ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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En finir avec Eddy Bellegueule

Par Édouard Louis
(3,5)
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« Il fallait fuir. Mais d’abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu’on ignore qu’il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d’être comme les autres et j’ai essayé d’être comme tout le monde. » Eddy Bellegueule est coincé dans sa famille dysfonctionnelle. Entre un père alcoolo porté à des accès de violence, au chômage la plupart du temps, et une mère peu instruite, débordée de toutes parts dans ses tâches ménagères, Eddy navigue à vue. Tout comme ses frères et sœurs. Sauf qu’Eddy est différent : mal dans sa peau, souffrant de ses penchants dits efféminés (voix, posture, démarche, goûts). Intimidation à l’école et au village, Eddy subit avanies sur avanies. Constamment comparé aux autres garçons, il peine à faire bonne figure dans la masculinité qu’on lui propose. Seule issue, la fuite. Mais pour cela, il faut attendre le collège externe, sortir de la communauté étouffante qui l’a vu naître et qui l’a ostracisé. Eddy Louis a jeté sur papier, avec une certaine violence contenue, tout le poids de sa souffrance enfantine et adolescente. Un récit choc sur l’intolérance à la différence propre aux milieux fermés et au manque d’éducation. J’ai souffert avec lui et pleuré intérieurement pour une telle négligence parentale et une telle absence d’empathie. Heureusement pour lui, il y a eu la fuite salutaire…
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L'attaque du Calcutta-Darjeeling

Par Abir Mukherjee
(3,0)
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« Sur une plaque de cuivre vissée sur une des colonnes, on peut lire Bengal Club, Fondé en 1827. À côté d’elle, un panneau de bois annonce en lettres blanches : ENTRÉE INTERDITE AUX CHIENS ET AUX INDIENS ». Calcutta, 1919 : la police impériale enquête sur l’assassinat d’un haut fonctionnaire britannique, retrouvé égorgé aux portes d’un bordel de luxe. L’inspecteur Sam Wyndham, le narrateur, nouvellement arrivé dans la ville, est chargé du dossier. Aidé de son adjoint John Digby et d’un sergent indien Sat Banerjee, Wyndham, aux prises avec une addiction à l’opium, aura fort à faire pour démêler les fils de cette intrigue, compliquée par les relations tendues avec la population locale, le service des renseignements britannique et l’administration territoriale. Le meurtre à élucider devient presque secondaire dans le récit, tant le contexte est puissant. À ce titre, Abir Mukherjee restitue avec succès les années précédant la fin du colonialisme britannique en Inde avec l’émergence du mouvement non violent inspiré par Ghandi. Un bon roman policier, équilibré et instructif.
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Comédies françaises

Par Eric Reinhardt
(4,0)
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Dans les romans, ce sont les digressions que l’on aime, disait il y peu François Busnel à La Grande Librairie. Et Comédies françaises en regorge! On y suit Dimitri Marguerite, jeune homme timidement exalté, qui, durant une année (d’avril 2015 à juillet 2016), rencontrera à quatre occasions fortuites, une fille dont il est tombé amoureux au premier regard sans lui avoir jamais adressé la parole. Ainsi, à Madrid, Paris et Bordeaux, cette Rosemary vient le hanter et cette vision, à chaque fois, le bouleverse et l’enchante. Éric Reinhardt surprend avec ce roman d’amour courtois adossé à un portrait politico-social de la France. Ainsi, l’étonnante digression sur la création d’Internet, que l’on associe aux Américains, mais qui relève plutôt du datagramme conçu en 1973 par Louis Pouzin, un ingénieur français. Torpillé sous l’influence d’Ambroise Roux, grand patron de la Compagnie générale d’électricité, le datagramme n’a pas été retenu par le gouvernement français de Valéry Giscard d’Estaing, qui lui a préféré le projet Transpac à l’origine du Minitel. Juste pour ces pages d’anthologie historique, le roman vaut le détour, sublimé, de plus, par une écriture exprimant sensualité et sensibilité. Une belle réussite littéraire!
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Octobre

