Murmures_numériques
Intérêts littéraires : Revues, Littérature, Bande dessinée

Activités de Murmures_numériques

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Watership Down

Par Richard ADAMS
(5,0)
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Des lapins qui discutent politique, je trouve l’idée géniale. De garenne en garenne, ils fuient et explorent pour fonder leur propre système : trop autoritaire ici, trop entre soi ailleurs… Ils vont et viennent à travers la campagne anglaise au gré d’un oracle bondissant. Chaque communauté lapine a son propre gouvernement et ses propres lois, proche souvent de la dictature, sauf pour ceux qui sont élevés « hors sol » par une petite fille. La violence est au premier plan : généralement le pouvoir tient grâce à elle, et s’équilibre souvent dans la crainte de l’Homme qui chasse, lâche ses chiens et terrifie les lapereaux. Qu’ils s’associent à d’autres animaux ou qu’ils se retrouvent pour panser leurs blessures, nos héros sont des condensés d’humanité (surprenant pour des rongeurs !). Ils ont même une sorte d’Espéranto, une « langue commune » qui leur permet de communiquer avec les mulots et les oiseaux. Seuls les hommes n’y comprennent rien et n’y répondent que par la violence… Ce roman est à la fois une merveilleuse aventure et un cours de socio-politique, à mettre dans les mains de tous les jeunes lecteurs ! Enfin pas trop jeunes car le texte est long et parfois dur. Les enjeux sont réels et parfois les protagonistes meurent. Il n’y a alors que la peine et l’oubli : as de retournement du sort, juste la force d’avancer quand même, puisque la nature est ainsi faite. Une version enfantine du Prince, parfaitement menée. La critique est enchâssée de légendes contées par les Lapins eux-mêmes pour qui le Conteur est fondamental (coucou Benjamin !) qui ponctuent leur progression : quand ils ont peur, quand ils ont froid, quand ils sont heureux d’être ensemble. Ils se racontent des fables comme les aventures du Lapin Originel Shraavilsha, ou les leurs propres, jusqu’à ce qu’elles se rejoignent. J’aime énormément que le tissage des différentes traditions soit ainsi montré : la culture de cette colonie se crée peu à peu sous nos yeux au fur et à mesure que Dandelion raconte aux nouveaux venus ses histoires. Pour ce qui est de l’édition, une fois encore Monsieur Toussaint Louverture est un génie. Tout est en place : le gris est bien géré et ne se fait pas trop lourd malgré la quantité de texte, la couverture texturée est très agréable en main et son illustration très graphique fonctionne à merveille, le grand format est un plaisir. Le colophon final est un vrai cadeau de passionné, cette fois encore, c’est moi qui vous remercie Monsieur !
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Plouk Town

Par Ian Monk et Jacques Roubaud
(3,0)
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Monologue poétiquement glauque, absurdement trash. On suit la vie d’une communauté du Nord de la France où débarque un Anglais, probablement l’auteur lui-même, et qui mêle pauvreté, bêtise et violence inutile. Il n’y a aucune tendresse pour ces gens puants et veules. Est-ce vraiment une observation de la France profonde ? Une étude ? Ou plutôt une plongée (en apnée ayons pitié) ? Il n’y a pas une miette de tendresse dans ce regard, contrairement à « Un Gérard en Occident » qui pourtant aborde exactement le même thème. On est face à une poésie du dégoût contemporain : rien dans cette société ne mérite une esthétisation quelconque. Vulgarité, alcool, tristesse, solitude et crasse. Le tout transpire le misérabilisme. Et le pathos, un peu.
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L'éclipse du savoir

