ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Place aux immortels

Par Patrice Quélard
(4,0)
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Janvier 1915 : dans une tranchée du département de la Somme, le lieutenant Pierre LeCorre s’écroule, fauché par un tir, sous les yeux du sergent Fourquin. La guerre qui ne devait pas durer semble partie pour s’éterniser. Ainsi débute le roman, au cœur des boyaux construits et étayés par les soldats français (des bretons) de la 22e division d’infanterie, tenant leurs positions fragiles face à celles de l’armée allemande. Derrière les lignes du combat, les gendarmes continuent d’assurer stabilité et sécurité au bourg le plus proche. Léon Cognard, prévôt de division, dirige son équipe avec fermeté et souplesse, préférant user d’intelligence et de réparties fines plutôt que de se conformer à des règles faites pour être de toute façon transgressées en temps de guerre. Alors qu’au front, la mort s’abat sur des milliers de combattants, pour quelle raison traiter différemment celle que l’on explique moins bien? Cognard s’entête et compte bien enquêter malgré les ordres de l’état-major. Place aux immortels offre un récit renouvelé de la Grande Guerre, balançant entre horreur et humour grâce à la figure de son personnage principal, le coloré Léon Cognard, grande gueule et fin renard. Dégoûté par les diverses excroissances qu’une peau peut héberger, il semble toutefois braver tous les interdits et toutes les bassesses humaines, la tête et le verbe hauts. Les dialogues sont savoureux portés par une narration bon enfant, que l’affreux contexte guerrier n’arrive jamais à alourdir. Voilà une belle réussite littéraire!
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La menthe et le cumin

Par Pascale Navarro
(4,0)
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Pascale Navarro, journaliste et essayiste féministe, se remémore la vie de ses parents exilés et des pans de son enfance dans les effluves de la cuisine familiale, inspirée des pays du pourtour méditerranéen. Paëlla, soupe à l’ail, aubergines à l’escabèche, couscous, kémia, champignons aux escargots, poulet marengo, cornes de gazelle, salade d’oranges et pot-au-feu sont ici évoqués pour faire renaître les souvenirs enrobés de nostalgie. Les recettes ne sont pas dévoilées car ce sont plutôt les gestes et les réunions autour des plats concoctés qui comptent le plus. L’ouvrage m’a semblé trop bref et sans profondeur. J’aurais aimé en savoir plus sur l’histoire de cette famille émigrée du Maroc vers la France en 1961 après la fin du Protectorat, et de nouveau partie vers le Québec en 1968, le séjour français s’avérant décevant sur bien des aspects sociaux. À cet égard, je lirai La classe de danse de Pascale Navarro; peut-être en apprendrais-je un peu plus et découvrirai ce qui manquait à ce récit autobiographique?
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Le refuge

Par Alain Beaulieu
(4,33)
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Antoine et Marie, à la retraite, quittent la ville vers les bois où un refuge symbolise le renouveau d’une vie qui reste à découvrir. « À peine avais-je entendu la voix d’Antoine que s’est imposée celle de Marie. Déterminée, elle m’a fait comprendre que cette histoire lui appartenait aussi et qu’elle ne laisserait personne parler en son nom. » Un événement traumatisant est survenu dans ce refuge et c’est Antoine qui, le premier, se confie par écrit. Marie, le relisant, ajoute sa version, laquelle, au début, colle parfaitement à celle de son mari. Mais lentement, un décalage s’installe entre les deux et à partir de ce moment, le récit s’installe dans une dynamique synchrone bouleversée par les revers quotidiens et les aléas de l’existence. Sur la forme, le fond et l’écriture, c’est un roman en adéquation totale. Un thriller philosophique sur fond de nature vierge qui s’inscrit parmi les plus réussis du genre.
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Girl

