ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Yoga

Par Emmanuel Carrère
(3,92)
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En ayant au préalable l’intention d’écrire « un livre souriant et subtil sur le yoga », Emmanuel Carrère s’est plutôt enfoncé dans un voyage intérieur pas mal rock’n roll. En janvier 2015, il se présente dans un centre de méditation Vipassanā pour, pendant dix jours, retraiter dans le silence en méditant intensivement parmi d’autres humains, assis sur un coussin zafu, dans une posture hiératique conforme au rituel yogique. Il n’y restera pas jusqu’à la fin. À partir de ce moment, le récit prend une autre tangente, celle qu’on n’attendait pas et caractéristique du style de l’auteur. C’est ce que j’apprécie particulièrement chez lui, cette maîtrise de la digression, de l’égarement narratif contrôlé. Il parle de ce qu’il connaît le mieux, soit lui-même, après tout comme il dit « Je suis un homme narcissique, instable, encombré par l’obsession d’être un grand écrivain. » Ses plongées dans des dépressions successives, spirale infernale du mal-être, l’ont amené à fréquenter des voies de guérison parallèles à la science médicale : la pratique du yoga, du tai-chi et de la méditation. Son expérience parle à tous et il sait trouver les mots justes pour montrer les méandres tortueux d’un cerveau perturbé, enlisé dans ses pensées négatives. Contrairement à William Styron, dans son récit Face aux ténèbres, Carrère arrive à parler de cette misère morale avec un certain détachement et une pointe d’humour, assurant ainsi un équilibre salutaire pour le lecteur et j’imagine aussi, pour lui.
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La saga des Cazalet T.1 : Étés anglais

Par Elizabeth Jane Howard
(3,0)
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Ma sœur m’avait glissé un mot il y a un peu plus d’un mois de cette saga familiale dans laquelle elle baignait confortablement depuis quelques tomes. Intéressée et confortée par son enthousiasme, j’en ai fait la réservation à la bibliothèque municipale. Mon chéri y a jeté un rapide coup d’œil et, d’une de ses mimiques qui veut tout dire, l’a promptement écarté de ses prochaines lectures. Ainsi soit-il. Il faut convenir que ce roman contient peu ou pas d’action, consistant en gros à une longue chronique du quotidien de la famille élargie des Cazalet lors des deux étés passés dans la demeure patriarcale située dans le Sussex en 1937 et en 1938, avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Un arbre généalogique est placé judicieusement en début de roman, facilitant ainsi sa compréhension, la narration s’employant à changer abruptement d’interlocuteurs au fil des pages. Chacun des personnages s’expriment donc dans un joyeux méli-mélo, entremêlant amourettes, relations conjugales, jeux d’enfants, liaisons adultères, préparations des repas, études et réunions d’affaires. Un style qui rappelle les séries britanniques dans lesquelles maîtres et domestiques se côtoient dans un ballet bien réglé, tout en évoluant dans deux mondes parallèles. Les premières pages du prochain tome qui sont révélées à la fin du livre ne m’ont pas tant emballée. Je ne ferme pas la porte à une seconde plongée dans cet univers, peut-être entre deux lectures plus exigeantes.
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Rêves de Russie

Par Yasushi INOUE et Brigitte Koyama-Richard
(3,0)
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« J’ai tenté d’écrire des phrases claires qui manquent peut-être d’élégance. Mais je me suis efforcé de faire que l’exacte vérité soit transmise dans son intégralité. Je n’ai aucunement cherché à écrire de belles phrases ou à divertir les gens. » Yasushi Inoué s’est visiblement collé sur ce que Katsuragawa Hoshû a relaté dans son Récit de la rencontre du shogun et des deux naufragés. Un style dépouillé au service d’une histoire pas banale, celle de navigateurs japonais échoués sur l’île d’Amtchitka dans l’archipel des Aléoutiennes le 21 juillet 1783, après une dérive de plusieurs mois dans l’océan Pacifique Nord. Rescapés par des Russes et les autochtones habitant l’île, les seize matelots nippons et leur capitaine Kôdayû séjournent un moment dans la péninsule du Kamtchatka, avant d’être emmenés à travers la plaine et la forêt sibériennes vers Okhotsk et Irkoutsk, dans l’espoir d’être un jour rapatriés dans leur patrie. Certains meurent des effets du scorbut ou de fièvres subites, d’autres de mort naturelle, tandis que les survivants se désolent à l’unisson de la nourriture, du froid et de l’éloignement de leurs proches. L’exil forcé sera long (presque dix ans) jusqu’à ce qu’une rencontre entre Kôdayû et l’impératrice Catherine II au palais de Tsarskoïe Selo à Saint-Petersbourg, vienne mettre fin à une attente interminable. Roman tiré d’un fait vécu, Rêves de Russie s’attarde aussi à l’époque historique elle-même (le tsarisme et des guerres menées en son nom, le développement économique de la Sibérie, les découvertes paléontologiques) en plus d’offrir une plongée dans les majestueux cours d’eau qui sillonnent une région marquée par un climat rude et saisissant. L’écriture répétitive et sans envergure m’a tout de même déçue et pour cette raison, je ne lui confère que trois étoiles.
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American Dirt

