Robert Allie
Intérêts littéraires : Littérature, Bande dessinée, Essais, Faune/Flore

Activités de Robert Allie

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Fille de Molly (La)

Par Edna Arseneault-McGrath
(3,0)
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En commençant la lecture de «La fille de Molly» (2009) de Edna Arsenault-McGrath, je ne savais pas que ce bouquin s'inscrivait dans une trilogie avec «Ray, le fils de Molly (tome II)» et «Briana, la petite-fille de Molly (tome III). L'auteur non plus semble-t-il, il faut croire que cette histoire a eu du succès. Je peux vous le dire tout de suite, je ne lirai pas les autres tomes. Ce roman nous raconte la vie de Tara, la fille de Molly, de l’âge de 7 à 22 ans. L'histoire se déroule en Irlande pour la moitié du livre, puis dans le Pointe-Claire des années 60, pour la deuxième partie. Molly n’a pas eu la vie facile, une famille dysfonctionnelle, enceinte lors de sa première relation, etc. Tara n’a que 7 ans quand sa mère disparaît avec un de ses amants. Son père étant alcoolique, il n'est pas en mesure de prendre en charge ses deux enfants, Tara et Ray qui s'adore. Avant que les services sociaux s'en mêlent, le père, le bon curé Walsh et la famille Ryan identifient la meilleure solution, mais les enfants seront séparés.Tara ira vivre tous prés, chez madame Dever, une dame appréciée par sa mère et tout le village. Son frère Ray lui ira combler son oncle et sa tante qui n'ont pu avoir d'enfants. Ceux-ci habitent Dundalk à trois heures de route, Tara et Ray ne se verront pas souvent. Rendu là, nous n'avons pas 100 pages de fait et les malheurs s'accumulent et il y en aura d'autres, j'oserais même dire de plus en plus cruel. Comme lecteur, vous pouvez même commencer à les anticiper... Mais voilà, on dirait que dans la vie de Tara, il n'y a pas de nuance, tout est noir ou blanc. Dans le sens, qu'en contrepartie à ses malheurs, il y aura plein de gestes d'une bienveillance incommensurable à son égard et des (trop de) coïncidences fort opportunes. C'en est un peu agaçant, on se dit parfois «ben voyons donc»... «on est vraiment dans un roman». En fait, dans ce roman, les gens sont soit extrêmement méchants ou infiniment bons, encore une fois pas de nuance. Et il en va de même pour les émotions, les personnages sont très heureux ou très tristes face à tous ces événements dans la vie de Tara. En plus, Tara est infiniment belle, c'est une première de classe, elle joue du piano comme une virtuose, elle chante, elle danse, elle dessine bien, est une bonne cuisinière, elle est bienveillante, déterminée et honnête, elle pose toujours le bon geste et en prime, elle est extrêmement humble... Bien que ce roman soit rempli de clichés, on se laisse prendre par quelques moments émouvants. J’ai bien aimé les descriptions des lieux historiques et de certaines légendes de l’Irlande, bien que nous ayons l'impression qu'ils ne servent pas l'histoire qui nous est racontée.
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Armand Gamache enquête. Le beau mystère

Par Louise Penny, Claire Chabalier et Louise Chabalier
(4,0)
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Finalement, j'étais bien content de retrouver l'enquêteur Armand Gamache. Dans «Le beau mystère» (2012/2014), Louise Penny nous entraîne dans l'univers des moines et des chants grégoriens. On s'entend que plusieurs auteurs de romans policiers ont utilisé une abbaye comme lieu du crime ou cachette du meurtrier. J'avoue qu'ici l'histoire sort de l'ordinaire et que Louise Penny a fait les recherches nécessaires pour rendre l'aventure mystérieuse et enlevante. Les moines de Saint-Gilbert-entre-les-Loups ont fui l'inquisition et ils sont considérés comme disparu depuis 600 ans. Mais voilà que la publication d'un CD de chants grégoriens remporte un succès phénoménal et que les gens cherchent qui sont ces moines. À la grande surprise de tous, il s'agit des moines de Saint-Gilbert-entre-les-Loups installé dans leur monastère sur une île au Québec depuis la colonisation. Un grand malheur les a frappés, le chef de chœur est retrouvé mort dans le jardin de l'abbaye. L'abbé a fait appel à la police puisqu'il semble évident qu'il s'agit d'un meurtre. Puis, considérant leur mode de vie et leur isolement, le tueur ne peut être qu'un des moines. Gamache ouvre l'enquête avec son collègue Beauvoir et tous deux demeurent sur les lieux en examinant la vie quotidienne des moines. Ils constatent rapidement qu'il y a deux clans en ce moment au monastère, ceux qui sont du côté du chef de chœur et ceux qui appuient l'abbé. L'enjeu étant la survie de la congrégation et la publication ou non d'un deuxième enregistrement de musique grégorienne. Beaucoup de mensonge par omission étire l'enquête ou offre de fausses pistes. À cela s'ajoute l'arrivée impromptue du Directeur général de la SQ. Un policier corrompu qui cherche à se débarrasser de Gamache. Il vient jouer dans la tête de Beauvoir en utilisant des traumatismes liés à une enquête dirigée par Gamache et qui a mal tourné. À la fin du roman, on aimerait bien que le cas du directeur soit réglé, mais Penny laisse cette trame de fond en marche pour les romans à venir. L'histoire est bien ficelée puisqu'on ne devine pas qui est le meurtrier avant les aveux du tueur. Franchement, c'est une des très bonnes enquêtes d'Armand Gamache. C'est à lire!
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Au revoir là-haut

