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Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Wuhan, ville close

Par Fang Fang
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Du 20 janvier 2020 au 24 mars 2020, Fang Fang, écrivaine chinoise, a tenu un journal durant le confinement de sa ville natale Wuhan, d’où est partie l’épidémie de COVID-19. 9 millions d’habitants enfermés à leur domicile et 5 millions d’entre eux exilés aux limites de la métropole, empêchés de rentrer chez eux. Publié sur diverses plateformes Internet, à plusieurs reprises, bloqué par les modérateurs et vilipendé par certains internautes ultra-nationalistes, le compte-rendu de Fang Fang éclaire et renseigne sur la manière dont cette catastrophe a été vécue par les Wuhanais. On y apprend entre autres que dès le 27 décembre 2019, l’alerte avait été donnée par une scientifique sur l’émergence d’un nouveau virus de type SRAS, mais que, pour des raisons encore obscures et non enquêtées, un délai d’une vingtaine de jours a retardé une action diligentée et propagé indûment l’épidémie dans la ville. Fang Fang et ses concitoyens éprouvent d’abord de la peur, la terreur du SRAS en 2003 resurgit, s’indignent et sombrent peu à peu dans la tristesse et l’ennui pour finir par s’impatienter du manque de coordination et d’empathie des pouvoirs publics. Du temps qu’il fait aux anecdotes glanées ici et là sur le quotidien des confinés, Fang Fang parsème son récit de poésie et remet les pendules à l’heure sur les rumeurs qui circulent et les attaques qui lui sont adressées via les réseaux sociaux. Tenir ce journal s’est révélé un exercice salutaire autant pour elle que pour ses lecteurs. Loin d’être déprimant, l’ouvrage, écrit dans un style simple et épuré, s’avère instructif et maintenant que la 7e vague bat son plein ici, il est utile de se retourner vers les débuts de cette pandémie pour en bien saisir toute la pleine mesure.
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Voyage d'hiver

Par Jaume Cabre
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Je me suis réconciliée récemment avec les nouvelles et cela est dû particulièrement aux Récits du presque pays de François Racine et bien sûr, du sublime livre Chambres noires de Karine Giebel. Alors, quand se présente un ouvrage du même genre littéraire, écrit de surcroît par Jaume Cabre, il ne faut pas hésiter. Douze histoires différentes qui s’interpellent à travers les âges, traversées par la musique, l’art et l’emprise de la famille. Comme dans Confiteor, l’auteur use d’une narration fluctuante entre ses personnages, soumettant ainsi le lecteur à une intense concentration, car à partir de la première nouvelle intitulée Opus posthume, un fil se tisse jusqu’à la dernière, Wintereisse. En tout, douze très beaux récits riches d’une écriture admirable et qui se savourent doucement dans une lecture addictive, étonnante pour ce type d’ouvrage. Jaume Cabre, découvert avec l’inoubliable Confiteor, s’inscrit lui aussi avec bonheur dans mon temple d’auteurs admirés.
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Un intrus

Par Charles BEAUMONT et Roger Corman
(4,5)
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« Jouez de leur ignorance, soulignez et reflétez leurs préjugés, faites-leur peur. » : des conseils qui auraient pu être soufflés à l’oreille de Donald Trump ou à tout aspirant dictateur de ce monde et qui planent sur le récit de ce roman paru en 1959. Un intrus est apparu sur mon fil d’actualité pendant que je lisais La vague de Todd Strasser et immédiatement, j’ai accroché au propos du résumé ainsi que sur la couverture un brin rétro mais combien éloquente. Autre atout qui m’a attirée, l’auteur est un contemporain de l’époque à laquelle se déroule l’histoire, soit celle de l’obtention des droits civiques pour les afro-américains et la fin de la ségrégation raciale. En dépit d’une traduction parfois imprécise, le roman fait mouche et ce, dès les premières phrases. Tous les personnages participent au fil narratif, même ceux qui nous paraissent secondaires, exigeant ainsi du lecteur une attention constante. J’en ai aimé aussi la structure et le style littéraire, oscillant entre la légèreté et la morale d’un épisode de la série « Papa a raison » et une crudité dans certains dialogues dignes des films les plus noirs et cyniques sur la question raciale aux Etats-Unis. Excellente initiative que d’avoir réédité ce roman dont on peut encore apprécier la pertinence encore aujourd’hui.
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Pieds sales (Les)

