ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Ordesa

Par Manuel Vilas et Isabelle Gugnon
(3,0)
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« Avant de devenir Un humain appelé Vilas Il a été un silence cosmique. Avant de devenir L’homme le plus grand de mon enfance C’était un inconnu Maître de notre vérité, il l’a emportée très loin Les morts attendent notre mort s’ils attendent quelque chose. Je trinque à ton mystère. » Manuel Vilas tente de percer, dans ce récit autobiographique qui touche à l’universel, le brouillard, parfois opaque, entourant les pères et les mères. À l’aube de la cinquantaine, l’auteur part sur papier à la recherche de ses entités parentales, le père, ancien voyageur de commerce mort en 2005 et la mère, femme au foyer, morte en 2014. En de brefs chapitres, l’auteur convoque ses souvenirs d’enfance, s’ingéniant à restituer un passé depuis longtemps révolu à l’aide d’objets, de photos et de contacts plus ou moins convaincants avec les survivants d’une famille disloquée. À de nombreuses reprises, son propos a trouvé écho dans mes réflexions sur la mort et le deuil des proches parents. Fuyant ostensiblement les enterrements rapprochés d’une parentèle de plus en plus éloignée, Manuel Vilas, nouvellement divorcé, s’interroge aussi sur le sort qui l’attend dans la vieillesse et sur l’intérêt que ses enfants lui porteront avec le temps, le confrontant ainsi à sa propre déficience en tant que fils. Le texte agit comme un miroir et l’on ne peut que se projeter dans ce récit hautement triste et touchant. J’accorde trois étoiles à cet ouvrage qui a malheureusement basculé trop souvent dans la répétition.
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Les affligés

Par Chris Womersley
(3,0)
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« (…) les hommes ne sont rien, une fois jetés dans l’engrenage de l’Histoire. » Pour Quinn Walker, c’est une vérité qui s’est vérifiée à maintes reprises dans sa vie. Fuyant la scène du crime de sa petite sœur dont on le tient responsable, l’adolescent sous le choc quitte sur-le champ sa famille affligée et s’enrôle dans les rangs de l’armée australienne pour aller combattre en terre étrangère. Cet épisode de la Première guerre mondiale le marquera à jamais et de retour dans son village natal en 1919, la figure et le moral fracassés, Quinn cherchera à venger sa sœur Sarah, le meurtre de cette dernière n’ayant jamais véritablement été éclairci. Le personnage principal impose sa vision du déroulement de l’histoire, une vision cependant troublée par des symptômes de stress post-traumatique et hantée par les souvenirs de plus en plus flous de son ancienne vie. L’auteur parvient à faire ressentir au lecteur toute la douleur et le désarroi inhérents à celui qui doute et qui ne peut obtenir le pardon de sa famille, tous le croyant disparu à la guerre. Seule la mère, sur son lit de mort, reçoit ses confidences, ainsi qu’une fillette orpheline, recluse dans la forêt, à l’image de sa sœur bien-aimée. L’intrigue, enchâssée dans un contexte historique fort bien rendu, pèche toutefois par le côté moins abouti de certains personnages secondaires et par une finale abrupte qui laisse en plan des aspects du récit dont j’aurais apprécié un plus ample développement.
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Le monde se repliera sur toi

Par Jean-Simon DesRochers
(4,0)
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Jean-Simon DesRochers aime transposer ses personnages dans des espaces-temps et des lieux divers, aux prises avec un quotidien banal. Avec Le monde se repliera sur toi, DesRochers s’ambitionne et déploie son intrigue sur plusieurs continents, sur fond de terrorisme écologique et d’enjeux planétaires. Y dénombrer la foule d’acteurs qui se côtoient ou se frôlent dans ce récit échevelé, s’avère tout bonnement périlleux. Chaque chapitre succinct amène sur la scène de brèves performances d’êtres humains ordinaires qu’une suite d’événements en chaîne fera converger, sur une période de quatre mois, vers un point de bascule. Une idée audacieuse mais qui n’est pas parvenue à me toucher ni à me convaincre. Je continue cependant à suivre cet auteur car j’apprécie son style littéraire et son imagination. Il possède un art de raconter bien spécifique et qu’on ne peut lui dénier. Il faut lire, pour s’en persuader, La canicule des pauvres ou le diptyque Les années noires.
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La femme et l'ours: roman

