ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Lettres de Washington Square

Par Anne ICART
(3,66)
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Et puis, quand penses-tu? Posée à quelques reprises durant sa lecture, la réponse était invariablement : Bof… Je me suis dit que ce roman n’était pas pour lui, tout simplement. Après tout, un bandeau sur la couverture indiquait qu’il avait été finaliste du Prix Maison de la Presse 2020 et les critiques louangeuses sur Babelio achevaient d’en faire un livre à lire. J’ai débuté avec les réticences de mon mari en tête et ma foi, je ne peux que me ranger à son avis. Il faut dire que la prémisse mettant en scène un héritier ou une héritière qui retrouve une correspondance de son parent décédé, reléguée dans des cartons depuis de nombreuses années, a abondamment été utilisée dans l’art romanesque. Un début usé à la corde, donc et le reste du récit se répète inlassablement sur le même air. Une fois établi que l’un des personnages a les yeux couleur opaline ou que son regard passe au marine lorsque contrarié, on a compris, inutile de le ressasser à tout moment. Une impression ici que l’auteur a voulu combler les lignes d’une narration qui s’essoufflait. Bref, pour résumer à la manière d’Homer Simpson : C’est plate!
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Echappées belles

Par Denis Lavant
(4,0)
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« (…) je me suis engagé dans cette vie d’acteur avec la conscience d’accomplir un acte romantique, libérateur, anarchique, sans cesse en recherche d’issues pour mon tempérament bouillonnant. » La première fois que j’ai vu Denis Lavant à l’écran, c’était dans Mauvais sang, film de Leos Carax; sa présence imposante à un si jeune âge et son interprétation foudroyante m’avait frappée, croyant à tort qu’il avait été choisi lors d’un casting sauvage, sans véritable formation en art académique. Après, j’ai vu Les Amants du Pont-Neuf du même cinéaste, et encore là, l’alchimie opérait. De même dans Boris sans Béatrice, Louis-Ferdinand Céline, Michael Kohlhaas, L’œil de l’astronome, Les scènes fortuites, même dans les rôles secondaires, son charisme hypnotisant subjugue, un don probable mais sur lequel on peut aussi travailler. C’est ce que je voulais savoir lorsque j’ai ouvert son récit autobiographique, Échappées belles (quel beau titre!). Et je n’ai pas été déçue. Denis Lavant écrit très bien et n’est pas avare de ses conseils et de ses réflexions sur le métier d’acteur. Formé au théâtre de la rue et des arts circassiens, il a également fréquenté le Conservatoire d’art dramatique, pratiqué le mime et les performances de lecture à voix haute d’ouvrages poétiques, sans parler de la scène et des plateaux de cinéma. Un être d’exception, réfléchi et lucide, qui s’approche au plus près de la vérité dans ce qu’il accomplit. Une lecture inspirante à tous les niveaux.
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Un hiver à Wuhan

Par Alexandre Labruffe
(3,66)
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Les deux Michael (Kovrig et Spavor) sont de retour en sol canadien après un séjour de plus de 1000 jours en prison chinoise et ce, tout juste après la libération de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei, qui était en détention surveillée chez elle à Vancouver, avant une possible extradition aux Etats-Unis pour y subir son procès pour fraude et violation des sanctions américaines. Un échange de prisonniers tout simplement, mais qui évoque aussi le caractère dangereux de la République de Chine. Ce que vient confirmer la lecture d’Un hiver à Wuhan. Alexandre Labruffe maîtrise le mandarin et a effectué plusieurs missions dites de « qualité » sur le territoire chinois, en 1996-2001, en 2008-2012 et en novembre 2019. Ce dernier voyage a coïncidé avec l’apparition de la Covid-19 et a suscité une réflexion philosophico-sociale chez son auteur, ramenant à sa mémoire ses précédents contacts avec la réalité chinoise. Il évoque la surveillance constante et presque invisible de l’État, la pollution de l’air (il évoque un « ciel vénéneux »), et de l’eau, la transformation sauvage de l’environnement et des habitats fauniques. « La Chine est au-delà du rêve. Au-delà de la réalité. C’est une simulation des deux. » Une lecture rapide de prime abord mais que j’ai reprise ensuite pour bien m’imprégner des sentiments de l’auteur et de ses constats. Et pour continuer dans cette veine, je compte lire aussi Wuhan, ville close de Fang Fang.
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Récits de naufrages

