ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Nous étions le sel de la mer

Par Roxanne Bouchard
(3,94)
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« Vous m’avez monté un beau grand bateau, Vous m’avez fait de bien grandes vagues », chantait Gerry Boulet. C’est ce qui arrive au sergent Joaquin Moralès, enquêteur montréalais dépêché dans un petit village de Gaspésie afin d’investiguer sur la mort de Marie Garant, dont le corps a été ramené dans les filets de Victor Bujold, propriétaire du bateau Manic 5. Tous les habitants ont connu de près ou de loin la disparue et ne sont pas diserts à son sujet. Secrets, mensonges, évitements, palabres, Moralès a droit à la totale et face à ce mur du silence, tente péniblement de percer le mystère entourant l’existence tumultueuse de Marie Garant et sa mort suspecte. Bon, j’attendais plus de ce roman qu’on m’avait beaucoup vanté. Il est vrai que la thématique évoquée a été passablement reprise dans la littérature romanesque. Mais ce qui m’a le plus agacée, c’est le langage parfois outrancier mis dans la bouche de certains des personnages, véritables clichés sur pattes, que l’on dirait plaqués dans le récit pour donner dans le pittoresque. Le récit évolue maladroitement entre l’analyse psychologique et le polar, surfant entre les genres littéraires sans vraiment plonger dans son sujet. Une lecture décevante à laquelle, pourtant, j’accorde trois étoiles, principalement dédiées à l’écriture en général, hormis des dialogues caricaturaux qui sonnent faux.
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La peste sur vos deux familles

Par Robert LITTELL
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« Vous ne voyez donc pas, Roman, que nous sommes de simples grains de poussière, prisonniers d'un cercle vicieux qui s'appelle la Russie, et que nous nous contentons d'attendre qu'une pelle nous ramasse avant de nous mettre à la poubelle? » Roman Monsourov et Yulia Caplan, tels des Roméo et Juliette de l'ère post-soviétique, voient leur romance contrecarrée par les rivalités de leurs familles évoluant dans les sphères mafieuses de Moscou, un fromage que se disputent tous les peuples russes avides de profiter des bienfaits du nouveau capitalisme à l'oeuvre. Azerbaïdjanais, Tchétchènes, Juifs, Ossètes, tous veulent participer au banquet et sont prêts à s'entretuer sur la place publique pour y parvenir. Robert Littell, un romancier spécialiste de l'univers russe, éblouit une fois de plus avec ce roman historique condensé sur les années ayant suivi le démantèlement de l'URSS. La narration vive et l'écriture impeccable en font une lecture jouissive et dynamique. Je compte bien récidiver avec les autres ouvrages de cet auteur prolifique que j'affectionne depuis fort longtemps.
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Lincoln Highway

Par Amor Towles
(3,0)
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Emmett Watson ayant purgé 18 mois de sa peine, sort du pénitencier de Salinas pour mineurs afin d'enterrer son père à Morgen au Nebraska. Tournant le dos à la terre familiale grevée de dettes, il souhaite filer vers le Texas avec son petit frère Billy afin de démarrer une nouvelle existence basée sur ses compétences de charpentier. Mais comptez sur Duchess et Woolly, ses ex-compagnons de détention, pour que ça ne se passe pas exactement comme prévu. Chaque personnage du roman intervient dans le récit pour donner sa version des faits, ce qui finit par alourdir inutilement la narration, plombée par des répétitions et des redites. Un roman d'apprentissage lent à la détente et dont l'envol ne survient qu'à la moitié, une lecture un tantinet longuette, à laquelle il faut pourtant s'accrocher afin d'en savourer la finale totalement surprenante et inédite. Entre-temps, j'ai emprunté un autre titre d'Amor Towles, Un gentleman à Moscou, dont j'espère un peu plus que ce Lincoln Highway.
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Le mas Théotime

