Élaine B.
Intérêts littéraires :
Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie
Activités de Élaine B.
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre
Lorsqu’elle voit Mende, sa sœur, s’étioler peu à peu à la suite de la disparition de son mari, parti à Minsk depuis des mois sans donner de nouvelles, Fanny se donne comme mission d’aller chercher celui-ci par la peau du coup. En secret, elle quitte elle-même mari et enfants au cœur de la nuit, confiant sa quête au passeur de la rivière, un homme mutique au passé trouble, qui lui offre alors son aide. « (…) Fanny fit vœu de se salir les mains dans le chaudron de ce monde et de faire corps avec la vie terrestre. (…) le Créateur avait instillé en elle la volonté d’abattre les barrières de son destin, elle serait capable de défigurer quiconque se dresserait sur son chemin vers la liberté. » Habile du couteau, un art hérité de son père, boucher casher, Fanny trace son parcours qui se transformera rapidement en chemin de croix parsemé d’une multitude de retournements de situations parfois loufoques, parfois terrifiantes.
Point de misérabilisme dans ces pages mais un redoutable humour qui ravage tout sur son passage. Et pourtant, l’époque englobait son lot de trahisons, de lâchetés et de drames, le régime tsariste éprouvant durement les communautés juives.
Yaniv Iczkovits a concocté un pur bijou de littérature, alliant l’art du conte à celui du polar historique, le tout avec une verve et une verdeur sans pareilles. Gros coup de cœur pour ce roman que je n’hésite pas à qualifier de merveille.
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« L’art peut-il se placer au-dessus de la morale? »
C’est ce qu’a tenté de faire Wilhelm Furtwängler (1886-1954), chef d’orchestre réputé de Berlin, alors que le nazisme refermait sa poigne de fer sur l’Allemagne, condamnant son travail et sa musique à devenir les instruments de la propagande hitlérienne. Avec plus ou moins de succès, si l’on en juge ce qui est raconté dans ce roman aux faits historiques rigoureusement exposés.
Des personnages fictifs côtoient les réels protagonistes de l’époque dans une intrigue somme toute conventionnelle. Le seul reproche qui m’est venu à l’esprit durant ma lecture et une fois celle-ci terminée, c’est l’absence de charge émotive, cette petite pointe de chamboulement que l’on peut éprouver pour les créatures romanesques. Il régnait dans ce roman une froideur narrative où les descriptions d’élève appliqué à reconstituer l’Histoire s’amalgamaient de force au récit imaginé par l’auteur.
Une lecture en demi-teintes à laquelle j’attribue trois étoiles pour l’exactitude de la recherche car le style littéraire ne m’a pas tellement emballée.
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« À en croire les apparences, il n’était toujours qu’un garçon comme les autres. De mon âge à peu près, mais cette tranquillité solennelle qu’il affichait me faisait penser que dans son âme, il était âgé. Un garçon qui, dans sa boîte de crayons de couleurs, avait dû utiliser le noir plus que tous les autres. »
Lorsque le père de Fielding, treize ans, a fait publier son invitation dans le journal de la localité, cet été caniculaire de 1984, personne ne pouvait imaginer qu’il y aurait une réponse et encore moins une visite en personne. Car c’est au diable lui-même qu’était adressée l’invite, incarné dans le corps d’un adolescent à la peau noire, du même âge que Fielding, dénommé Sal (contraction des premières lettres de Satan et de Lucifer). L’arrivée du garçon constituera un point tournant pour la famille de Fielding et pour les habitants de la ville, rapidement fanatisés par l’un des leurs, Elohim, un homme blessé dans son orgueil et qui n’hésitera pas à rejeter tous les maux de la terre sur Sal.
Une allégorie sur les ravages de l’intolérance et du sectarisme qui se déploie lentement et dont on peut seulement apprécier la pleine mesure une fois la dernière page tournée.
C’est au tour de Betty de la même autrice de rejoindre le dessus de ma PAL.
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Pourquoi est-ce si rigolo, pour un enfant, dès qu’il est question de crotte et de caca? Notre petit-fils de trois ans n’échappe pas à cette drôle de règle lui qui vient tout juste d’émerger d’une phase sonore caca-boudin.
La plus belle crotte du monde voit défiler une série d’animaux de la forêt se haussant du col afin de déterminer lequel arrive à pondre le plus bel étron. Du plus petit au plus grand, chacun pousse son avantage jusqu’à ce qu’un chasseur émerge des buissons, arme à la main.
