ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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On pleure pas au bingo

Par Dawn Dumont
(4,16)
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« Okanese veut dire « bouton de rose » en langue crie. La réserve n’a pas vraiment de surnom, bien que beaucoup l’aient rebaptisée « Le trou du cul de l’univers », souvent après avoir perdu une élection. » Dawn Dumont donne sa voix à ce récit autobiographique qui déroule petits et grands souvenirs d’une enfance et d’une adolescence au sein d’une famille autochtone de la Saskatchewan. Une mère, par intermittence monoparentale, un père alcoolique parfois violent, trois sœurs et un frère, tous élevés à la débrouillardise et à l’autodéfense, parlée et physique. Ici, aucun apitoiement, seulement une forte envie de vivre et d’exister envers et contre tous, avec cet humour bravache teinté d’ironie et de causticité d’une narratrice qui se livre sans retenue. Comme dans son roman Les poules des prairies partent en tournée, Dawn Dumont évoque des thèmes sensibles propre aux habitants des réserves indiennes avec une verve qui ne se dément pas et avec l’aplomb de l’expérience. Un récit plein d’entrain sur des scènes de la vie quotidienne croquées sur le vif par une plume aiguisée et drolatique.
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Proust océan

Par Charles Dantzig
(4,0)
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« Dans très longtemps, quand cet Océan se sera retiré faute de lecteurs, ou à cause de je ne sais quelle catastrophe intellectuelle causée par les Financiers, il restera d’À la recherche du temps perdu ou bien rien, pas même le nom, ou bien une sorte de tête en pierre très usée tombée d’une statue dont le corps aura disparu, grumeleuse, le nez rogné, les traits effacés, ressemblant plus à un pamplemousse qu’à une tête, et on ne saura pas si l’on a affaire à un homme ou à un lion. Dans le vent de la durée, l’œuvre s’emploie à redevenir caillou. » D’ici à ce que cette sombre prédiction advienne, on peut toujours et encore s’abreuver à la source, mais aussi plonger avec délices dans cet ouvrage complexe et détaillé, concocté par un véritable amoureux et exégète de la littérature proustienne. Je fais partie de ceux et celles qui ont commencé, abandonné et ultimement lu Du côté de chez Swann, sans parvenir à continuer l’aventure. Et donc, en me plongeant dans Proust Océan, je m’assurais en quelque sorte d’apprivoiser la « bête », cette écriture et ce style qui me donnent tant de mal. Charles Dantzig réussit, avec esprit et finesse, à décortiquer cette somme littéraire hors du commun. Il m’a entraînée à sa suite dans un voyage autour de Proust, empreint de la beauté de ses mots et de ses longues phrases descriptives, lesquelles dans ce contexte didactique, me sont devenues aisées à appréhender. Aux extraits des romans, l’auteur y ajoute ses analyses, ses émotions ressenties à la lecture, de la première à la dernière, et offre un portrait émouvant de Marcel Proust, l’homme derrière l’écrivain. Charles Dantzig bouscule les lieux communs et houspille avec insolence les mauvais lecteurs et les insensibles à la prose de Proust, dans une formidable sommation à lire sans relâche. « À la recherche du temps perdu est la plongée sous-marine entre deux phrases qui seraient : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » et « Je suis devenu écrivain. »
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Eichmann à Buenos Aires

Par Ariel Magnus
(3,0)
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« Tant d’années après ces prétendus crimes qu’on le forçait à endosser, il devait y avoir prescription; de plus, l’on ne peut accuser une simple roue de la direction prise par la voiture. » Ainsi, se justifiait Adolf Eichmann (alias Ricardo Klement en Argentine, Otto Heninger en Italie, Otto Eckmann en Rhénanie ou Otto Barth en Bavière) des crimes perpétrés envers les Juifs sous le régime nazi. Se définissant comme « un simple bureaucrate qui avait eu la malchance de travailler pour un employeur tombé en disgrâce », il continuait cependant, dans l’exil, de brandir l’idéologie de la race pure dans des entretiens enregistrés et lors de réunions auxquelles étaient conviés des compatriotes de même allégeance. Ariel Magnus ose donner la parole à un homme qui fut intimement lié à sa propre histoire familiale (sa grand-mère a survécu au camp d’Auschwitz), tout en évitant soigneusement de l’humaniser, comme le craignait son père. Aucun voyeurisme dans ce portrait saisissant d’un être antipathique, d’une abjection totale, se cachant de ses forfaits passés même au sein de sa famille qui l’a rejoint à Buenos Aires. Dans la foulée d’Olivier Guez avec La Disparition de Josef Mengele, Ariel Magnus a bien cerné son sujet par une recherche minutieuse et même s’il nous laisse dans l’inachèvement de sa destinée, on en connaît de toute manière l’issue au cours d’un procès qui fut fortement médiatisé en 1961. En dépit d’une traduction parfois maladroite qui vient perturber le flux de la lecture, le roman vaut le détour.
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Le cartographe des Indes boréales

