Activités de STÉPHANE LAROSE

"Août 1989. Solène et Raphaël, des jumeaux de 11 ans originaires du village de Piolenc, dans le Vaucluse, disparaissent lors de la fête de l'ail. Trois mois plus tard, seul l'un d'eux est retrouvé, mort. Juin 2018. De nouveaux enfants sont portés disparus à Piolenc. L'histoire recommence en écho aux événements survenus presque trente ans avant." Il n'est certes pas étonnant que ce thriller ait mérité un prix prestigieux en France. L'auteure accroche bien son lectorat dès le début, les chapitres sont courts, les rebondissements sont fort nombreux et épaississent le mystère jusqu'à la presque toute fin. Puis, il faut bien le dire, ça concerne des enfants, ce qui aide à conserver l'intérêt, l'inquiétude et taire l'impensable. Jusqu'à ce qu'on nous abreuve de notions de pédopsychiatrie à cinq cennes en guise d'hypothèses pour trouver, comprendre et résoudre, on avait là un thriller presque parfait. Passe encore lorsque ce sont des pseudo … pardon, des pédopsychiatres qui parlent, mais lorsque les enquêteurs deviennent soudainement eux aussi des experts en psychiatrie des enfants, là on a le goût de débarquer du bateau qu'on avait jusqu'ici bien mené. Finalement, le fond de l'affaire manque de vraisemblance et de crédibilité et en dégoûtera plus d'un.

"Août 1989. Solène et Raphaël, des jumeaux de 11 ans originaires du village de Piolenc, dans le Vaucluse, disparaissent lors de la fête de l'ail. Trois mois plus tard, seul l'un d'eux est retrouvé, mort. Juin 2018. De nouveaux enfants sont portés disparus à Piolenc. L'histoire recommence en écho aux événements survenus presque trente ans avant." Il n'est certes pas étonnant que ce thriller ait mérité un prix prestigieux en France. L'auteure accroche bien son lectorat dès le début, les chapitres sont courts, les rebondissements sont fort nombreux et épaississent le mystère jusqu'à la presque toute fin. Puis, il faut bien le dire, ça concerne des enfants, ce qui aide à conserver l'intérêt, l'inquiétude et taire l'impensable. Jusqu'à ce qu'on nous abreuve de notions de pédopsychiatrie à cinq cennes en guise d'hypothèses pour trouver, comprendre et résoudre, on avait là un thriller presque parfait. Passe encore lorsque ce sont des pseudo … pardon, des pédopsychiatres qui parlent, mais lorsque les enquêteurs deviennent soudainement eux aussi des experts en psychiatrie des enfants, là on a le goût de débarquer du bateau qu'on avait jusqu'ici bien mené. Finalement, le fond de l'affaire manque de vraisemblance et de crédibilité et en dégoûtera plus d'un.

La maison d’éditions Nota bene, bien connue des milieux universitaires culturels québécois, particulièrement des littéraires, publie ici un ouvrage dynamique qui, autant par sa forme que son contenu, devrait en étonner plusieurs. En effet, on y traite d’histoire et de culture québécoise sous la forme d’un portrait animé et divertissant de la métropole des années 1899-1929, un portrait composé de chroniques agréables à lire et portant chacune sur un événement culturel précis. Ce n’est pas la nostalgie qui sert de moteur à ce projet, mais bien la modernité : celle de l’époque qu’on relie subtilement à la nôtre. Ainsi, nous sommes tous fascinés par les nouveaux médias, comme l’étaient nos ancêtres à l’arrivée du gramophone, du Ouimetoscope et de la radio. Différentes ethnies étaient déjà bien présentes au début du vingtième siècle culturel à Montréal. Les femmes participaient déjà aussi très activement à diverses manifestations de notre culture, certaines pouvant même être qualifiées de féministes. Bien avant la commission Charbonneau, il y eut la commission Cannon et la commission Coderre ! Avant Châtelaine, il y a eu La Revue moderne, etc. En plus du lien entre la modernité d’alors et celle d’aujourd’hui, il y a, dans la plupart de ces événements et dans la façon qu’on nous les fait revivre, presque toujours cette volonté de rapprochement entre la grande culture et celle dite populaire. Cela aussi est une préoccupation bien de notre époque, comme en témoignait justement l’intention manifeste de Nota bene d’élargir son public avec cet ouvrage.