Par Soren Sveistrup
(3,75)
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Octobre, un polar scandinave verbeux, comme ceux du tandem Hjorth Rosenfeldt, mais dont les personnages désincarnés n'offrent aucune prise dans le récit, d’une facture conventionnelle, mais à qui manque la touche essentielle d’humour que contiennent les romans de Jussi Adler-Olsen. Une lecture que j’ai débuté avec enthousiasme, mon mari ayant bien apprécié, mais qui s’est révélée somme toute assez décevante. L’intrigue est alambiquée et l’auteur multiplie les répétitions afin qu’on n’en perde pas le fil, mais à la longue, c’est lassant. Et la fin qui n’en finit plus de finir… Dur, dur, l’art de réussir un polar…
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Histoire de l'oubli

Par stefan merrill Block
(4,0)
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« Au début, ça peut faire peur, mais si on ne se souvient de rien, de quoi pourrait-on avoir peur? » La maladie d’Alzheimer a de quoi faire frémir, surtout la variante familiale à début précoce, véritable « bombe neurologique à retardement ». Histoire de l’oubli en retrace l’origine à travers les récits d’Abel, seul dans sa vieille maison encerclée de nouveaux lotissements et de Seth, adolescent désemparé face à la perte de mémoire de sa mère et de son père à la dérive. Stefan Merrill Block pose ainsi des questions douloureuses sur l’éthique dans la science génétique : lors d’un diagnostic confirmé de maladie dégénérative transmise par les gènes, la procréation, jusque là aléatoire et spontanée, devrait-elle être assistée? De quelle manière? Ne serait-ce pas un début ou une forme d’eugénisme? L’auteur a su brillamment poser son histoire dans un roman émouvant sans être mélodramatique, incarné par des personnages tout à fait crédibles dans leurs recherches d’un sens à donner à leur existence. C’est un livre qui était dans ma PAL depuis longtemps mais dont le titre et le sujet me rebutaient pour des raisons personnelles; sa lecture m’a finalement apportée un certain réconfort, résultant d’un heureux mélange de didactisme et de vulgarisation enchâssé dans un écrin romanesque et onirique.
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L'archipel du Chien

Par Philippe Claudel
(4,0)
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Une île volcanique sise au cœur d’un archipel à la figure de chien, situé dans la Méditerranée, (on ne peut que le présumer), est au centre de cette histoire qui a tout des allures d’un conte moderne. Un jour de septembre, trois noyés étrangers à l’île sont trouvés sur la plage par une poignée d’insulaires, dont le Maire, patron de pêche et grand décideur de la communauté. Tenus au secret par ce dernier, les autres (le Docteur, le Curé, l’ancienne institutrice, Spadon et Amérique, hommes à tout faire) adhèrent au pacte convenu afin de préserver le futur projet de construction d’une station thermale. Seul, le nouvel instituteur se pose en dissident. Dès lors, une escalade de mensonges, de faux-fuyants et de gestes regrettables ébranlera la petite communauté jusque dans ses fondements géologiques. Encore une fois, l’écriture de Philippe Claudel fait mouche; il arrive toujours à creuser le cœur des hommes jusque dans ses noires profondeurs, nous laissant un soupçon d’amertume à la lecture, mais aussi de quoi méditer.
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Le bal des ombres

