Activités de STÉPHANE LAROSE

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Corde au Cou (La)

Par Claude Jasmin
(3,0)
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Les premiers romans de Claude Jasmin ont été regroupés par l'auteur lui-même dans ce qu'il a appelé "le cycle de la violence", et c'est tout à fait justifié. "La corde au cou", publié en 1960 et deuxième roman de l'auteur, met en scène un jeune homme qui tue sa "maîtresse" sans qu'on ne sache trop pourquoi, du moins au début du roman. Il fuit non seulement les policiers à ses trousses mais aussi la population de la région qui semble être toute au courant de ce qu'il a fait. Durant sa fuite, il commet d'autres crimes tout en se remémorant avec douleur les différentes étapes de sa vie misérable. Le texte est écrit dans une sorte de français international, aux antipodes du joual de "Pleure pas, Germaine" du même auteur et écrit aussi dans les années soixante. Le mal-être du personnage principal, sa violence, son rejet des valeurs sociales et des humains qui composent la société québécoise d'alors sont si profonds qu'il est difficile d'éprouver une quelconque sympathie pour ce gars auquel Jasmin n'a même pas assigné de nom ou de prénom. J'avoue avoir été très surpris d'apprendre que "La corde au cou" est mis au programme de certains cours de français. Certes, le livre a gagné un prix prestigieux lors de sa sortie, a été adapté pour le cinéma en 1965 et peut être aisément analysé pour en faire ressortir un deuxième et peut-être même un troisième degré. Mais au premier degré, cela demeure un roman excessif, sans compromis, sans rédemption possible pour son protagoniste et au bout du compte sans grand suspense, sans grande surprise et d'un intérêt mitigé
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Pleure pas Germaine

Par Claude Jasmin
(4,5)
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Il fut un temps où s'en aller faire le tour de la Gaspésie relevait de l'aventure, du voyage qu'on retiendrait toute sa vie. Alors qu'aujourd'hui, notamment à cause de l'internet, les différences culturelles entre cette région de l'est du Québec et les autres ont sensiblement diminué, dans les années soixante c'était quasiment un autre pays qu'on allait visiter en partant de Montréal. Sans oublier les routes de la région qui étaient loin d'être aussi sécuritaires que maintenant. C'est donc effectivement à une aventure familiale que nous convie l'auteur Claude Jasmin ici, en mettant en scène une famille pauvre de Montréal (le père, la mère et leur quatre enfants) qui quitte la ville non pas pour faire du tourisme mais pour émigrer, espérant que leur vie sera plus facile là-bas. Cette aventure prend rapidement des allures de voyage initiatique. Ainsi, à Saint-Quentin, le père reprend contact avec l'enfant en lui et la famille rencontre une sorte de beatnik que le père identifie à Jésus-Christ. Au zoo de Québec, Murielle, leur fille de 14-15 ans, découvre l'amour en la personne d'un étudiant de la ville. Deux autres enfants de la famille découvriront même le monde du cinéma rendus en Gaspésie. Le ton du roman est volontairement léger, drôle, caricatural même. Son écriture en un joual fortement prononcé d'un bout à l'autre renforce cette atmosphère bon enfant. Mais tout cela vise à masquer la dureté de la pauvreté et de la misère qui affecte cette famille, sans compter la violence qui l'a frappée. En effet, l'humour omniprésent contraste étrangement avec le fait que cette famille de la rue Drolet a perdu une de leurs filles, Rolande, violée et assassinée il y a seulement huit mois ! Ce voyage d'ailleurs a aussi comme but pour le père, Gilles, de retrouver le meurtrier de sa fille qui se serait sauvé dans sa famille à Anse-à-Beaufils (et qui semble lié au non-nommé FLQ). Mais "Pleure pas, Germaine" est plus que le portrait d'une famille parmi d'autres : c'est celui du Québec francophone tout entier, pauvre d'un bout à l'autre, mais encore fier et plein d'espoir, notamment en sa jeunesse. Un tour de force signé Claude Jasmin.
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Pleure Pas, Germaine