Par Edna O'Brien
(4,0)
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« J’ai juré de me nouer, un bulbe enterré au fond de son trou, et il aurait beau gratter et griffer comme un blaireau, l’homme d’élite, il n’arriverait pas à me prendre. Je fermerais les portes de mon esprit. » Maryam, lycéenne nigériane, est kidnappée à son école avec d’autres élèves par un groupe armé de djihadistes islamistes. Elles sont emmenées loin de leur foyer et de leur communauté, astreintes aux corvées, fouettées et abusées sexuellement par des hommes sans pitié qui n’ont que leur Dieu à la bouche. « Dieu a-t-il été témoin de ce qui est arrivé et l’a-t-il écrit dans son grand registre pour le jour du Jugement? » Parvenant à s’enfuir à la faveur de la nuit avec son amie Buki, Maryam emporte avec elle son bébé issu d’un viol. Le parcours inimaginable et périlleux qui les attend à travers la brousse et la savane, à la merci des bêtes sauvages, hommes inclus, est décrit avec forte éloquence par la voix de Maryam, dont les rêves et la réalité se confondent dans l’horreur de sa nouvelle vie. « Je suis incapable de prier dans ma vieille langue, car ils nous ont bombardées de leurs prières, leurs édits, leur idéologie, leur haine, leur sainteté. » Edna O’Brien s’est inspirée des méfaits de la secte de Boko Haram au Nigeria et des témoignages de rescapées pour illustrer son roman. Le Nigeria, et probablement tous les pays limitrophes, souffrent de cette engeance de mort et d’obscurantisme qui déferle sur les villages sans défense. Quel espoir reste-t-il devant ce prosélytisme meurtrier? Encore un ouvrage à inscrire dans ma liste Grande Noirceur qui n’en finit pas de s’allonger.
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Le magicien

Par colm Toibin
(4,5)
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Thomas Mann (1875-1955) trouve ici une voix, est-ce bien la sienne ou celle imaginée par l’auteur Colb Tóibín, peu importe au fond puisqu’on se laisse entraîner facilement dans une vie d’homme et de famille vécue dans la première moitié tourmentée du XXe siècle. Né à Lübeck en Allemagne, l’écrivain a connu tôt la renommée avec son premier roman Les Buddenbrook (1901). Pour moi, ce fut La Montagne magique qui m’a fait connaître Thomas Mann. Mais connaître n’est pas le bon terme car ce que j’ai appris avec Le Magicien est d’une toute autre portée. Tóibín donne une dimension à l’homme-écrivain à travers sa famille paternelle et ensuite la sienne, celle qu’il a formée avec Katia Pringsheim en 1905. Six enfants sont nés de cette union (Erika, Klaus, Golo, Monica, Elisabeth et Michael), éduqués dans une aisance matérielle et un accès privilégié à la culture, dans la distinction des classes sociales présente à l’époque. Leur jeunesse s’est épanouie durant les années folles, avec tous les débordements inhérents au passage à l’âge adulte. Mais de façon étonnante, Thomas et Katia, ne paraissaient ni choqués ni atterrés par leur comportement, seulement observateurs intrigués d’une fratrie qu’ils avaient mis au monde. Thomas Mann, lui-même, vivait avec une ambivalence sexuelle latente, ainsi que sa femme qui sortait d’une relation symbiotique avec son jumeau Klaus. Et par-dessus cette fabuleuse histoire familiale, il y a la Grande Histoire tragique de la Seconde Guerre Mondiale, du nazisme, de l’holocauste et des immigrations forcées. Le Magicien, c’est une performance littéraire nourrie par des dialogues forgés dans l’imaginaire de Colm Tóibín, qui donnent souffle à des êtres de leur temps, disparus depuis longtemps mais redevenus vivants à nouveau.
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Le voyage de Mme Davenport

Par Ève Michèle Tremblay
(4,0)
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Le 22 août 1871, Mme et M. Davenport (Ellen et Malcolm), sur la foi des dires de leur entourage assurant que le chemin reliant la ville de Québec au Lac Saint-Jean est maintenant chose faite, quittent leur maison sise sur les hauteurs de Sillery à la découverte des trésors naturels des Laurentides. Avec chevaux et chariots, accompagnés d’un engagé Ryan et d’un guide indien Honoré, les voilà partis pour un périple, pensent-ils, de quelques jours, le temps d’une randonnée en plein air et à la belle étoile. Le désenchantement sera de taille : non seulement la construction de la route avance avec peine dans les tourbières, les marécages et les lits de rivières à traverser, mais de surcroît, les chevaux qui les mènent ne sont pas adaptés au terrain accidenté et broussailleux qui les attend. Même le sacro-saint cérémonial du thé ne parvient pas à les apaiser autour des feux de camp improvisés et dans les cabanes vermoulues qui les accueillent. La voracité et la pugnacité des moustiques et autres mouches à bétail faisant le reste, c’est fourbus et découragés après quatorze jours de marche pénible qu’ils arrivent enfin à Hébertville, premier village de la contrée. Le retour à Québec sur la rivière Saguenay, à bord du vapeur Union, fut en comparaison une partie de plaisir. Le journal tenu par Mme Davenport est éloquent, mais agrémenté des commentaires historiques et pertinents de l’autrice Ève-Michèle Tremblay, l’ouvrage ouvre une fenêtre spatio-temporelle éminemment instructive. On y apprend, entre autres, la signification des toponymes de langue innue qui parsèment le territoire laurentien ainsi que l’histoire de cette fameuse route, de l’idée première en 1862 jusqu’à son abandon en 1883, avec la venue du chemin de fer reliant Québec à Roberval, en passant par Saint-Raymond et Lac-Édouard, contournant ainsi la chaîne de montagnes (1888). Comment emprunter aujourd’hui l’autoroute à quatre voies divisées sans penser au « voyage d’enfer » vécu par ces deux anglophones candides ignorant la langue du pays et qui avaient omis de consulter la presse francophone au fait de la réalité?
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Antartica

