ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Autour de Dédé Fortin

Par jean Barbe
(4,0)
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« Pourquoi moi? Pourquoi j’écris ce livre? Parce que je suis encore vivant. (…) J’écris ce livre pour comprendre, à travers le personnage de Dédé Fortin. J’écris ce livre pour ne plus jamais mourir avant mon tour. » Jean Barbe connaît ce qu’est la souffrance de vivre, n’être bien nulle part, encore moins à l’intérieur de soi. André Fortin aussi. Dédé s’est donné la mort à coups de couteau chez lui après d’âpres combats intimes menés tout au long de sa vie d’adulte. Il a surpris, par ce geste ultime, ses proches amis. Rien ne pouvait plus le retenir. Jean Barbe trace le portrait d’un homme inquiet, angoissé, incapable de se poser; idéaliste, ayant soif d’absolu. Protégé par son statut de rock star, le monde qu’il découvrait lui apparaissait plutôt moche et cupide. Ses histoires d’amours désastreuses résultaient aussi de ce mal-être sociétal. Son dernier album avec son groupe Les Colocs, Dehors novembre, contenait une charge immense de tristesse et sa composition l’avait attiré dans des zones d’ombre dont il avait peine à revenir. « Il descendait au fon de lui-même et ramenait les perles noires de ses chansons. » Jean Barbe croise sa voix à celle de Dédé Fortin, dans un ensemble imparfait contenant toutes les blessures de l’âme. J’aime beaucoup la prose de Barbe et les chansons de Fortin, toutes deux réunies dans ce court ouvrage profondément émouvant, lu en quelques heures d’une grande intensité.
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Des vies à découvert

Par Barbara Kingsolver
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« Elle pense que nous sommes à découvert à la banque, au niveau de notre espèce, mais que nous ne voulons pas l’entendre. » Des vies à découvert se veut un roman de l’intime qui embrasse l’universel et qui mieux que Barbara Kingsolver (et aussi bien sûr Joyce Carol Oates) pour tisser un tel récit simple et complexe à la fois. Willa Knox, la narratrice, habite une ancienne belle maison maintenant délabrée, héritée de sa tante, à Vineland, New Jersey, Etats-Unis. Entourée de son mari Iano Tavoularis, de sa fille Antigone (Tig), de son beau-père malade Nick et de leur chienne Dixie, le sauvetage pourtant essentiel du bâtiment chambranlant se révèle toutefois hasardeux, compliquant une situation économique familiale déjà instable. Et l’arrivée de son fils Zeke avec son bébé Aldus (Dusty), tous deux endeuillés, compliquent encore plus les choses, considérées toujours d’un point de vue financier. En parallèle, on suit les activités de Thatcher Greenwood, un instituteur installé dans la même maison avec sa famille, en 1875. Promoteur des découvertes de Charles Darwin, il se lie d’amitié avec sa voisine Mary Treat, une entomologiste professant les mêmes idées scientifiques. Mais leur communauté reste fermé aux nouvelles théories de l’évolution, influencée en cela par le fondateur de la ville, Charles K. Landis, leader vénéré des habitants qu’ils soient de condition modeste ou aisée. Barbara Kingsolver révèle tout son talent dans ce roman socio-politico-scientifique. Un début accrocheur, une narration fluide soutenue par une prose intelligente et subtile, un savant maillage avec le passé grâce auquel le présent prend tout son sens, cela donne une œuvre brillante qui fait écho à nos préoccupations actuelles. Une auteure que je chéris depuis longtemps et de qui il me reste heureusement d’autres lectures à découvrir.
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Antarctique, au coeur du continent blanc