Par Joseph O'Connor et Carine Chichereau
(4,0)
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Le comte Dracula, figure mythique du vampirisme, a été créé, bien avant son incarnation au cinéma, par Bram (Abraham) Stoker en 1897, un auteur irlandais qui, comme bien d’autres avant lui, a connu une renommée posthume. Joseph O’Connor le fait revivre dans ce roman historique, aux côtés des acteurs londoniens célèbres de l’époque victorienne, Henry Irving (1838-1905) et Alice Ellen Terry (1847-1928). Pendant de nombreuses années fructueuses, le triumvirat a dirigé le théâtre Lyceum situé dans le quartier Covent Garden près de la Tamise. Époque bénie pour les représentations théâtrales, celles de Shakespeare bien entendu, mais aussi celles des nouveaux auteurs, dont Oscar Wilde et George Bernard Shaw. Stoker, qui en était l’administrateur officiel, aurait bien voulu écrire pour le théâtre mais l’attrait du roman le tenaillait : « Je regrette amèrement d’avoir jamais posé les yeux sur un livre, et plus encore d’avoir permis à cet affreux succube, l’ambition, d’avoir affûté ma plume. » O’Connor nous fait voir le côté sombre de l’écriture de Stoker, ce qui se cache derrière son roman le plus célèbre. À l’origine, une enfance rongée par la maladie, un imaginaire nourri de contes celtiques, des songes tourmentés, et l’ombre de Jack l’Éventreur hantant les rues de Whitechapel. « J’ai l’impression de m’être ouvert les veines pour découvrir qu’il n’y coule que la lie des égouts. ». Le bal des ombres, un roman réussi qui donne une vision enrichissante des affres de la création et qui fait la part belle aux rêveries, qu’elles soient douces ou troublantes.
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Le secret Hemingway

Par Brigitte Kernel
(2,0)
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« Pour lui, longtemps, j’ai forcé l’homme en moi à sacrifier la femme. » Gregory Hemingway (1931-2001), médecin, parle de son illustre père, Ernest. Fils cadet du grand écrivain, Gregory s’est décidé sur le tard (en 1995) à subir l’opération ultime afin de devenir femme; c’est la crainte de déplaire à ses huit enfants et à son épouse du moment qui lui a fait retarder ce qui, pour lui, représentait la consécration. Une enfance perturbée par la sensation d’habiter le mauvais corps, le sentiment de ne pas avoir été aimé pour ce qu’il est véritablement, le refoulement de sa nature profonde en ont fait un être blessé que l’alcoolisme porte aux frasques exhibitionnistes. Rejeté par ses parents, il n’a cessé sa vie durant de quêter leur amour, même après leur mort. Brigitte Kernel raconte cette existence chaotique dans un ouvrage à mi-chemin entre biographie et roman. Narré par Gloria (Gregory), le récit débute et se termine en prison, alternant entre souvenirs d’enfance et sorties de bar à Miami. Les malaises sont nombreux à la lecture. Il me semble qu’un sujet aussi délicat aurait dû être abordé de manière moins abrupte. Ensuite, cette série de dialogues plats intervenant entre les personnages alourdissent inutilement la narration. Et comme la majeure partie de ce qui se retrouve dans le roman a été puisé à même le récit autobiographique de Gregory Hemingway, j’aurais été mieux avisée de lire ce dernier titre judicieusement intitulé Papa. Bref, décevant sur toute la ligne…
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Equatoria

Par Patrick Deville
(5,0)
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Amorcé par Pura Vida, je poursuis avec Equatoria le cycle d’aventures de Patrick Deville bien nommé Sic Transit, qui se clôt par Kampuchéa. « Ces hommes auront rêvé d’être plus grands qu’eux-mêmes, ils auront semé le désordre et la désolation autour d’eux, couvert leurs entreprises aventureuses du nom des idéologies du temps, s’emparant de celle qui est à leur portée comme d’un flambeau, l’exploration, la colonisation, la décolonisation, la libération des peuples, le communisme, l’aide humanitaire… » Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905), Albert Schweitzer (1875-1965), sir Henry Morton Stanley (1841-1904), David Livingstone (1813-1873), Ernesto Che Guevara (1928-1967), et tant d’autres moins connus qui ont sillonné le sol africain pour la beauté pure de la découverte ou pour l’appropriation et l’exploitation du territoire, Patrick Deville s’attache à leurs pas et refait leurs parcours le long du fleuve Congo, d’ouest en est de la ligne équatoriale. L’esprit qui parcourt ce roman est à l’image de ce qu’offre Deville dans la littérature française : une ouverture sur le monde agrémentée de faits historiques, le tout enrobé d’une écriture aux envolées parfois poétiques mais qui sait prendre un tournant concret lorsque nécessaire. J’aime beaucoup ce que produit cet auteur et l’effet de surprise qui m’attend lorsque j’ouvre un de ces écrits. Cette constance dans l’originalité de ses thèmes et de sa vision narrative lui garantit une place de choix dans mon palmarès d’auteurs choyés.
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Diane demande un recomptage