Par Edem Awumey
(3,5)
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« Longtemps, nous avons été sur les routes, mon fils. Et partout, on nous a appelés les pieds sales. Si tu partais, tu comprendrais. Pourquoi ils nous ont appelés les pieds sales. » Ainsi parlait la mère d’Askia lorsqu’il était enfant, tous deux exilés et revenus d’un périple à pied dans le Sahel, ayant perdu en chemin la trace du père, Sidi Ben Sylla Mohammed. En fuite lui-même à quarante-sept ans, Askia est maintenant chauffeur de taxi sans papiers à Paris et court la clientèle la nuit. En constante recherche de son père, l’homme au turban blanc, il croit l’apercevoir au détour des rues et s’en persuade au contact d’une photographe qui affirme l’avoir pris pour modèle une dizaine d’années plus tôt. Un récit peuplé d’errances, de fantômes, d’idéaux brisés et de fatalité, fort bien écrit et construit, et dont la brièveté agit ici comme une fulgurance. Une lecture belle et triste par un après-midi ensoleillé et venteux.
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L'abolition des privilèges

Par Bertrand Guillot
(4,0)
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Au-delà du 14 juillet 1789, le 4 août de cette même année revendique aussi sa notoriété dans l’histoire de la Révolution française. À la faveur d’une séance nocturne, c’est à cette date que la toute jeune Assemblée nationale vota pour l’abolition des privilèges. Députés issus de la noblesse, du clergé et du tiers-état s’entendirent pour faire voler en éclats l’un des points les plus litigieux du royaume. Bertrand Guillot décortique pour nous les événements ayant mené à cette décision inattendue qui allait servir de tremplin pour toutes celles qui allaient transformer la France à tout jamais. Un récit original porté par les voix des acteurs de l’époque qui revivent sous la plume blagueuse mais studieuse de l’auteur. La narration, en ce sens, donne tout son éclat au livre, Bertrand Guillot intervenant de-ci de-là, n’hésitant pas à donner son opinion et établissant des parallèles fort adroits avec notre monde actuel. C’est brillant, léger et sérieux tout à la fois, édifiant et divertissant. Éric Vuillard a de la concurrence.
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Mémoire des embruns (La)

Par Karen VIGGERS
(2,0)
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Franchement, je me suis passablement ennuyée dans cette histoire de famille. Les personnages qui la peuplent sont falots, l’écriture plate et la construction boiteuse. Un récit à deux voix, celle de la matriarche Mary, malade et ancrée dans le passé et celle de son fils Tom, qui vit plutôt au jour le jour. Le début s’avérait pourtant prometteur avec l’arrivée d’un mystérieux étranger porteur d’une lettre embarrassante, mais le choix d’une narration duelle n’a pas fonctionné ici. Et que dire de l’absence de style littéraire! Entre les sempiternelles descriptions des nuages, de la mer et des oiseaux, rien n’est venu donner du tonus à l’intrigue, dont j’ai deviné les ressorts bien avant la fin. Grosse déception, mise à part la découverte d'un coin du globe méconnu, l’île de Tasmanie.
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Saint-Tourment : Récits du presque pays