Par Olivier Bleys
(4,0)
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Le 3 janvier 1960, à la station polaire russe Daleko, la plus reculée de celles implantées par l’Union socialiste sur le territoire antarctique, cinq hommes voient leur quotidien monotone basculer lorsque l’un d’eux frappe mortellement à la tête le chauffeur-mécanicien Nikolaï Kalinine pendant que les autres dorment profondément, abrutis par la vodka. Dès lors, les actions entreprises pour punir le meurtrier vont enclencher une spirale de vengeance totale, dont la survie dans un milieu hostile devient l’enjeu suprême. Un très bon thriller, où l’humour et la détresse se chevauchent en un constant débat moral de la part des protagonistes. Un huis-clos étouffant et glacial, parfaite image de l’antagonisme existant entre des hommes confinés depuis trois ans dans une cabane où le poêle à bois est élevé au statut d’icône, nourri jour et nuit dans la crainte et l’ennui. Après Semper Augustus et ce roman-ci, le prolifique Olivier Bleys me réserve encore bien d’autres surprises.
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Burning boy : Vie et oeuvre de Stephen Crane

Par Paul Auster
(4,0)
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Lorsque paraît un nouvel ouvrage de Paul Auster, j’embarque sans réfléchir plus avant au thème abordé par son auteur. Ainsi en est-il de ce Burning Boy, biographie fouillée de l’œuvre littéraire de Stephen Crane (1871-1900) dont je ne connaissais que La Conquête du courage (ou l’Insigne rouge du courage), lu il y a plusieurs années et qui ne m’avait pas tant marquée. « Je l’aborde non en tant que spécialiste ou érudit, mais en tant que vieil écrivain empli d’admiration pour le génie d’un jeune écrivain. » Paul Auster, en véritable fan de son sujet, décortique pour nous le style, l’écriture et l’imagination mis au service d’une littérature américaine qui naissait à peine à la fin du XIXe siècle. Crane s’est d’abord attaché à créer de courtes histoires publiées dans les journaux et les magazines avant d’aborder le roman proprement dit. Il a connu un certain succès dès son premier, dont l’action se déroulait lors de la guerre de Sécession, mais a rapidement renoué avec les nouvelles, qu’il pouvait produire à un rythme effréné. Sa poésie étrange détonait dans le paysage culturel de l’époque et pour gagner sa pitance, il rédigeait des articles pour la presse et agissait comme correspondant de guerre sur les champs de bataille d’alors (guerres gréco-turque et hispano-américaine). Ce grand jeune homme incandescent a mené une vie de barreau de chaise, souvent sans-le-sou, de santé fragile, trompé par ses éditeurs, harcelé par ses créanciers et malchanceux en amour. Et pourtant, sa soif de décrire et de dire ne s’est jamais démentie. « Écrire, ce fut la seule chose qu’il fit sans hésiter, tout au long de sa vie, brève et souvent hésitante. Si cette vie vaut la peine qu’on se penche sur elle aujourd’hui, ce n’est que pour l’œuvre qui en est sortie. » À la lumière de cet ouvrage colossal, je relirai évidemment La Conquête du courage avec un nouveau souffle et un œil aiguisé, mais auparavant il m’aura fallu marcher avec Paul Auster dans les pas de Stephen Crane, lentement mais sûrement. J’ai interrompu ma lecture, le temps de quelques autres, alors que j’en étais à la moitié du volume, essoufflée de constater la somme de pages taillées au cordeau qu’il me restait à lire, dixit Auster : « (…) je dois me montrer sélectif dans ce sur quoi je choisis d’écrire, sinon on sera encore là l’an prochain. » Burning boy croule sur une surcharge de détails et de nombreuses redites, mais la plume de Paul Auster se charge de nous les faire oublier.
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Toi l'ami: cent regards sur Sylvain Lelièvre

