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Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Le dernier hiver du Cid

Par Jérôme Garcin
(4,0)
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Je n’ai vu que deux films mettant en vedette Gérard Philipe (Le Rouge et le Noir et La Beauté du Diable), mais ils m’ont marquée, m’amenant par la suite à lire Le Temps d’un Soupir d’Anne Philipe. C’était il y a fort longtemps. Lorsque Jérôme Garcin s’est présenté à La Grande Librairie avec son récit biographique Le dernier hiver du Cid, j’en ai noté le titre avec empressement, attirée encore une fois par la figure mythique d’un acteur charismatique trop tôt disparu. Ce sont donc les derniers jours du « héros cornélien et romantique » que recrée l’auteur, gendre à jamais inconnu de son sujet. À travers les premiers malaises physiques, l’hospitalisation, l’opération chirurgicale et la convalescence, Garcin ramène du passé certains pan méconnus, pour ma part, de la vie personnelle de Gérard Philipe (je pense, entre autres, à son père qui fut jugé collabo après la guerre 39-45), en plus de citer son implication sociale à plusieurs niveaux. Un hommage inspiré au père de sa bien-aimée, Anne-Marie Philipe, et qui m’a fait redécouvrir des hommes et des femmes de l’art depuis longtemps oubliés.
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Allah n'est pas obligé

Par Ahmadou Kourouma
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Allah n’est pas obligé, disait sa grand-mère. Pas obligé d’exaucer toutes les prières des croyants prosternés. Birahima, le narrateur, en fait l’apprentissage de dure façon dans sa quête d’un avenir meilleur représenté par sa tante vivant au Libéria. À travers les guerres tribales des pays d’Afrique de l’Ouest, Birahima, accompagné d’un féticheur musulman, traversera de dangereuses frontières en tant qu’enfant-soldat, seule manière pour un orphelin de manger à sa faim, épousant toutes les causes à sa portée pourvu qu’elles le mènent à son but. « Et quand on n’a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans son pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on? » Au début, on ne sait trop à qui s’adresse son bla-bla, comme il dit. On sent une grande lassitude chez lui mais sitôt qu’il a commencé, il ne peut plus s’arrêter. Il raconte ses aventures « (…) avec les mots savants français de français, toubab, colon, colonialiste et raciste, les gros mots d’africain noir, nègre, sauvage, et les mots de nègre salopard de pidgin. » Un enfant devenu trop tôt un homme, assistant et participant aux pires exactions guerrières, drogué au haschich pour mieux tuer de sang-froid, dans un monde environné de superstitions et de fétichismes dans lequel la pitié et la compassion sont inexistantes. Un roman-choc que je ne suis pas près d’oublier. Une descente en apnée dans les profondeurs de la noirceur humaine.
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Les vieux maudits

Par Leif Tande
(3,0)
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Une série de suicides au Manoir Le Saule Rieur, résidence pour aînés, cause une inquiétude grandissante chez ses locataires et décime le club de bridge. Solange, rongée par la maladie d’Alzheimer, ne prend plus ses pilules depuis quelque temps, encouragée par Raymond, son vieil amoureux. Dopée des douces paroles et des conseils judicieux de ce dernier, Solange avoue volontiers être confuse et légèrement paranoïaque. Des soupçons pèsent d’abord sur le personnel soignant jusqu’à ce que tous évoquent de possibles complots entre les résidents. Une BD aux traits noirs, de gros plans sur les visages vieillis et torturés par la peur, voilà un ouvrage peu banal sur la vieillesse. Entre les médisances et les petites vexations de la vie communautaire, l’auteur s’attarde également sur la surmédication des personnes âgées, leurs passe-temps et activités dirigés comme en colonie de vacances. Ce n’est pas humoristique comme je le croyais et c’est peut-être ce qui manque le plus au récit.
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Mort-terrain