Par François Racine
(3,75)
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Troisième opus des récits du presque pays concoctés par François Racine, Saint-Tourment est composé de sept nouvelles ralliant des événements marquants du territoire québécois tels le séisme de 1663 en Nouvelle-France, la légende amérindienne du Wendigo, la conscription durant la Seconde Guerre mondiale, l’ascension du FLQ (Front de libération du Québec) à la fin des années 1960, le déluge du Saguenay à l’été 1996 et l’hécatombe mortelle dans les CHSLD durant la pandémie de COVID-19. L’auteur aborde tous ces thèmes disparates à travers des personnages de fiction crédibles sur une toile de fond historique respectée à la lettre. J’ai beaucoup aimé ce voyage temporel entrepris avec Saint-Calvaire et Sainte-Souleur et j’espère que François Racine n’en a pas fini avec cet exercice littéraire original et instructif.
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De bonnes raisons de mourir

Par Morgan Audic
(3,5)
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La Zone, un territoire de trente kilomètres autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl, se trouve au cœur de l’intrigue de ce roman policier, menée tambour battant par Morgan Audic. Et de son dénouement, peu nous importe à la fin, car tout ce qui habite le récit est autrement plus intéressant. La vie autour de la Zone, une trentaine d’années après la catastrophe, inquiète toujours la population, tout en générant par ailleurs un tourisme de voyeurs ainsi qu’une propension à attirer de douteux personnages qui s’y réfugient pour fuir la loi. Ainsi, entre des policiers affectés à la Zone par leur hiérarchie en guise de punition, des survivants de l’explosion de 1986, des mafieux qui tirent profit des débris laissés sur place et des groupes néo-nazis, Morgan Audic dresse un portrait saisissant de l’Ukraine déchirée par une guerre civile dans le Donbass pro-russe. « L’ancien militaire le regarda avec intensité. - Venir dans la Zone, c’est assister à l’avant-première de l’apocalypse. À ce que sera le monde sans nous, un jour. Et puis c’est le seul endroit qui soit bon pour des gens comme nous. Ici, on est libre, répéta-t-il. Totalement libre. »
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Saisons du voyage

Par Cédric Gras
(4,0)
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Qu’est-ce que le voyage? Pourquoi voyager? Cédric Gras, l’éternel bourlingueur, se pose, l’instant d’un récit, pour décortiquer ce besoin viscéral de quitter et de revenir. « Ceux qui ont l’espace dans le ventre et qui butinent le nectar du monde » trouveront à s’y repaître et ceux qui ne partent pas comprendront un peu mieux les premiers. « La Terre, vaste salle des pas perdus » arpentée joyeusement dans la jeunesse et plus sérieusement à l’âge mûr, Cédric Gras en rend compte magnifiquement dans ce recueil qui est plus qu’un compte-rendu de voyages mais bien une réflexion sensible sur la frénésie du tourisme et ses effets sur les beautés de ce monde. L’auteur nous invite à voyager autrement qu’à la vitesse de l’éclair, à s’arrêter aux lieux le temps d’appréhender l’autre et pourquoi pas, apprendre les rudiments de sa langue. Aller voir autre chose que l’attendu. Écrit avant la pandémie, Saisons du voyage arrive à point alors que l’humanité a des fourmis dans les jambes et souhaite renouer avec les horizons lointains. Un très bel ouvrage à posséder afin de pouvoir relire et savourer les phrases joliment tournées de Cédric Gras. « Nous ne sommes peut-être qu’une espèce de rupture dans l’évolution, un de ses plus marquants visages. Et cela aussi c’est un vertigineux voyage… »
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Simili