Par Henri Bosco
(3,0)
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« Tous les volets mi-clos, dans la maison, il faisait assez frais. À peine si parfois on entendait le frémissement d’une mouche enivrée par un rai de lumière qui filtrait d’une fente. » Pascal Dérivat, le narrateur, habite le mas familial Théotime, jouxté de terres fertiles et cultivées avec soin depuis de nombreuses générations. Se définissant comme un homme dont le cœur est aride et l’âme ombrageuse, il veille donc aux travaux quotidiens saisonniers (semailles et moisson, vigne et vendanges, verger et récolte, élevage ovin, ruches, etc.), loin de tout commerce humain autre que celui de ses métayers, la famille Alibert (père, mère, fils et fille). Seul, son voisin, le cousin Clodius, aussi sauvage que lui, arrive à le déstabiliser par ses petits gestes malveillants destinés à le décourager de cultiver son domaine. L’arrivée inopinée de sa cousine Geneviève qu’il a connue enfant, achève d’ébranler son confort et sa solitude, le temps d’un été fort chargé. Je suis entrée dans ce roman doucement, bercée par l’écriture unique d’un auteur que je ne connaissais pas. Prix Renaudot 1945, Le mas Théotime, c’est surtout une atmosphère, celui d’un monde rural sorti du passé, déployé dans des pages où rien ne se passe, hormis les phénomènes naturels et leurs conséquences sur l’humeur et les actions des personnages. En ce sens, j’ai préféré la dernière partie en forme de journal du narrateur, plus dynamique et parlante que le reste du récit, statique et répétitif. Cela m’est apparu, à la fin, une interminable prise de tête d’un homme que je ne suis pas parvenue à apprécier ni à comprendre.
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La trilogie des ombres T.1 : Sa majesté des ombres

Par Ghislain GILBERTI
(3,0)
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De voir mon chéri se poser en plein jour dans son fauteuil pour lire, ça m’a plutôt intriguée : qu’était-ce donc que ce thriller capable de faire advenir un événement si rarissime? Sa Majesté des ombres, premier tome d’une trilogie orchestrée par Ghislain Gilberti, a réussi cet exploit qu’il me fallait comprendre en m’y plongeant à mon tour, même si ce n’est pas mon genre de littérature. Une histoire de trafic de stupéfiants géré par un réseau fantôme insaisissable, aux ramifications complexes et doté de surcroît d’un escadron de la mort d’une précision redoutable. Agissant en Alsace, Borderline confond tous les corps policiers par sa capacité à renaître de ses cendres malgré les assauts et les tentatives répétés ayant pour but son démantèlement. Cécile Sanchez, une commissaire de police criminologue et victimologue, est mandatée pour faire la lumière sur les nombreux crimes commis par l’organisation maléfique. Le récit dévale à grande vitesse, porté par une écriture simple, d’une extrême efficacité. J’ai bien failli tout lâcher après les massacres du début. Une accalmie bienvenue s’est alors installée avec le déroulement de l’enquête et l’élaboration d’une intervention policière. La fin laisse entrevoir d’autres révélations étonnantes que mon mari a vite fait de découvrir avec le second tome Les Anges de Babylone. Je compte sur lui pour m’informer de la suite car, pour ma part, ça se termine ici.
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Je passe à table

Par Lara Fabian
(3,0)
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Mon mari avait son petit sourire en coin lorsqu’il m’a vue revenir de la bibliothèque avec Je passe à table de Lara Fabian. Ce n’est évidemment pas pour le style littéraire ni pour l’intérêt plus ou moins limité d’une vie déjà largement étalée dans la sphère publique que j’ai emprunté l’ouvrage, mais, guidée par la curiosité, je voulais savoir ce que pouvait bien manger la chanteuse au quotidien. Car oui, les plats côtoient les confidences dans ce récit autobiographique au ton léger, environné de soleil et de parfums. Cuisines italienne, asiatique, marocaine et belge renvoient aux différentes origines des familles paternelle et maternelle de Lara Fabian, qui a dû combattre, à une certaine époque, un sérieux trouble du désordre alimentaire. Sur ce point et sur bien d’autres éléments personnels, Lara préfère ne pas s’appesantir et c’est son choix. On reste donc dans une superficialité de bon aloi tout au long du récit. Le livre s’apparente plutôt à une ode au bonheur, à la joie de vivre et au plaisir de partager les repas en famille et entre amis. Je l’ai lu par un après-midi ensoleillé, assise sur la terrasse, avec en bruit de fond, le joyeux pépiement des oiseaux et le murmure du vent dans les arbres. Petit plaisir coupable? Même pas!
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Un jardin dans les Appalaches