Le résumé du livre par l'éditeur est quelque peu trompeur. Il laisse entendre que Marie Curie fut plus qu'une "travailleuse acharnée et brillante, pionnière dans le domaine de la radioactivité, et Prix Nobel à deux reprises". Qu'elle fut aussi "une mère attentive, une épouse dévouée, une amante passionnée, une femme perdue en un temps qui lui refusa la reconnaissance qu'elle méritait". Pourtant, la biographe insiste beaucoup sur le fait que Marie Curie et son mari, Pierre Curie, travaillaient sans relâche, oubliant de se nourrir au point d'en tomber malade ! Si, après la mort de son mari, elle en aime un autre, cela semble être surtout une relation épistolaire ! Une mère attentive ? Pas vraiment. Et la reconnaissance et la gloire, tout comme l'argent, elle n'y accorde aucune importance. Marie Curie ne vivait vraiment que pour son travail, défendant son legs aveuglément, au point de ne jamais avoir voulu vraiment croire, malgré tous les signaux d'alarme qu'elle a reçus, que le radium pouvait être vraiment nocif pour la santé humaine. Elle possédait cependant une grande qualité : celle de vouloir, par son travail, aider l'humanité. Cela elle le fit, de plusieurs façons, notamment en formant sur le tas des femmes chargées de radiographier les soldats français blessés sur le champ de bataille lors de la première guerre mondiale. Cependant, je dois avouer que, pour ma part, j'ai plus ou moins apprécié cette biographie en particulier. Le texte de l'auteure se noie parmi les trop nombreuses et souvent trop longues citations extraites, le plus souvent, de lettres écrites par Marie Curie et autres. De plus, bien que chaque titre de chapitre comporte une date de début et de fin, on s'aperçoit (un peu trop tard) que ces chapitres se suivent sans respecter la chronologie, ce qui donne lieu à plusieurs redites, plusieurs anticipations, plusieurs retours en arrière qui déstabilisent le lecteur et ne facilitent en rien la compréhension de la vie de Marie Curie. Au bout du compte, cette lecture m'aura surtout laissé … le goût de trouver une meilleure biographie de cette scientifique !

L'auteure Sharyl Attkisson est une journaliste télé renommée aux États-Unis, notamment dans un créneau de moins en moins populaire : le journalisme d'enquête. Elle a entre autres travaillé longtemps pour CBS et CNN. Elle en est venue à démissionner de CBS car ses reportages, d'abord acceptés par CBS Washington DC où elle travaillait, n'étaient finalement pas diffusés sur ordre de CBS New York. Pourquoi ? Parce que ce que ses reportages heurtaient soit des gens importants de la gauche américaine ou ce qu'elle appelle en anglais "the Narrative". Il n'y a pas vraiment de mot ou même d'expression en français pour traduire ce concept. "The Narrative" correspond à un ensemble d'opinions, de croyances et d'idées reçues qu'on ne doit jamais mettre en doute. Une sorte de credo politique mais très proche du credo religieux. Selon Attkisson, les médias d'information n'informent plus (dans le sens de rapporter les faits et les deux possibles côtés de la médaille) : il disent quoi penser. Les journalistes ne sont plus des journalistes mais des gens qui transmettent leurs opinions dans le but de convaincre. Bref, les journaux et les réseaux d'information sont trop ouvertement à gauche (dans la plupart des cas) ou trop ouvertement à droite (une minorité de cas) tout en essayant de faire croire au public qu'ils sont neutres. L'auteure apporte plusieurs exemples pour appuyer son propos et se montre en général assez convaincante. Il est cependant très clair qu'elle-même est de droite et pro-Trump; ses exemples dénonçant d'ailleurs surtout les agissements journalistiques et politiques de la gauche. Malgré ce fait, je vous recommande la lecture de ce livre qui révèle ce qui se passe dans les coulisses des journaux et des réseaux d'information américains de manière intéressante, fascinante même. L'occasion aussi de voir Donald Trump sous un point de vue qui détonne du "Narrative" de Québecor ou de Radio-Canada, sans sombrer dans l'excès contraire.

Un livre choc (c'est le cas de le dire) qui décrit, toujours avec preuves à l'appui, toutes les écoeuranteries faites par les États-Unis dans leur propre pays mais surtout dans les pays étrangers, au nom du capitalisme : Amérique du Sud, Afrique du Sud, Union Soviétique, Pologne, Iraq, etc. Je l'avoue : j'ai dû cesser ma lecture de cette brique de 700 pages après en avoir lu la moitié tellement c'est dégoûtant et assommant. Ce best-seller a été publié en 2008 mais je crois qu'en ces temps pandémiques, il est plus pertinent que jamais de le lire (en partie du moins). Le titre français est "La stratégie du choc - la montée d'un capitalisme du désastre", disponible en plusieurs éditions.