Par D. Strévez La Salle
(3,5)
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Dès les premières pages, mon mari a décroché en m’avouant, penaud, qu’il abhorre le joual dans la littérature. Il y trouve une dénaturation de la langue française, une sorte d’indignité qui l’attriste, particulièrement lorsque cet ersatz de français occupe toute la place. Je suis passée aussi par cette phase de rejet, au début de mon incursion dans la grande littérature classique. Comme si l’univers bien particulier du Canada français ou du Québec ne pouvait exister à sa pleine mesure dans le monde des livres. Michel Tremblay m’a depuis guérie de ce complexe. Dominique Strévez-La Salle retire les bienfaits qu’a apportés Tremblay avec ses personnages romanesques et théâtraux. L’action de Simili se déroule dans le village fictif de Saint-Silence-sur-la-Lièvre dans l’arrière-pays de l’Outaouais, où se côtoie une jeunesse avide d’action mais résignée à tourner en rond dans la campagne. Adolescents, Michelle Lamirande et Gabriel Marchand y débutent un bref béguin qui n’aura pas de suite. Dix ans plus tard, lorsque Gabriel, habitant désormais Montréal, aura la chance de renouer avec elle, ce sera dans un cadre plutôt inhabituel et aux conséquences douloureuses. Une histoire de gens ordinaires mais qui cherchent un sens à leur existence, englués dans les problèmes financiers et voulant s’y soustraire et s’en distraire à tout prix. J’ai aimé cette écriture un peu bravache, un brin baveuse qu’emploie l’auteur pour décrire son monde. La narration s’en trouve enrichie et le lecteur aussi. J’ai donc beaucoup aimé et m’en suis vantée auprès de mon chéri, espérant ainsi le guérir de ses opinions préconçues envers la littérature québécoise.
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La vague

Par Todd Strasser et Harriet Harvey Coffin
(4,33)
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« Aujourd’hui, l’un de mes élèves m’a posé une question à laquelle je n’ai pas su répondre. - Et alors? - Le problème, c’est que la réponse ne figure dans aucun livre. Peut-être que les élèves doivent la trouver par eux-mêmes. » Ben Ross, professeur d’histoire au lycée Gordon, bute à expliquer à ses étudiants pour quelles raisons le peuple allemand a suivi jusqu’au bout l’idéologie nazie et son dogme sur l’eugénisme, aboutissant à la solution finale, dans l’extermination froide et méthodique d’une population ne correspondant pas à la race aryenne, celle élue par le Troisième Reich. L’expérience pratique qu’il met alors en place dans sa classe dans le but d’une compréhension pleine et entière de l’état d’esprit existant à l’époque hitlérienne aura des effets aussi étonnants sur les adolescents que sur lui-même. Un roman que j’ai lu dans une sorte d’urgence, un après-midi orageux, entraînée dans la spirale d’endoctrinement et d’influence créée peu à peu de façon géniale par l’auteur dans une formidable démonstration de l’importance pour chacun d’exercer son jugement et de constamment l’affûter. Une lecture à conseiller aux adolescents et à ceux qui oublient trop facilement les leçons de l’Histoire.
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La volonté

Par Marc Dugain
(4,0)
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La guerre est une ruse T.1

Par Frédéric Paulin
(4,0)
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« Et puis la tristesse, le deuil, en Algérie, de nos jours, c’est comme le sable dans le désert : des milliards de grains, les uns contre les autres, une étendue tellement vaste qu’on n’en voit pas la fin. » 1994, une année noire pour les Algériens pris au cœur d’une guerre civile que se mènent les diverses factions islamistes et les militaires à la tête du gouvernement. Décapitations, tortures, emprisonnements arbitraires, espionnage, exécutions sommaires, actes terroristes, filatures, explosions, chantage et menaces illustrent le quotidien dans lequel baigne l’Algérie en ce début des années 1990. Une toile de fond formée de sombres entrelacs se déployant dans un épouvantable chaos orchestré par des hommes sans scrupule et assoiffé de pouvoir, aux desseins mystérieux sur lesquels les services secrets français achoppent. De nombreux personnages peuplent ce roman aux multiples imbroglios et aux revirements inédits, dans une narration nerveuse qui sied bien au récit. J’en ai apprécié le montage et la portée historique, les relations franco-algériennes demeurant délicates et parfois sous haute tension. La guerre est une ruse étant le premier tome d’une trilogie, je continuerai donc mon incursion dans cet exercice romancé de la géopolitique avec le deuxième intitulé Prémices de la chute.
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Ce lien entre nous