Par Marie-Renée Lavoie
(3,64)
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Diane demande un recomptage après avoir subi son autopsie d’une femme plate. On la revoit deux ans après son divorce, installée dans le haut d’un duplex qu’elle partage avec sa fidèle amie Claudine. Entre plusieurs coupes de vin, des 5 à 7 au bar du coin et des soupers en famille élargie, Diane refait tranquillement sa vie : nouveau travail, nouvelles connaissances et un flirt salutaire avec un gars de la construction rencontré dans le premier tome. Le début de la cinquantaine s’avère donc prometteur pour Diane. Un roman feel-good pour femmes mûres? Peut-être bien… Et pourquoi pas, après tout? Même si cette suite ne casse pas la baraque, son humour rachète les pires déconvenues.
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Voyage autour de ma chambre

Par Xavier de Maistre
(4,0)
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Confiné pendant quarante-deux jours dans sa chambre de la citadelle de Turin après s’être adonné à un duel interdit par la loi, Xavier de Maistre, militaire et écrivain savoisien, entreprend de livrer sur papier ses pensées découlant de ce séjour forcé. « Le plaisir qu’on trouve à voyager dans sa chambre est à l’abri de la jalousie inquiète des hommes; il est indépendant de fortune. » Ainsi, arpentant les contours de la pièce sur ses jambes ou sur son fauteuil, Xavier explicite estampes et tableaux ornant ses murs, expose à notre attention bureau et accessoires, célèbre l’utilité de son lit et présente son discret domestique Joanetti et sa fidèle chienne Rosine. Ses divagations et ses rêveries convoquent les plus grands philosophes et savants; l’imagination de l’auteur ne connaît pas de bornes : « Ils m’ont défendu de parcourir une ville, un point; mais ils m’ont laissé l’univers entier : l’immensité et l’éternité sont à mes ordres. » Écrit en 1794, cet ouvrage tombe à propos et permet d’élargir nos perspectives contrariées en ces temps de retrait sociétal. Un bel exercice de style qu’on prend le temps de savourer, quitte à le relire plus d’une fois compte tenu de sa brièveté.
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Fleishman a des ennuis

Par Taffy Brodesser-Akner
(4,0)
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« C’est comme la chute de Rome : ça s’est fait lentement, jusqu’au moment où tout s’est écroulé d’un coup. » Toby Fleishman, hépatologue de quarante et un ans, se prépare à passer un été chaud à New York City : le couple qu’il formait avec Rachel, directrice d’une agence artistique, vient d’éclater après quinze ans de vie commune. Entre la garde partagée des enfants (Solly, neuf ans et Hannah, onze ans), Toby se promet bien de profiter des occasions sexuelles débridées qui lui sont offertes sur ces applis téléphoniques. Le roman est divisé en trois chapitres, et la narration confiée à une voix extérieure au couple. Les deux premiers chapitres sont consacrés aux doléances de Toby et à son auto-analyse : « (…) il passait pour une sorte de maladie comorbide à sa propre famille. (…) D’une certaine façon, son divorce lui avait donné une âme. » Le dévoilement du point de vue de Rachel dans le dernier chapitre apporte un éclairage inédit au roman dédié jusque là à la partie masculine du couple, retournant ainsi l’histoire vers cette charge mentale que connaissent les femmes cumulant travail et maternité. Un roman moderne brillamment mené et pétillant d’humour, dont la fin reflète l’ambivalence présente en chacun de nous. Chapeau à Taffy Brodesser-Akner pour qui ce premier roman lui a valu d’être finaliste au National Book Award en 2019!
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Lire !

