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Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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La maison Golden

Par Salman Rushdie
(5,0)
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Une première incursion dans l'univers de Salman Rushie et pour une première, c'est réussi! René Unterlinden, le narrateur, habite le même ensemble d'immeubles que la famille de Néron Golden, à New York City, la ville-phare des Etats-Unis. Golden, richissime homme d'affaires, a fui l'Inde avec ses trois fils Petronius (Petya), autiste de haut niveau, « un esprit prisonnier de lui-même purgeant une peine à perpétuité », Lucius Apuleius (Apu), artiste dandy et Dionysos (D.), à l'identité sexuelle floue. Nul ne sait pour quelles raisons obscures. « Ils se prenaient pour des Romains », en avaient emprunté les noms et se comportaient comme tels, sûrs de leurs avantages et de leur puissance financière sur le sol américain. le narrateur, séduit par cet étalage de vanité et d'assurance, s'attache à leurs pas et l'idée d'un scénario fait peu à peu son chemin dans son esprit. Et ce qu'il découvrira sur eux culminera dans une série de malheurs impossibles à prévoir. Un roman magistral alliant la tragédie grecque aux films de gangsters, truffé de références cinématographiques, de mythologie et de culture pop, superbement écrit et intelligemment mené. Une intrigue forte sur fond de politique américaine (l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, identifié au Joker des comics, a cartoon president comme dans la bande dessinée télévisée). Une plume éloquente au service d'une brillante analyse du monde moderne.
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Pélagie-la-Charrette

Par Antonine Maillet
(4,0)
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« Un peuple qui n'a pas oublié la France après un siècle de silence et d'isolement n'oubliera pas au bout de quinze ans d'exil ses rêves d'Acadie. Il se souvenait de sa frayère comme les saumons, et comme les saumons, il entreprit de remonter le courant. » En 1770, Pélagie Bourg dite LeBlanc entreprend avec ses enfants et plusieurs autres familles démembrées de retourner au village de Grand-Pré en Acadie (Nouvelle-Écosse). Après le Grand Dérangement de 1755, alors que les Anglais déportaient par milliers les Acadiens à bord de goélettes affrétées à cet effet tout le long du littoral de la Nouvelle-Angleterre, Pélagie n'a pas oublié le pays natal. Quittant la Géorgie, une première charrette tirée par trois paires de boeufs sera suivie par d'autres le long de la route vers le nord, à chaque rencontre d'un exilé décidé à revoir la terre ancestrale. L'art de raconter d'Antonine Maillet prend ici plusieurs formes : conte fantastique, récit historique, généalogie, un peu de romance, le tout baignant dans une parlure ancienne dont on perçoit même l'accent chantant acadien. Le Prix Goncourt décerné à Antonine Maillet pour cet ouvrage en 1979 avait fait grand bruit au Québec, et c'est à la suite du visionnement du documentaire Les possibles sont infinis de Ginette Pellerin retraçant le parcours de l'auteure, qu'il m'est devenu impératif de lire Pélagie-la-Charette. Un roman poétique d'une grande valeur historique.
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Manuel de la vie sauvage

Par Jean-Philippe Baril Guérard
(4,37)
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« C'est ce que vous devez apprendre de mon expérience. Autrement, comment allez-vous faire pour vivre ? » Kevin Bédard, né à Thetford Mines d'une famille d'entrepreneurs, est le concepteur d'une application techno Hudlu, créée pour que les endeuillés reprennent contact avec leurs morts. Son expérience en affaires donne lieu à ce Manuel de la vie sauvage (pas celle de la nature, on le comprendra). Dans une langue franglaise que parlent plusieurs geeks, Jean-Philippe Baril Guérard nous régale des vicissitudes inhérentes à la création d'une start-up au Québec, des compromis aux valeurs éthiques et divers dilemmes moraux rencontrés lorsqu'on opère une business. Peuplé d'aphorismes réjouissants et de dialogues incisifs, ce manuel, dans la lignée de romans comme La Bête à sa mère de David Goudreault ou Un stagiaire presque parfait de Shane Kuhn, fait rigoler autant qu'il fait réfléchir. Bon coup pour cet auteur et bon coup pour ma liste d'écrivains québécois qui s'enrichit constamment!
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Surface