Par Biz
(4,0)
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« Mort-Terrain. Totalement glauque comme nom de village. » Réflexion pas très rassurante pour Julien Daigneault, le narrateur, qui a quitté Montréal afin d’accomplir son stage de médecin dans le nord abitibien, pour la paie mais surtout pour décanter une peine d’amour récente. Sa plus grande découverte sera celle de la mythologie amérindienne entretenue par les habitants de la Réserve indienne accolée au village. Un monde méconnu du Québécois moyen, les deux univers n’étant pas poreux. Entre les luttes intestines de ceux qui souhaitent l’implantation d’une minière multinationale attirée par les gisements d’or souterrain et ceux qui prônent la protection de l’environnement, Julien devra trouver sa place au sein de la communauté, étroitement surveillé par l’un et l’autre clan. Biz est un auteur engagé qui aborde, dans ses romans, des thèmes chargés émotivement et socialement. Mort-Terrain est son troisième d’une bibliographie qui s’étoffe peu à peu. Il offre un point de vue inspiré de la situation existant entre les nations amérindiennes et le Québec moderne. Un humour cynique parcourt le récit qui abonde en métaphores et en figures régionales. Un roman vivant et vibrant du début à la fin.
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Ce matin-là

Par Gaëlle Josse
(4,0)
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Sur l’air d’une ronde ancienne, Gaëlle Josse raconte la chute d’une jeune femme tombée au combat des relations professionnelles. Clara qui, un matin d’octobre, après six mois promue à un poste supérieur dans son établissement de crédit, percute de plein fouet le mur de l’épuisement. Une claque. Un écroulement. Diagnostic médical : burn-out. S’ensuit une longue introspection inévitable dans le vide des journées de repos. Les souvenirs d’enfance remontent à la surface, certains douloureux, d’autres joyeux. C’est une amitié indéfectible qui la repêche de sous sa couette, la ramenant peu à peu à la vie, celle dont elle avait rêvé alors qu’elle était étudiante, avant de s’oublier et de se soumettre à des obligations familiales. Un roman très beau, porté par une écriture somptueuse et enveloppante. Réconfortant en somme, malgré les difficultés rencontrées par le personnage principal. Qui n’a pas, un jour, flanché ou fléchi les genoux pour cause de surmenage au travail, couplé à la charge mentale de la vie domestique? Gaëlle Josse a trouvé les mots pour le dire.
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Darktown

Par Thomas Mullen
(4,0)
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« Rester calme. Ne pas paniquer. Ne pas se mettre en colère. Toujours garder le contrôle. Surtout, bien faire sentir que votre rage intérieure est prête à se déchaîner. » Des conseils livrés par leur lieutenant aux huit policiers Noirs qui viennent d’entrer en fonction en cette année 1948 à Atlanta, Georgie. Leçon retenue pour Lucius Boggs et Tommy Smith, patrouilleurs à pied qui arpentent de nuit les rues de Darktown. Et pour tous les autres Noirs de la ville (« deux quartiers blancs contre deux noirs et un cinquième indécis »), « ne pas soutenir le regard d’un Blanc, ne jamais montrer sa peur et toujours réagir comme à une blague innocente ». Chacun à sa place dans la capitale du Vieux Sud où la ségrégation raciale s’applique tout aussi durement que dans les campagnes environnantes, malgré les aspirations à l’égalité d’une communauté noire plus instruite et plus structurée et des promesses électorales en ce sens de certains hommes politiques. On est encore loin du mouvement des droits civiques. Thomas Mullen a bien rendu l’atmosphère qui régnait à cette époque dans le Sud des Etats-Unis à l’égard de la population afro-américaine. Une intrigue qui se tient, des personnages bien campés et si la dualité Noirs-Blancs est si explicite, elle reflète malheureusement de façon juste cette hargne raciale qui a perduré après la fin de la guerre de Sécession. Si les deux autres tomes de la trilogie (Temps noirs et Minuit à Atlanta) déchirent le voile ou à tout le moins, portent un nouveau regard sur ces années troublées, je continuerai avec intérêt à suivre cette histoire.
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Mécanique de la chute

Par Seth Greenland
(4,0)
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2012 : pendant qu’Obama travaille à sa réélection, Jay Gladstone, magnat immobilier newyorkais s’évertue à consolider sa réputation de mécène et de donateur tout en planifiant d’imposants projets de construction pour sa ville et ailleurs sur la planète. Propriétaire en plus d’une équipe de basketball dans la NBA, Jay a plusieurs poulets au four, mais il gère de main de maître. Son prochain rêve, obtenir un poste d’ambassadeur dans une ville d’Europe qui n’est pas en guerre. Un but réalisable pour lui qui fréquente et prend soin de ses relations politiques. Bref, tout va comme il le souhaite jusqu’au jour où une série d’événements bousculent ses idéaux familiaux et professionnels. Qu’aurait-il pu mieux contrôler, quels gestes ou paroles auraient-ils pu éviter? « Jay avait retenu une douloureuse leçon qui l’avait accompagné toute sa vie : même si vous croyez être au zénith de votre pouvoir, de vos capacités et de votre influence, un seul faux pas et c’est la chute. » Seth Greenland en fait tout le propos de son récit, jetant à bas tous les dominos, tenant ainsi sa galerie de personnages sur la corde raide jusqu’à la toute fin. Tout un cinéma que ce roman et sur plus de 600 pages d’une écriture concise et implacable, une seule envie, en connaître l’issue qui ne déçoit pas. Ce n’est pas LE grand roman américain mais il mérite amplement quatre étoiles.
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Partir pour la famille 1900-1950