Par Claude Jasmin
(5,0)
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Il fut un temps où s'en aller faire le tour de la Gaspésie relevait de l'aventure, du voyage qu'on retiendrait toute sa vie. Alors qu'aujourd'hui, notamment à cause de l'internet, les différences culturelles entre cette région de l'est du Québec et les autres ont sensiblement diminué, dans les années soixante c'était quasiment un autre pays qu'on allait visiter en partant de Montréal. Sans oublier les routes de la région qui étaient loin d'être aussi sécuritaires que maintenant. C'est donc effectivement à une aventure familiale que nous convie l'auteur Claude Jasmin ici, en mettant en scène une famille pauvre de Montréal (le père, la mère et leur quatre enfants) qui quitte la ville non pas pour faire du tourisme mais pour émigrer, espérant que leur vie sera plus facile là-bas. Cette aventure prend rapidement des allures de voyage initiatique. Ainsi, à Saint-Quentin, le père reprend contact avec l'enfant en lui et la famille rencontre une sorte de beatnik que le père identifie à Jésus-Christ. Au zoo de Québec, Murielle, leur fille de 14-15 ans, découvre l'amour en la personne d'un étudiant de la ville. Deux autres enfants de la famille découvriront même le monde du cinéma rendus en Gaspésie. Le ton du roman est volontairement léger, drôle, caricatural même. Son écriture en un joual fortement prononcé d'un bout à l'autre renforce cette atmosphère bon enfant. Mais tout cela vise à masquer la dureté de la pauvreté et de la misère qui affecte cette famille, sans compter la violence qui l'a frappée. En effet, l'humour omniprésent contraste étrangement avec le fait que cette famille de la rue Drolet a perdu une de leurs filles, Rolande, violée et assassinée il y a seulement huit mois ! Ce voyage d'ailleurs a aussi comme but pour le père, Gilles, de retrouver le meurtrier de sa fille qui se serait sauvé dans sa famille à Anse-à-Beaufils (et qui semble lié au non-nommé FLQ). Mais "Pleure pas, Germaine" est plus que le portrait d'une famille parmi d'autres : c'est celui du Québec francophone tout entier, pauvre d'un bout à l'autre, mais encore fier et plein d'espoir, notamment en sa jeunesse. Un tour de force signé Claude Jasmin.
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The Human Stain

Par Philip Roth
(4,0)
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Elegant Universe

Par Brian GREENE
(4,0)
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L'ouvrage date un peu (la physique étant un domaine en pleine effervescence), mais tout même, si vous êtes un étudiant au secondaire ou au collégial et que la physique vous intéresse, ou alors un adulte qui a développé une passion pour la physique, notamment la compréhension de notre univers, ce livre est à lire. L'auteur est un remarquable pédagogue et il a le don d'expliquer avec des figures et des analogies très concrètes les faits, les lois, les fondements de notre monde immédiat et lointain, du plus grand au plus petit de ses éléments. Greene nous présente aussi une théorie révolutionnaire (celle des cordes) qui permettra peut-être d'unifier toutes les branches de ce vaste domaine. Notez cependant que la lecture de cet ouvrage pourrait être ardue pour vous si vous ne possédez pas déjà un esprit scientifique. Disponible en français sous le titre "L'univers élégant" chez Gallimard : https://www.quialu.ca/produit/9782070302802
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Des Branches de Jasmin

Par Claude Jasmin
(5,0)
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Claude Jasmin fut un auteur québécois prolifique qui souvent adorait puiser à même ses souvenirs la matière première de ses œuvres. C'était un raconteur de premier ordre, le peintre d’un foisonnant univers, essentiellement montréalais, situé entre l’imaginaire et la réalité ; un univers toujours le même et en même temps toujours nouveau et différent. Jasmin savait aussi comment bien marier le dramatique et le comique. « Des branches de jasmin » en est un parfait exemple. L'auteur nous raconte, en une suite de courts chapitres sans aucun ordre chronologique, les merveilleux moments qu’il a passés à jouer avec ses petits-enfants dans les années ’80 et ’90. Chaque chapitre a tendance à se concentrer sur une date ou un mois précis, et sur une aventure souvent hilarante vécue avec ses petits-enfants, qu’il narre avec attendrissement. Également, dans presque chaque chapitre, Jasmin se remémore ses lectures scientifiques du temps ayant pour but d’enfin comprendre ce qu’est l’univers; et il dresse une liste rapide des événements politiques ou des décès survenus à la même période. Pourquoi faire tout cela ? Pourquoi ne pas seulement raconter ses souvenirs irrésistibles de papi plutôt que d’emmerder le lecteur avec la politique, la mort d’untel et sa recherche d’une définition de l’univers ? Peut-être pour nous montrer sans nous le dire que les nouvelles, la politique, même le sens à donner à la vie (que Jasmin recherche uniquement dans la science, écartant complètement la religion et la spiritualité), ce n’est pas important quand on est enfant et que tout cela, en rétrospective, n'aurait dû avoir aucune importance, point. Renouer avec le monde de l’enfance, comme le fait ce grand-père, voilà l'essentiel. J'invite particulièrement tous les grands-parents à lire ce livre, ainsi que toutes les personnes qui se cherchent un peu ou qui ont le cafard en ces temps difficiles. C’est drôle, charmant, intelligent : une œuvre parfaite pour s’initier à la littérature québécoise. J'ose espérer que son décès suscitera une réédition de l'ensemble de son œuvre, car la majorité de ses romans et pièces de théâtre ne sont malheureusement plus disponibles en librairie.
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Matricule 728 : servir et se faire salir : mon histoire