Par Olivier Truc
(3,0)
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1628 : au royaume de Suède, la reine Kristina ne règne pas encore; elle s’amuse plutôt avec un jeune Basque de treize ans, Izko Detcheverry, dont le père Paskoal, chasseur de baleines, fait escale à Stockholm afin de saluer un conseiller de la Cour auquel il a sauvé la vie en mer. Entre la France et la Suède, l’entente est cordiale, de même qu’avec les prospères marchands hollandais qui viennent y conclure de lucratives affaires. Avec les guerres menées par le roi Gustave II Adolf qui ont vidé ses coffres, la Suède cherche de nouveaux débouchés économiques et considère alors la Laponie comme un territoire vierge à développer, riche en matières premières, appuyée en cela par les visées évangélisatrices de l’austère Église luthérienne qui souhaite y faire de nombreuses conversions auprès des habitants du lieu, les Samis. « - On y cherche du minerai et on y entend des esprits malins, et ça se situe au-dessus de nos têtes, très loin dans des terres sans Dieu, là où le froid rejoint la nuit et où vivre veut dire survivre et où survivre vaut dire mourir plus vite. » Cinquante années de tourments et de compromissions suivront pour Izko à partir de cette année charnière qui le verra basculer dans la vie adulte sans transition et sans choix. Un récit historique de longue haleine, narré en de courts chapitres, lesquels cependant ne peuvent faire illusion sur la sensation d’étirement et de longueurs que procure cette lecture. L’ouvrage aurait bénéficié, en ce sens, d’un resserrement sur le déroulement de l’histoire. Le personnage principal, que l’on suit d’une page à l’autre, reste, pour sa part, distancié et peu empathique, ce qui m’a rendu sa quête forcenée absolument incompréhensible en regard de ses actions. Une expérience mitigée pour laquelle j’ai poussé un « Enfin ! » salvateur, une fois l’ultime page tournée.
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Le grand voyage de monsieur Caca

Par Angèle Delaunois et Marie Lafrance
(3,0)
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Adrien est en apprentissage constant. Ces temps-ci, son défi consiste à laisser la couche pour le caleçon. Sa toilette portative le suit en tous lieux et en tout temps et nous avons profité de sa visite hier pour lire avec lui Le grand voyage de Monsieur Caca, texte d’Angèle Delaunois, illustrations de Marie Lafrance. L’album est coloré (pas seulement de brun…) et le ton est ludique, narré par la figure d’un loup pas bien méchant. Adrien s’est attardé au dessin car le texte et le propos visent plutôt des enfants de trois ans et plus, comme indiqué en dernière page. Mes attentes n’ont donc pas eu le résultat escompté sur le plan didactique, mais on s’est quand même bien amusé.
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Une saison à Hydra

Par Elizabeth Jane Howard et Sybille Bedford
(3,0)
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Les premières pages ne me convainquaient pas. Je craignais bien d’être tombée sur une de ces anciennes romances rebattues et de plus, sans m’être rendue compte que l’autrice était celle de la Saga des Cazalet, dont j’avais lu le premier tome sans en être époustouflée. Bref, c’était mal parti, tout ça. Le roman se structure autour de quatre voix qui se font écho l’une l’autre sur le déroulement des événements. D’abord, celle de Jimmy Sullivan, le metteur en scène et l’assistant du dramaturge Emmanuel Joyce, qui dévoile un côté intime peu reluisant de son patron et de sa femme, Lillian. Le couple Joyce, bien sûr, s’exprime séparément, en plus d’une pièce rapportée au trio, une secrétaire engagée à pied levé, Sarah, renommée Alberta afin de ménager les sensibilités éprouvées de Lillian. Le quatuor s’engage alors dans une ronde qui finit par tourner carré lors d’un séjour sur la lumineuse île d’Hydra dans la mer Égée, menant alors à un dénouement fort de quelques retournements étonnants. Certaines métaphores ampoulées du début ont fait place peu à peu à une écriture s’adaptant à ses divers narrateurs et qui, somme toute, m’a charmée. Les personnages, bien campés, divertissent par leurs propos puisant autant dans le passé que dans le présent, donnant ainsi corps à une histoire qui aurait pu être banale. Un bon retour sur Elizabeth Jane Howard, peut-être assez persuasif pour que je continue la Saga des Cazalet…
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Ceux dont on ne redoute rien