Par Olivier Norek
(3,0)
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Une nouvelle figure policière, Noémie Chastain, fait place à Victor Coste, héros des précédentes moutures d'Olivier Norek (Code 93, Surtensions et Territoires). Et dès le départ, on sympathise avec Noémie, blessée physiquement et moralement. Une première partie intéressante et forte, qui fait qu'on tourne les pages frénétiquement pour la suite. Malheureusement, l'enquête qui se déploie dans une petite communauté de l'Aveyron, au sud de Paris, n'a pas le punch des précédentes et ses ressorts dramatiques me sont apparus usés, impression de déjà vu. L'écriture de Norek n'est pas en cause car toujours efficace et vivante dans ses dialogues et sa narration. Pour mon mari, premier lecteur du roman, l'attitude de Chastain face à ses blessures et son comportement tout au long de l'enquête ne l'a pas convaincu, pas plus que ce béguin un peu forcé vers la fin. Même si une légère déception persiste après la lecture, je continue de suivre cet auteur avec attention.
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Le coeur battant du monde

Par Sébastien Spitzer
(4,0)
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« Son existence a été cachée jusqu'au milieu des années 1960. Il a été l'un des secrets les mieux gardés de l'Union soviétique et de tous les gardiens du temple marxiste. » Freddy Evans (1851-1929), fils naturel de Karl Marx et d'une employée de maison, habite ce roman historique brillamment écrit et construit. Autour de lui évoluent Friedrich Engels, à la tête d'une filature de coton familiale à Manchester, et Karl Marx, réfugié en Grande-Bretagne avec sa femme et ses quatre enfants, tous deux portés par un but commun : la création d'une Internationale regroupant les travailleurs du monde capitaliste. Au coeur battant du monde, « Ici, à Londres, capitale de l'empire le puis puissant de l'histoire », Sébastien Spitzer nous propulse aux premières heures de la création du Capital, oeuvre majeure de K. Marx et nous révèle les ressorts et pensées de ces philosophes aux actions parfois contradictoires qui voulaient transformer les conditions de travail des prolétaires. Avec une prose éloquente et sans fioritures, Spitzer restitue avec brio la sauvagerie et les dérives du capitalisme du milieu du XIXe siècle, évoquant la guerre de Sécession aux États-Unis, la révolte des Fenians venant d'Irlande, les grèves ouvrières et les tensions entre les classes sociales très typées de Grande-Bretagne. Un auteur à découvrir sans tarder!
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Un homme vaillant

Par Yvon Laprade
(4,0)
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Dans Un homme vaillant, Yvon Laprade rend hommage à son propre père à travers son personnage Victor Plamondon, né en 1924 à Saint-Eugène-de-Grantham, petite communauté agricole du Centre-du-Québec. L’histoire de la vie d’un homme destiné à prendre la relève de la ferme familiale mais qui, à la suite d’un violent incendie, perdra tout et devra se résigner à intégrer l’usine Dominion Glass comme simple ouvrier dans le quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal. Mariage, paternité, accès à la propriété, promotions, deuils, amitiés, Victor traverse le XXe siècle avec philosophie. C’est aussi l’histoire du Québec à laquelle nous convie l’auteur, intégrée à l’existence de cet homme simple et de sa famille. Écrit sans prétention, ce roman nous rappelle la fugacité de la vie humaine sur terre et sa fragilité, soumise aux événements politiques et à la maladie.
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Une joie féroce