Par Lindsay Waters
(4,0)
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Ce court essai réfléchit sur le monde de l’édition universitaire. Comme le développait Schiffrin, les grands groupes ont la mainmise sur beaucoup de revues et de maisons d’édition numérique, ce qui cause énormément de problèmes. Entre autres on peut se souvenir : Que le fait de dépendre profondément du chiffre d’affaire impose un certain type d’articles, et l’abandon de pans entiers de la recherche ; Que ça implique un rythme de production élevé ; Que les abonnements aux revues scientifiques coûtent de plus en plus cher, ce qui ruine les bibliothèques… La qualité baisse mécaniquement comme l’accès à ces ressources. L’auteure avoue sa passion pour les livres papiers, « plus que les humains peut-être » dit-elle, et en tant qu’éditrice elle tient à ce média comme support de la culture et à sa diffusion. Même si ça coûte cher, même s’ils sont un gouffre pour les étudiants, autant financièrement que pour leur espace vital. Je tiens à noter le titre du premier chapitre « les barbares sont à nos portes » : les barbares étant les financiers qui pullulent (polluent ?) dans le monde de l’édition, et surtout à leur tête. Cette formulation m’a bien plu. Ce texte est court et percutant, touchant et cultivé. Il est paru chez Allia en version poche, ce qui le rend très accessible : et ça c’est positif ! Parce que les textes universitaires devraient être bien plus proches de nous… et pas seulement entre nos menottes d’étudiants.
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Cendorine et les dragons

Par Patricia C. Wrede et Yves Besnier
(5,0)
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J’aimais Camomille et puis j’ai grandi (un peu) (ça arrive) J’ai donc appris à lire. Ma maman (encore elle ! à croire que tout est de sa faute haha) (Désolée maman) m’offrait des « premiers romans » dont celui-ci. Une princesse s’ennuie et refuse de se marier : elle a autre chose à faire ! Elle se sent brimée par le système royal et s’enfuit chez les dragons : pour être « princesse captive volontaire ». J’adore cette idée ! Elle choisit son destin. Cela lui semble impossible et pourtant elle le fait, à la mesure de sa force et de ses erreurs. Elle se rend utile, elle apprend, elle change sa vision du monde. Elle envoie promener les princes qui veulent la sauver et leur indique d’autres princesses, elle devient pote avec les sorcières et combat les méchants. Une héroïne, une vraie ! Je m’identifiais beaucoup (comme dans « Cœur d’encre » que j’ai lu un peu plus tard)… surtout au moment où elle devient, rôle parfait, rôle génial, rôle de la joie : BIBLIOTHECAIRE des dragons ! C’est valorisé, de bout en bout dans ce roman. Ça fait plaisir de voir ces figures comme des héroïnes : être bibliothécaire, c’était dans mes possibles ! La réécriture du conte est top: on ne suit pas le prince, les dragons sont gentils et le « mal » vient d’autres humains. Cette vue est plus contemporaine et en tout cas me plaît beaucoup ! Mes premières lectures étaient très féministes, sans que je l’ai choisi ; j’ai eu la chance d’être imprégnée d’idées formidables (et nécessaires pour une fillette).
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L'histoire de mes dents

Par Valeria Luiselli
(2,0)
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Je n’aime pas trop les dents. J’ai la trouille des dentistes (mais violemment hein), Et les nouvelles de Poe qui en parlent me terrifient. Alors ce drôle d’ouvrage avec des gravures de dents en couverture : ce n’était pas pour moi. Et puisque ce n’était pas pour moi, il fallait que je le lise ! Comment ça je ne suis pas logique ? Alors un jour, dans le train, je m’y suis plongée. Cet homme, commissaire-priseur naze, finit par vendre des dents en fabulant autour de leur histoire. Cet homme monstrueux qui se perd dans sa propre histoire m’a tout simplement fascinée. Il est laid et fantoche, sincère et menteur, fuyard, trouillard, et attachant. Drôle de nabot ! Le retournement final m’a scotchée. Mais par politesse je n’en dirai rien ! En prime on a tout un pan de documentation à la fin du volume : notamment des chronologies ultra précises qui, bien que surprenantes, appuient merveilleusement le récit. Ce texte est étrange, drôle et porté par une langue fluide et souriante, souvent moqueuse. C’est vraiment une très belle découverte pour moi !
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Notre vie dans les forêts