Par Barbara Kingsolver, Steven L. Hopp, Camille Kingsolver et Richard A. Houser
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Barbara Kingsolver et son mari Steven L. Hopp, professeur de science naturelle, décident de quitter l'aridité de Tucson en Arizona et de migrer vers leur ferme située au contrefort des Appalaches en Virginie. Leurs deux filles, Camille et Lily, sont également partantes pour changer d'environnement, emballées par le projet familial d'atteindre à l'autonomie alimentaire. « Nous voulions prendre un congé sabbatique alimentaire, nous salir les mains, apprendre à cultiver, cet art en voie de disparition. » Durant une année intensive remplie de semis intérieurs, d'entretien des plantules, de plantation au potager, de binage, de sarclage, de récoltes et de mise en conserve, Barbara raconte le processus en long et en large dans cet ouvrage vivant et didactique à la fois. Entrecoupé de statistiques et de faits concrets narrés par Steven et de recettes de cuisine proposées par Camille, le récit défile les mois et les saisons desquels découlent les travaux quotidiens. À cette latitude, les agriculteurs peuvent bénéficier de 48 semaines de culture et dès le mois de mars, apparaissent les premières asperges. Une bénédiction, comparativement aux terres québécoises! J'ai donc fortement apprécié l'abondance et la variété des récoltes tirées du jardin de Barbara. Avec humour et un brin d'autodérision, l'autrice aborde les enjeux de consommation locale (à moins de 100 km de la maison), de la malbouffe américaine, de l'art de vivre italien, des anciennes races de volailles et de bovins, de cuisine saisonnière, de la conservation des graines indigènes et des légumes oubliés, de la protection des aliments en voie de disparition, de l'industrialisation de l'agriculture, des pesticides, des engrais chimiques, des traditions culinaires et de repas en famille. Foisonnant de détails techniques et d'anecdotes pittoresques, le livre apporte une intense réflexion sur la façon de nous alimenter et de consommer en plus d'inciter au locavorisme et/ou au jardinage. Pour ma part, je cultive avec succès des fines herbes en pots, deux pommiers nous donnent leurs fruits une année sur deux et les quelques tentatives de potager déployées se sont inévitablement soldées par les razzias des écureuils, des oiseaux, des insectes et même d'un lapin en goguette. le jardinage est peut-être un art, mais c'est aussi beaucoup de travail et de surveillance.
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Maple

Par David Goudreault
(4,42)
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Marilynne Morneau, alias Maple, a les cheveux gaufrés, du front tout le tour de la tête et la langue bien pendue. Tout juste sortie de prison, elle veut se refaire. « J’étais prête pour ma résurrection sociale, ma revanche, un nouveau départ. Je suis superstitieuse, il paraît qu’être amoureuse, riche et en santé, ça porte bonheur. J’avais envie d’essayer. » D’abord, retrouver ses copines de la rue, celles qui lui sont encore loyales, et joindre ses pas aux leurs dans la pratique du plus vieux métier du monde. La suite, il faut le découvrir dans ce polar déjanté ourdi par David Goudreault, à la plume toujours aussi acérée et caustique. J’ai rigolé, surtout dans la première moitié du roman, alors que les métaphores drolatiques fusaient à toute allure sous mes yeux. Maple est une bête de scène comme celle imaginée par l’auteur dans sa trilogie. « Une chatte de ruelle dans une chienne de vie. » Mais sous la chape de l’humour cinglant de ses personnages, David Goudreault se pose en sociologue d’une faune bigarrée et interlope que l’on préfère ignorer et éviter au quotidien. Une lecture animée et haute en couleur, vite lue mais sensiblement prégnante.
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Jetez-moi aux chiens

Par Patrick McGuinness
(4,0)
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Le suspect du meurtre d’une jeune femme, sa voisine, subit un interrogatoire serré mené par deux enquêteurs Gary Maffet et Alexander Widdowson. L’un des deux policiers le reconnaît comme ayant été son professeur au collège. Un laps de temps s’écoulera avant qu’Alexander révèle cette information à son collègue et que le prévenu, Michael Wolphram, se souvienne de lui. L’enquête qui devait se boucler facilement s’avérait dès lors plus complexe, remettant en cause la vision en tunnel observée par la police depuis le début de cette affaire. Avec un titre pareil, Jetez-moi aux chiens laissait présager le pire. L’histoire ne se limite pas qu’au meurtre sordide survenu au temps présent mais se transpose rapidement dans les souvenirs d’Alexander, à l’époque de ses études secondaires dans un pensionnat dirigé par des hommes inaptes à la tâche. C’est ce tour psychologique donné au récit qui en fait toute sa force. Les Cent derniers jours, son premier roman, m’avait impressionnée et ce second vient conforter sa position d’écrivain talentueux.
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Monsieur Faustini part en voyage