Par Mathieu Thomas
(2,75)
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Comme Joël Bégin l’avait fait avec son roman Plessis, Mathieu Thomas revisite l’Histoire en la pimentant d’un fait marquant qui ne s’est jamais produit en réalité, celui de la rencontre, en septembre 1831, d’Alexis de Tocqueville et de Gustave de Beaumont avec l’illustre Louis-Joseph Papineau, chef du Parti canadien à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, bien avant qu’il ne devienne le leader des Patriotes lors de la rébellion de 1837-1838. Construit en deux parties distinctes mais qui résonnent entre elles, le récit s’ancre tout d’abord en 2012 à Montréal, alors que les marches citoyennes du printemps érable précèdent l’élection provinciale qui mettra hors du pouvoir le Parti libéral du Québec, gangrené par une corruption à tous les niveaux. Une bascule du temps nous entraîne ensuite en 1865, au cœur des débats animant la population canadienne-française autour du projet de Confédération des colonies anglaises (Haut-Canada, Bas-Canada, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse). Mathieu Thomas offre, avec cette fiction très bien documentée mais qui laisse la part belle à l’imagination, un constat fort révélateur des blessures et des déchirements existant encore au sein de la nation québécoise : la lente et implacable anglicisation de la ville de Montréal, la survie du français en Amérique du Nord, les hauts et les bas du mouvement indépendantiste au Québec, en plus de soulever les remous d’un passé historique tumultueux, celui de la conquête et de la colonisation. Un portrait fort du Québec d’aujourd’hui et d’hier s’adressant à tous, mais particulièrement aux plus jeunes pour qui l’Histoire n’est pas importante et à tous ceux qui ont l’oubli facile.
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Billy Wilder et moi

Par Jonathan Coe
(4,0)
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Neuvième incursion dans l’univers de Jonathan Coe, Mr Wilder et moi établit une fois de plus l’immense talent de son créateur. Calista Frangopoulou se remémore sa rencontre fortuite avec Billy Wilder, cinéaste renommé du temps des grands studios d’Hollywood, durant un voyage sac au dos à travers les États-Unis en 1976. Comme l’un n’allait pas sans l’autre, elle fait aussi connaissance avec son fidèle scénariste, Iz Diamond. Ils planchent depuis un moment sur un projet de film, mais le cœur n’y est plus. Les jeunes loups (les barbus comme ils les appellent), Spielberg, Coppola, Scorsese sont aux commandes et le cinéma change sous leurs yeux à la vitesse grand V. Le film en chantier, c’est Fedora, qui verra enfin le jour en 1978 non sans quelque douleur. C’est de cette genèse dont nous entretient la narratrice, Calista, d’origine grecque, engagée alors à pied levé comme traductrice, le tournage se déroulant principalement sur l’île de Corfou en Grèce. J’ai adoré ce roman délicieusement rétro, piquant d’humour décalé vaguement suranné. Je me suis faufilé dans les coulisses d’un film que je n’ai jamais vu mais qui m’a enchantée, avec ses vedettes d’une autre époque, conduit par la figure emblématique de Billy Wilder, issu d’une famille juive autrichienne et exilé aux Etats-Unis autour des années 1930. Un homme blessé à jamais par la disparition de ses proches, exterminés par les nazis dans les camps de la mort. Une histoire prenante sous des dehors légers, comme ce cinéma qu’aimait Wilder, celui qui distrait les masses sans trop les embêter.
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Un ennemi du peuple