Par Laurence La Ferrière et Éric Loizeau
(4,0)
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Parti de Mar del Plata en Argentine le 23 novembre 2019, l’équipage du catamaran à voiles NDS Evolution se dirige vers la péninsule antarctique, « terre de science et de paix ». Depuis la signature du traité de Washington en 1959, le continent est en effet protégé de revendications territoriales partisanes, son sol étant consacré exclusivement à la recherche scientifique (glaciologie, sismologie, océanographie, écologie côtière, biologie, géologie, limnologie, astronomie, magnétisme, météorologie, entre autres). Laurence de la Ferrière, aventurière et alpiniste et Éric Loizeau, marin cap-hornier, témoignent, avec cet ouvrage, magnifiques photos à l’appui, de ce monde sauvage et encore à l’abri des interventions humaines. Du premier arrêt aux îles Malouines jusqu’aux îles Shetland du Sud où se situent les premières bases scientifiques (argentines, sud-coréennes, russes, chinoises, chiliennes et bulgares), les auteurs font connaissance avec les équipes de chercheurs sur place, visitent leurs installations et tentent, avec plus ou moins de succès, d’en apprendre un peu plus sur leur travail, la notion de secret-défense étant encore bien fichée au sein des nations représentées. Le contenu s’apparente plutôt à un journal de bord qu’à un relevé de découvertes scientifiques. Il reste cependant ces photographies saisissantes qui se suffisent à elles-mêmes. Et le sentiment apaisant de savoir qu’au moins une partie de la planète n’est pas assaillie par les hordes humaines.
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La pire personne. Au monde.

Par Douglas Coupland
(3,0)
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La pire. Personne. Au monde (prononcez en faisant une pause exagérée après chaque point afin d'en souligner le côté dramatique). Cette personne, c'est Raymond Gunt, la cinquantaine, vidéaste caméraman, à qui son ex-femme Fiona fait miroiter un job peinard dans une île paradisiaque située en plein océan Pacifique, consistant à filmer des participants (masculins et féminins) d'une série survivaliste américaine. Ignorant le conseil bienveillant de son « assistant » Neal, un SDF recruté sur un trottoir londonien : « (…) écoute bien Ray : arrête d'emmerder le monde, et le monde arrêtera de t'emmerder. », Ray laissera place à toute son outrecuidance et sa grossièreté afin de faire chier dans les grandes largeurs tout le monde et lui-même, s'évertuant à briser la magie de toute chose. Si je me souviens bien, Génération X, le premier roman de Douglas Coupland faisait aussi dans la satire, mais ici le ton est plutôt outrancier et vaudevillesque, les dialogues d'une ironie mordante et le langage assez ordurier. J'ai quand même beaucoup ri malgré les avertissements de mon mari qui était sorti assez dépité de sa lecture. J'ai pris ce roman comme un gigantesque défoulement des vicissitudes de la vie moderne et lorsqu'on rit des travers de la société américaine, je suis toujours partante. Trois étoiles pour l'humour grinçant et pour le personnage détestable incarné par Raymond Gunt (La. Pire. Personne. Au monde.)
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Les dynamiteurs

Par Benjamin Whitmer
(4,0)
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« Ce monde est un monde de têtes coupées, et il n’y a pas beaucoup de place pour les balades dans des putains de champs de jonquilles. » Voilà ce que pense Sam, le narrateur de cette histoire glauque qui se déroule au début du XXe siècle à Denver, Colorado, une ville où règnent le vice, le jeu et l’alcool en un équilibre bien précaire, toujours proche de l’implosion. Sam, quatorze ans, vit dans une usine désaffectée avec un groupe d’orphelins recueillis par Cora, quinze ans, qu’il aime d’un amour secret. Se tenant à l’écart du monde des adultes peu fiables, tous deux tentent de maintenir un écran protecteur autour de leur microcosme. Mais l’irruption soudaine d’un géant au visage scarifié, John Henry Goodnight, traînant dans son sillage son acolyte dénommé Cole, emportera tout sur son passage, dans une succession d’actes vengeurs d’une violence inouïe. Dynamite et nitroglycérine au menu, Benjamin Whitner met en scène, dans une suite de chapitre courts et percutants, une flopée d’agents Pinkerton appelés en renfort par des shérifs impuissants et dépassés par l’afflux du banditisme sévissant dans les villes de l’Ouest. Après Évasion, Whitner signe ici un roman d’une noirceur abyssale et absent de toute rédemption.
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Victoire !