Par Marie Darrieussecq
(4,4)
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Il est ici question de transhumanisme : que se passerait-il si nous avions des doubles dont on pouvait récupérer des « pièces détachées » ? C’est ce que développe ce carnet : l’histoire d’une femme qui rejoint un groupe se cachant dans les bois pour vivre « autrement », pour sortir de la société. Ce monde où la psychologie est omniprésente, où tout le monde est surveillé et vit en hauteur, m’étouffait. Je le trouve assez bien construit : on en sait finalement assez peu et pourtant on le sent, concret, existant. L’ensemble est très touchant : ces gens disposent finalement de pas grand-chose, même leur corps leur est plus ou moins étranger, sans qu’ils ne soient véritablement au courant de ce qui se passe. C’est à la fois terrifiant et nécessaire : j’aime qu’on nous montre que des alternatives peuvent être construites. Finalement s’ils peuvent « tomber dans les fissures », nous le pouvons sans doute aussi. J’ai beaucoup pensé à « Neverwhere » de Neil Gaiman, même si le propos y était beaucoup plus fantastique et fictionnel. Cette envie de fuite, de s’extraire d’une société proche de nous mais qui ne leur correspond pas.
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Sur le contrôle de nos vies

Par Noam Chomsky
(4,0)
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Cet essai parle de pouvoir et de domination, d’argent et d’échanges interhumains. La part de contrôle que nous exerçons encore se limitant de plus en plus face aux multinationales et au poids de l’économie, écrasant les individualités. Les décisions revenant à une « élite », déterminant ce qui est bon ou non pour la population. Ce qui se vérifie également au niveau interétatique. L’argent régit tout ? Pour Chomsky en tout cas, et probablement en vrai aussi. Le tableau que dresse cet essai d’une cinquantaine de pages est bien sombre… Le TINA (« There is no alternative ») de Thatcher est finalement la réponse laconique à bien trop de problèmes contemporains. Un texte court et virulent comme celui-ci est un vrai plaisir de lecture : si le point de vue exposé n’est pas révolutionnaire, le rappel est très intéressant, surtout avec la langue de Chomsky pour nous le dire.
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Avant tout, se poser les bonnes questions

Par Ginevra Lamberti
(2,0)
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Je ne suis pas très à l’aise pour vous parler de ce livre. Je VOULAIS l’aimer ! Je le voulais vraiment. Il m’a été pitché à merveille, la langue légère et drôle de l’extrait, cette jeune étudiante en galère, profondément paradoxale : je pensais m’y retrouver. J’avais flashé ! De la couverture graphique à l’ambiance vénitienne. Mais non. Non, définitivement. Cette jeune femme me semble artificielle avec tous ses tocs et ses amis qu’on ne rencontre pas. Dont on ne sait rien alors qu’ils sont souvent plus prometteurs qu’elle. La langue qui me faisait tant sourire échoue pour moi sur la longueur : je me suis lassée. Si, j’ai aimé le « Petit Lave-Linge » ou les réflexions sur les chats. Je suis pourtant ressortie un peu blasée et vide. Avec un sentiment de vacuité et de fog grisâtre. Je suis peut-être tout simplement passée à côté, tant pis.
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Sorcière Camomille : Oeuvres Complètes (Le)