Par Javi Rey et Henrik Ibsen
(3,0)
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Deux frères que tout oppose (un scientifique et un politicien) s’affrontent dans une lutte politico-écologique autour d’une station thermale attirant touristes et beaux dollars. Devenue le poumon économique de la petite île, la station profite à tous jusqu’à ce qu’une étude en dévoile une pollution de ses eaux. Et cette information cruciale, connue du docteur Thomas Stockmann, le frère du maire Peter, deviendra l’enjeu les opposant : le premier s’engage à tout révéler à la population dans un souci de santé publique et le second se démène pour mettre le couvercle sur le chaudron afin de conserver son poste d’élu. Une croisade qui entraînera corruption, haine, coups bas et dissension au sein d’une communauté jusque là paisible. Je ne connais pas la pièce de théâtre de Henrik Ibsen qui soutient la bande dessinée de Javi Rey. Je n’ai donc aucune comparaison pour appuyer mon commentaire, mais peu importe, j’ai apprécié ma lecture. Les illustrations offrent une palette de couleurs émotionnelles en accord avec les actes des personnages, le graphisme est impeccable et les dialogues, faute de subtilité, ont le mérite d’être clairs. En somme, la BD s’avère un résumé abordable d’une œuvre probablement plus complexe.
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Numéro deux

Par David Foenkinos
(4,0)
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Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce roman de David Foenkinos, à part l’idée originale de départ, celle de s’intéresser au sort d’un candidat arrivé bon deuxième à l’issue d’un casting de rêve, celui d’incarner nul autre que Harry Potter dans le tout premier film d’une série qui en verrait de nombreux autres. Foenkinos écrit de jolies histoires mais la fougue littéraire y est souvent absente. On déroule le fil narratif, sans grands enjeux, que l’on parsème de phrases toutes faites et de lieux communs. Je crois que Numéro Deux tirerait profit d’une adaptation cinématographique, à l’instar de celle du Mystère Henri Pick, réalisée par Rémi Besançon, dans laquelle j’ai retrouvé le dynamisme et le piquant qui manquait au roman. Il me reste toujours Charlotte et La Délicatesse qui viendront confirmer ou non mon impression actuelle.
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Komodo

Par David Vann
(4,0)
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Après Sukkwan Island, j’ai préféré faire une pause avec l’univers de David Vann. Je craignais de retourner dans cette atmosphère malaisante qu’il sait si bien installer. Mais on ne peut rester ainsi éternellement bloqué sur une vision d’un auteur à partir d’un seul de ses romans. Komodo me paraissait invitant pour une deuxième incursion, l’action se déroulant dans l’île de Komodo en Indonésie, une destination exotique à souhait. Scuba Junkies, un centre de plongée, y accueille touristes et élèves pour de courts ou longs séjours. Dans ce décor naturel paradisiaque, trois membres d’une famille vont tenter de dénouer leurs différends mutuels : Tracy et sa mère Elizabeth, en vacances pour une semaine et Roy, frère et fils, en stage pour obtenir sa certification de divemaster. Le roman est divisé en deux parties narrées par Tracy, la sœur et la fille, mère de jumeaux de cinq ans. On la sent fragile et à fleur de peau dans la première portion, mais c’est véritablement dans la seconde que se déploie tout son mal-être et c’est ce qui donne son étrangeté au roman. Dans le même temps que l’on assiste à une dégringolade psychologique de Tracy dans ses échanges acrimonieux avec sa famille et les autres plongeurs, on ne comprend vraiment qu’à la fin cette posture de victime qu’elle a endossée depuis longtemps dans sa vie. David Vann a su faire parler avec justesse cette femme blessée et malheureuse dans son mariage et dans sa maternité. Un sujet délicat traité avec finesse et toujours, cette façon d’évoluer sur le fil du rasoir, propre à l’auteur. Sukkwan Island avait rejoint ma liste Grande Noirceur, mais pas Komodo, qui nous laisse sur une éclaircie que je n’espérais plus.
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Le dévoué

Par Viet Thanh NGUYEN
(3,0)
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Je suis retournée voir ma critique du premier roman de Viet Than Nguyen, Le Sympathisant, dont Le dévoué est la suite. Une lecture que j’avais fort appréciée pour les bonnes raisons qui justifient habituellement l’excellence d’un roman récipiendaire d’un prix littéraire tel que le Pulitzer. Cette voix particulière qui porte la narration, discourant sur les ravages d’une guerre honnie (celle du Vietnam), la structure originale et l’écriture que j’avais qualifiée d’élégante. Et bien, je n’ai pas retrouvé cet élan littéraire dans le second volet; j’ignore si c’est dû à une traduction peu avantageuse ou si la charge émotionnelle du premier s’est essoufflée. Quoi qu’il en soit, c’est encore lui qui parle; Vo Danh, le dévoué, arrivé à Paris en 1979, un boat people comme son ami Bon, rescapés d’un camp de rééducation vietnamien. Tous deux en proie aux angoisses existentielles et aux souvenirs pénibles, Vo Danh tente de se refaire une tête tandis que Bon projette plutôt une sombre vengeance destinée à tous les communistes qu’il croisera sur son chemin. Dans les délires de Vo Danh, provoqués par les déchirements d’une identité trouble, on a droit à des envolées oratoires qui n’épargnent aucun doctrine sociale ou politique. Communisme, socialisme, capitalisme, communautarisme, fascisme, bolchevisme et bien sûr le colonialisme longuement décrié, tous passent au tordeur de l’analyse cynique et heureusement humoristique de notre dévoué. J’avais accordé quatre étoiles au premier et ce sera donc trois étoiles pour celui-ci, résultant de la légère déception ressentie.
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Les survivants

