ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

L'arbre-monde

Par Richard POWERS
(4,25)
5 personnes apprécient ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
« C’est peut-être bien le grand projet de l’humanité que d’apprendre ce que les forêts ont compris. » Dans son livre La Forêt secrète, Patricia Westerford, l’un des personnages du roman, reprend les propos tenus par Peter Wohlleben dans La vie secrète des arbres, un essai percutant paru en 2017 sur le pouvoir des arbres. Richard Powers, sur cette base, a construit une fiction convaincante dans laquelle hommes et femmes de divers milieux, partant de leurs propres racines familiales, finissent par emprunter le même chemin vers la protection de l’écosystème planétaire, à commencer par les séquoias géants de la Californie et de l’Orégon, derniers vestiges d’une forêt millénaire convoitée par les compagnies forestières. L’Arbre-Monde, c’est un immense plaidoyer sur les bienfaits qu’apportent toutes les essences d’arbres sur la Terre et sur les ravages causés par les travaux des humains à leur endroit. Opposant l’homme à la forêt, Richard Powers veut secouer le prunier de nos certitudes et de nos prérogatives sur la planète : c’est réussi. Cette dichotomie complexe, c’est Patricia, la professeure et spécialiste des arbres, témoignant au tribunal pour les forêts sans voix, qui l’exprime le mieux : « Elle ne peut pas l’expliquer au juge, mais elle les aime, ces nations complexes et interdépendantes de vie entre-tissées qu’elle a écoutées toute sa vie. Et elle aime aussi sa propre espèce : sournoise et intéressée, prisonnière de corps à œillères, aveugle à l’intelligence qui l’entoure – et pourtant élue par la Création pour connaître. » Une lecture exigeante à tous les niveaux et qu’on ressent le besoin de décanter une fois le livre refermé.
1 commentaire plus ancien
É
Élaine B. a apprécié et commenté ce livre

La chaleur des mammifères

Par Biz
(3,5)
6 personnes apprécient ce livre
3 commentaires au sujet de ce livre
Les hauts et les bas de René McKay, professeur d'université cinquantenaire, divorcé, au cynisme éloquent et à la critique sévère envers le corps professoral et la gent estudiantine : le propos est désespérant jusqu'aux deux tiers du roman. Mais ô surprise, un événement printanier, une mini-révolution ébranlera ses convictions à l'égard de la jeunesse et de ses propres motivations. L'écriture de Biz Fréchette est toujours aussi juste et porte ses coups au corps mais le salut arrive un peu tard dans l'histoire et la fin arrive précipitamment. J'en aurais pris une bouchée de plus...
2 commentaires plus anciens
É
Élaine B. a apprécié et commenté ce livre

Le dernier baiser

Par James Crumley et Thierry Murat
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
À la recherche de polars ou de romans noirs pour mon mari, j'ai retrouvé le nom de James Crumley dans Babelio, et au vu de sa consistante bibliographie, je me suis lancée en commençant par la première enquête de son détective, C.W. Sughrue, dont la dégaine et le baratin rappellent la figure légendaire de Bernie Gunther, créé par Philip Kerr. Évidemment, le dernier baiser (The last good kiss) a dû en passer par une traduction toute franchouillarde, mais ça ne lui enlève aucunement le piquant de son récit. de toute manière, si je l'avais lu dans le texte, il est à parier que j'en aurais perdu de grands bouts. Le début est accrocheur : un bar paumé dans une petite ville du nord de la Californie, deux ou trois pochards qui traînent au comptoir, un bouledogue alcoolo et notre fin limier Sughrue, tout aussi saoul, qui se pointe à la recherche d'un écrivain raté. Outre l'intrigue bien ficelée, l'auteur dresse un portrait désenchanté des États-Unis au lendemain de la vague hippie et de la guerre du Vietnam. Une lecture rapide et divertissante qui offre, je crois, un bon départ pour qui veut s'immerger dans l'oeuvre de James Crumley.
1 commentaire plus ancien
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