Par Enric Larreula
(5,0)
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Soyons honnête : j‘ai grandi avec elle. Ma maman a dû me lire ce livre éternellement. Infiniment. couv38609590.jpgComme les enfants peuvent « fixer » sur des univers, en dehors d’un album pop-up sur les fonds marins et un album bleu japonais ce livre était mien. Au sens où je le feuilletais, le réclamais, qu’il fait partie intégrante de mon souvenir. Alors quand j’ai pu le récupérer, j’étais toute heureuse ! A mes yeux il appartenait au passé et avait dû disparaître, en tout cas il ne m’appartenait plus. Pourtant je suis rentrée avec. J’ai reconstruit mon amour : Je l’aime parce qu’elle est forte et indépendante, Je l’aime parce qu’elle rit des hommes, parce qu’elle est moche mais plaît parce qu’elle est drôle, Je l’aime parce qu’elle est un peu sorcière, parce qu’elle a ses animaux, ses lubies et ses passions. Je l’aime parce que c’est une femme comme je voudrais l’être. J’ai donc grandi avec une sorcière féministe. Et si on était toutes des sorcières ? Par ce décalage elle peut être une femme sans se draper de dénonciation. Et pourtant… Elle peut simplement être une suggestion. Ce livre, qui n’est pas abîmé (ce qui est surprenant !) est l’édition intégrale chez Sorbier qui regorge de trouvailles : le flipbook du hibou en haut des pages, le format, son look grimoire… Elle met bien en valeur les illustrations délicates, les aquarelles peuplent les pages de milliers de gags cachés. Elle voyage seule et crée des événements incroyables, elle se marie et est veuve dans la journée (parce qu’il a bu une « potion pour faire disparaitre les soucis définitivement »…). Je suis heureuse d’aimer encore ces récits.
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Sagesse

Par Paul Verlaine
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On plonge dans l’intimité de l’auteur, au plus près de sa croyance. Tout contre son esprit : il nous parle de la profondeur de sa foi. Ce sont les premiers volumes qu’il consacre au christianisme, sa « conversion » (qui n’en est pas vraiment une puisqu’il était baptisé mais qu’il n’a jamais investi cette foi de son enfance) Il se dégage une grande douceur dans ces prières. Si j’aimais la force (le cri) des poèmes saturniens, j’ai trouvé ici quelque chose de la confession, du murmure intime. Cette mise à nu est presque crue, Verlaine s’expose totalement, dans un domaine inattendu. J’aime toucher, approcher, l’intériorité de ce poète que j’ai adoré pendant toute mon adolescence.
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Des châteaux qui brûlent

Par Arno Bertina
(4,0)
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Peut-on être secrétaire d’état et militant ? Quand une usine est bloquée, que se passe-t-il ? Nous, qui vivons ces moments de révolte, qui parle de nous ? Un peu de bonheur, ça vous dit ? couv16285678Je suis sortie de cette lecture avec une joie forte, un sourire entendu de la connivence. Malgré la fin « ouverte ». J’aime profondément ce livre. C’est mon premier de l’auteur, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, alors j’ai plongé de point de vue en point de vue, dans la mosaïque de cette grève. Tentant de comprendre chacun et de reconstituer le tableau de cette Générale Armoricaine (promis je ne fais pas exprès de lire des bouquins qui se passent en Bretagne, promis) avec ces milliers de poulets morts. Pour une végétarienne ce n’est pas simple, soutenir des gens qui massacrent des animaux et broient des poussins. Pourtant on voit dans leur propre souffrance l’impossibilité de cette vie : l’homme dont la fille affiche des posters de poussins et qui ne peut pas le tolérer m’a profondément touchée. Ils sont humains, profondément. Alors, bien sûr, ce politicien « de gauche » pose de nombreuses questions : il est tout de même presque volontaire pour être leur détenu et les aide, sincèrement je crois. Dans ses yeux j’ai perçu la peur et l’espoir, la foi profonde dans la révolte et la fête. J’aime cet homme ! L’assistante de ce Pascal est aussi incroyable avec sa vie bancale de parisienne classique : entre les hommes et l’absence d’amour, l’engagement et l’appel du fric, le désir de pouvoir et la fatigue. Elle est saisie avec humour, elle me plaît bien cette minette ! La réflexion qu’elle est amenée à poursuivre sur Don Quichotte appuie à merveille l’aventure de son chef, tout en nous permettant de souffler en dehors de cette usine-hangar. Le saut d’un personnage, d’un narrateur à l’autre, est très bien géré : on parvient sans problème à situer chacun et à percevoir leur liens et leurs évolutions personnelles, jusqu’à leurs déraillements. Ils sont vivants, ils déconnent, jouent et se révoltent. Chacun a son ton, sa parole, son langage plus ou moins autonome, qui fonctionnent : le contraste est bien rendu entre ces fonctionnaires de haut niveau et ces ouvriers dont la majorité n’ont pas le brevet. Ce roman est une impro de Jazz, musique qui s’immisce dans le quotidien de l’occupation. Elle monte comme gronde la fête (foraine ?) imminente d’un ras-le-bol total.
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Cendorine contre les sorciers