Par Alex Schulman
(4,33)
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« - Ça te fait quoi d’être ici? demande Nils. - Je ne sais pas. C’est comme si une part de moi-même me disait que j’étais rentré à la maison. Et une autre part me crie de m’en aller. » Retour à la maison de campagne de l’enfance dans un contexte de deuil. Les trois frères (Nils, Benjamin et Pierre) reviennent ainsi sur les lieux du passé répandre les cendres de leur défunte mère. Et la réponse de Benjamin prélude de ce qui suivra dans ce roman introspectif construit à rebours du temps. Une famille qui enfouit ses plus lourds secrets dans les non-dits et dont les protagonistes s’inventent des souvenirs et s’accommodent tant bien que mal du poids des événements malheureux. Je suis entrée sur la pointe des pieds dans ce récit porté par l’affect du cadet Benjamin. Peu à peu, l’émotion a surgi et j’ai poursuivi ma lecture, hantée par le dévoilement des peurs longtemps contenues par les personnages. Structure originale, écriture évocatrice, traduction impeccable, tout y est pour un fort bon moment de lecture, en dépit d’un thème maintes fois rencontré dans la littérature romanesque.
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Porca miseria

Par Tonino Benacquista
(4,0)
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« Dans le musée imaginaire qu’est la mémoire », Tonino Benacquista revisite ses souvenirs familiaux et ses premières années d’écrivain dans un récit à fleur de peau duquel émergent tristesse et fatalité. Le regard de l’auteur peut sembler impitoyable à première vue, mais cette vérité recherchée sur le passé concède son intérêt à l’ouvrage. J’ai été vivement émue à la lecture de ces courts instantanés d’une vie familiale chaotique. À l’origine, le couple mal assorti de ses parents dont l’émigration en France n’a fait que détériorer un mariage déjà bancal. L’alcoolisme du père et une mélancolie aggravante chez la mère achèvent de fixer le portrait d’une enfance absente de légèreté chez le benjamin Tonino. Celui que je croyais connaître derrière ses œuvres fictives se révèle fort différent dès lors que, sans pudeur et avec réalisme, il accepte de sonder les plus sombres versants de son existence. Porca Miseria, non plus proféré par le père Cesare mais couché sur papier par le fils Tonino, c’est aussi un criant constat des petites et grandes trahisons qu’entraînent avec elles les familles dysfonctionnelles.
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La pêche au petit brochet

Par Juhani Karila
(4,33)
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« C’est l’idée même de la Laponie : l’alliance de la vastité [sic] et de la vacuité. Un horizon crevé par des épicéas miteux, dont le vide horrifiant tient les gens au silence et les mythes en puissance. » Dans une contrée où les habitants communient aux sortilèges lancés par les sorciers et où, certaines nuits de gent redoutable, apparaissent démons des bois, fils de l’hiver sans fin, flocons d’esprits défunts, servantes des sous-bois, farfadets narquois, noircisseurs de lune et ombres d’âmes, trois jours intenses attendent Elina Ylijaako, native de l’endroit, qui doit impérativement mettre fin à une malédiction lancée par son ancien amoureux au bord d’un étang maudit. Seul un brochet hante les lieux et par sa bouche vorace, avale les mauvais sorts, permettant à ceux-ci de voyager entre l’ici et l’au-delà. Un conte fantastique peuplé d’êtres étranges côtoyant le réel dans un univers où, bizarrement, les scènes macabres sont absentes. On assiste plutôt à des événements surnaturels que l’on finit par intégrer à une certaine normalité, à l’instar des personnages du roman dont l’existence tranquille est à peine effleurée par toute cette magie ambiante. Une pêche au petit brochet que je n’oublierai pas de sitôt.
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