Par Jeanine Cummins, Françoise Adelstain et Christine Auché
(5,0)
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Quelle terrifiante réalité que celle vécue par les citoyens des villes mexicaines gangrenées par les guerres entre les différents cartels de drogues! Un abandon et une faillite à tous les niveaux administratifs du gouvernement incitant nombre de familles à migrer vers « el norte » par tous les moyens. C’est le cas de Lydia et de son fils Luca, seuls survivants d’une rafle meurtrière ayant fauché seize membres de la famille, réunis chez la grand-mère pour fêter l’anniversaire d’une nièce. C’est le début d’un long et pénible périple de dix-huits jours sur plus de 2 600 kilomètres, à partir d’Acapulco, un endroit de rêve tombé aux mains assassines du gang Los Jardineros, jusqu’à Nogales située à la frontière américaine. « Si une Mecque touristique comme Acapulco pouvait se désagréger, alors plus aucun endroit sûr n'existait au Mexique. » À pied, en bus ou sur les toits des trains de marchandises, les deux fugitifs craignent continuellement pour leur vie et se méfient de tous. Heureusement, certaines rencontres s’avèrent bénéfiques, soulageant temporairement une souffrance morale et physique que l’on devine insoutenable par moment. Jeanine Cummins m’a émue tout du long avec cette histoire de migration forcée dont certains passages m’ont amené à plusieurs reprises des sanglots dans la gorge. Un roman puissant au propos implacable et prégnant, de surcroît fort bien écrit et construit, raconté d’une seule voix prenant tour à tour les pensées et les actes des personnages principaux. Sans contredit, cet ouvrage mérite amplement cinq étoiles.
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Lorsque le dernier arbre

Par Michael Christie
(4,0)
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En tant de crise et de malheurs, on cherche à se regrouper ou à se forger une famille d’occasion. C’est ce dont il est question dans ce roman aux ramifications semblables à celles des arbres, eux-mêmes au cœur du récit. Difficile de ne pas comparer avec L’Arbre-Monde de Richard Powers et d’en mesurer ainsi la moindre envergure du premier. Malgré cette douloureuse et inutile comparaison, Michael Christie sait raconter et ses existences humaines errantes en quête de sens, aux destins entrecroisés se déroulant sur une centaine d’années, offrent une plongée vertigineuse dans les rets du temps. Le roman est construit sur de brefs chapitres à la temporalité narrative changeante dans une mise en scène d’une foule de personnages reliés entre eux par le même fil conducteur. Divertissant et instructif, le récit touche à plusieurs enjeux familiaux et planétaires et s’adresse au lecteur curieux et avide d’action.
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Hors de l'abri

Par David Lodge
(4,0)
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Certains auteurs nous donnent le goût de s’en faire un festival de lectures. Récemment, c’était au tour de Jean-Paul Dubois et Iain Levison et quelques années auparavant, ce fut le cas avec David Lodge. Son humour et sa faconde nous ont séduits d’emblée, de là l’idée de lire en enfilade toute son oeuvre. Je croyais bien qu’on en avait fait le tour, mais ce titre, Hors de l’abri, m’a semblé être l’exception. Et bien, il s’est avéré que mon mari l’avait déjà lu, mais le relire lui a beaucoup plu. Ah, les bonheurs de la relecture! Un roman autobiographique à saveur initiatique dans lequel Timothy, l’alter ego de l’auteur, raconte son enfance londonienne marquée par le Blitz et surtout, son séjour chez sa soeur à Heidelberg en Allemagne en 1951, un moment-pivot dans son existence. C’est savoureux, intéressant et éminemment bien raconté. Un roman qui soulève un pan inédit du contexte d’après-guerre dans l’Allemagne vaincue et occupée par les armées alliées.
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Un papillon, un scarabée, une rose