L'égaré : L'Atlantique en radeau

Par Ryan Barnett et Dmitry Bondarenko
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Au printemps 1956, quatre hommes faisaient le pari fou de traverser l’Atlantique en radeau, mû seulement par le vent et le courant du Gulf Stream. Henri Beaudout, le capitaine et instigateur de la démarche, peine au début à recruter ses marins et à lancer la construction de son embarcation. Une annonce dans un journal lui envoit Gaston Vanackere qui fera office de cameraman. Suivent Marc Modena, l’opérateur radio et José Martinez, le cuistot. Deux chatons, Puce et Guiton, montent à bord avec eux, mascottes ignorantes des dangers de la mer. Remorqué à partir de Halifax en Nouvelle-Écosse par un navire, le radeau L’Égaré II est largué au large le 24 mai. Après quelques avaries dues au mauvais temps les empêchant de rejoindre le courant porteur, ils doivent se séparer en cours de route de leur cuistot, pris d’un mal de mer persistant. Selon les calculs de Beaudout, cent jours leur seront nécessaires pour arriver en Europe. Ils atteignent Falmouth (Cornouailles) au bout de 89 jours de navigation, soit le 21 août 1956. Ryan Barnett raconte ce récit incroyable dans ce très bel ouvrage parcouru de nombreuses photos et illustré de courtes bandes dessinées. Ayant eu recours à divers témoignages, des articles de journaux et de magazines, des documentaires, il aussi pu discuter directement avec Henri Beaudout au moment de la rédaction. Le parcours personnel de cet homme déterminé occupe d’ailleurs une place importante dans la narration de l’événement. Né en 1927 en France, il subit l’Occupation allemande avant d’entrer dans la Résistance jusqu’à la fin de la guerre, pour ensuite émigrer avec sa femme à Montréal. Ses traumatismes liés aux dures années de son adolescence ne sont guère étrangers à cette envie de fuir le quotidien banal et étriqué. «- Henri, que dit votre femme d’être ainsi laissée seule avec la petite? - Elle dit que je deviendrai fou si je ne pars pas. » En parallèle avec cette performance de navigation, il faut aussi souligner celle de Mylène Paquet qui, partie de Halifax le 6 juillet 2013, a traversé l’Atlantique Nord, seule à la rame, pour atteindre l’île d’Ouessant, 129 jours après. Avis à ceux et celles qui ont soif d’aventures et d’échappées sur le large…
É
Élaine B. a noté ce livre

Le carnaval des ombres

Par Roger Jon Ellory
(3,25)
3 personnes apprécient ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Ténèbre

Par Paul Kawczak
(4,17)
33 personnes apprécient ce livre
8 commentaires au sujet de ce livre
Dans une lente progression sur le fleuve Congo et son affluent, l’Ubangi, les vapeurs empruntés par le géomètre Pierre Claes en septembre 1890, le mènent à la mission que lui a confiée Léopold II, roi des Belges et grand colonisateur de cette fin de siècle : celle de délimiter officiellement une frontière au nord du territoire. Le jeune homme, parti avec de bonnes intentions, découvrira rapidement l’horreur de la soumission dans laquelle vivent les peuples indigènes sous le joug des colons. Commencera alors en lui un processus de délitement mental et physique, que sa rencontre avec Xi Xia, un bourreau chinois, maître du lingchi, exacerbera dans une hantise malsaine et fatale. La première phrase du roman donne le ton, assenée de façon brutale. On sait dès lors que ce qui suivra ne peut qu’empirer. Paul Kawczak entremêle à son récit posé dans un contexte historique, la recherche d’un père et de son fils, des amours impossibles et la quête, par ses personnages, d’une société plus équitable. Tout cela, embrumé par les délires opiacés, les affres de la malaria, la touffeur tropicale et le vrombissement des insectes. Un autre titre à ajouter à ma liste Grande Noirceur, gouffre sans fin, dirait-on, de l’infamie humaine.
7 commentaires plus anciens
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Mille petits riens

Par Jodi Picoult
(4,71)
7 personnes apprécient ce livre
3 commentaires au sujet de ce livre
« C’est dingue : on peut se regarder toute sa vie dans un miroir en pensant voir une image nette, et puis un jour, on décolle une fine pellicule grise d’hypocrisie et on se rend compte qu’on n’a jamais vu son vrai visage. » Un roman à trois voix, trois êtres se découvrant peu à peu autres que ce qu’ils croient. D’abord Ruth Jefferson, infirmière afro-américaine oeuvrant depuis plus de vingt ans au service d’obstétrique d’un hôpital de New Haven, Connecticut; Turk Bauer, ouvrier du bâtiment aux croyances suprémacistes, père d’un nouveau-né prénommé Davis autour duquel se tissera le récit, et Kennedy McQuarrie, jeune avocate issue d’un milieu aisé, désireuse de faire ses preuves dans son tout premier procès. Jodi Picoult, auteure prolifique, scrute ici les penchants insidieux du racisme, les mille et un petits tracas du quotidien, ce qui se cache derrière les apparences de l’hypocrisie sociale ambiante. Au cœur même des tribunaux, dans les rues, dans les commerces, dans les transports en commun et au travail, les Noirs américains se heurtent chaque jour au clash résultant de la couleur de leur peau. « If I cannot do great things, I can do small things in a great way. » Ces mots de Martin Luther King ont servi de trame narrative à cette histoire empreinte d’une grande sagesse, charriant sont lot d’émotions contradictoires. Une très belle lecture inspirante m’incitant à découvrir les autres univers de Jodi Picoult.
2 commentaires plus anciens
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Le dernier bain de Gustave Flaubert