Par Placide Vigneau
(3,5)
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Récits de naufrage, c’est un recueil de notes écrites par Placide Vigneau (1842-1926), pêcheur, capitaine de goélette et gardien de phare qui, dès l’âge de treize ans prenait la mer avec son père dans sa goélette WideAwake, afin d’apprendre les rudiments du métier. Originaire des Îles-de-la-Madeleine, sa famille vient s’installer en 1858 sur les rives de la Côte-Nord, Minganie, plus précisément à la Pointe-aux-Esquimaux, aujourd’hui Havre Saint-Pierre. L’estuaire du fleuve Saint-Laurent, parsemé d’îles traîtresses et de hauts fonds, dicte leur quotidien; en été, la pêche à la morue, à l’automne, le hareng et le maquereau et au printemps, la chasse au loup-marin. Un parcours saisonnier qui pouvait mener les équipages jusqu’aux bancs de Terre-Neuve, en passant par l’île d’Anticosti, territoire vierge qui n’avait pas encore connu l’idée d’un peuplement par l’industriel Henri Menier. Outre les nombreux naufrages survenus dans cette partie du fleuve au XIXe siècle, le recueil contient aussi les descriptions des travaux nécessaires à la survie sous ces latitudes, l’entraide entre les habitants et l’économie résultant de l’échouement des épaves. Un glossaire des régionalismes et un index des toponymes disparus complètent l’ouvrage, étayé par un groupe d’universitaires de l’Université du Québec à Rimouski et Gaspé. Malgré quelques redondances inhérentes au genre, j’ai apprécié ma lecture. Un regard renouvelé sur cette contrée impressionnante, visitée à quelques reprises, et qui frappe par son immensité et sa rudesse.
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Ragtime

Par Edgar Lawrence Doctorow
(4,0)
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La fin du XIXe siècle aura été une période bénie aux Etats-Unis pour la classe des ultra-riches, qui s’est prolongée dans les premières années du XXe siècle. Ragtime se veut un survol fou de cette ère dorée (gilded age). Doctorow mène cette locomotive déchaînée de main de maître. C’est au sein d’une famille aisée (Père, Mère, Jeune frère et Petit garçon) habitant New Rochelle non loin de New York City que se tisse l’intrigue principale de ce roman historique atypique, à laquelle l’auteur greffe, en un tourbillon frénétique, une série de scènes fortes impliquant quelques personnalités connues de l’époque, dont Harry Houdini, Emma Goldman, John Pierpont Morgan, Henry Ford, Sigmund Freud et j’en passe. Et à travers toutes ces saynètes qu’on peut croire disparates et sans lien entre elles, c’est à une leçon d’histoire en accéléré de la société américaine que le lecteur est convié. Le portrait d’une nation gangrenée par les inégalités sociales et les problèmes raciaux, subissant les ravages du capitalisme sauvage qu’une montée du syndicalisme ne suffit pas endiguer. Un roman fort, qu’on dirait écrit d’un seul souffle, frappant au cœur même de l’utopie américaine, ce rêve de recréer sur terre un pays neuf, offrant le meilleur pour l’humanité.
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L'amas ardent

Par Yamen Manai
(4,0)
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Que voilà un beau petit roman prenant sa forme du conte mais concrètement vissé à la réalité. Campé dans un des pays d’Afrique du Nord qu’on ne nomme jamais, le récit se déroule autour d’un homme (le Don) et de ses ruches peuplées de reines et d’abeilles qu’il appelle ses filles. Dans son village reculé, le vieil apiculteur savoure sa solitude et récolte un miel des plus doux et sucré. Jusqu’à ce qu’une attaque virulente d’un essaim de frelons géants bouleverse sa quiétude et celle de ses butineuses. Yamen Manai parle aussi des suites de la révolution dite du printemps arabe, de la montée de l’islamisme radical, du pouvoir de la littérature et des effets néfastes de l’ignorance couplée à la dévotion dévorante d’une religion tyrannique. Ne serait-ce que pour découvrir le sens du titre, il faut lire L’amas ardent, étonnant roman mariant le vol frénétique des abeilles aux parcours erratiques des hommes sur terre.
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Les vagues