Par Michel Tremblay
(4,0)
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Michel Tremblay plonge à nouveau dans le puits qu’on dirait sans fond de ses personnages issus de la saga des Desrosiers. Ainsi, nous retrouvons Victoire et Josaphat, avant la faute, à l’aube de la vingtaine à Duhamel, petit hameau des Laurentides. C’est le mois d’août : Victoire vient de sortir de sept années de couvent sans avoir prononcé ses vœux, décevant du même coup la supérieure ainsi que sa tante religieuse qui lui avait procuré cette opportunité de s’instruire. Le retour au village est émouvant : ses parents, Odette et Thomas-la-Pipe sont tous deux morts dans l’incendie qui a ravagé l’église lors de la messe de minuit. Ne reste de la famille que Josaphat, son frère bien-aimé, qu’elle s’en va rejoindre pour panser ensemble leurs blessures. Victoire! se révèle un intéressant volet de l’œuvre de Tremblay. Un récit court mais qui contient une somme considérable d’informations sur ce couple qui apparaissait maudit dans les romans précédents et dans lequel également l’influence des inséparables tricoteuses et de leur mère Florence pèse sur la psyché du pauvre Josaphat. Un complément incontournable au monde littéraire de Michel Tremblay.
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Joni Mitchell : Songs are Like Tattoos

Par Edouard GRAHAM et Norman Seeff
(4,0)
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« Songs are like tattoos, écrit Joni Michell dans Blue. Tels les tatouages sous la peau, les chants élevés au-delà du temps eux aussi se gravent dans l’âme ou ce qui en tient lieu. » Un livre que j’ai emprunté sans trop en connaître le contenu, sachant tout de même qu’il intéresserait mon mari, fan de Joni depuis bien longtemps. Pour lui, c’est d’abord la mélodie, les arrangements des chansons qui l’ont charmé. Cette façon dont Joni joue de la guitare ou du dulcimer, « (…) les accords ouverts constituent déjà l’une de ses marques de fabrique -, elle égrène des arpèges aux couleurs tristes ». Édouard Graham offre, avec cet ouvrage, un travail de recherche poussée sur le travail artistique de la musicienne autodidacte. Les notes biographiques côtoient chaque disque en plus du détail des tournées et des spectacles donnés par l’artiste. L’auteur explique en détail l’origine et la création des chansons, les musiciens qui ont participé à leur enregistrement ainsi que les paroles traduites en français. J’ai parcouru ce récit en diagonale au début mais y suis vite revenue plus en profondeur, admirative de la poésie mitchellienne et du parcours de la blonde des Prairies canadiennes. Ses débuts de parolière et de compositrice en 1965 sont marqués par la naissance de sa fille Kelly, donnée en adoption, un événement fondateur de son œuvre. Sa démarche artistique a toujours été empreinte d’un grand professionnalisme alliée toutefois à une certaine intransigeance envers le milieu de la musique. Joni Mitchell : Songs are like tatoos, un livre incontournable pour les aficionados et pour ceux qui veulent découvrir l’émergence d’un nouveau courant musical issu de la contre-culture américaine de la fin des années 1960.
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La vie secrète des arbres

Par Peter Wohlleben
(3,5)
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« Les arbres urbains sont les enfants des rues de la forêt. » « Pourquoi les arbres ne s’exprimeraient-ils pas? » « Les végétaux échangeraient-ils des informations par ondes sonores? » Étonnantes questions et étranges constats, Peter Wohlleben y répond et étaye ses dires dans La vie secrète des arbres. Il parle d’amitié et d’entraide entre les arbres de la forêt, de mères-arbres, d’un Wood-Wide-Web comme réseau de communication sylvicole. Son passage à La Grande Librairie n’est pas passé inaperçu, et pour cause! Ce livre apporte une vision éclairante sur la vie des arbres, toutes essences confondues : les partenariats pacifiques avec certains champignons, les invasions de parasites en tout genre et les systèmes de défense naturels mis en place par chaque espèce, l’adaptation aux aléas climatiques, le processus d’hibernation (fascinant) et le poids des actions humaines sur l’écosystème forestier, entre autres. L’auteur utilise images et métaphores teintées d’un certain anthropomorphisme pour illustrer son propos scientifique à la base et même si ce ton choisi peut parfois être agaçant, la somme de connaissances vaut le détour. Ayant dû faire abattre en 2019 deux ormes atteints de la maladie hollandaise plantés il y a plus de soixante ans sur notre terrain, je comprends mieux, grâce à cet ouvrage, les impacts reliés à l’existence des ces arbres qui nous ont toujours accompagnés depuis notre arrivée dans le quartier. Leur absence a signifié de nouvelles plantations et modifié sensiblement l’écosystème qui y existait. À lire donc pour s’éveiller à notre environnement végétal et animal.
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Quichotte

