ce récit où s’entremêlent dans un joyeux chaos envolées poétiques et articles de loi, sous l’œil et l’oreille attentifs d’un juge et de son greffier. Et que dire de la fin qu’on n’aurait pu mieux imaginer! Un roman qui confirme une fois de plus la virtuosité et la polyvalence de l’écriture de François-Henri Désérable.
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Wuhan, ville close

Par Fang Fang
(4,0)
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Du 20 janvier 2020 au 24 mars 2020, Fang Fang, écrivaine chinoise, a tenu un journal durant le confinement de sa ville natale Wuhan, d’où est partie l’épidémie de COVID-19. 9 millions d’habitants enfermés à leur domicile et 5 millions d’entre eux exilés aux limites de la métropole, empêchés de rentrer chez eux. Publié sur diverses plateformes Internet, à plusieurs reprises, bloqué par les modérateurs et vilipendé par certains internautes ultra-nationalistes, le compte-rendu de Fang Fang éclaire et renseigne sur la manière dont cette catastrophe a été vécue par les Wuhanais. On y apprend entre autres que dès le 27 décembre 2019, l’alerte avait été donnée par une scientifique sur l’émergence d’un nouveau virus de type SRAS, mais que, pour des raisons encore obscures et non enquêtées, un délai d’une vingtaine de jours a retardé une action diligentée et propagé indûment l’épidémie dans la ville. Fang Fang et ses concitoyens éprouvent d’abord de la peur, la terreur du SRAS en 2003 resurgit, s’indignent et sombrent peu à peu dans la tristesse et l’ennui pour finir par s’impatienter du manque de coordination et d’empathie des pouvoirs publics. Du temps qu’il fait aux anecdotes glanées ici et là sur le quotidien des confinés, Fang Fang parsème son récit de poésie et remet les pendules à l’heure sur les rumeurs qui circulent et les attaques qui lui sont adressées via les réseaux sociaux. Tenir ce journal s’est révélé un exercice salutaire autant pour elle que pour ses lecteurs. Loin d’être déprimant, l’ouvrage, écrit dans un style simple et épuré, s’avère instructif et maintenant que la 7e vague bat son plein ici, il est utile de se retourner vers les débuts de cette pandémie pour en bien saisir toute la pleine mesure.