Par Sorj Chalandon
(4,0)
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On n’associe pas d’emblée le qualificatif féroce à la joie mais pour les quatre femmes du roman de Sorj Chalandon, qui se sont fabriqué une sororité dans l’adversité, c’est ce qui les décrit le mieux. Féroce pour l’envie de vivre à plein le moment présent et joie pour cette même raison. Jeanne, fin trentaine, atteinte d’un cancer du sein, rencontre Brigitte, Assia et Melody lors de son premier traitement de chimiothérapie. Les trois dernières se connaissent déjà mais vont vite sympathiser avec cette « fillette bien éduquée devenue jeune fille bien élevée puis femme prévenante ». « Sœurs de larmes, sœurs d’armes », elles vont se regrouper autour de la réalisation d’un projet insensé voire dangereux. Sorj Chalandon m’a étonnée avec ce portrait bien rendu de femmes cabossées par la vie, rebelles à leur manière et qui, face au malheur et à la maladie, se découvrent résistantes et ouvertes à l’amitié. Un hommage à la force tranquille des femmes.
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La fabrique des salauds

Par Chris Kraus
(3,5)
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La confession des agissements d’un ancien nazi ne peut qu’être pénible. Dans La fabrique des salauds, c’est un hippie reposant dans une unité de traumatologie d’un hôpital allemand qui subira ce pensum. Alité auprès d’un certain Konstantin (Koja) Solm atteint d’une balle à la tête, le hippie bienveillant, encourageant au début la discussion avec son colocataire, constate au fil de la narration des événements existentiels de son colocataire, que ce dernier est vraisemblablement la pire canaille qu’il se dit lui-même être. Gradé au sein des SS, après la défaite du IIIe Reich, Koja se met au service des plus grandes agences du renseignement (BND, Stasi, CIA, Mossad, KGB), et « en simulant la pitié, feignant la loyauté et contrefaisant l’amitié » Koja, au nom de la stabilité familiale et de l’amour filial, se commettra irrémédiablement et profondément dans les trahisons et les exactions terroristes. Contrairement au narrateur du roman Les Bienveillantes de Jonathan Littell, celui de La fabrique des salauds tente constamment de justifier ses actes à l’aide d’une grille d’analyse passablement tordue. Mais le malaise ressenti à la lecture des mémoires du nazi fictif de Littell n’a pas été aussi fort avec ce roman-ci. Le propos reste toujours difficile à entendre et à ce titre, Chris Kraus ne ménage pas ses effets et ses efforts : une écriture évocatrice mise au service d’une documentation approfondie, ça donne un roman historique puissant.
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Tattoo

Par Earl Thompson
(4,0)
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« J'suis pas né d'hier mais trop jeune pour m'en faire. » Dans le premier tome Un jardin de sable, Jack Andersen retournait vivre avec pépé et mémé à Wichita, Kansas, laissant derrière lui sa mère et ses problèmes. Dans Tattoo, Jack, bientôt quinze ans, rêve de rejoindre les rangs de l'armée américaine afin de quitter au plus vite le mobil-home crasseux de ses grands-parents. Mais la guerre est finie; refusé par les Marines, par dépit, il entre dans la Navy, direction l'île d'Okinawa, Japon et les côtes chinoises. Les efforts fournis par cet adolescent, perturbé mais résilient, pour se hisser à un niveau acceptable dans la société d'alors ne seront pas toujours récompensés en retour. Le langage est cru, les scènes sexuelles explicites et certains gestes révoltants dans ce roman d'apprentissage percutant. Earl Thompson porte un coup fatal au grand rêve américain.
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Dame Blanche (La)