Par Salman Rushdie
(3,0)
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C’est une histoire bizarre écrite par un écrivain d’origine indienne vivant à New York City, appelé Brother. Sa sœur, Sister, et son fils, Son, ne font plus partie de sa vie depuis fort longtemps. Le récit qu’il imagine « s’enracine profondément dans une nécessité personnelle et dans la souffrance », la sienne tout d’abord et celle de son personnage, Ismaïl Smile, bien nommé Quichotte, à la recherche de l’Amour absolu et qui, dans cette quête chevaleresque, s’invente l’existence d’un fils imaginaire, Sancho, en qui il espère un dévouement total. Leur parcours sur le territoire américain connaîtra maintes embûches, la plus importante étant la prise de conscience d’une entité supérieure qui les fait exister en dehors de leur volonté. Salman Rushdie étonne encore avec ce roman picaresque, sorte de conte moderne sur la condition humaine. J’ai trouvé le début laborieux, l’impression de lire une histoire sans gouvernail, mais une fois lancée, j’ai apprécié grandement ma lecture. Même si certaines références télévisuelles américaines et cinématographiques indiennes me sont restées obscures, l’écriture de Salman Rushdie demeure celle du conteur des mille et une nuits, entraînant son lecteur dans une chevauchée littéraire en laquelle on reconnaît son érudition et son panache. Et derrière l’intrigue, se dessine toute une pensée philosophique et une critique sans conteste de nos sociétés issues de la deuxième moitié du siècle passé, dont la devise pourrait être « Éteignez votre esprit, relaxez-vous et laissez-vous porter par le courant. » Un auteur qui m’est devenu cher depuis La Maison Golden et que je place dans mon panthéon personnel des écrivains à lire absolument.
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Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs

Par Mathias Enard
(4,0)
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Comment classifier ce roman? Est-ce seulement envisageable? Mathias Enard en a fait sa spécialité, on dirait… Ses créations littéraires relèvent du même objectif : surprendre et dépayser. Ce fameux banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs occupe une partie du roman dont l’histoire se situe dans le département des Deux-Sèvres, plus particulièrement au lieu-dit La Pierre-Saint-Christophe, 149 habitants. Un jeune ethnologue y débarque de Paris afin d’étoffer sa thèse sur les effets de la rurbanisation (définition du dictionnaire : urbanisation lâche des zones rurales à proximité de villes dont elles deviennent les banlieues). Son journal démarre le récit sur un ton facétieux, accrochant immédiatement le lecteur. Après nous avoir présenté les personnages, essentiellement les habitants du village, l’auteur choisit de laisser tomber la forme diariste pour celle du conte fantaisiste. L’occasion de retourner dans le passé historique régional et d’entrevoir « l’immense toile d’araignée des âmes, la pelote de laine des existences, entremêlées dans le temps ». Une incursion dans les arcanes de la réincarnation, la Grande Roue karmique qui fait tourner le monde immémorialement. Divertissement et érudition sont au rendez-vous dans ce roman aux accents rabelaisiens qui proclame son amour pour la région du marais poitevin, qu’on sent et qu’on habite le temps d’une lecture. Et parions que Mathias Enard s’est fait plaisir en l’écrivant.
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Nickel Boys