Par Virginia Woolf, Cécile Wajsbrot et Mona Ozouf
(2,0)
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Après avoir lu la biographie romancée d’Emmanuelle Favier, j’avais très envie de connaître enfin la plume de Virginia Woolf. J’ai choisi, pour ma première incursion, Les Vagues, dont on dit qu’il est le plus expérimental de ses romans. À vrai dire, je m’y suis beaucoup ennuyée, même si l’écriture est superbe et la construction originale. Six amis (Susan, Jinny, Rhoda, Louis, Bernard et Neville) soliloquent sur leur enfance commune, leur jeunesse et leur vie d’adultes, mais sans jamais interargir devant le lecteur. D’où cette profonde lassitude que j’ai ressentie à chaque page tournée. Et ces descriptions de la course du soleil sur la mer et du parcours de sa lumière sur toutes choses entre chaque monologue des personnages m’ont fait l’effet d’une scie lancinante. Avant d’écrire ce commentaire, j’ai parcouru quelques critiques sur Babelio, ce que je ne fais jamais, mais ici, j’en sentais le besoin. Et donc, entre malaise chez certains, emportement et admiration chez d’autres, ce roman m’a plutôt distillé un sacré coup de pompe. Peut-être n’ai-je pas abordé l’œuvre de Woolf par le bon angle?
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Le procès d'Oscar Wilde

Par Merlin Holland
(3,0)
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Autre temps, autres mœurs. Mars 1895, à Londres : Oscar Wilde engage une poursuite en diffamation contre John Douglas, 9e marquis de Queensbury, bravant les avis contraires de son avocat et de ses amis. Le procès se déroule en avril de la même année et attire une foule curieuse. À la barre, Wilde est malmené par l’avocat de la défense dans un contre-interrogatoire serré et cinglant. Tous ses faits et gestes, ses rencontres masculines, ses dîners et sa correspondance sont passés au peigne fin. Et ultime affront, son roman Le portrait de Dorian Gray, se voit infliger l’étiquette sulfureuse de « sodomitique » ou « posant au sodomite ». Melvin Holland, petit-fils d’Oscar Wilde, préface cet ouvrage reprenant les minutes du célèbre procès. Une lecture qui s’est avérée fastidieuse par moments tant les questions répétitives des avocats se révélaient assommantes, mais pimentée heureusement par les réparties de Wilde, qui faisaient monter les rires dans la salle du tribunal. Conclu par une déclaration de non-culpabilité du marquis de Queensbury, les retombées de ce procès se retournent contre l’écrivain qui aura à subir deux autres procès et un séjour en prison. « En envoyant mon grand-père en prison, ils débarrassaient ainsi la société d’un rebelle : pas n’importe quel rebelle politique ordinaire mais quelqu’un qui remettait en question quelque chose de plus crucial – l’hypocrisie des valeurs sociales, sexuelles et littéraires sur lesquelles reposait si fermement la société victorienne. » Et pour accompagner ce texte édifiant, il me faut absolument lire une biographie d’Oscar Wilde; mon choix s’est arrêté sur celle écrite par Richard Ellmann, espérant que ce soit le bon.
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La femme à la fenêtre

Par A. J. Finn
(3,8)
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Depuis ma déconvenue littéraire avec le thriller psychologique de Franck Thilliez, La forêt des ombres, j’étais plus que méfiante envers celui de A.J. Finn, La femme à la fenêtre. C’est mon mari qui s’y est collé en premier et son avis enthousiaste m’a convaincue. Anne Fox, pédopsychiatre, s’est réfugiée dans sa maison de Harlem pour panser des blessures morales qu’on devine, dès les premières pages, subies à la suite d’un grand traumatisme. Vaguement alcoolo, accro aux médocs fournis par son médecin traitant, elle ressasse ses souvenirs pour le lecteur, entre ses observations du voisinage, Nikon en main, ses parties d’échecs en ligne et ses discussions avec des patients virtuels. Le point tournant du récit n’arrive qu’au milieu du roman sans que, toutefois, l’attente n’ait été pénible, la prémisse méritant d’être élaborée avec soin pour la suite. Et là-dessus, chapeau bas à l’auteur; je n’ai absolument rien deviné de la conclusion, étonnante il va sans dire. J’ai fait corps avec la narratrice éprouvée du début à la fin, son soliloque obsédant me tenant même éveillée durant plusieurs heures la nuit. Je n’ai eu de cesse d’arriver au bout avec l’espoir pour elle d’une sortie digne de ses nombreux tourments. Bien construit, bien écrit et bien ficelé, et un maintien constant de l’attention, c’est finalement tout ce qu’on attend d’un thriller.
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Richesse oblige