Par Bernard Tétrault et Stéfanie Trudeau
(3,0)
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La plupart d’entre nous se rappellent encore très bien de la crise étudiante de 2012, et de ses porte-paroles devenus rapidement vedettes médiatiques : Martine Desjardins, Léo Bureau-Blouin, Gabriel Nadeau-Dubois. Du côté des policiers cependant, une seule vedette, et cela bien malgré elle : Stéfanie Trudeau, mieux connue sous l’appellation de « matricule 728 », dont l’attaque au poivre de Cayenne sur des manifestants ainsi qu’une autre intervention musclée de sa part quelques mois plus tard ont été filmées et diffusées partout sur la planète. Ce livre nous permet de connaître la version de Stéfanie Trudeau, c’est-à-dire comment elle et les autres policiers ont vécu les manifestations étudiantes, et ce qui selon elle s’est vraiment passé lorsque ses interventions ont été filmées. Ce livre nous donne l’occasion également de découvrir tout le parcours professionnel de cette policière avant les dits événements, et comment elle a vécu l’enfer médiatique et bureaucratique qui a suivi. Son témoignage devrait être lu par tous ceux qui se sont sentis concernés par la crise étudiante de 2012, peu importe votre opinion sur le sujet. On divulgue des informations intéressantes sur cette période qui n'avaient jamais été rendues publiques auparavant et qui permettent de relativiser bien des choses, même si vous ne serez probablement pas toujours d’accord avec ce que Stéfanie Trudeau exprime. Il est fort dommage par contre que le récit des événements et de la façon dont Stéfanie les a vécus soit si répétitif, que le vocabulaire utilisé le soit également. Aussi, plusieurs fautes de français n’ont malheureusement pas été corrigées avant publication. Stéfanie Trudeau ne sera plus jamais policière. Mais méritait-elle vraiment qu'on l'écarte ainsi ?
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Grand Mensonge du Féminisme (Le)

Par Jean-Philippe Trottier
(2,0)
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Très peu d’essais critiques sur le féminisme au Québec ont été publiés. C’est sans contredit un sujet délicat, peut-être même tabou, en particulier pour les auteurs masculins… L’auteur étant en plus ici un philosophe de droite et un animateur à la station de radio religieuse Ville-Marie, on se serait attendu à ce qu’un essai sur ce sujet suscite vives réactions, critiques, déclarations de soutien à l’auteur, et bien plus encore. Un peu comme cela avait été le cas avec le Manifeste d’un salaud de Roch Côté en 1990. Sauf que Côté se trouvait à réagir au très récent drame de Polytechnique et basait ses opinions et ses idées sur l’actualité; alors que Trottier, lui, s’appuie sur la philosophie, l’histoire, la religion et se trouve à intervenir en 2007… dans un non-débat ! Et surtout, il faut bien le dire, l’essai qu’il nous présente est un fouillis, souvent ennuyeux, trop souvent incompréhensible, rempli de citations et de références qu’on tente désespérément de faire tenir ensemble sans jamais y parvenir. Il est manifeste que le lectorat visé n’est pas le grand public, mais même les intellectuels ici ont de quoi en perdre leur latin ! Bref, cet ouvrage est à éviter !
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Oratorio : un monde qui arrive, un autre qui part