Par Pierre Lemaitre
(4,57)
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«Au revoir là-haut» (2013) de Pierre Lemaître, c'est surtout le récit du retour de la guerre 1914-1918 de trois militaires français: Albert Maillard, Édouard Péricourt et Henri d’Aulnay-Pradelle. Bien qu'ils fassent partie du même régiment, le lien qui unit Albert et Édouard est le fruit d'un acte de désespoir, de courage ou de bravoure? Pendant un dernier assaut, Albert se retrouve enterré dans un trou d’obus face à la tête d'un cheval mort qui lui fournira un dernier souffle pendant qu'Édouard l'ayant repéré tente de le dégager en creusant. Édouard y parvient et réanime Albert, mais debout sur sa jambe valide, il reçoit un éclat d'obus en plein visage... Cette scène troublante propre à la guerre prend une autre tournure lorsque l'on comprend pourquoi et comment elle a eu lieu. Français et Allemands attendaient la fin de la guerre annoncée, chacun de leur côté des tranchées, mais le lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle y voyait plutôt une occasion d'obtenir son grade de capitaine en prenant cette côte 113, frustration de l'état-major. Il envoya deux éclaireurs qui se sont aussitôt fait tirer comme des lapins ce qui enclencha comme prévu un assaut de son régiment et des tires d'artillerie des deux côtés. Le scénario d'Aulnay-Pradelle visait à faire croire que les Boches ont tué deux de ses hommes, mais Albert a compris que c'est le lieutenant qui leur a tiré une balle dans le dos. Le lieutenant comprend qu'Albert est plus perspicace qu'il en a l'air et fonce vers lui et le pousse dans un trou d'obus où Albert se voit rapidement enseveli par une autre explosion. Édouard, qui de son côté tente de placer un garrot sur sa jambe blessée, se demande ce que peut bien faire d'Aulnay-Pradelle, debout, immobile, à regarder au fond d'un trou d'obus puis rebrousser chemin. Sans savoir ce qui le pousse vraiment et se déplace en rampant jusqu'au trou en question pour constater qu'il y a un soldat en dessous des gravats... Édouard et Albert se retrouvent ainsi unis pour la vie... ou la mort. Albert, bien que traumatisé par les événements, tente de faire tout ce qu'il peut pour son frère d'armes Édouard défiguré par l'éclat d’obus. La société française faisant face à de grands défis au retour de la guerre, elle n'est pas en mesure d'aider adéquatement des militaires «blessés» comme Albert et Édouard. Pour faciliter leur démobilisation vers la ville, Albert ira jusqu'à interchanger l'identité d'Édouard avec un soldat mort au combat. Il en informera d'ailleurs la famille, ce qui ne sera pas sans lui causer quelques ennuis. Édouard est devenu accroc à la morphine pendant qu'Albert passe une grande partie de son temps à tenter de lui en trouver. De son côté, Henri d’Aulnay-Pradelle est devenu capitaine, sa tactique ignoble n'ayant pas été dénoncée. Comble de l'ironie, il épouse la sœur d'Édouard, Madeleine Péricourt, pour bénéficier des contacts et éventuellement de la fortune de son père. Il investit dans le rapatriement et les sépultures des militaires morts pour la patrie. Comme Édouard vit reclus dans leur minuscule appartement, il dispose de beaucoup de temps. Il fabriquera plusieurs masques pour transformer son «visage inexistant» en autre chose de plus regardable. Tous les jours, il lira les journaux et c'est là qu'il prendra son idée de «génie»... ou complètement immorale du point de vue d'Albert. Ils s'obstineront jusqu'à en venir aux coups, mais Albert finira par lui donner raison... en se disant: et si ça marchait! C'est ainsi qu'Édouard et Albert entreprennent de vendre de faux monuments patriotiques pour commémorer les soldats morts au front avec une promesse de livraison pour le 14 juillet. La réussite de l'escroquerie repose sur le talent exceptionnel d'Édouard pour le dessin et sur la nécessité de verser une avance... Édouard pousse le bouchon un peu plus loin, il répond à un concours pour un important monument à être installé dans sa municipalité d'origine. Encore une fois, l'auteur attache les pièces du puzzle en faisant de Marcel Péricourt le père d'Édouard, le commanditaire de cette œuvre. Il faut se rappeler que monsieur Péricourt croit son fils mort au combat, mais un doute subsiste parce que l'histoire racontée par Albert est trop «évidente». Pendant que l'argent de l'arnaque s'accumule, Albert et Édouard se voient déjà dans les colonies, mais les journaux commencent à parler d'une fraude inimaginable. En fait, il est question des monuments inexistants, mais aussi des sépultures bafouées par des entrepreneurs sans scrupules. Les raccourcis empruntés par d’Aulnay-Pradelle pour augmenter ses profits sont mis au jour grâce à un fonctionnaire incorruptible. Je ne vous divulguerai pas la ou les fins, mais le lecteur n'est pas déçu. Il s'agit vraiment d'un roman hors du commun dans lequel se retrouvent toutes sortes d’ingrédients pour tenir le lecteur en haleine et l'inciter à se rendre jusqu'à la fin. On comprend aisément que des producteurs aient voulu en faire un film.
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Chambre 1002