Par Régis Jauffret
(5,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
J’apprécie les biographies traditionnelles comme celle que je venais de terminer sur Paul Morand par Pauline Dreyfus, mais j’aime encore plus celles qui sont déconstruites, imaginatives et qui bousculent le temporel. Le dernier bain de Gustave Flaubert de Régis Jauffret en fait partie. Un joyau littéraire qui m’a régalée du premier mot au dernier, sans compter ces chutes de phrases jetées à la fin de l’ouvrage par l’auteur, comme ces bouts de tissu abandonnés par le tapissier une fois son travail terminé. Je ne fais pas partie des flaubertiens. Ce que je connais de Gustave Flaubert, c’est Emma Bovary, lu peut-être à l’adolescence lorsque je me gavais frénétiquement de classiques, mais dont il ne m’est resté que les versions cinématographiques. Je suis entrée dans le récit de Jauffret, accompagnée du roman d’Alexandre Postel, Un automne de Flaubert et de celui, évanescent, de Julian Barnes, Le perroquet de Flaubert. Bref, l’innocence incarnée en regard de l’immense écrivain et de son œuvre. Quant à Régis Jauffret, je connaissais sa prose et son talent et n’avais ainsi aucune réticence à aborder son drôle de récit. Inconvenant, licencieux, sarcastique. Une narration construite à deux voix, celle de l’auteur imbriquée parfois à son sujet, lequel, poursuivi par ses personnages (« pareils à une bande syndiqués ils le haïssaient comme un patron »), songe, au seuil d’une mort imminente recherchée et honnie toute sa vie, à sa postérité romanesque. J’ai été emportée dans un monde révolu, celui de Flaubert installé dans son cabinet de travail à Croisset. J’ai déambulé dans les circonvolutions de son cerveau, rencontrant ses amis et ses amours, sa famille et ses créatures de fiction, elles-mêmes sorties de rencontres réelles. J’ai ressenti tristesse et joie mêlées face à un homme qui ne voulait se consacrer qu’à l’écriture, se soustrayant volontairement à la vie domestique que représentaient femme et enfants. « J’aurais voulu passer le reste de ma vie dans une boîte scellée où j’aurais pu écrire et rêvasser à l’abri de la population du monde. Je me sentais parfois à vif, pelé comme une fruit, écorché comme un supplicié. Le moindre contact, un simple regard m’irritait. » Un gros coup de cœur pour une lecture qui m’a profondément émue.
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Paul Morand : 1888-1976

Par Pauline Dreyfus
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
« La lecture de ces milliers de feuilles volantes et manuscrites, qui m’ont parfois enchantée, parfois soulevé le cœur, mais toujours passionnée, restera le souvenir le plus marquant de mon entreprise. » Une résultante fatale d’une plongée dans le Journal intime 1940-1950 de Paul Morand, encore sous embargo depuis quarante ans par la Bibliothèque de France, et dont Pauline Dreyfus s’est abreuvée pour accoucher d’une biographie complète d’un écrivain réprouvé en regard de ses choix douteux politiques durant la Seconde Guerre mondiale. En ce sens, « L’homme a fait beaucoup de tort à l’écrivain. » Épistolier prodigue, sa correspondance fait aussi l’objet d’un examen minutieux par l’auteure, rendant ainsi au lecteur toutes les vicissitudes de son sujet dans le détail. Grandeur et misère d’un fils unique issu de la bourgeoisie, ayant accédé à de hauts postes de la fonction publique, sinécures lui permettant d’écrire, marié à une ancienne princesse roumaine fortunée à qui il sera ouvertement infidèle, jouisseur de plaisirs fugaces, grand voyageur snobinard et par-dessus tout, arriviste acharné, tel est le Paul Morand que l’on découvre au fil des pages. Écrivain de l’entre-deux-guerres, Morand est le témoin idéal de la première moitié du XXe siècle, et c’est ce qui m’a d’abord attirée vers cet ouvrage, rédigé par une auteure dont j’avais déjà apprécié l’écriture dans Le Déjeuner des barricades. Et si la somme de travail accompli par Pauline Dreyfus ne m’a pas convaincue de lire Paul Morand, en revanche j’ai pris note d’un paquet de titres primés issus de cette époque. Un bon creuset pour combler mes lacunes littéraires.
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Voyage avec un âne dans les Cévennes