Par Pierre Brassard
(1,0)
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En 2061, l'islam est la religion dominante sur l'île de Montréal. Pourquoi ? Est-ce que cela est dû à une opération de conversion massive ? À l'envahissement d'immigrants musulmans ? On ne nous le dit pas. Tout ce qu'on sait, c'est que c'est passablement tranquille à Montréal et dans la province de Québec côté attentats, alors que ça n'est pas le cas en Europe ou au Moyen-Orient. On fait connaissance rapidement avec Alexandre, un statisticien d'origine congolaise, qui lui fait la rencontre d'une policière de la Sûreté du Québec d'origine latino qui adore l'art et visiter les musées. Alexandre veut en savoir plus sur les organisations terroristes actuelles dans le monde. La policière le réfère à un professeur d'université. Et là, pendant presque 60 pages, Alexandre discute d'ésotérisme, de franc-maçonnerie, de Robert Bourassa et de sectes orgiaques au 4ième siècle après Jésus-Christ. Après avoir lu un tiers du roman, il ne s'est toujours à peu près rien passé et ce qu'on a lu est essentiellement un ensemble de conversations dans un français impeccable (et donc fort improbable !) entre gens qui semblent tous avoir passé leur vie à lire sur toutes les religions et les sectes du présent comme du passé. Je n'ai pu poursuivre ma lecture tellement c'était ennuyant et ridicule. On nous présente ce livre comme étant un polar et un roman d'anticipation ? C'est franchement désolant ! J'ai beau chercher, je ne peux trouver une seule qualité à ce livre et surtout à quel public il pourrait bien plaire. À fuir.
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Planète des singes(La)

Par Pierre BOULLE
(5,0)
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Excellente recommendation de lecture (ou d'écoute), David. Surtout que le roman est quand même assez différent des films qui ont été réalisés à partir du bouquin. Boulle est également très connu pour Le Pont de la rivière Kwaï, qui a aussi été transposé pour le cinéma. Il a écrit plusieurs autres romans plutôt méconnus du grand public, difficiles à trouver en librairie pour la plupart, et c'est bien dommage car c'est un auteur qui ne m'a jamais déçu, tant par son intelligence, son ironie et sa manière d'écrire qui garde le lecteur intéressé jusqu'à la fin. Je recommande la lecture de ces trois romans encore disponibles en librairie : Le sacrilège malais, Les oreilles de jungle et Les vertus de l'enfer.
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La nef des fous: nouvelles du Bas Empire

Par Michel Onfray
(3,0)
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Pour chaque jour de l'année 2020, Michel Onfray cite, commente et questionne toute nouvelle qu'il considère comme délire de notre temps. Bien sûr, il est question de politique française en grande partie, mais il est attentif à ce qui se passe dans le monde entier, notamment au Québec. Je ne sais pas trop comment Onfray réussit à rire (et à nous faire rire) de tout cela, car tant de délire de la part de la gauche extrémiste et du wokisme finit aussi par donner la nausée. Peut-être est-il préférable de lire cet essai lentement… Trois étoiles sur cinq, surtout parce qu'en grande partie seuls les Français y trouveront leur compte.
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La mort d'un commis de dépanneur

Par Jean-François Aubé
(4,0)
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Le titre du roman évoque celui en français d'une tragédie bien connue d'Arthur Miller, sans pourtant qu'il n'y ait de lien apparent entre les deux œuvres. Le narrateur est une sorte d'intellectuel raté, qui traîne avec lui une grosse dette qui a débuté avec un prêt étudiant jamais remboursé (il aurait pourtant pu déclarer une faillite personnelle ?). Après avoir perdu un emploi dans le domaine de l'informatique, on le retrouve dans une autre région où il se fait engager comme commis de dépanneur, propriété d'un couple chinois qui, assez rapidement, semble le laisser mener le commerce à sa guise, ce qui n'est certainement pas le cas du commis de dépanneur typique. On ne saura jamais ni son nom, ni son prénom. Il ne prononcera pas une seule parole de vive voix. Il n'a aucun ami, aucune passion, sauf le sexe sans attache. De ce côté des choses, en effet, tout va merveilleusement bien : il semble n'avoir aucune difficulté à recruter une partenaire d'un soir, même lorsque la compétition est féroce. Il vit pourtant assez pauvrement et même s'il sait se montrer habile poète dans la narration de sa vie, on peut douter que c'est son art de la conversation qui l'emporte puisqu'il a pris le temps de nous dire qu'il bégaie lorsqu'il parle. Peut-être est-il très beau, mais on ne sait rien de son physique ! Le premier roman de l'auteur gaspésien Jean-François Aubé est ainsi truffé d'invraisemblances et l'auteur semble avoir de la difficulté à établir quel genre d'homme est son personnage principal. Au départ, le commis semble agir et penser un peu comme Jodoin dans "Le Libraire" de Gérard Bessette : il calcule les efforts physiques à déployer, il classe les clients en catégories, il semble peu enclin à socialiser avec la clientèle. Mais rapidement et sans que ça ne soit le moindrement expliqué, il semble s'intéresser à chacun de ses clients, nous raconte "leur" histoire qui devient chacune un des chapitres du livre, puis il devient en quelque sorte leur travailleur social et même leur organisateur communautaire ! Malgré tout, ce roman vaut la peine d'être lu pour son écriture teintée d'humour noir, sa poésie et des images qui nous étonnent par leur vérité alors que l'histoire semble peu réaliste et surtout, surtout toute la beauté que l'auteur fait ressortir de la pauvreté ordinaire et des dépendances qui lui sont liées. Oui, on songe à Baudelaire ici, surtout celui du "Spleen de Paris". Je crois sincèrement que Jean-François Aubé a le potentiel pour devenir l'un de nos plus grands auteurs contemporains et j'ai bien hâte de découvrir son prochain roman !
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L'Ennui