Nous nous sommes bien amusés à parcourir ce très bel album coloré et ludique. Dessins stylisés sur papier glacé, il faut tout de même y aller mollo en tournant les pages avec trop d’enthousiasme, un avertissement qui vaut pour les tout-petits habitués au carton solide des premiers livres.
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Encore un autre roman fort intéressant signé Laurent Gaudé, un auteur de confiance.
Zem Sparak, chien policier enquêteur, patrouille dans la zone 3 défavorisée de Magnapole, une cité passée aux mains de l’entreprise privée GoldTex, après la faillite de la Grèce. Lorsqu’un cadavre éventré est retrouvé sur son territoire, Sparak est d’office jumelé à une inspectrice de la zone 2, Salia Malberg, considérée dès lors comme son maître-chien. Le duo disparate devra faire équipe pour retrouver le meurtrier, une tâche rendue complexe par la campagne électorale en cours au sein de la Commission directoire.
Une dystopie étonnante, brillamment construite, et qui évite les complexités inutiles maintes fois observées dans ce genre littéraire. Des chapitres courts et compacts alternant passé et présent facilitent la lecture. Les personnages solidement campés traversent l’histoire, forts de leurs motivations comme de leurs failles. Le dénouement, d’une logique implacable, épouse parfaitement le récit premier.
J’ai aimé, comme tous les romans de Laurent Gaudé précédemment lus (Le Soleil des Scorta; Écoutez nos défaites; Ouragan; Pour seul cortège).
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Dans la lignée de Là où chantent les écrevisses, était-il indiqué sur le bandeau de la page couverture. Eh bien, à mon avis, c’est plusieurs crans au-dessus du roman de Delia Owens. Au premier abord, il y a l’écriture, d’une simplicité désarmante sans être pour autant répétitive. Ensuite, l’intrigue est dense, soutenue par une structure narrative aboutie et complexe.
La narratrice, adolescente à l’époque des faits, raconte la disparition mystérieuse de sa petite sœur de six ans, Pansy, en 1976, durant une journée d’été caniculaire au bord d’un lac issu d’une carrière désaffectée. Une carrière hantée par les esprits millénaires et si on veut y croire, par des fantômes d’un passé tumultueux. Parallèlement à son récit, il y a celui d’un inconnu se remémorant sa jeunesse auprès de sa jumelle, sur fond de ségrégation raciale durant les années 1940 dans le Sud des États-Unis. Petit à petit, les deux discours croisés n’en font plus qu’un seul, entraînant le lecteur vers une finale conséquente. Au cœur de cette suite d’abandons psychologiques et physiques, les membres d’une famille ordinaire qui n’en finissent plus de panser leurs plaies et ce, sur plusieurs générations.
Un beau roman social dont les thèmes évoqués sont encore et toujours d’une brûlante actualité.
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Les étoiles s'éteignent à l'aube
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Franklin Starlight, seize ans, renoue avec son père biologique après bien des années d’éloignement. Eldon Starlight est au bord du gouffre à tous les niveaux. Alcoolique, à la dérive et malade, il souhaite aller mourir dans la forêt, à un endroit sacré qu’il a déjà exploré dans sa jeunesse. Il compte sur son fils pour l’y conduire, lui promettant de tout lui dire sur des pans de son existence jamais racontés, par honte et par impuissance. Car Franklin a vécu jusqu’à maintenant dans une ferme sous l’œil bienveillant de Bunky. « Quand il pensait au mot père, il ne pouvait imaginer personne d’autre que le vieil homme. ». Le parcours emprunté sera un véritable chemin de la guérison (medicine walk) pour Eldon, non pas physiquement, l’alcool ayant déjà fait ses ravages, mais moralement car la parole libère.
Un roman d’une infinie tristesse et d’une grave beauté, la nature sauvage témoin des propos parfois blessants de deux êtres qui se sont mutuellement écorchés et qui, à la fin, en appellent à la paix.
Malgré certains passages redondants dans l’écriture, ce roman dégage une forte impression pendant et après la lecture. L’évocation des us et coutumes des premiers occupants sur le territoire canadien n’y est certes pas étrangère de même que cette relation malmenée père-fils dont on découvre petit à petit les origines.
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Au sein de l’immeuble à condos Babylon Cove, à Fort Lauderdale, les passions et les envies s’agitent autour des préparatifs d’une soirée de fin d’année devant avoir lieu dans la villa luxueuse d’un milliardaire québécois. Les femmes ne pensent qu’à se procurer LA robe tandis que leurs maris somnolent à la plage en philosophant. Dans « le désert des centres commerciaux, les grandes avenues mortes et les stationnements arides », tous cherchent un sens à leur existence sous l’implacable soleil floridien.