Par Chrystine Brouillet
(3,0)
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J'ai lu «Chambre 1002» (2018) de Chrystine Brouillet. C'est effectivement un roman sur l'amitié et la bouffe... L'auteur y a retranscrit 20 recettes dont il est question au fil de l'histoire, à vos chaudrons. Le personnage central Hélène est un grand chef, elle se rend à New York pour recevoir un prestigieux prix de cuisine. À son retour, elle a un grave accident de voiture qui la laisse dans un coma qui se prolongera sur plusieurs mois. Dès le départ, l'auteur nous présente ses amis qui se réunissent pour la féliciter et se désoler du fait qu'ils ne peuvent pas l'accompagner étant tous trop occupés par leur propre carrière ou activité. La rencontre est organisée par son neveu qu'on nous décrit comme un flanc mou, genre parasite qui vit au-dessus de ses moyens après avoir dilapidé l'héritage de mère (la soeur d'Hélène) morte noyée. Le cercle d'amis est partagé quant à l'initiative de Julius, le neveu, ce n’est pas son genre. Puis, en trame de fond, Hélène a retracé son fils qu'elle a laissé à l'adoption 30 ans plus tôt et elle lui a fait parvenir une lettre dont elle n'a pas encore reçu de réponse. L'accident n'en est pas un, Hélène a été poussée par un autre véhicule. Rapidement, les enquêteurs se focus sur le neveu dont l'attitude et les allés et venus en font le suspect numéro un... J'apprécie cette formule dans les romans policiers ou le lecteur connaît le coupable, mais les enquêteurs doivent trouver des preuves. D'autant plus qu'ici le lecteur sait que Julius a tué sa mère... Cette façon de faire nous incite à lire parce que le lecteur veut que les policiers mettent le coupable sous les verrous. Pendant ce temps, le cercle d'amis d'Hélène opte pour l'aromathérapie pour tenter de sortir Hélène du coma. Ses amis décident donc de lui concocter des mets très odorants qu'elle aime ou qu'elle déteste pour solliciter son nerf olfactif. Se greffe à cela la vie quotidienne de l'hôpital où se trouve Hélène. C'est un bon roman dont on anticipe les grandes lignes au fur et à mesure. Tous les ingrédients y sont, le drame, l'intrigue, la romance et les amitiés sincères et durables... comme une recette.
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L'ombre du vent