Par Monique Vaillancourt-Lelièvre et Élizabeth Gagnon
(4,0)
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À l’adolescence, mes sœurs et moi avions acheté le microsillon Petit Matin, titre éponyme d’une chanson qui jouait alors à fond à la radio (1975). Un album dont toutes les chansons sont magnifiques, avec ce petit quelque chose qui n’appartient qu’à Sylvain Lelièvre et qui a bravé toutes les modes : des mélodies accrochantes, des arrangements somptueux et des textes puissants et évocateurs. Sa voix chaude et enveloppante, d’une justesse totale, vient enrober le tout pour donner relief à sa poésie. Et récemment, en écoutant ses versions jazzées de son répertoire, j’ai eu envie de découvrir l’homme derrière l’œuvre. Toi l’ami, cent regards sur Sylvain Lelièvre se veut un album-hommage plus qu’une biographie conventionnelle. À ce titre, on a tout de même droit à quelques incursions sur la vie intime et personnelle du chansonnier mais l’accent est plutôt mis sur les commentaires de ceux qui l’ont connu et apprécié (fans, professeurs, collègues, artistes, famille et amis). J’y ai appris plusieurs choses, notamment qu’il ne vivait pas à plein temps de son art, ce qui le rendait libre dans ses choix artistiques. De plus, il était loin de l’être torturé et déséquilibré qu’on associe habituellement aux créateurs et en ce sens, on comprend mieux les éloges chaleureux à son endroit. Enjolivé de diverses photos disposées autour des textes recueillis, l’album ressemble étrangement à un scrap-book d’antan que l’on aurait déniché dans un grenier, une trouvaille riche en souvenirs. Sylvain Lelièvre nous a quittés en 2002 mais il reste toujours vivant à travers sa musique et ses rimes et c’est tant mieux pour nous!
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Un café avec Marie

Par Serge Bouchard
(4,69)
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Chroniques du temps qui fuit, du monde actuel et passé, de la vie de couple heureuse, des modes branchées et intemporelles, du sens à donner à l’existence humaine, de nos rapports avec la nature et les animaux qui l’habitent, voilà un condensé bien trop bref pour tout ce que contient cet ouvrage un brin philosophique de Serge Bouchard. Anthropologue de formation, Serge Bouchard s’est rapidement trouvé un style d’écriture bien à lui qu’il a mis à profit dans de courts essais et textes au bénéficie d’émissions de radio et des conférences. Aucune afféterie dans ce qu’il véhicule, mais beaucoup de bon sens, d’histoire et de respect pour ceux qui sont venus avant nous. Un auteur que j’apprécie beaucoup et de qui, heureusement, il me reste encore à lire car, à l’instar de Christian Bobin, son décès m’a ébranlée. Ces êtres qui parviennent à décrire de façon juste le monde et la société et nous rendent le quotidien plus merveilleux, à leur disparition, nous laissent au moins en héritage leurs écrits immortels. Profitons-en!
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Cotton County

Par Eleanor HENDERSON
(4,0)
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« - On a le droit d’aller où ça nous chante. (…) C’est eux qu’ont pas le droit d’aller où ils veulent. » John « Juke »Jessop, de sa position de métayer assigné à la ferme de George Wilson en Georgie, affermit durement son autorité sur ses employés afro-américains, bénéficiant d’une politique de ségrégation raciale bien implantée dans cet État du Sud des États-Unis. La Grande Dépression fait ses ravages et sur la ferme, Juke vit avec sa fille Elma, 18 ans et leur servante Noire Nancy Smith, 14 ans. Lorsqu’Elma se retrouve enceinte sans être mariée, une colère redoutable s’empare de son père qui s’empresse de chercher un bouc émissaire afin d’assouvir sa vengeance. Dans une proximité des corps frôlant l’inceste et les agissements délictueux, se déroule alors un récit à voix multiples autour de cet événement déclencheur. Sur cette route rurale (la Twelve-Mile Straight) qui aboutit à cette ferme reculée, l’année 1930 sera celle de tous les dangers pour les Jessup et leur entourage. Eleanor Henderson, que je connaissais par son premier roman Alphabet City, propose ici un tout autre aspect de la société américaine. Une incursion dans le Sud profond, avant la défense des droits civiques des Noirs, au sein d’une société hiérarchisée dans laquelle les riches propriétaires fonciers soumettent leurs ouvriers à la peau blanche, lesquels asservissent à leur tour leurs semblables à la peau noire. Un roman dense doté d’une narration obsédante et dont l’action se déroule sur une seule année chargée en faits divers et troublants. J’ai été saisie par cette lecture, tâchant de débrouiller l’écheveau savamment tissé par l’autrice. Un bon cru, assurément!
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Presque végé