Par Hannelore Cayre
(4,0)
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Hannelore Cayre se surpasse dans ce roman qui flirte avec la grande Histoire et ses trivialités et le quotidien d’une femme handicapée, mère célibataire d’une fillette. Blanche de Rigny n’avait jamais songé que son patronyme à particule pouvait receler certains pans cachés d’une histoire familiale ignorée à dessein. C’est à la faveur d’une conversation anodine entre des touristes, captée lors d’une traversée vers son île natale bretonne, que Blanche, piquée par la curiosité, entreprendra des recherches poussées sur sa lignée, facilitées par son emploi au sein de l’appareil judiciaire français. Après Toiles de maître et La Daronne, Hannelore Cayre use encore une fois de son imagination débridée pour concocter une intrigue audacieuse parsemée de faits historiques étonnants sur la guerre franco-allemande de 1870. Un roman aux effets bien dosés, porté par des dialogues savoureux et une verve pétillante qui nous entraîne allègrement jusqu’à la fin, trop vite arrivée. Un heureux mélange des genres littéraires parfaitement réussi.
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Récolter la tempête

Par Benoît Côté
(3,0)
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Que faire à Saint-Hyacinthe en 1995 lorsqu'on a quinze ans? C'est l'année du deuxième référendum, une année-charnière pour Sam, le narrateur, qui découvre et s'initie à la lecture des grands philosophes de ce monde, tout en souhaitant bien trivialement perdre sa virginité. Ses potes traînent avec lui dans une suite de mauvais coups, de soûleries et de chamailleries, espérant tous sortir de leur milieu étriqué. Entre les emplois d'été, les week-end en forêt et les réunions familiales, Sam s'imagine une vie exaltante à mi-chemin entre le coureur des bois, l'ermite et le révolutionnaire, comme son oncle Gabriel, qui s'est suicidé quelques années auparavant. Benoît Côté, dont c'est le premier roman, a pondu un roman d'apprentissage qui m'a plu d'emblée. Cependant, son parti pris d'écrire les dialogues entre ados dans un parler joual phonétiquement difficile à déchiffrer m'a déplu. J'ai buté sur le phrasé à de multiples reprises, ce qui cassait le rythme et la fluidité de la lecture. J'ai tout de même apprécié les personnages bien campés, l'humour potache et les références maîtrisées d'une époque pas si lointaine mais qui paraît déjà située dans un autre univers. Bref, un roman à déguster pour ce qu'il apporte de fraîcheur et d'authenticité.
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Chez Lesley : mes secrets pour tout réussir en cuisine

Par Lesley Chesterman
(3,66)
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Lesley Chesterman, que j’ai découverte en tant que chroniqueuse culinaire dans la défunte émission Médium Large à Ici Première, m’apparaissait une figure intéressante d’une cuisine pratiquée au quotidien. J’ai préféré emprunter son livre à la bibliothèque municipale car plus d’une fois, il m’est arrivé d’acheter ce type d’ouvrage pour ensuite le regretter, les recettes s’avérant compliquées et peu adaptables au jour le jour. Malheureusement, celui-ci n’échappe pas à ce travers, sauf quelques exceptions qui m’étaient déjà connues et que je réussis très bien. Lesley Chesterman adore la crème et le beurre, on peut la comprendre… Mais qu’elle complexifie ou réinvente inutilement des plats à cuisiner, tel le poulet rôti ou les brioches à la cannelle, entre autres, là, je décroche. À part ce penchant déplaisant, j’ai apprécié ses conseils et astuces culinaires, ainsi que les anecdotes personnelles rattachées à la réalisation de chaque plat. Le message à retenir : qui aime bien manger doit impérativement être à ses fourneaux et ce, dans un plaisir certain. Bon appétit!
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Le lambeau