Par Alberto Moravia et Claude Poncet
(3,0)
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J'ai découvert l'écrivain italien Alberto Moravia il y a plusieurs années en lisant "L'Ennui", publié en 1960. Je trouvais le titre amusant, intrigant et même provocateur. Je me disais que le roman devait être soit très ennuyant, soit au contraire tout à fait désennuyant. Dès les toutes premières pages, on découvre un roman existentialiste et un personnage-narrateur qui rappelle celui de "L'Étranger" de Camus, de "La Nausée" de Sartre, du "Libraire" et de "La Commensale" de Gérard Bessette. Un être qui se situe en-dehors du monde qui l'entoure par sa façon particulière de penser, de voir les choses, de ressentir. Dans ce cas-ci, il s'agit d'un peintre raté appelé Dino, 35 ans, issu d'une famille très riche de la haute bourgeoisie, et qui s'ennuie. Cet ennui est défini comme une impossibilité d'être en lien avec quelque chose ou quelqu'un. Dino fera la rencontre de Cecilia, jeune modèle de 17 ans, avec laquelle il fera l'amour de manière compulsive, sans jamais réussir à ressentir qu'il la possède. Il faut dire que Cecilia aussi est un personnage qui, sans ressentir elle-même l'ennui, n'a pas de liens particulièrement forts avec les choses et les êtres qui l'entourent, ce qui fait d'elle une fille particulièrement … ennuyante ! Alors que j'avais vraiment très apprécié lire ce roman à l'époque, sa relecture ne m'a pas vraiment plu. C'est long, répétitif et cela m'est apparu surtout très dépassé. Je ne parle pas ici de l'aspect existentialiste du roman mais plutôt de la critique de la bourgeoisie italienne de l'époque et de la dynamique des rapports homme-femme qui a beaucoup changé depuis.
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Une aventure de Lorenzo Falco. Sabotage

Par Arturo Pérez-Reverte et Gabriel Iaculli
(5,0)
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Troisième tome des aventures de Lorenzo Falco et, à mon avis, le meilleur jusqu'à maintenant. L'écrivain espagnol Arturo Pérez-Réverte s'est bien repris après l'assez ennuyeux "Eva". Celui-ci s'appelle "Sabotage" car Falco se voit demander de remplir deux missions de sabotage en même temps : détruire une œuvre de Pablo Picasso avant qu'elle ne puisse être dévoilée à "L'Exposition Internationale des Arts et des Techniques dans la Vie moderne" de Paris en 1937 ; détruire aussi la réputation d'un intellectuel français ayant des sympathies communistes. Pour ce faire, Falco devient un riche homme d'affaires espagnol résidant à Cuba, qui feint d'être grand amateur d'art et de vouloir contribuer au financement d'un film de propagande de l'écrivain intellectuel français. Celui-ci porte le nom fictif de Léo Bayard mais les commentateurs s'entendent sur le fait qu'il s'agit d'André Malraux. D'autres personnages du roman seraient également des alter ego de personnes ayant réellement existé. L'action se passe donc cette fois à Paris et le romancier semble prendre grand plaisir à faire vivre à son lectorat l'atmosphère des clubs de nuit de la Ville lumière, notamment grâce aux interactions entre Falco et d'anciennes connaissances de boites allemandes réfugiées à Paris pour cause d'orientation sexuelle ou de race. Sabotage est un roman rempli d'action, d'humour, de surprises et même de joie de vivre dans un contexte politique et social pourtant tout aussi violent, sérieux et déprimant que les deux précédentes aventures de l'espion. On mentionne que Sabotage serait la dernière aventure de Lorenzo Falco ? J'espère bien que non !
S
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Sabotaje / Sabotage

Par Arturo Pérez-Reverte
(5,0)
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