Par Suzanne Marchand
(3,0)
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Ma grand-mère a eu treize enfants, ma mère, la moitié moins et ma belle-mère, un seul. Trois femmes ayant vécu leur fécondité dans la première moitié du XXe siècle, soumises aux mêmes diktats sociaux, c’est-à-dire à la pression des prêtres catholiques et aux conditions maritales de leur époque. Chacune, certainement, a appréhendé à sa manière la sexualité du couple, les grossesses à venir avec parfois leur lot de chagrins et de joies. Partir pour la famille retrace ce cheminement emprunté par toutes les femmes nées au début du siècle dernier et qui ont enfanté dans les années suivantes. Suzanne Marchand, à l’aide de témoignages recueillis auprès de ces mères courage et puisant dans nombre d’ouvrages ethnologiques, offre un portrait saisissant de ce qui attendait la jeune mariée, cette fatalité de mettre au monde le plus d’enfants possible, souvent à l’encontre de leur santé et de leur condition économique. Dénombrant moults superstitions entourant l’accouchement, l’allaitement, la contraception, les soins à donner aux nouveaux-nés et le sacro-saint baptême, l’auteure démontre aussi le côté sombre de la natalité avec son grand nombre de mortalités infantiles associées aux maladies maintenant éradiquées par les vaccins (avis aux anti-vax). Photos et publicités anciennes à l’appui, ce livre instruit et témoigne en même temps de la longue route parcourue par les femmes pour parvenir enfin à prendre le contrôle de leur corps. En terminant, je vous livre ici un commentaire qui m’a fait sourire, celui d’une mère de cinq enfants nés entre 1932 et 1949 et qui disait ceci à propos des condoms : « C’est mon mari qui les achetait, mais c’est moi qui les entretenais. Dans ce temps-là, on était assez économes qu’on les lavait, les poudrait et on s’en servait encore. »
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Clin d'oeil au temps qui passe

Par Antonine Maillet
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Après avoir visionné le documentaire Les possibles sont infinis de Ginette Pellerin, j’avais glané quelques faits sur Antonine Maillet et souhaitais en approfondir certains en parcourant ce récit autobiographique. L’auteure de Pélagie-la-Charrette, Prix Goncourt 1979, reprend ce fil déroulé et l’étoffe avec sa verve littéraire particulière et au final, ça donne un ouvrage un peu décousu mais dans lequel j’ai pu comprendre les ressorts qui l’habitent au moment d’écrire. Passant rapidement sur l’enfance et l’adolescence, son propos s’attarde plus précisément sur la création de ses nombreux personnages qu’elle porte continuellement en elle, n’hésitant pas à discuter avec ceux-ci alors qu’elle se penche sur ses prochains écrits, y revenant souvent « soûle de [son] voyage en territoire imaginaire ». La vieillesse trouve aussi son chemin dans Clin d’œil au temps qui passe; maintenant nonagénaire, Antonine Maillet s’insurge contre Charles De Gaulle qui en faisait un naufrage. Une attitude positive qui l’a toujours habitée et qui ne cesse pas malgré les ans qui s’accumulent et qui lui amènent quelques deuils. Bref, j’ai passé un bon moment de lecture et sa bibliographie féconde m’en promet bien d’autres.
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Montedidio