Par Colson Whitehead
(4,66)
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« Dans un pays aussi grand que celui-ci, qui aimait infiniment le préjugé et la déprédation, comment ne pas se laisser déborder par la masse des injustices, grandes et petites? Nickel n’était qu’un endroit parmi d’autres. » 1962, dans la bataille la région de Panhandle, Floride : le jeune Elwood Curtis vit avec sa grand-mère Harriet Johnson à Talahassee, fréquente assidûment le lycée et travaille au dépanneur du coin dans ses temps libres. La bataille pour les droits civiques vient tout juste de débuter, et Elwood s’y intéresse vivement, encouragé par les discours de Martin Luther King jr qu’il écoute sur un disque reçu en cadeau. Un court trajet en auto-stop le mènera directement à la Nickel Academy, une école disciplinaire où se ramassent les mineurs arrêtés par la police. Travaux communautaires, péonage, corvées ménagères et corrections sévères et cruelles, voilà le lot des pensionnaires, et pour les enfants noirs, l’éternelle ségrégation raciale couplée des rebuts laissés par les autres (nourriture, vêtements, équipement scolaire). Une école où le concept d’éducation est inexistant. Abordant une fois de plus le sort des Afro-Américains, après Underground Railroad, Colson Whitehead a construit son roman sur des faits vécus, seuls les noms et toponymes ont été changés. Un récit troublant, magnifiquement raconté, et qui réserve ses surprises jusqu’à la toute fin, ravivant certainement de mauvais souvenirs pour certains. Un rappel pour tous que l’enfance brisée ne se répare jamais vraiment.
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Une famille presque normale

Par M.T. Edvardsson
(4,0)
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La série télé Your Honor posait la même question : jusqu’où est-on prêt, en tant que parents, à se commettre dans le mensonge pour sauver notre enfant des lois qu’il a lui-même transgressées. Et lorsqu’on est soi-même un rouage de l’appareil judiciaire, est-on porté à en tirer profit? M. T. Edvardsson reprend ce thème déchirant avec une petite famille dont le père Adam est pasteur, la mère Ulrika est avocate et leur fille unique Stella, dix-neuf ans, surfe encore sur une rébellion entamée dès l’adolescence. Les voix de chacun viennent expliquer pour quelle raison Stella se retrouve, au début du roman, au banc des accusés dans l’attente de son verdict. D’une écriture simple, le récit veut parfois emprunter le genre thriller mais sans bien réussir à y parvenir, quoique l’auteur possède une habileté à accrocher son lecteur à chaque fin de courts chapitres. J’accorde donc trois étoiles parce que j’ai apprécié la véracité des relations familiales et le discours très bien adapté aux différents protagonistes.
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Folie des douceurs (La)

Par Anne Létourneau
(3,0)
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Anne Létourneau, fille de comédiens, découverte en 1982 avec le film Les Plouffe (rebaptisé Il était une fois des gens heureux en France), s’est reconvertie en coach de vie. C’est ce que j’apprenais avec étonnement lors d’un entretien qu’elle accordait récemment à la radio, en même temps que l’existence de son récit autobiographique à l’étrange titre La folie des douceurs. Et comme je suis toujours partante pour ce type de littérature, j’en ai fait l’emprunt à la bibliothèque municipale, intriguée de connaître le cheminement derrière ce changement de carrière assez éloigné du métier d’actrice. Faisant d’abord l’impasse sur son enfance et son adolescence, Anne Létourneau choisit plutôt d’évoquer sa démarche de croissance personnelle afin de se sortir de la boulimie, cette folie des douceurs justement évoquée, qu’elle développe dans la vingtaine. L’insécurité financière doublée à une faible estime d’elle-même l’entraînent vers divers excès, d’autant plus que son espoir de faire une carrière au cinéma en France s’amenuise peu à peu. C’est alors, avec l’énergie du désespoir et un sursaut de vitalité, qu’elle se tourne vers des approches holistiques susceptibles de la faire sortir du tourbillon boulimie/diète. Hypnose, clairaudience, clairvoyance, transe médiumnique, télépathie, télékinésie, vision à distance, phénomènes paranormaux, spiritisme, chamanisme, ésotérisme, occultisme, réincarnation, hominologie, mysticisme, Anne Létourneau les endosse tous avec une réceptivité hors du commun et un enthousiasme sans faille. Parmi ces disciplines, bon nombre pourraient être considérées comme des élucubrations, mais certaines l’ont effectivement aidé à « se remettre en cause, rénover ses pensées, raboter ses émotions, rafraîchir la couleur de ses croyances, raffiner son oreille interne, développer son attention », pour citer ses propre mots. Son témoignage sans fla-fla ni envolées littéraires ne peut éviter un certain narcissisme même si l’auteure conserve un reste de pudeur dans ses confessions. On comprend donc que son hypersensibilité aux événements et aux gens et sa grande intériorité l’aient inévitablement orientée vers le coaching de vie.
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Anima