Par Bernard Pivot et Cécile Pivot
(4,0)
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Bernard Pivot et sa fille Cécile passent au crible tout ce qui touche aux livres : comment les ranger, en offrir ou pas, en relire ou en abandonner certains une fois pour toutes, en donner le goût aux autres, les choisir avec soin, les amener en vacances. Que ce soit pour le travail ou pour les loisirs, les deux Pivot décortiquent le plaisir de lire et offrent un ouvrage fort intéressant, pimenté d'illustrations et de photographies à l'avenant. Lire!, une injonction certes, mais par-dessus tout, un hommage à la lecture, ce cadeau qui nous a été transmis un jour par un initié et qui embellit nos existences. Ma grand-mère me disait, non sans jeter un regard inquiet sur la couverture d'un bouquin dans lequel j'étais plongée : « Une chose est sûre, tu ne t'ennuieras jamais dans la vie ! » Ah, sagesse de nos aînés...
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La demoiselle à coeur ouvert

Par Lise Charles
(4,0)
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La demoiselle au cœur ouvert ou le pillage littéraire. Pierre Matton, de son nom de plume Octave Milton, obtient le privilège accordé par l’Académie de France de séjourner à Rome dans la prestigieuse Villa Médicis afin d’y écrire son prochain roman. Durant cette année de résidence, il correspond avec son amie et ex-amante Livia, à laquelle il confie sans vergogne rancoeurs, inimitiés, doutes, prétentions, ragots et confidences récoltés auprès de ses co-pensionnaires, de sa mère, de son frère et de son éditeur. Mais lorsqu’il se met à dévoiler à Livia les pans intimes d’une correspondance échangée avec une grammairienne portant le nom du personnage principal de son précédent roman, le ton, jusque là badin, prend une tournure doucement cruelle. Lise Charles m’a étonnée avec ce roman épistolaire qu’on croirait d’une autre époque mais qui se déroule à l’ère des courriels. Outre le cadre romain distillant charme et beauté à chaque page, la consistance des personnages et surtout, l’écriture vive et piquante à souhait, ce roman contient aussi nombre de retournements de situation étonnants. Le propos me rappelle celui du film Laissez-les parler (Let them all talk) de Steven Soderbergh, dans lequel Meryl Streep, interprétant une écrivaine célèbre, était accusée par ses proches de vampirisation dans ses écrits.
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Le pays des autres

Par Leïla Slimani
(4,0)
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Leïla Slimani captive l’attention dès les premières pages de ce roman historique se déroulant au Maroc sous le Protectorat français. 1947 : Amine Belhaj retourne dans son pays natal après avoir servi la France dans l’armée coloniale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Accompagné de sa nouvelle épouse Mathilde, une Alsacienne qu’il a connue durant l’Occupation, il compte s’établir sur la ferme paternelle située près de Mekhnès. Durant dix ans, on suit le quotidien du couple, bientôt comblé par la naissance d’Aïcha et de Sélim, mais qui connaîtra de douloureux tourments causés par les dissensions culturelles et religieuses ainsi que par les remous nationalistes qui secouent la population marocaine. On pressent, à la place qu’occupe Mathilde dans ce premier tome, que les femmes (Aïcha ou Selma, la belle-sœur) seront les figures de proue des autres romans de la trilogie future. L’auteure offre de ce fait un point de vue féminin intéressant sur une époque mouvementée du Maroc aspirant à l’indépendance, mais la refusant toujours à ses femmes dans la société et dans le mariage. Une narration et une construction originales font de ce roman une lecture aussi plaisante qu’instructive, ce qui je crois, est la marque de Leïla Slimani, dont j’apprécie la présence et la pertinence lors de ses passages à La Grande Librairie.