Guillaume Sylvestre signe son premier roman, satire d’une certaine élite qui n’envisage plus de se mesurer aux hivers rigoureux québécois. Le temps que l’auteur place ses personnages dans leur contexte et les fasse interagir, je me suis beaucoup plus dans ma lecture. Mais la suite s’est rapidement transformée en cirque, amenant l’histoire vers une apothéose complètement grotesque.
J’aurais aimé que les personnages soient plus développés, que l’on comprenne mieux leur cheminement, mais l’auteur est resté en surface, préférant la caricature à la profondeur. Dommage car c’est franchement bien écrit, la raison pour laquelle je lui accorde trois étoiles.
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Les saisons inversées : meurtre au Quai d'Orsay
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J’ai renoué avec la plume de Renaud S. Lyautey, précédemment appréciée dans Le Divan de Staline.
Le personnage de René Turpin apparaît donc pour la première fois dans Les saisons inversées, en poste au ministère des Affaires étrangères du Quai d’Orsay à Paris. Le 30 août 2003, Pierre Messand, directeur général des Affaires politiques et de Sécurité, est retrouvé sans vie chez lui. Le meurtre mobilise immédiatement la Direction de la surveillance du territoire à laquelle Turpin doit servir de facilitateur auprès du personnel du ministère. L’enquête se déploie autour du passé de la victime et après un départ axé sur de fausses pistes en Iran, aboutit au Chili, « un pays long comme un jour sans pain ».
J’ai une fois de plus apprécié le talent de concision de Lyautey dans ce roman policier qui n’en fait pas des tonnes. Simple et efficace : plaisir de lecture garanti.
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Patria représente ce que le genre romanesque réussit à accomplir dans le but de mieux appréhender les aléas de l’existence humaine.
Ainsi, du moment où son mari est assassiné froidement dans la rue par les forces de l’ETA, Bittori n’a de cesse de quêter le pardon de celui qu’elle croit le meurtrier, le fils de sa meilleure amie Mirren, passé à la lutte armée du groupe terroriste basque. Une longue amitié malmenée, dont la longue agonie n’en finit plus de pourrir l’atmosphère de leur entourage.
Fernando Aramburu procède à une véritable dissection des sentiments ambivalents éprouvés par ses personnages, membres de deux familles du même patelin, depuis longtemps amies. En de courts chapitres vibrants, l’auteur s’attache à décrire le ressac provoqué par les actes terroristes commis pour la cause au sein même des familles et des communautés atteintes par la radicalisation d’un des leurs. C’est très fort. J’ai traversé ce roman presque en apnée, étrangement de façon laborieuse même si l’écriture est d’un abord facile. La tristesse, la colère et l’impuissance imprègnent ce texte que j’ai terminé au petit matin, désireuse d’en connaître le dénouement.
Fernando Aramburu, que je découvre avec ce titre, m’a procuré un moment de lecture douloureux, une immersion totale dans un univers que je connaissais peu mais dont le propos touche à coup sûr tous les êtres humains.
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« Elle a fait le choix de la navigation, ce savoir d’êtres humains, le choix des bricolages antiques et des machines modernes, des chiffres et des sensations, des abstractions cosmiques et du soleil au visage. »
Une commandante d’un cargo parti de Saint-Nazaire à destination des Antilles donne la permission à sa vingtaine de marins de se baigner dans l’océan, au large des Açores. Exit les radars pour le temps d’une trempette de quelques minutes, le canot de sauvetage à l’eau et les vêtements laissés à bord du navire. Cet arrêt impromptu provoquera quelques conséquences étranges sur l’équipage, dérangeant imperceptiblement le reste du parcours.
J’ai aimé l’écriture absolument captivante et évocatrice de ce roman d’atmosphère. Je me suis sentie faire partie du voyage, de la cabine de pilotage à la salle des machines, au sein du vaste océan au vide abyssal. Si la majeure partie du livre m’a plu, le dénouement en revanche m’a laissée sur ma faim.
Une histoire originale mais qui aurait pu être étoffée davantage.