Par Aimee Bender et Céline Leroy
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Étrange roman à l'écriture hypnotisante où l'on voit un papillon issu d'un motif sur un abat-jour tomber dans un verre d'eau, où un scarabée dessiné sur une feuille de papier sort de son cadre lors d'un voyage en train et où des roses séchées formant la trame d'un rideau s'en détachent et tombent sur le plancher. Unique observatrice de ces micro-événements bizarres, Francie, huit ans, apprend que sa mère, atteinte de troubles mentaux, vient d'être hospitalisée et ne peut plus prendre soin d'elle. Comme un témoin dans une course à relais, Francie est prise en charge par différents adultes (tante, oncle, baby-sitter et petit-cousin) dans la précipitation pour transiter vers une famille d'accueil. Plus tard, elle se remémore ce moment-charnière avec une forte puissance d'évocation, qu'elle nourrit constamment et de façon obsessionnelle, ayant toujours la crainte d'être elle-même folle ou de le devenir, terrible héritage génétique. Le récit semble banal à première vue dans ses descriptions minutieuses du quotidien de la narratrice, Francie, mais à force d'en énumérer le détail, celles-ci en viennent à prendre une tournure dérangeante, créant ainsi chez le lecteur un malaise inconscient. On s'attend à tout moment à ce que tout nous éclate au visage. Une lecture lancinante, d'apparence légère, mais finalement fort troublante.
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Hamnet

Par Maggie O'FARRELL
(5,0)
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Une écriture envoûtante et enveloppante anime ce roman historique dans lequel se déploie l’amour sous toutes ses formes. Et si le personnage principal se trouve être William Shakespeare, on ne peut qu’apprécier la virtuosité et l’imaginaire de Maggie O’Farrell à le faire revivre, lui et sa famille. De cette funeste année 1596 se transposant aux débuts de l’idylle entre Shakespeare et sa future épouse, j’ai apprécié chaque phrase de ce superbe récit, véritable écrin littéraire. En ouvrant ce livre, vous vous préparez à un gigantesque saut dans le temps, sans filet, seuls avec les mots chatoyants et la plume évocatrice de Maggie O’Farrell. Brillantissime!
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Ohio

Par Stephen Markley
(4,0)
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Dès les premières pages, les images sont fortes. Ohio, un roman dense et chagrin sur la perte des illusions adolescentes au pays de tous les possibles, le meilleur comme le pire. Un soir de 2013, quatre anciens amis du lycée de New Canaan convergent vers leur communauté natale sans concertation et ayant en tête des buts différents. Ceux qui sont restés au patelin, quant à eux, végètent et fréquentent toujours les mêmes bars du coin. Des rencontres fortuites et calculées, certaines banales et d’autres fatales, auront lieu dans les lieux-dits de leur passé d’étudiants, l’occasion de mettre les pendules à l’heure ou de se souvenir tout simplement. Stephen Markley signe un premier roman dérangeant et percutant. Une analyse détaillée des pires errements qui peuvent résulter de l’exaltation des émois adolescents combinée aux effets des drogues et de l’alcool. Une narration hors champ procure au récit un détachement permettant de mettre en scène les agissements de plusieurs personnages sur un continuum présent/passé fort bien réussi. Une écriture lyrique par moments mais qui s’avère aussi crue que son propos lorsque nécessaire. Un auteur à suivre.
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La douleur