"Le célèbre peintre Bob Ardlan est retrouvé mort. Il semble être tombé du balcon de sa somptueuse villa de bord de mer au sud de Naples. Son ex-gendre Tom Harvey mène l'enquête au milieu de la jet-set internationale." Tom n'appartient pourtant pas à la police et il n'est pas un détective non plus. C'est un joueur de saxophone qui espérait atteindre les sommets mais qui dans les faits doit joindre les deux bouts en travaillant comme guide touristique. Mais il tient à découvrir lui-même la vérité sur la mort de Bob Ardlan car celui-ci a tenté de le rejoindre par téléphone quinze minutes avant sa mort, alors que les deux hommes n'avaient plus de contacts entre eux depuis longtemps. Il faut dire aussi que l'ex-femme de Tom, Elena, lui a demandé de venir la soutenir dans cette épreuve difficile. Soulignons que Tom Harvey est le narrateur du roman, ce qui amène le lecteur à bien le connaître, à le trouver sympathique et à se faire du souci pour lui et à lui faire entièrement confiance. Il est aussi un "outsider" par rapport à cette société composée de gens riches et célèbres, notamment des artistes et ceux qui gravitent autour : des gens souvent beaux, riches ou qui ont du pouvoir mais pas nécessairement sympathiques à nos yeux. Reste que le portrait fait par Mikel Santiago de cette jet-set est fascinant et que les personnages nous apparaissent bien réels, ce qui n'est malheureusement pas le cas chez bien d'autres auteurs de thrillers ou de polars. Les démarches menées par Tom Harvey vont susciter beaucoup d'événements, certains mettant sa propre vie en danger. Tour à tour, presque chaque personnage deviendra suspect durant un certain temps et c'est seulement vers la toute fin qu'on saura qui sont les coupables et quels sont leurs motifs. "L'étrange été de Tom Harvey" est un thriller crédible, rempli de rebondissements du début à la fin et que vous serez certainement tentés de lire jusqu'au bout sans vous arrêter.

Ancien présentateur à la télé française, Nicolas Beuglet nous présente ici son cinquième thriller, qui n'appartient pas à sa célèbre série "Sarah Geringën". L'histoire débute par une enquête policière sur un meurtre commis dans un monastère situé sur une petite île écossaise, une enquête menée par Grace Campbell, nouvelle héroïne de l'auteur. Se joindra à elle Naïs, une agente des services secrets américains, et le polar se transforme alors en un thriller d'aventures trempées de science-fiction et de nouvelles théories complotistes impliquant les fameux GAFA. Beuglet possède une belle écriture, un bon sens du rythme, de l'originalité et une habileté indéniable pour entraîner son public lecteur dans une histoire qui ne tient pas debout, malgré une prétention de l'auteur au "tout est vrai" (voir épilogue). On pourrait ajouter comme point positif le fait qu'on nous présente deux femmes "fortes" comme héroïnes, mais comme c'est souvent le cas dans ce genre de roman, on en apprend en fait très peu sur elles et ce qui leur a permis de devenir ce qu'elles sont aujourd'hui. "Le dernier message" est un thriller policier et de science-fiction qui s'inscrit dans l'air du temps et qui devrait plaire à bon nombre d'adolescents et jeunes adultes.

Frédéric Dard fut un écrivain très prolifique. Il a écrit entre autres 175 romans policiers sous le pseudonyme de San-Antonio, des romans racontant souvent (mais pas toujours) les enquêtes du commissaire du même nom. "Le pain des fossoyeurs" n'appartient pas à cette célèbre série. Il s'agit d'une tragédie écrite sous forme de roman noir, mettant en scène trois personnages principaux très différents les uns des autres, qui se retrouvent réunis par une sorte de destin qui demeure le véritable moteur de l'histoire entière. Une telle réunion de caractères incompatibles fait un peu penser à du Zola, mais à un Zola qui ne se prendrait pas du tout au sérieux. Frédéric Dard possède une belle écriture emplie d'ironie, de cynisme et de dérision : son humour est aussi noir que son propos. Le mari qui bat sa femme régulièrement et le prétendant qui doit violer l'épouse pour la convaincre de sa passion amoureuse font paraître ce roman encore plus cruel aujourd'hui qu'au moment de sa première parution, en 1957. Les amateurs de "gore", quant à eux, devraient apprécier les tribulations du personnage principal avec des cadavres déjà passablement décomposés. Tout cela est raconté en quelque deux cents pages seulement, donc à peu près impossible de s'ennuyer, même si le punch final est devenu, pour un lecteur de notre époque, assez prévisible.

Frédéric Dard fut un écrivain très prolifique. Il a écrit entre autres 175 romans policiers sous le pseudonyme de San-Antonio, des romans racontant souvent (mais pas toujours) les enquêtes du commissaire du même nom. "Le pain des fossoyeurs" n'appartient pas à cette célèbre série. Il s'agit d'une tragédie écrite sous forme de roman noir, mettant en scène trois personnages principaux très différents les uns des autres, qui se retrouvent réunis par une sorte de destin qui demeure le véritable moteur de l'histoire entière. Une telle réunion de caractères incompatibles fait un peu penser à du Zola, mais à un Zola qui ne se prendrait pas du tout au sérieux. Frédéric Dard possède une belle écriture emplie d'ironie, de cynisme et de dérision : son humour est aussi noir que son propos. Le mari qui bat sa femme régulièrement et le prétendant qui doit violer l'épouse pour la convaincre de sa passion amoureuse font paraître ce roman encore plus cruel aujourd'hui qu'au moment de sa première parution, en 1957. Les amateurs de "gore", quant à eux, devraient apprécier les tribulations du personnage principal avec des cadavres déjà passablement décomposés. Tout cela est raconté en quelque deux cents pages seulement, donc à peu près impossible de s'ennuyer, même si le punch final est devenu, pour un lecteur de notre époque, assez prévisible.