Ce livre est un cri dalarme face à lavenir du livre, en particulier en sciences humaines. Celui qui lance ce cri, Lindsay Waters, est éditeur dans lune des maisons phares de lédition universitaire nord-américaine. Selon lui, luniversité américaine produit « des montagnes de livres (médiocres), que personne ne lit ». Une censure insidieuse se répand dans ces ouvrages issus dune production mécaniste qui limite le champ de la pensée aux conformismes du statu quo. Mais Waters nen reste pas là. Il dépiste les causes de cette crise quil traite comme le symptôme majeur dune éclipse du savoir. Après la Seconde Guerre mondiale, luniversité a été remodelée selon les normes de lentreprise américaine. Lextension du marché a peu à peu réduit les livres à des unités comptables, provoquant un arrêt de linnovation scientifique. Quimporte la lente gestation des idées : il faut dorénavant publier au maximum pour gagner plus ou, tout simplement, pour exister; la titularisation dun professeur étant uniquement fonction de la quantité darticles publiés. Lobtention dune chaire étant durement acquise, on assiste à un phénomène de blocus de la pensée, à un cloisonnement du champ en discours dexperts et à une crise du jugement, orchestrés par les chercheurs en place. Toute velléité dinnovation de la part de la jeune génération est étouffée dans luf par les ambitions carriéristes des « anciens ». Lerreur serait de croire que cette dérive ne concerne que luniversité américaine. On lira avec inquiétude cette chronique dune « montée de linsignifiance » dans les humanités. Face à la ruine de luniversité, cest à redonner sa dignité à la pensée, au libre exercice de la curiosité intellectuelle que le livre courageux et dérangeant de Lindsay Waters invite.
Ce livre est un cri dalarme face à lavenir du livre, en particulier en sciences humaines. Celui qui lance ce cri, Lindsay Waters, est éditeur dans lune des maisons phares de lédition universitaire nord-américaine. Selon lui, luniversité américaine produit « des montagnes de livres (médiocres), que personne ne lit ». Une censure insidieuse se répand dans ces ouvrages issus dune production mécaniste qui limite le champ de la pensée aux conformismes du statu quo. Mais Waters nen reste pas là. Il dépiste les causes de cette crise quil traite comme le symptôme majeur dune éclipse du savoir. Après la Seconde Guerre mondiale, luniversité a été remodelée selon les normes de lentreprise américaine. Lextension du marché a peu à peu réduit les livres à des unités comptables, provoquant un arrêt de linnovation scientifique. Quimporte la lente gestation des idées : il faut dorénavant publier au maximum pour gagner plus ou, tout simplement, pour exister; la titularisation dun professeur étant uniquement fonction de la quantité darticles publiés. Lobtention dune chaire étant durement acquise, on assiste à un phénomène de blocus de la pensée, à un cloisonnement du champ en discours dexperts et à une crise du jugement, orchestrés par les chercheurs en place. Toute velléité dinnovation de la part de la jeune génération est étouffée dans luf par les ambitions carriéristes des « anciens ». Lerreur serait de croire que cette dérive ne concerne que luniversité américaine. On lira avec inquiétude cette chronique dune « montée de linsignifiance » dans les humanités. Face à la ruine de luniversité, cest à redonner sa dignité à la pensée, au libre exercice de la curiosité intellectuelle que le livre courageux et dérangeant de Lindsay Waters invite.