Par David JOY
(3,0)
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« La balle de .45 à pointe creuse avait coupé le corps de l’animal en deux. La partie arrière du rat se débattait sur le sol tandis que la partie avant, toujours consciente, se mit à tourner sur elle-même sur ses pattes, puis rampa jusqu’à la moitié arrière qui gigotait et se jeta dessus comme si ce sale truc vivant était le responsable. Dwayne Brewer éclata de rire comme si c’était la chose la plus drôle qu’il ait vue de sa vie. Il était presque en larmes lorsqu’il reposa le pistolet à côté de lui sur le canapé et regarda l’endroit où le sang avait éclaboussé le mur, la viande d‘un violet rougeâtre semblable à de la chair de gibier. » La banalisation de la violence emprunte dans ce roman le visage de cet homme, Dwayne Brewer, dont le frère un peu simplet, Carol dit Sissy, est abattu accidentellement un soir par un braconnier à l’affût, lequel s’empresse de camoufler son forfait avec l’aide d’un ami appelé à la rescousse. S’enclenche alors une spirale vengeresse portée par un homme spolié du seul être qu’il aimait et dont la fureur, tempérée parfois par la lecture de versets bibliques, peine à être assouvie. David Joy connaît bien ces habitants des montagnes sauvages des deux Caroline. Chaque foyer possède ses armes à feu que l’on se transmet de père en fils avec fierté et qu’on utilise officiellement à des fins de chasse et de survie, mais qu’on réserve aussi pour se faire justice, une tenace arrière-pensée qu’un jour, il faudra se défendre ou se venger en les retournant contre un voisin, un parent, un policier ou quiconque aura offensé l’autre. Il y a quelques années, mon mari et moi avions campé dans les Blue Ridge Mountains, en toute candeur, émerveillés par la beauté farouche de l’endroit et sa nature luxuriante. Mais en terminant ce roman, je n’ai pu empêcher un frisson glacé me parcourir l’échine.
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Le Mammouth

Par Pierre Samson
(4,0)
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L’action du roman se déploie autour d’un événement survenu le 6 mars 1933 à Montréal, alors qu’un policier tire à bout portant sur Nikita Zynchuck, un immigré ukrainien qui tentait alors de récupérer une malle remplie de ses vieilles fringues durant une opération d’expulsion de locataires. Celui qui était affublé du surnom de mammouth par son entourage peuplé de filles de joie, d’ouvriers au chômage et de quelques compatriotes, s’écroule sur le pavé, abattu d’une balle dans le dos. Pierre Samson s’est plongé dans les archives de la Ville de Montréal et dans celles de la Bibliothèque nationale du Québec pour pondre un roman au style baroque, « (…) formidable condensé d’un univers complexe, un macrocosme aux rouages plus sophistiqués qu’il n’y paraît, composé de boutiquiers et de pouilleux qui rêvent de s’alimenter, de s’habiller dignement, de se doter d’un toit, de prier en paix et qui, torturés par la faim, mal chauffés, couverts de haillons, ne croient plus en rien et contemplent les richards qui confient leurs voitures aux mécaniciens en salopette. » Ce meurtre perpétré par la force policière condense autour de lui les luttes prolétariennes menées par le parti communiste et ses tentatives d’embrigader le monde ouvrier alors bien présent à Montréal. Le mammouth, c’est aussi le portrait d’une ville ouverte à tous, se voulant cosmopolite, mais engluée dans les diktats de la religion catholique qui vouait aux gémonies la juiverie et son emprise sur le commerce local. Montréal s’affichait alors essentiellement en anglais, et même si aujourd’hui encore on parle de la lente et constante anglicisation de la métropole, rien n’est comparable à ce qui sévissait à cette époque. Une lecture étonnante sur un fait divers méconnu qui mérite le détour malgré quelques lourdeurs dans le récit, notamment ces longues énumérations d’entités commerciales apparaissant telles des litanies insérées dans un sermon. Trois étoiles pour l’originalité du sujet et son traitement dans un univers romanesque.
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