Par Marguerite Duras et Agnès Verlet
(4,0)
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La peur viscérale et son corollaire, la douleur : avril 1945, Marguerite Duras attend des nouvelles de son mari Robert, déporté en 1944 vers un camp de concentration en Allemagne. La libération de ces camps sidère le monde et sème la consternation chez les épouses des prisonniers. Dans son journal, Duras rend compte de l’immense souffrance entourant le retour de ceux qui ont survécu à l’horreur, eux-mêmes changés à jamais. En premier lieu, je voulais lire le récit de Robert Antelme, L’espèce humaine, mais ne le trouvant pas sur les rayons de la bibliothèque municipale, je me suis tournée vers La Douleur, un recueil de textes écrits par Marguerite Duras sur sa participation à la Résistance au cœur de Paris. J’en ai vu des films sur la Seconde Guerre mondiale, mais ces courts récits de Duras montrent comme jamais tout le poids de la charge du résistant, évoluant au milieu de l’occupant nazi, côtoyant quotidiennement la trahison, la crainte d’être pris ou de donner des noms sous la torture. Une lecture mémorable, ancrée dans un réalisme cruel et poignant, au plus près de la vérité.
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La tristesse des éléphants

Par Jodi Picoult
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J’avais bien aimé Mille petits riens de Jodi Picoult et j’ai voulu récidiver avec un autre de ses romans. On m’a suggéré La tristesse des éléphants, un beau titre. Jenna, treize ans, souhaite retrouver sa mère Alice, disparue depuis dix ans sans laisser de traces. Contre l’avis de sa grand-mère, elle entreprend des recherches auprès d’une voyante excentrique bien nommée Serenity et d’un ex-policier Virgil, vaguement alcoolo et brouillon. L’intrigue est bien menée et chaque personnage porte tour à tour la narration, conférant ainsi au récit une dimension élargie des événements. En revanche, comme chaque chapitre a sa voix, la lecture manque de fluidité et on doit se référer souvent au début pour savoir qui parle. Les apartés sur les éléphants sont ce qu’il y a de plus intéressant dans ce roman qui verse dans le paranormal, rappelant le style et le propos du film de M. Night Shyamalan, Le Sixième Sens. Trois étoiles pour tout ce qui touche à l’étude des pachydermes, mais un gros bémol pour la conclusion tirée par les cheveux.
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Le goût du Goncourt

Par Luc Mercure
(4,0)
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Luc Mercure, à 19 ans, réalise son rêve de rencontrer son idole en littérature, Yves Navarre qui, deux ans plus tôt, a reçu le prix Goncourt pour son roman Le Jardin d’Acclimatation. Fin août 1982 donc, à la faveur d’un voyage en France avec son groupe de danse folklorique, Luc décide de prolonger son séjour et file en Provence, plus spécifiquement à Lioux, petit village pittoresque où réside Navarre. Une visite impromptue, un coup de tête, Luc connaissant l’adresse de l’écrivain suivant un retour d’une lettre d’admiration envoyée auparavant. Un simple croquis des environs dessiné à main levée par Navarre suffit à l’admirateur pour se décider. Le contact entre les deux hommes advient, mais ce qui se passe ensuite n’est pas à la hauteur de ce que s’imaginait Luc Mercure. D’où ce court récit autobiographique, retour en arrière de plus de trente ans, pour tenter de comprendre la genèse de cet événement fondateur dans la vie du jeune Mercure. L’écriture, de toute évidence, libère même si elle ne guérit pas tout. L’ouvrage mérite le détour pour la charge émotive qu’il véhicule, le fracas de ces idéaux de jeunesse sur la banale réalité. Et Le Goût du Goncourt me donne aussi le goût de revisiter l’œuvre de cet auteur que j’avais effacé de ma mémoire.
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À douze pieds de Mark Twain : cabotinerie

Par Victor-Lévy Beaulieu
(3,0)
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J’aime beaucoup ces biographies dans lesquelles l’auteur se transpose dans son sujet, se mouille en quelque sorte, et ose se révéler tout en racontant la vie d’un tiers. Comme Alexis Jenni l’a fait avec le naturaliste John Muir, Victor-Lévy Beaulieu s’implique personnellement dans le fil de son récit biographique sur l’écrivain américain Mark Twain. Sur une promesse qu’il avait faite jadis à son ami poète, VLB entreprend donc de raconter le parcours étonnant de Samuel Clemens né à Florida, Missouri en 1835 au sein d’une famille plutôt modeste, sans réel attachement à la littérature, mais qui croyait au grand rêve américain : devenir riche sans trop faire d’efforts. Les débuts de Twain en tant que journaliste s’entrecroisent à ceux de Victor-Lévy Beaulieu, lui-même issu d’un milieu pauvre et peu éduqué, et qui devient pigiste pour des magazines et de petits quotidiens dans les années 1960. Beaulieu a alors lu plusieurs ouvrages de Twain et croit y avoir trouvé sa voix/voie dans l’écriture de ses textes, ou à tout le moins son inspiration. La verve de VLB fait toujours son effet : c’est vivant, bien rendu et fouillé. Basé en grande partie sur l’autobiographie de Twain dictée à la fin de sa vie et qui ne devait être publiée que cent ans après sa mort, le livre souffre, en revanche, de multiples répétitions qui alourdissent la lecture. Je continue ma lancée sur cet auteur redécouvert il y a peu et mon prochain choix ira pour son essai sur Jack Kérouac.
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Donbass