Par Philippe Jaenada
(4,0)
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J’ai souri souvent, j’ai ri silencieusement et je me suis bidonné franchement à plusieurs reprises en lisant ce texte singulier d’un auteur que je découvre pour la première fois. Serge Sabaniego, dit Bix, s’est convaincu depuis plusieurs années de rester à la maison pour écrire mais aussi pour ménager les humeurs de sa femme névrosée et en protéger du même coup son fils. Une sortie anodine au bar du coin, où il côtoie occasionnellement quelques esseulés grands buveurs, le ramène d’un coup du côté aléatoire de l’existence. Suivant le narratif d’une ancienne légende, celle de Jean de l’Ours, notre anti-héros part à la conquête de ses envies tues depuis trop longtemps dans le confort d’un quotidien usé à la corde. Jusqu’à la lie, il boira le calice de ses espérances déçues. « J’avais cru réagir, me propulser énergiquement hors de mes rails pour trouver mieux, alors que ce n’était en réalité qu’une brève mise hors du monde, de mon monde, qu’une fuite stérile et vaine (…) » Quelle verve, quel aplomb! Philippe Jaenada m’a captivée du début à la fin avec cette histoire à l’humour ravageur et qui se termine sur une pointe de fiel et d’amertume.
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Harlem Shuffle

Par Colson Whitehead
(3,5)
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Colson Whitehead, récipiendaire de deux prix Pulitzer avec Underground Railroad et Nickel Boys a pondu un autre petit bijou de roman avec Harlem Shuffle. Ray Carney, propriétaire d’un magasin de meubles situé sur la 125e Rue au cœur du Harlem de New York City, s’est hissé d’un milieu familial déficient à celui dont il osait rêver, enfant. Avec sa femme et ses deux gamins, Carney tire son épingle du jeu comme il se doit dans le quartier : derrière le vernis de commerçant réglo, on peut sans gêne opérer quelques magouilles inoffensives de temps à autre. Mais, à vouloir aider son cousin Freddie toujours embringué dans des affaires louches, Carney commence à jouer dangereusement avec le feu. « (…) un échelon après l’autre, il était descendu jusqu’aux bas fonds, devenant un acteur de plus sur la scène du théâtre sordide de la ville. » Lorsque j’ai vu passer ce titre, j’ai craint de lire une histoire semblable à celle du roman Deacon King Kong de James McBride : même temps (les années 1960) et même lieu (Harlem). Soulagement et délice à la lecture! Les deux romans peuvent coexister dans la littérature sans se faire concurrence! Et comment ne pas aimer ce Ray Carney au sang-froid et au calme olympien, fourbissant ses armes en secret afin d’assouvir sa vengeance pour les affronts subis! C’est presque du tous contre un, un combat similaire à celui que livrent ses concitoyens afro-américains pour les droits civiques. Un roman épique formidablement réussi!
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Rivières-aux-Cartouches

Par Sébastien Bérubé
(4,4)
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Rivière-aux-Cartouches, c’est un patelin fictif du Nouveau-Brunswick, surgi de l’imaginaire de Sébastien Bérubé et nourri d’un soupçon d’autobiographie. Un village métissé où Amérindiens (Mi’kmaw) et Acadiens vivent en général dans l’harmonie et où « Les commérages ont pas besoin de se reposer. Ils ont juste besoin d’un comptoir où s’accoter. » Des personnages pittoresques au parler juteux, qui ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis, se racontent dans une apparente suite de nouvelles sans lien entre elles mais qui finissent par prendre sens. Vivant au plus près de la nature, ces villageois investissent la forêt pour y chasser l’orignal, trapper les lièvres et y prendre refuge au bout de la vie ou pour noyer leur peine. Un roman sur la famille immédiate et celle élargie composée d’être humains formant communauté, celle qui voit grandir les enfants et mourir les aînés. La langue vernaculaire pourra cependant rebuter certains lecteurs outre-Atlantique, mais si vous souhaitez prendre un bain de parler québécois ou acadien, n’hésitez pas. Il en va de même pour comprendre l’origine de l’intrigant toponyme qui donne son titre au livre!
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Le grand secours