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Le bruissement du papier et des désirs
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Lorsque suggéré à mon mari, Le bruissement du papier et des désirs n’a pas retenu son adhésion. Ça pouvait aller de regarder la série télévisée Anne, avec la merveilleuse Amybeth McNulty dans le rôle-titre, mais se plonger dans ce genre de littérature romanesque, non merci. Moi en revanche, je n’ai pas boudé mon plaisir même si cette histoire imaginée par Sarah McCoy emprunte parfois les chemins narratifs du scénario de la série.
On retrouve l’austère Marilla et son mutique frère Matthew en 1876, avant l’arrivée de l’orpheline Anne à la maison aux pignons verts. S’ensuivent les souvenirs d’une adolescence perturbée par un début de béguin envers un voisin, John Blythe et la mort prématurée de sa mère en couches. Dans une abnégation totale de ses propres désirs, Marilla adopte alors une posture sacrificielle afin de demeurer dans son rôle d’aidante naturelle auprès de son père et de son frère.
Le roman se lit rapidement et facilement et peut intéresser, entre autres, un public jeunesse. Des faits historiques étonnants s’imbriquent dans l’intrigue, contribuant ainsi à conserver l’intérêt jusqu’à la fin.
Et si vous n’avez pas vu la série, vous apprécierez d’autant plus votre lecture.
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Elle n’a pas la langue dans sa poche, Célestine. Ni pour ses maîtres, ni pour elle-même. Son journal en témoigne. Du 14 septembre 1899, date à laquelle elle entre comme femme de chambre chez Monsieur et Madame Lanlaire (Isidore et Euphrasie), jusqu’au mois de mars 1900, elle s’emploie à tout décrire, du plus sordide au plus loufoque, des mœurs en cours dans les grandes maisons de la haute bourgeoisie. « Et j’écris ces lignes dans ma chambre, une sale petite chambre, sous les combles, ouverte à tous les vents, aux froids de l’hiver, aux brûlantes chaleurs de l’été. »
Une ferveur l’habite de tout dire, de coucher sur le papier son expérience de femme qui en a bavé. Avec verve et aplomb, Célestine déverse son fiel, mais aussi ses souvenirs les plus heureux, car tout n’était pas que grisaille dans sa vie de servitude.
Octave Mirbeau a dû causer l’émoi à la sortie de son roman exempt de pruderie et de maniérisme. Lu à la sortie de l’adolescence, j’en ai savouré chaque page dans ma relecture. Les quatre étoiles que je lui avais accordées, demeurent et demeure aussi la plénitude éprouvée devant cette écriture assumée à nulle autre pareille.
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De la mer, il dit peu mais laisse entendre. Tout comme de Florence Arthaud, la navigatrice au long cours.
Je reconnais à Yann Queffélec un style, une manière de raconter, mais son récit m’a plutôt laissée de glace. L’impression forte que l’auteur parlait à des initiés de la voile, des « voileux », comme il aime les appeler. Bien sûr, le vocabulaire maritime y contribue grandement, mais aussi les apartés abscons, les « inside jokes », de même que la chronologie bousculée compromettant parfois la compréhension du texte.
La mer et au-delà relate un lien d’amitié qui unissait l’auteur à son sujet et ne constitue nullement une biographie conventionnelle. Là se situe ma déception. Peut-être ferais-je mieux de lire les écrits de Florence Arthaud pour en apprendre un peu plus…
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Un roman d’apprentissage dont l’action se déroule de 1952 à 1970 dans une petite communauté de la côte de la Caroline du Nord, là où les marais prédominent sur la terre ferme (et où, à l’occasion, on peut entendre les écrevisses chanter…)
Une fillette s’élève seule, à l’écart du monde, dans une cabane située au fin fond des terres marécageuses , désertée un à un par tous les membres de sa famille. D’abord, la mère violentée par son mari, ensuite sa fratrie et pour finir, son père alcoolique, vétéran de la Seconde Guerre mondiale. On la suit dans son évolution de l’adolescence à l’âge adulte, vivant farouchement ses passions pour la faune ailée et la biologie marine, tout en souhaitant s’affranchir de sa solitude.
Un début prometteur mais dont le récit s’est peu à peu transformé en une bluette que l’autrice a voulu rehausser d’une intrigue policière particulièrement mal menée. Un procès rondement conclu, suivi d’une fin par trop romanesque, m’ont laissée sur ma faim, malgré des apartés scientifiques fort intéressants sur les milieux humides.
Pour conclure, le roman est vraisemblablement destiné à un public adolescent ou à ceux et celles qui aiment se vautrer, une fois n’est pas coutume, dans une atmosphère empreinte de sentimentalisme.
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