Par Christian Bobin
(5,0)
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En parcourant la bibliographie à la fin du roman de Dominique Fortier, Les villes de papier, mon œil s’est rapidement arrêté sur La dame blanche de Christian Bobin. Et à bien y penser, qui de mieux que Christian Bobin pour comprendre et livrer en quelques pages inspirées toute l’essence de la poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886). « Emily a depuis des années élevé entre elle et le monde une clôture de lin blanc. » Recluse dans sa chambre après maints deuils et désenchantements, tournée vers son monde intérieur telle une sainte cloîtrée, l’hypersensible Emily fait de « l’humilité son orgueil et de l’effacement son triomphe ». La dame blanche est un pur enchantement livresque, foisonnant de métaphores délectables, dont seul Bobin a le secret : « un jardin lapidé par le soleil » « les jasmins sanctifiant l’air de leur parfum » « des fougères à la sérénité crispée » « des dizaines de papillons aèrent le suffocant bleu du ciel » « les éclairs fusillent les arbres » « un chèvrefeuille appuie ses arabesques contre la vitre du salon » « son rire est une échelle de corde qui dégringole du ciel » « les pâquerettes dodelinent de la tête sous le poids de la rosée » « l’avare tic-tac d’une horloge – guillotine des secondes » Une biographie hors du temps, aux accents poétiques, qui donne à voir et à ressentir. Sans conteste, un ouvrage cinq étoiles.
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Souvenirs de l'avenir

Par Siri Hustvedt
(3,0)
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Siri Hustvedt, à l'instar d'Annie Ernaux dans Mémoire de fille, s'attache à une année (1979), celle qu'elle s'est donnée pour écrire son premier roman, dans la ville de tous les dangers et de tous les possibles, New York City. On se penche par-dessus son épaule lorsqu'elle crée ses personnages, on la suit dans ses relations avec les hommes et les femmes qu'elle rencontre au gré de ses déambulations et la voisine de son appartement lui apporte à elle seule matière à réflexion et nourrit son imaginaire. L'auteure retourne sur son passé, renoue avec ses souvenirs d'enfant et, à travers les « vérités précaires de la mémoire », s'attarde à comprendre certains de ses comportements qu'elle réprouve aujourd'hui mais qui, avec le recul, s'expliquent par l'éducation familiale et sociétale. Le style de Siri Hustvedt m'a longtemps rebutée et j'ignorais délibérément ses ouvrages jusqu'à ce que je prenne le temps de relire Tout ce que j'aimais. Elle fait partie de ces écrivains qui s'apprivoisent et qui, cela fait, comptent dans la littérature contemporaine.
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Le coeur qui tourne

Par Donal Ryan
(3,0)
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« Planté au milieu du portail, il y avait un coeur en métal rouge qui tournait avec le vent. le pivot était rouillé et branlant à la fois, il grinçait et gémissait, mais le coeur arrivait encore à tourner. » Par ce portail, on pénètre dans la ferme du vieux Frank Mahon, père ingrat et incompétent, lui-même fils d'un père tout aussi ingrat et incompétent. Son fils Bobby est le premier qui parle dans ce roman choral sur fond de crise économique et d'amour filial bafoué. D'autres voix suivront, celles des habitants d'une petite communauté irlandaise aux prises avec la fermeture subite du plus gros employeur et les fourberies comptables d'un entrepreneur en construction en déroute. La relative harmonie dans laquelle vivait tout ce beau monde bascule alors dans les petitesses et les basses mesquineries, un déballage de secrets enfouis et de méchancetés gratuites. Le coeur qui tourne, premier roman de Donal Ryan, présageait de son second, Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe, que j'ai trouvé beaucoup plus abouti. Un roman d'une portée universelle, livré avec intensité, et un auteur à suivre.
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Mémoire de fille

Par Annie Ernaux
(3,8)
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« (...) il n'y a qu'une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir. Est-ce la plus grande vérité de ce récit? » Annie Ernaux trace un portrait de la jeune fille de dix-huit ans qu'elle était, à l'été 1958, partie d'Yvetot près de Rouen pour occuper un poste de monitrice dans un camp de vacances dans le département de l'Orne. Un départ souhaité pour s'affranchir des parents et vivre enfin une vie de femme pleine et entière. D'une prose remarquable, ce récit m'a vivement émue, autant par son propos touchant la féminitude universelle que par son ton empreint de finesse et d'élégance. J'ai connu Annie Ernaux par son roman Une femme, lu il y fort longtemps, et Mémoire de fille me l'a fait redécouvrir avec grand bonheur.
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La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentleman

Par Laurence Sterne
(4,0)
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La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentleman : neuf volumes reliés en un seul ouvrage, classique célèbre mais d’un abord plutôt revêche. Et c’est grâce à la préface et aux notes compilées à la fin de l’ouvrage que j’ai pu persévérer et terminer ce pavé. Le narrateur, originellement prénommé par son père Trismegistus, fut baptisé Tristram à la suite d’une étourderie de la femme de chambre et de la mauvaise foi du curé. Tristram raconte ainsi sa venue au monde et les caractères de ceux qui forment sa famille immédiate : son père, Walter Shandy, sa mère Elizabeth, son oncle Toby, sans oublier les valets et servante, Trim, Obadiah et Susannah. Il s’adresse aux lecteurs en les nommant Vos Révérences, vos Honneurs, ça donne le ton. Il faut savourer ces saynètes racontées avec un humour aux tournures vieillottes comme celle où trois hommes au salon (Walter Shandy, oncle Toby et le docteur Slop) discourent des diverses manières d’accoucher une femme pendant que la parturiente (la mère de Tristram) souffre mille douleurs à l’étage, encouragée par la sage-femme et Susannah. Les conversations improbables entre Walter et Toby sont également du plus bel effet, que l’on discute de l’importance et de la prédestination des prénoms donnés aux enfants, de l’éloge des jurements (jurons), de l’architecture des nez ou des ouvrages défensifs en temps de guerre. Celles entre Toby et Trim, aux différents niveaux de lecture, sont aussi dignes de mention, culminant dans une apothéose de démarches sentimentales entre oncle Toby, cette « digne âme », et la veuve Wadman, et entre Trim le valet et Bridget, la servante de la veuve. Tout au long du récit, Laurence Sterne avance tranquillement sa plume sur le papier, n’hésitant pas à user de digressions pour faire patienter son lecteur, continuellement laissé sur sa faim en fin de chapitre. Une lecture parfois astreignante mais dont j’ai fini par prendre le rythme au fil des pages, emportée par les pensées des plus grands philosophes et humanistes des temps anciens.
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Les limbes

Par Jean-Simon DesRochers
(4,14)
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J’avais hâte de lire à nouveau Jean-Simon Desrochers, que j’ai découvert avec La canicule des pauvres. Les limbes remontent en quelque sort aux origines des personnages de ce premier roman jubilatoire. Les années 1940 à Montréal, dans le quartier Red Light délimité au Nord par la rue Ontario, au Sud par la rue Sainte-Catherine, à l’Est par la rue Saint-Denis et à l’Ouest par le boulevard Saint-Laurent : Michel Best, né des ardeurs d’une prostituée et de son client, est rapidement pris en charge par Rita Malarche, la tenancière du bordel, lorsque la mère meurt des suites de l’accouchement. Ti-Best, affectueusement surnommé par son entourage, grandit dans ce quartier glauque, aux nombreuses maisons closes contrôlées par diverses mafias et régulièrement visitées par les policiers, dont une bonne partie est déjà corrompue. Montréal, ville ouverte, est la figure centrale de ce roman historique, dont le visage sera entièrement changé à la fin des années 1950, par la destruction d’un bon nombre de ses quartiers malfamés à la suite d’une intense campagne de moralité menée par un de ses futurs maires, l’avocat Jean Drapeau. Jean-Simon Desrochers raconte donc, à travers la vie de son personnage principal, l’histoire de cette « ville à la fois trop petite et trop grande » dans la deuxième moitié du XXe siècle. J’ai mieux apprécié la première partie, celle des jeunes années de Michel Best car la suite se perd dans les méandres d’une enquête policière que j’ai trouvé redondante et inutile au récit premier. Et même si cet opus m’a laissée sur ma faim, je reste une fidèle lectrice de tous ses futurs romans.
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