Par Robert Louis Stevenson
(3,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
C’est en visionnant Antoinette dans les Cévennes, film de Caroline Vignal, que m’est revenu en tête ce titre de Robert Louis Stevenson. Longtemps, j’ai voulu m’y plonger, intriguée par un tel périple et par-dessus tout, de l’utilité de le raconter. L’intérêt n’y était franchement pas jusqu’à ce film… La randonnée pédestre de Stevenson débute le 24 septembre 1878 dans la région montagneuse du Massif Central, pays de gorges, de causses, de rivières et de panoramas grandioses. Jusqu’au 4 octobre, il parcourt sentes, sentiers et routes, accompagné d’une ânesse achetée à un paysan et qu’il s’empresse de baptiser du charmant nom de Modestine. Couchant parfois à la belle étoile, parfois dans des dortoirs communs de petites auberges villageoises, Stevenson prend langue avec les habitants et c’est ce qui rend intéressant le récit, outre la description des paysages et des sites tous magnifiques, d’où une certaine redondance à ce niveau. Du reste, un voyageur d’une telle trempe devait être assez rare à cette époque et dans cette région reculée, Stevenson faisant état d’un tracé de chemin de fer alors en cours d’élaboration. Le calme des lieux traversés et l’impression d’être hors du temps sont parfaitement rendus dans ce récit fort bien écrit qui, de surcroît, contient quelques pépites historiques bien venues. Je recommande les deux : le film et le livre, dans une perspective différente mais complémentaire.
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Face au Styx

Par Dmitrij Bortnikov
(3,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Dimitrius, le narrateur, spécialiste des petits boulots précaires, erre dans les rues de Paris et de ses banlieues, s'abreuvant aux souvenirs de la Russie de son enfance et de ses amours et amitiés volages afin de survivre au présent douloureux. Dans une longue logorrhée, parfois sans queue ni tête, Dimitrius déverse à l'encre rouge, rougissant presque le papier de son sang, ses angoisses débridées à un lecteur potentiel que l'on pressent aussi essentiel à son équilibre que l'acte lui-même de l'écriture. Ainsi, à la page 244 : « (…) j'ai déliré à chaud et à froid – tu m'as vu à l'oeuvre cher lecteur! » Sur 650 pages touffues d'un discours désespérant empreint d'onirisme, jeté pêle-mêle dans des phrases décousues et à la ponctuation désordonnée, je dois avouer en avoir perdu mon latin. J'ai hésité, au début, à continuer ma lecture, tendant à comparer l'écriture de Bortnikov à celle de Céline, et me disant, à quoi bon… Mais j'ai persévéré et malgré la tristesse poignante émanant du récit, j'ai fini par me couler dans son affligeante scansion. Un titre qui aura sa place dans ma liste Grande Noirceur. Entre-temps, j'ai pris note du dernier roman de Dimitri Bortnikov, L'agneau des neiges, prochaine lecture à venir d'un auteur qui m'a profondément troublée.
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Le grand jeu

Par Graham Swift et France Camus-Pichon
(3,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
C’est une banale histoire de triangle amoureux dans le milieu du spectacle de divertissement familial à une époque, celle de la fin des années 1950, où un lent déclin s’amorce pour le genre avec l’arrivée de la télévision. Banale, à première vue, mais lorsqu’il s’agit de magie et de prestidigitation, tout peut arriver. C’est le cas pour Ronnie Deane, le magicien Pablo le Magnifique, disparu mystérieusement le dernier soir de sa représentation à Brighton Beach. Sa fiancée et assistante, Evie White, s’interroge encore cinquante ans après les faits, le récent décès de son mari Jack Robbins, la troisième roue du carrosse, charriant beaucoup de souvenirs. Comme dans Le Dimanche des Mères, j’ai ressenti une certaine lassitude à la lecture : rythme lent et répétitif, peu de rebondissements dans le récit et une fin, ma foi, tout à fait ordinaire. Je n’abandonne pas pour autant cet auteur et me promets de lire deux de ses romans qui ont été primés : À tout jamais (Prix du meilleur livre étranger) et La Dernière Tournée (Booker Prize).
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Appia