Par Thomas B. Reverdy
(4,0)
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Une journée dans un lycée situé en « zone sensible » d’une banlieue de Paris (Bondy). D’heure en heure, on y voit arriver les étudiants, les professeurs. L’entrée dans la cour, passé les grilles. La grande salle, les vestiaires, les classes, la cafétéria, la sortie à la récré. Une matinée banale d’un jour comme les autres. L’après-midi sera cependant d’une facture différente. Ce que raconte Thomas B. Reverdy sur l’état de l’école publique touche à l’universel. Même si le jargon employé relève spécifiquement de l’éducation française et que de nombreux termes argotiques émaillent le récit, le parallèle apparaît évident entre les écoles publiques des grandes villes qui ont à relever de semblables défis, tous nommés dans ce roman qui emprunte une démarche réaliste et impressionne par ses détails plus que convaincants. Et si l’action s’était déroulée aux Etats-Unis, nul doute que la fin aurait été toute autre… Un roman à lire absolument pour enfin reconnaître ce que l’on doit à l’éducation publique avec en son cœur, les enseignants et le personnel dévoués, dont le travail mérite reconnaissance et juste salaire.
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Un printemps à Tchernobyl

Par Emmanuel Lepage
(4,33)
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J'ai beaucoup apprécié parcourir les planches superbes de cette bande dessinée dont le propos m'intéressait à l'avance. Du tourisme organisé a surgi de cette catastrophe nucléaire survenue il y a près de trente ans et une certaine fascination morbide de la part des plus jeunes qui n'étaient pas nés à l'époque ou qui n'en ont aucun souvenir. Et comme le mentionne l'auteur, sur place, aucun indice palpable sur la contamination à proprement dit. Étrange et troublant.
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L'écureuil noir

Par Daniel Poliquin
(3,0)
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C’est en parcourant le dernier numéro de la revue Les Libraires que je me suis remémoré l’auteur franco-ontarien Daniel Poliquin. En retournant consulter ma critique d’un de ses romans, Le vol de l’ange, j’ai constaté avec surprise que j’avais aussi lu L’écureuil noir… Pourtant, aucun souvenir prégnant de cette lecture. Je corrige donc aujourd’hui cette lacune. Le narrateur, Calvin Winter, un écrivain ayant exercé mille et un métiers, est atteint bien malgré lui d’une mauvaise conscience tenace. Persuadé qu’il tient cette tare de son éducation familiale, il s’ingénie à en analyser les ressorts afin de mieux s’en libérer. Il a milité pour toutes les bonnes causes sans vrai discernement (condition améridienne, anciens combattants de la guerre du Vietnam, défense du droit à la vie, violence faite aux femmes, droit de grève, droit des réfugiés, défense des sans-abri, etc.), sans réellement parvenir à en équilibrer les effets dans son quotidien. Un homme épris de justice dont le parcours irrégulier ne l’amène à rencontrer que chaos et misère autour de lui. Outre que le récit se déroule majoritairement à Ottawa, une ville dont on entend peu parler en littérature, les thèmes universels abordés par l’auteur suscitent réflexion et développement (racisme, intimidation, relations de couples, parentalité, éducation, enseignement). L’écriture limpide contribue au plaisir de lire, même si parfois la narration peine à trouver son chemin dans le lacis des chapitres décousus. En conclusion, un style vif associé à ce que l’on devine être une certaine part d’autobiographie contribue à garder l’intérêt jusqu’à la fin.
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Sur la dalle