Par Wajdi Mouawad
(5,0)
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C’est l’histoire d’un homme en deuil de sa femme enceinte, assassinée sauvagement dans sa maison. Éploré, éperdu, cet homme cherche à comprendre la cruauté et les motivations du meurtrier. Le coroner, la police, ses proches, tous s’avèrent inutiles et impuissants à soutenir l’endeuillé. Celui-ci en vient même à croire, dans sa peine, avoir commis cet acte monstrueux. S’ensuit une quête difficile et ardue. S’attacher aux pas de l’assassin dont il a fini par connaître le nom et renouer avec un pan de son enfance enfouie dans les affres de la guerre civile libanaise. Une faune animale diverse sera témoin de son parcours, guidant le lecteur au fil des pages, chacune de ces voix tentant de percevoir et d’analyser cet humain en détresse. Des réserves amérindiennes Akwesasne et Kanesatake jusqu’au Nouveau-Mexique, on assiste à la renaissance d’un homme poursuivi par un traumatisme secret, enfoui depuis longtemps pour assurer sa survie. Ce roman m’a sidérée par sa maîtrise et son écriture; je connaissais de Wajdi Mouawad sa pièce de théâtre Incendies, adaptée au cinéma par Denis Villeneuve, mais j’ignorais qu’il était romancier. Anima possède un souffle inédit, puisant dans le surnaturel et la poésie, alliant bêtes et humains sur terre comme au ciel dans un ensemble d’une grande beauté, mais recelant aussi sa part d’horreur. J’ai refermé ce livre, bouleversée par le récit et enchantée par le style et la construction, double paradoxe, mais souvent signe qu’on a affaire à du grandiose.
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Brasier noir

Par Greg Iles
(4,0)
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« Tous les officiers de police locaux de cette époque devaient être considérés comme potentiellement corrompus ou idéologiquement fidèles au Ku Klux Klan, tandis que les agents du FBI auraient plutôt été influencés par leur peur ou leur loyauté envers J. Edgar Hoover que par un véritable sens de la justice. » 1964, Mississippi, au temps des manifestations pour les droits civiques des Afro-Américains, une série de meurtres raciaux qui ne seront jamais élucidés obsède encore en 2005 un journaliste d’un petit quotidien de Natchez ayant bien connu les victimes. Ses enquêtes minutieuses embarrassent beaucoup de monde dans la communauté, autant le FBI, la police municipale que certains témoins de l’époque. Le retour d’une infirmière Noire, revenue dans sa localité pour y mourir en paix, mettra le feu aux poudres et brisera la tranquillité de tous. Ce roman, je le destinais à mon mari amateur de thrillers, mais lorsque je suis revenue de la bibliothèque municipale avec le pavé, il l’a plutôt envisagé avec suspicion qu’avec enthousiasme : serait-ce une histoire emberlificotée au récit redondant et aux trop nombreux personnages? Sa crainte était aussi la mienne, je dois bien l’avouer. D’autant plus qu’il était le premier d’une trilogie… Greg Iles a su tenir le rythme d’un roman assez ambitieux dont l’intrigue se déroule sur trois jours d’intenses poursuites et revirements. Le climat social prévalant dans une petite ville sudiste est particulièrement bien décrit et, même si quelques personnages paraissent assez caricaturaux, l’auteur a évité le clivage des bons et des méchants. Zones d’ombres, zones grises, le récit oscille entre les bonnes actions des uns et les actes cruels des autres où s’entremêlent soif de justice, vengeance, ambition, amour filial et racisme. Une lecture en équilibre sur un fil de fer, minée malheureusement par de nombreuses fautes de conjugaison des verbes du subjonctif. J’accorde quatre étoiles pour la virtuosité, la recherche et la construction tout en me demandant si je vais continuer avec la suite. Paradoxalement, même si j’ai bien aimé, j’hésite à me replonger dans une autre brique similaire portant les mêmes personnages…
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