Par Wolfgang Hermann
(4,0)
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M. Faustini se définit lui-même comme un « voyageur du minuscule ». Afin de contrer le « bloc d’ennui » qui, parfois, s’est déposé au pied de son lit au matin, il s’efforce de sortir de sa maison. Il explore alors les rues de sa petite ville autrichienne, s’efforçant de jeter un regard différent sur toutes choses et gens qu’il croise. À l’invitation pressante de sa sœur qu’il n’a pas vue depuis longtemps, il se résout à quitter son chat pour se rendre en Suisse. Un trajet qu’il fera en train, le seul transport à la mesure d’un temps que M. Faustini ne veut pas voir s’écouler trop vite. Un éloge à la lenteur, au plaisir de perdre son temps et à l’idée que l’ennui, accueilli pleinement, peut aussi se révéler un moteur de changement. J’ai pris beaucoup de plaisir au récit de cet homme seul face au quotidien et qui choisit de se rééquilibrer pour mieux avancer. Un personnage fort sympathique au demeurant, que je m’imagine aisément retrouver dans un second volet de ses déambulations intérieures et extérieures.
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Roman fleuve

Par Philibert Humm
(4,0)
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« Disons-le tout net, s’il n’est pas formellement interdit de descendre la Seine à la rame sur un canot à voile, cela n’est pas très autorisé non plus. (…) En d’autres termes, la Seine n’est pas prévue à cet effet. Mais n’est-ce pas cela que l’aventure : quitter les rails et mordre la ligne blanche, sauter les barrières, voyager où l’on ne voyage pas? Réponse : oui. » Philibert Humm, autoproclamé capitaine, et ses matelots Samuel Adrian, quartier-maître écopier et François Waquet, major, s’embarquent sur un canot baptisé Bateau, afin de rallier Paris au Havre par la Seine. Les jours défilent par tous les temps (canicule, pluie, fort vent, orage), entrecoupés de rencontres inattendues et parfois drôles, de quelques chavirements et toujours, à la fin du harassant travail à la rame, de nuitées passées sur les nombreuses îles et îlots parsemant le cours du fleuve. C’est réellement le ton et l’écriture qui font de ce récit un petit bijou littéraire. Car il ne se passe pas grand-chose pendant le périple nautique de nos trois marins d’eau douce. Sauf à écouter l’auteur nous livrer ses apartés historiques sur les bourgades entrevues depuis la rive, ses anecdotes personnelles et ses réflexions anodines sur ses compagnons. La promiscuité et l’étrangeté de l’aventure poussent aussi parfois à l’envolée philosophique et le trio ne s’en prive pas. J’ai beaucoup aimé : la partie n’était pas gagnée, cependant, car les premières pages ne sont pas accrocheuses. Il faut forcer un peu et dès lors que j’ai craqué le code, je suis montée avec eux dans le Bateau et vogue la galère!
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Kasso

Par Jacky SCHWARTZMANN
(3,0)
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«Des poissons rouges, les gens, ils vivent en boucle, passent devant moi, gobent et repartent. Enfin, c’est surtout moi qui repars. » Jacky Toudic, 47 ans, est le sosie de l’acteur Mathieu Kassovitz, un atout pour escroquer les crédules friqués et les filles à tomber. De retour à Besançon sa ville natale, il doit s’occuper de sa mère atteinte d’Alzheimer, en « phase terminale de disque dur ». Entre les rencontres au bar avec les copains d’antan et une romance débutée sur Tinder avec Zoé, une avocate-fiscaliste, Kasso concocte encore une de ses arnaques, la dernière, se jure-t-il et non la moindre. C’est son dernier roman Shit qui m’avait tout d’abord attirée. Kasso étant disponible à la bibliothèque du quartier, c’est donc lui qui m’a servi de tremplin pour entrer dans l’univers de Jacky Schwartzmann. Un humour noir et cynique traverse le roman, allégeant du même coup les thèmes évoqués, même les plus glauques. Les descriptions des personnages à elles seules valent le détour ainsi que l’étalage des travers de nos sociétés occidentales. Ça se lit rapidement, on sourit et on rigole, c’est tout ce qui compte pour se changer les idées, non?
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Joseph Anton