Par Paolo Rumiz
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Je reviens tout juste d’un périple à pied avec Paolo Rumiz et ses compagnons, sur les traces de la Via Appia, mère de toutes les routes, « posant un pas tous les 64 cm, la foulée même des légions ». De Rome à Brindisi, sur la côte Tyrrhénienne, le fil de la route se perd parfois, comme le pouls d’un moribond, et prend tout à la fois forme de « borne, ruine, champ de blé, route provinciale, fontaine, méthanoduc, sillon de charrette sur la pierre vive, tilleul solitaire, mur de pierre sèche, grève, sentier de montagne, arrêt d’autobus, passage à niveau, peau de serpent ». Plus qu’un guide de voyage, le récit emprunte à la grande Histoire, au présent aussi avec une critique sentie à l’égard du peuple italien et de ses pouvoirs publics qui laissent aller le patrimoine au profit d’un capitalisme anarchique sur lequel l’ombre de la Camorra plane inexorablement. Paolo Rumiz se désole donc de l’incurie régnant autour des recherches archéologiques et de leur mise en valeur, du manque total de perspective patrimoniale et de la désolation économique du Mezzogiorno. « Des terres où la Rome antique survit dans chaque jardin, chaque cave et chaque sous-sol, mais où quiconque étudie les pierres – comme l’État et les lois – est plus redouté que la peste, parce qu’il incarne une entrave au marché des adjudications. » Un vrai beau récit de voyage, entre pèlerinage et randonnée pédestre, rempli de faits historiques et de rencontres étonnantes, serti dans un paysage d’une indescriptible beauté mais que des franges de laideur viennent parfois ternir. Une envolée virtuelle, soit, mais qui m’a comblée d’images fort dépaysantes en ces temps de confinement.
É
Élaine B. a apprécié et commenté ce livre

Emma dans la nuit

Par Wendy WALKER
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
1 commentaire plus récent
J’ai emprunté ce titre à la bibliothèque municipale pour mon mari, amateur de romans policiers. Je comptais qu’il le lise en premier mais il était occupé avec Mécanique de la chute de Seth Greenland, qu’il a d’ailleurs beaucoup aimé. Bref, j’ai commencé la lecture de ce titre, Emma dans la nuit, ne m’attendant pas à grand-chose. Ô surprise, j’ai été envoûtée par la voix de Cassandra Tanner, dix-huit ans, disparue du domicile familial avec sa sœur aînée Emma et qui réapparaît au début du récit après trois ans d’absence. Une histoire imbriquée avec celle d’Abigaïl Winter, psychologue médico-légale du FBI, qui avait enquêté sur les disparitions à l’époque, soupçonnant le rôle déterminant de la famille immédiate mais sans rien trouver d’incriminant pour pouvoir résoudre le mystère. Une construction en plusieurs temps décortique les dessous d’une vie familiale qui se dégrade peu à peu sous l’emprise de la mère des deux adolescentes, personnalité narcissique remariée à un homme peu scrupuleux, dont le fils Hunter, plus âgé, distille sa toxicité auprès de tous. Un mélange explosif latent tout au long des pages qui défilent jusqu’à la finale détonante. Finalement, cette lecture était pour moi!
É
Élaine B. a apprécié, commenté et noté ce livre

Deacon King Kong

Par James McBride
(5,0)
2 personnes apprécient ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Cuffy Lambkin (Sportcoat), diacre de l’église baptiste des Five Ends se rince le dalot avec un tord-boyaux, bien nommé King Kong, concocté par son meilleur ami Rufus dans la chaufferie de son HLM de Brooklyn. Veuf, Sportcoat traînasse dans les rues de son quartier, enivré la plupart du temps, offrant ses services d’homme à tout faire à ceux qui veulent lui faire confiance. Ses déambulations aléatoires lui attirent parfois de sérieux ennuis, accrus par de fréquentes pertes de mémoire et des discussions imaginaires avec sa femme disparue, Hettie. James McBride atteint le sommet de son art de conteur avec ce roman jouissif faisant revivre une communauté d’Afro-Américains venus s’installer à New York City dans les années 1940, fuyant le pays sudiste hostile à leur émancipation. L’action se déroule en 1969 dans les rues et sur les docks de Brooklyn, que mafias et gangs se disputent pour le commerce très lucratif de l’héroïne, fléau dévastateur pour la jeunesse. Sur cette toile de fond horrifiante, une galerie de personnages hauts en couleurs évoluent avec truculence et une certaine naïveté, heureusement mise de l’avant par l’auteur car sinon le roman aurait sombré dans la noirceur totale. C’est une sacrée force que possède McBride : celle de captiver son lecteur par les tous premiers mots et ne plus le lâcher jusqu’à la toute fin. J’ai été emportée par ce récit donquichottesque, drôle et tragique à la fois, et dans lequel on sent poindre tout l’amour porté par l’auteur à ses créatures romanesques. Cinq étoiles sans hésitation.