Par Benoît Vitkine
(4,0)
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« (…) se sentait-on russe ou ukrainien? Monde slave autoritaire ou Occident décadent? Oligarques aux commandes ou gay prides sur les boulevards? La haine était au coin de la rue, dans chaque cage d’escalier; on formulait ses réponses avec de plus en plus de prudence. (…) On avait cessé de se disputer puisque seules les bombes étaient capables de se faire entendre. On n’espérait plus que la survie. » Lorsque j’ai vu passer Donbass de Benoît Vitkine sur mon fil d’actualités, je n’ai pas hésité à le placer dans ma PAL, peu importe les critiques, quoiqu’elles étaient unanimement favorables. Par incompréhension de ce qui se passe en Ukraine et par souci de m’immerger dans ces lieux étrangers et dans les pensées de ceux qui y vivent, j’ai ouvert ce roman dans l’espoir de mieux comprendre. Printemps 2018 : sur fond d’une enquête criminelle impliquant le meurtre sadique d’enfants, un chef de police, ex-militaire ayant servi l’ex-URSS en Afghanistan, s’interroge sur l’avenir de ses concitoyens dans un pays déchiré par les revendications politiques des séparatistes du Donbass qui n’ont cessé d’amplifier depuis le conflit russo-ukrainien de 2014. Avec lui, on parcourt les rues de sa ville, souvent désertées par les alertes aux bombardements, on entre dans les bars où les hommes se saoulent pour oublier, on vit le quotidien des vieilles grands-mères qui ont la garde de leurs petits-enfants déplacés et on se retrouve dans la tête abîmée de ces vétérans de l’armée, marqués à jamais par ce qu’ils ont fait et vu. Un roman policier qui dépasse son intrigue, démontrant surtout les ravages causés par la banalisation de la guerre, alors qu’on y voit des hommes qui la justifient et en tirent une sorte de glorification, d’autres qui, en retrait, en récoltent les bénéfices et la majorité qui souffre en silence, résignée. J’ai eu le réflexe de placer ce titre dans ma liste Grande Noirceur, mais me suis ravisée avec la fin qui laisse quand même place à un peu d’espoir.
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Brûlant était le regard de Picasso

Par Eugène Ébodé
(3,0)
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Eugène Ebodé raconte la vie de Mado Hammar née en 1936 d’un père suédois et d’une mère camerounaise à une époque où le système colonialiste européen vivait son ultime apogée sur le sol africain. Autour de cette fillette, qu’on séparera très tôt de sa mère Monica, un couple français résidant à Edéa, Jacques et Hélène Boissont, l’adopte afin de libérer de ses responsabilités parentales Gösta Hammar, retourné en Suède durant la Seconde Guerre Mondiale. Mado sera finalement éduquée dans un pensionnat catholique de Perpignan et habitera toute sa vie cette région des Pyrénées-Orientales, y prenant mari et pays, mais ayant toujours en tête de retrouver sa mère biologique dont on l’a tenue éloignée de façon délibérée. Une quête permanente logée profondément au sein de sa propre famille et de ses activités communautaires en vue de faire rayonner les artistes-peintres de Céret et leurs œuvres. Le parcours de cette femme est fort intéressant car inscrit dans les grands moments de l’Histoire du XXe siècle et de l’avenir du continent africain au seuil de l’indépendance de ses états. Cependant, Eugène Ebodé s’éparpille par moments dans des considérations plus terre à terre, cassant de ce fait le rythme de son récit. Le regard de Picasso s’est peut-être attardé mais sa présence dans le roman y demeure fugitive.