Par Philippe Lançon
(4,5)
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« J’étais un blessé de guerre dans un pays en paix (…) » Philippe Lançon, journaliste à Libération et à Charlie Hebdo, se fait cette réflexion lorsqu’un ambulancier, voyant sa mâchoire salement amochée, invoque à la ronde qu’il y a ici blessure de guerre. C’est le 7 janvier 2015. Lançon est un des survivants de l’attaque terroriste perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo, « ce petit journal qui ne faisait de mal à personne », mais qui « avait, bienheureusement, fait du mal à un nombre incalculable d’imbéciles, de bigots, de bourgeois, de notables, de gens qui prenaient leurs ridicules au sérieux. » Le Lambeau, en référence aux nombreuses greffes de peau subies pour recouvrer un bas de visage détruit par les balles, mais aussi les bouts d’une existence passée qui ne sera plus jamais la même. Philippe Lançon n’a jamais perdu conscience et sitôt arrivé à l’hôpital, il a demandé à écrire : « (…) la folle habitude d’écrire reprend ses droits et s’impose au corps blessé, à la morphine, à toute dérive, à n’importe quoi. » Invoquant ses souvenirs heureux avec ses proches, il les accompagne des bienfaits de la musique de Bach, de la beauté des œuvres d’art et de la littérature, celle de Kafka et de Proust, et en particulier La Montagne magique de Thomas Mann. Le journaliste perçoit très rapidement qu’il devra se comporter tel un athlète à l’entraînement, se devant d’être à la hauteur des efforts fournis par le personnel soignant à son chevet et de l'attention des policiers qui assurent sa garde. Chaque page de cet ouvrage éminemment personnel évoque un combat de tous les instants et à tous les niveaux. Je ne peux qu’admirer l’attitude stoïque et réfléchie qui semble lui être venue spontanément à la suite de cet acte d’une suprême violence. J’espère et je souhaite qu’il se porte bien aujourd’hui. Son récit est important et fortifiant.
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Bartleby, le scribe

Par Herman Melville et Stéphane Poulin
(4,0)
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Un homme de loi possédant sa propre étude sur Wall Street se décide à raconter une étrange histoire à propos d’un de ses clercs. Bartleby, le dernier arrivé au sein de son équipe de trois scribes, parle et bouge peu. Renfermé, taciturne, solitaire, il est aussi réfractaire à toute demande ou ordre qu’on lui profère. Le narrateur, qui est aussi son employeur, se voit répondre inlassablement : j’aimerais mieux ne pas… Sans relâche, la même réponse laconique et lancinante se fait entendre, étonnant la première fois, mais devenant rapidement insoutenable pour le patron et ses employés. La compréhension et la bienveillance envers Bartleby atteignent inévitablement leurs limites jusqu’au délitement final n’offrant pas plus d’explication au lecteur qu’au narrateur, impuissants alors à déchiffrer un comportement aussi fantasque. J’ai eu la chance de tomber sur cette version superbement illustrée par Stéphane Poulin. Des dessins aux teintes bleutées, d’un réalisme saisissant, au trait précis, font revivre le milieu du XIXe siècle dans sa mode masculine, ses immeubles victoriens et son mobilier de bureau, venant ainsi magnifier le texte de Melville. À eux seuls, ils méritent le détour, donnant ainsi à cet ouvrage une place de choix dans toute bibliothèque personnelle.
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C'est le coeur qui lâche en dernier

Par Margaret Atwood
(2,62)
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Margaret Atwood s’est essayée à l’humour avec cette dystopie mais a raté son coup avec moi. Comment dire? Une farce grotesque, assaisonnée de blagues salaces de mauvais goût, aux dialogues insipides me rappelant ceux de L’Affaire Harry Québert, des personnages sans profondeur et un récit qui frôle l’inanité. Pourtant, le début était prometteur avec ce couple, Stan et Charmaine, obligés de vivre dans leur voiture à la suite de complications financières et professionnelles. Désireux d’améliorer leur sort, ils intègrent un concept novateur de ville autosuffisante (Consilience) basée sur l’alternance de courts séjours en prison (Positron) et la pratique d’un boulot dans la vie quotidienne, mais sans possibilité de communication avec le monde extérieur. Le slogan dit tout : Condamnés + Résilience = Consilience. Un séjour en prison aujourd’hui, c’est votre avenir garanti. Un thème qui aurait pu lever, d’autant plus que Margaret Atwood est aguerrie dans ce genre de littérature. Je n’y ai pas reconnu sa plume inspirée, à tel point que je me suis demandé si un autre avait écrit ce nanar à sa place. Déception + Grande attente = 1 étoile.
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