Par Patricia C. Wrede et Yves Besnier
(5,0)
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Il s’agit du tome 2 de « Cendorine et les dragons ». Comme je vous en parlais récemment et en disais beaucoup de bien ! Ce tome 2 me plaît … moins. On retrouve Cendorine en bibliothécaire du roi des dragons, elle continue sa vie : potions contre les brûlures et lutte contre les dragons ! Les méchants sont de retour ! L’aventure en elle-même est aussi palpitante et juste : Les sorciers sont liés à grande eau, la forêt est sauvée !… Mais il y a la fin. On est dans une réécriture de conte et ce tome la conclut, à la fin du conte la princesse se marie ici aussi. (Oui je spoile mais ça m’est égal) Si son prince est tout de même plus ouvert que d’autres sur la cause féminine et accepte de lui donner une indépendance assez grande : que ce soit positif et presque montré comme généreux me choque. Il en fait sa reine et elle quitte les dragons et donc son « travail », sa fonction. Je trouve ça dommage pour une princesse indépendante de finalement mettre en avant le rôle d’épouse, hétéro-cis-normative ! Bon. On peut se dire que c’est l’époque, que c’’était attendu… et puis elle est peut être heureuse comme ça ! Peut-être. A mes yeux elle aurait pu aspirer à mieux qu’être la gentille femme d’un beau prince blond, riche, fort et intelligent (et valide, cis genre et hétéro). D’autant que la fin est rapide, j’aime me dire qu’elle était commandée, imposée d’une certaine façon, et non voulue par les créateurs… qui sait ? Les méandres éditoriaux sont impénétrables ! J’espère.
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L'art de revenir à la vie

Par Martin Page
(3,0)
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Je suis un écrivain qui a de quoi vivre, une femme superbe et un fils que j’aime. Je suis donc trop malheureux. Plein d’un spleen vague et morne alors que je vais à Paris pour rencontrer une réalisatrice qui veut un scénario. Vraiment c’est morne tout ça. Je m’ennuie je crois. Même quand je voyage dans le temps, je suis nul. Meh ! Voilà le sentiment que je retire de ce roman : Meh ! Ce n’est pas mauvais, au contraire, l’écriture est fluide et plutôt agréable. On sent bien ce début d’été parisien, le manque de l’être aimé et l’envie de « faire quelque chose ». Mais était-il nécessaire de faire intervenir cette sculpture-machine à voyager dans le temps ? Pour ne rien apprendre finalement à son jeune « lui »… et finalement revenir avec l’idée qu’il s’est embourgeoisé, qu’il doit chercher « le ridicule ». C’est bien une idée triste ça ! Ça et qu’il faut TOUJOURS se méfier des sculpteurs ! (haha coucou madame Colin) Que dire d’ailleurs de cette productrice richissime et glorieuse qui rêve de « ses années galère »? Elle qui veut changer de vie sans en avoir véritablement la force ni le courage, qui se sert des gens autour d’elle, les embauchant et les licenciant aussi facilement qu’on change de veste. Pour une fois j’étais d’accord avec le narrateur : quelle enfant (de 50 ans) capricieuse ! L’auteur a cependant raison : l’adulte que nous devenons est trop souvent ce que le « nous » de 12 ans aurait méprisé. On rêve de révolution, de musique Rock ou de littérature et on s’assoit derrière un bureau. Peu à peu la vie érode nos rêves « parce qu’il faut bien payer ses factures ». Peut-être, mais je ne veux pas y croire. Je ne veux pas que ce soit une telle évidence, comme cette grisaille morale me blase. En somme je n’ai pas adhéré, même si je reconnais une belle vision (panoramique) de la vacuité contemporaine.
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Boussole