Par Salman Rushdie
(4,0)
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« L’amour de la littérature était une chose impossible à expliquer à ses adversaires qui n’aimaient qu’un seul livre, dont le texte était immuable et fermé à toute interprétation puisque c’était de toute éternité l’œuvre de Dieu. » Le 14 février 1989, tombait sur la tête de Salman Rushdie une fatwa, sentence mortifère émanant de l’ayatollah Khomeiny, alors président de la république islamique d’Iran. C’est le point de départ de cette autobiographie dense qui traverse dix ans d’une vie d’assignation à résidence pour Rushdie, éclairée par quelques échappées hors de son bocal, non sans peine et sans crainte. Contraint de vivre en permanence entouré d’une garde de policiers de la Special Branch britannique, le célèbre auteur des Versets sataniques voit son existence familiale et professionnelle complètement chamboulée du jour au lendemain, interdit de séjour dans son pays d’origine, l’Inde, ostracisé par les citoyens de confession musulmane du monde entier, persona non grata de tout événement public et bloqué par la plupart des compagnies aériennes. Ce que raconte Rushdie est profondément choquant et bouleversant, et il le fait sans concession et avec grande ouverture. J’ai d’abord été déroutée par la narration distanciée qu’il emploie, se livrant au lecteur à la troisième personne du singulier. « Il était un homme sans armée contraint de se battre en permanence sur plusieurs fronts. » L’appui et le soutien de ses éditeurs, de ses amis écrivains et de sa famille lui ont permis de résister à la tempête médiatique, et ce, malgré l’inertie et l’attentisme des politiciens au pouvoir à cette époque. Le récit n’est pas sans humour, le genre pince-sans-rire, et qui s’avère ici salutaire à la lecture, donnant un peu d’air frais au huis-clos littéraire. Joseph Anton (son pseudonyme issu des prénoms de Joseph Conrad et d’Anton Tchékhov) offre plus de 700 pages de papier bible sur les méandres de l’imagination et de l’écriture, éloge de la littérature sous toutes ses formes et quête absolue de la liberté d’expression chère à tout artiste. Salman Rushdie a déjà prouvé sa résilience et son courage et je souhaite qu’il en trouve encore à puiser en lui-même pour l’avenir de la littérature.
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Le mage du Kremlin

Par Giuliano Da Empoli
(4,25)
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Un journaliste étranger résidant à Moscou fait la rencontre, par un hasard que seul Internet peut concrétiser, un ancien conseiller de Vladimir Poutine. Vadim Baranov, toujours en vie malgré sa démission et son retrait de l’arène politique, prend alors le plancher de la narration et raconte à son interlocuteur les manœuvres mises en place pour donner à Poutine sa légitimité de leader suprême du peuple russe. « Réprimer la dissidence est grossier. Gérer le flux de la rage en évitant qu’elle s’accumule est plus compliqué, mais beaucoup plus efficace. Pendant de nombreuses années, mon travail, au fond, n’a été rien d’autre que cela. » Désinformation, contrôle du message, revanche, voilà ce à quoi s’occupent les hommes de pouvoir pendant que le citoyen moyen s’évertue à vivre le plus dignement possible. Le mage du Kremlin ou le nouveau Raspoutine, ce Vadim Baranov, offre une figure des plus cyniques de la politique et dans sa retraite, sa posture de père de famille bienveillant ne peut racheter ses années de manipulation à la tête de l’État. Un roman dérangeant et choquant que j’ai lu avec un intérêt mélangé à un profond dégoût pour cette race d’humain détenant un pouvoir de vie et de mort sur ses semblables. « Il n’y a rien de pire que le virus de la politique. Surtout quand il frappe ceux qui n’ont pas d’anticorps pour le tenir sous contrôle. »
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Outlander T.9.2 : L'adieu aux abeilles

Par Diana Gabaldon
(4,5)
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La fin de cette deuxième partie du neuvième tome nous laisse sur une probable suite et je m’en réjouis à l’avance. Ce roman-feuilleton, depuis le début, me tient bien accrochée, grâce à ses personnages, devenus aussi familiers que de proches parents, et dont l’évolution à travers l’espace-temps fascine. Le voyage temporel, comme trame de fond, procure aussi son petit effet magique, un fil narratif toujours présent derrière les dialogues et les événements du quotidien. Les combats pour l’indépendance des colonies américaines se poursuivent autour du domaine de Fraser’s Ridge, contraignant Jamie à former sa propre milice afin de veiller à la sécurité de ses protégés. Entre les troupes loyalistes et celles des rebelles menées par Washington, évoluent Claire et sa famille élargie vaquant à leurs occupations journalières. On est loin du tourbillon des premiers tomes et cependant, rien ne peut essouffler mon envie d’avoir des nouvelles de tous ceux qui peuplent l’univers particulier créé par Diana Gabaldon. Comme une incorrigible convertie, j’accorde donc mes sempiternelles quatre étoiles à cet énième volet, dont je n’espère pas la fin de sitôt.