Par Fred Vargas
(3,6)
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Jean-Baptiste Adamsberg, le commissaire fétiche de Fred Vargas, n’en est plus à une excentricité près. C’est sur une dalle d’un vieux dolmen qu’il réussit à convoquer ses pensées, une « bulle » d’idées disparates arrivant à son cerveau dans le calme et la quiétude. Et bien, j’ai lu le roman jusqu’au bout, contrairement à mon mari qui s’en est lassé passé la moitié du récit. Las d’une intrigue qui s’étire en longueurs, répétitive et qui avance à pas d’escargot. Un constat bien réel, toutefois j’ai pris un certain plaisir à la lecture malgré quelques accrocs. J’avais adoré Pars vite et reviens tard, mon premier Vargas, alors de voir réapparaître cette affaire de puces sur des cadavres, ça m’a un peu agacée. Et que dire de ce bavardage incessant d’une troupe d’inspecteurs et de policiers installés à demeure dans une auberge ouverte aux quatre vents! Aucune cohérence avec la réalité d’une enquête sur le terrain. Bref, des détails qui ont fini par nuire à la vraisemblance de l’histoire. En revanche, l’idée du descendant de François-René De Chateaubriand comme attrape-touristes, c’est du bonbon!
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Le maître de Conche

Par Françoise Enguehard
(3,0)
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Conche, c’est un petit village de pêcheurs situé dans la péninsule Nord de Terre-Neuve. Sur une côte découpée par de multiples anses, la pêche à la morue a depuis longtemps dicté la vie de ses habitants. S’inspirant d’un vieux récit retrouvé par une résidente du patelin, l’autrice franco-canadienne décide d’en reconstituer la fondation au début du XIXe siècle. L’ex-colonel de l’armée britannique, James Herbert Dower, quitte Bordeaux en avril 1816 afin d’aller coloniser une parcelle de terre qu’il a reçue en héritage sur l’île de Terre-Neuve. Accompagné de quelques anciens soldats et de marins expérimentés, il compte fonder une communauté basée sur de nouvelles valeurs de partage et de liberté de culte et qui saurait vivre en parfaite harmonie avec les pêcheurs français de passage. Françoise Enguehard ne s’attarde pas sur les difficultés rencontrées par l’équipage sur mer et sur terre ni sur le financement d’une telle expédition, ce qui nuit quelque peu à la crédibilité du récit. Mais dans l’ensemble, le roman en vaut la peine, ne serait-ce que pour comprendre l’histoire de cette province canadienne, confrontée très tôt aux contacts provenant d’outre-mer (Bretons, Irlandais et Britanniques et avant eux, Basques et Vikings).
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Pont de San Luis Rey (Le)

Par Thornton WILDER
(4,0)
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Le 20 juillet 1714, le pont piétonnier sur la route menant de Lima à Cuzco s’effondre, projetant dans un profond ravin cinq personnes. Le pont datait tout de même de l’ère Inca, « une simple échelle tressée en osier à minces barreaux, avec des garde-fous en sarments secs, jetée sur la gorge ». Un acte de Dieu, selon le frère Juniper, un franciscain venu d’Espagne afin d’évangéliser les autochtones. Ou alors un événement complètement fortuit et imprévisible aux yeux des habitants locaux. Voulant prouver ses dires, le frère Juniper entreprend d’étudier la vie et le comportement des défunts, s’acharnant à déterminer ce qui a pu provoquer la colère de Dieu et précipiter leur chute mortelle dans le vide. D’un événement historique, Thorton Wilder a tiré une trame romanesque originale et intéressante. Chaque chapitre est consacré à une des victimes, lesquelles vont par la suite s’entrecroiser avec d’autres personnages secondaires, vivants et morts se côtoyant tout au long du récit. J’avais lu ce roman il y a plusieurs années et lui avait octroyé trois étoiles. Et comme je n’en avais aucun souvenir, il me fallait le relire. Récipiendaire du prix Pulitzer en 1928, le roman m’a impressionnée par son style littéraire recherché et par son intrigue, logée dans un contexte historique. Une belle plume au service d’une bonne histoire, quoi demander de plus? Une étoile supplémentaire à la relecture! Je compte bien poursuivre mon exploration de l’œuvre de cet écrivain.
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Madame Hayat