Par Geneviève O'Gleman
(4,0)
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Presque végé s’adresse à ceux et celles qui souhaitent intégrer petit à petit la tendance végétalienne à leur alimentation. Les recettes sont faciles à exécuter et n’exigent pas d’ingrédients exotiques. J’en ai retenu quelques-unes, dont celle des lasagnes au tofu et à la ricotta que j’ai cuisinées avec un résultat plus que probant. L’aspect du tofu m’a semblé, cette fois, plus acceptable, l’ayant émietté au préalable avant de la mélanger avec le fromage et les épinards. J’ai essayé aussi le couscous au chou-fleur et à la courge musquée, délicieux avec ou sans les pois chiches. Un volume qui contient nombre d’autres idées intéressantes et qui fait la part belle aux légumineuses, ces mal-aimées et aux légumes. De superbes photos appétissantes agrémentent le texte et donnent au livre un côté joyeux et ensoleillé. En bref, Presque végé donne le goût de se mettre au fourneau et de s’attabler en bonne compagnie!
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Lautrec

Par Matthieu Mégevand
(4,0)
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Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa (1864-1901), dit Lautrec, sous des airs de joyeux drille, cachait une souffrance intime causée par un physique ingrat, cible de tous les quolibets. Malheureux en amour et au sein de sa famille aristocratique, seule sa mère, qui l’appelait son petit bijou, sut lui témoigner une affection et une tendresse indéfectibles. Artiste, il vivait la bohême sans souci d’argent, picolant et se bâfrant, s’ingéniant à perfectionner son art auprès des vétérans des ateliers de peinture les plus courus de Paris. Ce sont ses affiches, cependant, qui lui apporteront travail et reconnaissance. Une biographie qui donne à voir et à ressentir, enrobée dans une fantaisie gouailleuse et un sens historique maîtrisé. La Belle Époque vue par les yeux de Lautrec, c’est un voyage dans le temps, un instantané des Parisiens et des Parisiennes d’alors occupés à s’encanailler dans les cabarets, les bals, les tripots et les bordels. Matthieu Mégevand a initié un cycle de trois romans sur l’art, dont Lautrec est le deuxième volet. Je prends notre du premier titre, La Bonne Vie, et en ferai ma prochaine lecture car j’ai vivement apprécié l’écriture de cet auteur.
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Blanc

Par Sylvain Tesson
(4,5)
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Mer ou montagne? Pour Sylvain Tesson, c’est la montagne et son corollaire, l’alpinisme. Et quand l’hiver se pointe, on ajoute au piolet, aux crampons et aux cordes, les skis. En quatre départs répartis sur quatre années, de 2018 à 2021, Tesson et son ami Daniel Du Lac de Fugères, guide aguerri, parcourent les sommets et les vallons des Alpes, alternant les frontières françaises, suisses, italiennes et autrichiennes, de Menton à Trieste. En cette fin d’hiver plutôt douce au Québec, j’ai renoué avec les températures glaciales, le blizzard, le grésil et les vents hurlants en compagnie de l’écrivain le plus grouillant de la littérature actuelle. Je dois le dire, j’ai un faible pour la plume inspirée de Sylvain Tesson et sa gouaille imparable lorsqu’il est invité à La Grande Librairie. Je me suis donc régalée une fois de plus avec ce Blanc, sorte de journal rédigé par petites bribes au coin des nombreux poêles à bois sertis au fond des refuges des cols alpins. Beau, inspirant et dépaysant!
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L'ami

Par Sigrid Nunez
(3,0)
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« Avoir ton chien avec moi, c’est comme avoir un peu de toi tout près de moi. » Une écrivaine et professeure hérite, un peu contre son gré, de la garde du grand chien danois de son meilleur ami qui s’est donné la mort. Dans son petit appartement new-yorkais, elle brave les interdits et s’amourache de ce chien prénommé Apollon, frisant même l’expulsion par le propriétaire de l’immeuble. « Qui somme-nous, Apollon et moi, si ce n’est deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une devant l’autre? » Un drôle de roman parcouru de citations jetées à la volée et dont la narration s’avère parfois totalement décousue et embrouillée. On y parle beaucoup des écrivains, de leur processus d’écriture, de leur inspiration et aussi de la nouvelle censure exercée par les étudiants et les étudiantes des cours et des ateliers de littérature. La dernière portion du récit est la plus intéressante et la plus consistante, renvoyant les premières pages aux oubliettes. Ceci dit, le roman saura plaire assurément aux amis des chiens, dont je ne fais pas partie.