Par Erri De Luca
(5,0)
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« (…) le bruit du crayon sur le papier fait le résumé du vacarme de la journée. » Le narrateur, treize ans en 1960, vient de lâcher l’école pour travailler dans une boutique d’ébénisterie de son quartier, Montedidio (la montagne de Dieu). « (…) chez nous on doit grandir au pas de course et moi j’obéis, je cours. » Son père est docker au port de Naples, sa mère est malade. Un rouleau de papier reçu de l’imprimeur du coin reçoit ses premiers émois amoureux, ses premières mélancolies et les récits que lui conte un cordonnier usé par la vie, don Rafaniello, sorte de juif errant auquel une paire d’ailes opportunes semblent pousser dans son dos bossu. « Lui, avec les pensées, il fait comme avec les chaussures, il les retourne et les répare. » Entre l’apprentissage de la vie auprès d’adultes marqués par le malheur et la tristesse et l’amour qu’il découvre avec Maria, sa voisine du même âge, l’adolescent ressent ardemment tout le poids de l’existence humaine sur terre. J’ai beaucoup aimé ce roman dans sa brièveté fulgurante. Rarement ai-je ressenti un tel émoi à la lecture d’un écrit romanesque aussi court. Chaque phrase percute et toute la dimension des personnages passe dans un bref éclat lumière de pure. Oui, ce roman illumine et émeut. Cinq étoiles, assurément.
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Cox ou La course du temps

Par Christoph Ransmayr
(3,0)
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« Ô temps, suspends ton vol et vous, heures propices Suspendez votre cours Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! » Ces vers d’Alphonse de Lamartine m’ont accompagnée tout au long de ma lecture, embarquée dans un voyage où le temps mesuré par les horloges sert aussi de repère à un homme endeuillé ainsi qu’à un empereur chinois de la dynastie Qing. Nous sommes en 1753 : l’horloger et constructeur d’automates célèbre à travers le monde, Alister Cox, accompagné de trois assistants, fait voile vers l’Empire du Milieu afin de satisfaire les vœux exprimés par Qianlong, Fils du Ciel et Seigneur du Temps, de fabriquer rien de moins qu’une horloge éternelle, au mouvement perpétuel, libérée ainsi de toute intervention humaine. Dès l’abord, ce roman captive par son écriture poétique et évocatrice, compliquée parfois par des constructions de phrases alambiquées, mais dès lors que l’on a commencé, une forte impression de voguer dans l’intemporel et de se poser dans une bulle hors du temps attend le lecteur. Enfin, c’est ce que nous avons ressenti mon mari et moi, sortis de cette lecture comme au réveil d’une nuit chargée de rêves. Le rythme est lent, assurément, pour cette intrigue qui n’en est pas une. On dit souvent que l’important c’est le voyage et non la destination et c’est exactement ce qui s’apparente le plus à ce roman.
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Et que le Vaste Monde Poursuive sa Course Folle

Par Colum MCCANN
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Un funambule en équilibre sur un câble tendu entre les deux tours du World Trade Center donne le ton à une dizaine de récits se déroulant à New York City en 1974. L’année de la démission du président Richard Nixon, d’une possible issue à la guerre du Vietnam, mais aussi de la violence larvée dans les rues peuplées de prostituées, de macs, de dealers et de toxicomanes. Certains quartiers de la Grosse Pomme ne sont plus sûrs et tous les personnages du roman en sont conscients ou bien le perçoivent selon la position qu’ils occupent dans la société. C’est dans l’air du temps, on sent que le rêve américain s’effrange sur les bords. Colum McCann brosse un portrait réaliste des Etats-Unis de l’époque post hippie, sortie brutale des années du Flower Power, secouée de manifestations anti-guerre et de lassitude envers le pouvoir politique. Ce n’est pas la première fois que je plonge dans l’œuvre de McCann et ce ne sera certes pas la dernière. Un grand écrivain irlandais qui a compris parfaitement l’esprit américain et nous le restitue dans ce roman choral narré en finesse et criant de vérité.
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L'odyssée du marsouin

Par Mark HADDON
(5,0)
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Angelica n’a pas connu sa mère, morte à sa naissance. Son père reporte cet amour perdu sur sa fille. Il la chérit. Trop et mal. À l’adolescence, isolée depuis son tout jeune âge au sein d’une relation toxique, Angelica s’évade dans son imaginaire peuplé de récits antiques, de légendes et d’espoirs vains. « Enfoncée dans cet étrange pays » qu’elle se façonne, elle s’enferme dans un mutisme têtu, ne souhaitant plus se nourrir ni communiquer avec autrui. C’est son héros de conte, Périclès, prince de Tyr, qui vivra sa vie rêvée. Au gré de ses navigations sur le pourtour de la Méditerranée, il aura maintes fois l’occasion de tester son endurance et ses capacités, côtoyant de près la mort et la folie dans des aventures dignes de celles d’Ulysse dans son odyssée. Mark Haddon, dont j’avais lu précédemment Le bizarre incident du chien pendant la nuit, s’est approprié avec génie une pièce de théâtre écrite conjointement par George Wilkins et William Shakespeare pour concocter un roman riche sur le plan narratif et historique. Empreint d’onirisme, de mythologie et de superstitions anciennes, le roman oscille entre deux mondes, celui de l’Antiquité finissant par prendre toute la place au profit du moderne, dans lequel est ensevelie une jeune Angelica éperdue de souffrance innommée. Cinq étoiles pour ce brillant exercice de style auquel mon mari n’a malheureusement pas adhéré, s’étant arrêté à mi-parcours. Je crois bien qu’il s’est privé d’une belle échappée de ce monde parfois trop rude.
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A la recherche d'Hemingway