Par Ahmet Altan et Julien Lapeyre de Cabanes
(3,4)
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Je ne suis pas abonnée aux romans d’amour et les fuis en général. Je leur trouve un propos redondant, pouvant même aller jusqu’à la bêtise. Madame Hayat se distingue un peu du lot, mais juste un peu. Le narrateur Fazil, étudiant en littérature, s’amourache d’une femme plus âgée, madame Nurhayat, dite Hayat. « Elle parlait de la vie et des hommes d’une façon telle qu’on aurait dit qu’à ses yeux, l’existence était une sorte de jouet à trois sous avec lequel on pouvait rire, s’amuser, expérimenter, sans crainte de le casser ni de le perdre. » Cultivant du même souffle une amourette avec une jeune étudiante, Sila, Fazil passe le reste du récit déchiré entre deux pôles opposés, en plus de constater la dégradation de la vie civile autour de lui. Les premières pages m’ont plu d’emblée, mais j’ai trouvé la suite répétitive. L’intrigue s’est mise à piétiner autour de la rencontre initiale, laissant ainsi dans l’ombre la transformation de la société turque qui aurait mérité de plus amples développements. En revanche, l’auteur a su créer un portrait de femme complexe, séduisant et jouissif, cette Madame Hayat qui orne la couverture et donne son titre au roman.
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Sa Majesté des mouches

Par William Golding
(3,5)
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Ce roman, paru en 1954, et devenu culte depuis, il me fallait le lire. J’en avais retardé la lecture, le croyant destiné à un lectorat jeunesse. Si la prose s’avère de fait assez épurée, le thème en revanche est intemporel. Qu’arrive-t-il lorsque le vernis de la civilisation dont nous sommes enduits en arrive à disparaître dans des circonstances extrêmes. Comme lors d’un naufrage sur une île déserte. William Golding s’en inspire dans Sa Majesté des mouches pour raconter l’ensauvagement d’un groupe d’enfants laissés à eux-mêmes sur un atoll tropical à la suite d’un écrasement d’avion. Les circonstances de l’accident restent floues à dessein tandis que l’accent est mis sur la manière de vivre ensemble instaurée par les enfants. Un chef est élu, Ralph, douze ans, auquel tous se rallient dans la foulée, jusqu’au schisme prévisible. Un texte qui a dû faire son effet lors de sa sortie même si l’auteur a usé d’une certaine pudeur dans sa narration. L’absence de temporalité et parfois de vraisemblance ne m’a pas gênée. Un dénouement adéquat et tout à fait inattendu est venu conclure cette histoire glauque que je n’oublierai pas de sitôt.
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Les Nétanyahou

Par Joshua Cohen et Stéphane Vanderhaeghe
(4,0)
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Nétanyahou, un patronyme qu’on associe immédiatement à Benjamin, le Premier ministre d’Israël, de surcroît associé à un titre de roman, la piqûre de la curiosité avait déjà fait son effet. Sur la base d’une anecdote véridique glanée par Joshua Cohen auprès d’un ancien professeur à la retraite, le roman s’articule autour du séjour de Ben-Zion Nétanyahou et de sa famille dans une petite ville du nord de l’État de New York en 1959. Sollicitant un poste de professeur d’histoire à l’université de Corbindale, Nétanyahou, imbu de sa personne et de ses connaissances sur la judéité au Moyen Âge, ne cache pas son caractère aigri et ses mauvaises manières à son hôte, Ruben Blum, le narrateur de l’histoire. Ce pauvre Blum, chargé du poids de la famille (l’épouse Tsila et les enfants Jonathan, Benjamin et Iddo), regrette bientôt sa générosité lorsqu’il voit sa femme Edith en pâtir et sa fille Judith en connaître les excès. Le ton irrévérencieux bouscule joyeusement les thèmes sérieux abordés. Malgré quelques passages didactiques un peu assommants, j’ai beaucoup apprécié ma lecture. L’idée à l’origine du roman constitue en fait sa plus grande force. Joshua Cohen a su l’utiliser au mieux et sa prose a fait le reste. Un prix Pulitzer amplement mérité.