Par Mathias Enard
(5,0)
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Je ne sais pas parler des livres que j’adore, je ne suis toujours pas satisfaite de ma chronique sur « Croire au merveilleux » de Christophe Ono-dit-Biot… Aujourd’hui mon problème est de vous parler de « Boussole ». Enard nous plonge dans une nuit d’insomnie, de mémoire, de digressions et de littérature. On suit un universitaire, un orientaliste, viennois rêvant d’une femme, Sarah, qui a traversé sa vie et qui traverse sa nuit. Il l’aime, l’a aimée, peut-être. Il retrouve sa piste, réfléchit aux traces qu’elle lui a laissées, entre ses écrits et ses lettres, leurs voyages et son mariage… à elle. De bout en bout le romantisme se déploie, et quel meilleur décor que cet Orient rêvé. Il avoue l’enjolivement des souvenirs et ses propres doutes. On s’y perd, entre colloque et désert, rencontre et conférence. On oublie le déroulement du temps qui nous est rappelé par les titres des chapitres, suivant la quête existentielle de notre narrateur. Est-il malade ? Mourant ? Amoureux ? Son récit s’enroule en boucles obsessionnelles, ultra référencées et instruites, dans une immobilité toute germanique devant sa bibliothèque. Son amour des voyages, propulsé par sa force à elle, son poste de professeur. On plonge dans l’ambiance de pays pour lesquels on tremble : la guerre, la destruction, l’horreur rôde partout maintenant. Il garde, malgré quelques angoisses, le merveilleux littéraire des lieux. Cette femme en creux, me parle d’amour, mieux que si elle était là ; le trou qu’elle laisse dans cette existence douce et passionnée ; elle est parfaitement femme. Flamboyante, passionnée, libre. J’aime cette femme ! Que je l’aime ! Plus que je n’aurais pu l’estimer si elle était véritablement présente : la voir par les yeux d’un homme fou d’elle. Je voudrais l’ériger en modèle pour moi : modèle de l’entêtement de l’étude et de la fidélité à soi-même. La force qu’elle déploie pour être simplement celle qu’elle veut être me fascine. Je sais que je retournerai dans ce roman aux moments difficiles de mes études, j’y ai trouvé une assurance, comme si ce vieux professeur me rassurait, moi, au travers des pages. J’ai pris en plein cœur ce désir de savoir. Cette mécanique est parfaite ! Je comprends qu’il ait gagné le Goncourt (pour une fois que j’aime leur choix) !
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En cuisine avec Kafka

Par Tom Gauld
(4,33)
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Forcément, ces strips m’ont pliée en deux ! On enchaîne les visions de notre futur livresque et des gags autour de la vie d’auteur/éditeur/libraire/bibliothécaire (oui, ça en fait du monde qui a une vie finalement pathétiquement drôle !) On sent la critique, tout en reconnaissant le confort de ces habitudes étranges qui en deviennent (presque) pathétiques ainsi pointées. Il y a quelque chose d’extrêmement cultivé et brillant dans ce jeu sur et autour de la littérature et de ces genres (mineurs ou non). Une sorte de familiarité qu’on expérimente tous par notre simple « vie commune » avec ces ouvrages mais que j’ai été très heureuse de retrouver ainsi mise en scène. Souvent à la limite de l’absurde, cet album est une véritable pépite !