Par Leif Davidsen
(4,0)
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« Je suis Cubain J’appartiens à cette race paranoïaque Car j’entends Les mêmes choses Depuis avant la perestroïka Et je vis le projet de ma propre vie Au ralenti » Ces paroles de chanson, scandées par un des personnages à un moment crucial du récit, résument à elles seules ce que vivent les habitants d’un des derniers bastion du communisme. Sur les traces de l’écrivain Ernest Hemingway, John Petersen, professeur d’histoire danois en congé de maladie, atterrit à Key West en Floride où il fait la rencontre d’un vieil exilé cubain, Carlos Guttierez. Les deux hommes fraternisent, le premier endeuillé de sa femme et le second, éloigné depuis plusieurs années de sa fille cadette, Clara, devenue citoyenne cubaine par son mariage avec un colonel proche du gouvernement castriste. Désoeuvré et quelque peu désorienté, Petersen se laisse embarquer dans un rôle de messager, à première vue inoffensif, mais qui prend une tournure plus dramatique une fois débarqué à Cuba. L’action du roman se déroule durant la longue maladie qui a éloigné peu à peu Fidel Castro du pouvoir en 2006, redonnant de ce fait un élan d’espoir aux Cubains, déjà éprouvés par l’abandon de l’aide russe après le démantèlement du communisme. Cet aspect historique est fort bien décrit ainsi que la psychologie des personnages et leurs motivations. Un roman brassant un heureux mélange des genres littéraires sous le soleil de la Floride et de Cuba, quoi de mieux pour débuter l’hiver…
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Des fleurs pour Algernon

Par Daniel Keyes
(4,0)
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« Qu’arriverait-il si l’on pouvait améliorer artificiellement l’intelligence humaine? » Cette idée, venue à l’esprit de Daniel Keyes bien avant qu’il ait pensé devenir écrivain, l’a poursuivie jusqu’à l’aboutissement de son roman le plus connu, Des fleurs pour Algernon. Son personnage principal, Charlie Gordon, 32 ans, accepte, avec l’autorisation de sa sœur Norma qu’il n’a pas vue depuis plusieurs années, de participer à une étude supervisée par d’éminents docteurs en psychologie à l’université Beekman. L’objectif : parvenir à corriger, chez l’être humain, des déficits cognitifs dus au déficit d’une enzyme dans le cerveau à l’origine de déficiences intellectuelles sévères. La première à tester ces prétentions scientifiques est une souris prénommée Algernon, à laquelle Charlie sera comparée tout au long du processus expérimental. Car Charlie souffre d’un retard mental depuis sa naissance et l’espoir d’être « normal », seriné par sa mère dans son enfance, le poursuit toujours. Une opération au cerveau, que l’auteur a choisi de ne pas expliciter, sorte de lobotomie non invasive, rend à Charlie une nouvelle capacité d’apprentissage dotée d’une mémoire phénoménale. Un succès bœuf. Sauf que, les mois passant, Charlie change de personnalité et ses tourments psychiques, couplés à des flash-back douloureux, le torturent sans que ses séances de psychothérapie ne parviennent à le soulager. Une descente aux enfers d’un homme-enfant qui, ayant atteint les sommets par des manipulations médicales, se met à régresser jusqu’à une finale crève-cœur. Une science-fiction qui paraît un peu décalée aujourd’hui, mais qui, à sa parution au début des années 1960, a dû certainement faire son effet. Dans la version du roman que j’ai lu, un texte fort intéressant de Daniel Keyes retrace la genèse de cette histoire ainsi que les aspirations de l’auteur à se définir pleinement comme écrivain. Voilà un beau complément à ce roman atypique que j’ai apprécié pour son originalité et son propos universel.