Par Carlos RUIZ ZAFÓN
(4,36)
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«L'Ombre du vent» de Carlos Ruiz Zafon (2004 pour la traduction) vous le connaissez probablement... C'est le premier tome de la série du «Cimetière des Livres oubliés». Les titres suivants s'ajoutent pour compléter cette thématique développée par l'auteur; Le Jeu de l'ange (2009), Le Prisonnier du ciel (2012) et Le Labyrinthe des esprits (2018). L'histoire de «L'Ombre du vent» se déroule à Barcelone après la guerre civile espagnole (1936-1939) et la 2e Grande Guerre puisqu'elle débute à l'été 1945. Il faut le mentionner puisque le contexte y fait souvent référence notamment dans l'attitude des gens les uns envers les autres. Et pour certain, Barcelone est peut-être aussi un personnage dans cette aventure. C'est dans cette période trouble que le père du jeune Daniel Sempere l'amène visiter le «Cimetière des livres oubliés», une immense bibliothèque mystérieuse où se trouvent des œuvres plus ou moins oubliées et protégées par quelques initiés. Selon la coutume, chaque nouvel initié doit choisir un livre pour le faire vivre à nouveau. Daniel a choisi L'Ombre du Vent de Julián Carax. Il en fait rapidement la lecture et dès lors il s'interroge sur l'origine de ce récit et sur la vie de l'auteur. Les recherches de Daniel vont lui permettre de retracer l'histoire de Julián Carax et de son amour pour Pénélope Aldaya. C'est par une lettre destinée à Daniel de la part de Nuria Montfort, morte assassinée, que sera faite la lumière sur l'ensemble de l'intrigue. Vous apprendrez qui se cache derrière Laín Coubert. Dans ce roman on voit Daniel, le narrateur principal, grandir au fil des événements faisant avancer son enquête à saveur de thriller entremêlé d'histoires d’amour qui s'entrechoquent. Finalement, plus on avance dans le roman, plus on a l'impression que les histoires des uns sont imbriquées dans celles des autres et que nous sommes à l'intérieur d'un cycle qui pousse Daniel Sempere à conduire son propre fils au «Cimetière des Livres oubliés»... J'ai mis du temps à apprécier ce roman, probablement une centaine de pages, mais là j'ai bien envie de lire le tome suivant de cette saga espagnole.
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On nous appelait les sauvages

Par Marie-Josée Tardif
(4,5)
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J'ai lu «On nous appelait les sauvages - Souvenirs et espoirs d'un chef héréditaire algonkin» de Dominique (T8aminik en Anicinape) Rankin et Marie-Josée Tardif. Marie-Josée (ex-journaliste et maintenant partenaire de Dominique) tenait le crayon et Dominique raconte sa vie. Je me suis procuré ce bouquin au hasard de mes visites dans les librairies de livres d'occasion. Il s'agit d'un excellent témoignage du sort réservé aux membres de premières nations au Québec. Vous en avez entendu parler à la radio, à la télé dans les journaux, mais jamais de cette façon de la bouche d'un jeune enfant enlevé à ces parents pour aller dans les «pensionnats». Dominique Rankin nous raconte les événements même les plus odieux. Cette violence sous toutes ces formes, les agressions... pour évangéliser et «tuer l'indien en eux». On pense beaucoup aux garçons, mais les filles étaient soumises aux mêmes sévices, les religieuses n'étaient pas plus tendres. Les auteurs nous initient également à quelques éléments de la culture Anicinape, en plus du récit de la vie hors du commun de T8aminik, on découvre également la prophétie des «Sept Feux» en trame de fond. Cette prophétie jalonne les 50 années d'enseignements et d'apprentissages qui ont permis à cet homme-médecine de devenir un leader prêt au pardon et à la réconciliation. Je vous invite à lire ce livre ou à écouter les conférences de Dominique Rankin disponibles sur YouTube. Il y fait le tour de l'essentiel de son livre.
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Raisins de la colère (Les)

Par John Steinbeck, Marcel Duhamel et Maurice Edgar Coindreau
(5,0)
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Probablement que certains d'entre vous ont déjà lu le roman phare de John Steinbeck, «Les raisins de la colère», 1939 (1947 pour la version française), 639 pages. C'est encore plus vrai si vous avez évolué dans un univers anglophone puisque ce roman est énormément étudié en contexte scolaire, et ce à tous les niveaux. Il a reçu, en 1940, le prix Pulitzer pour cette œuvre magistrale. Un film mettant en vedette Henry Fonda a repris pratiquement mot à mot les dialogues de cette aventure américaine. Pour ma part, je viens d'en terminer la lecture et franchement c'est une lecture à mettre absolument à votre agenda. La qualité de l'écriture (et de la traduction) vous permet de prendre place dans le roman, vous sentez la chaleur, la poussière vous étouffe. L'histoire fondée sur la réalité sociale de l'époque est dramatique, bouleversante et révoltante. En pleine crise économique, des dizaines de milliers de famille qui subsistaient en cultivant la terre se voient contraintes à migrer vers l'espoir que laisse miroiter la Californie. Mais ce périple sera vain, ils travailleront sans relâche à assurer leur survie. L'auteur prend le temps de clarifier les enjeux soulevés par le drame qui se joue devant nos yeux, l'industrialisation de l'agriculture, le capitalisme financier sans visage qui prend de l'ampleur, la solidarité dans les épreuves, l'embryon de la syndicalisation, etc. En nous présentant cette épopée américaine au travers des faits et gestes d'une famille, l'auteur nous rappelle qui s'agit avant tout d'un drame humain. À mettre dans votre liste de lecture!
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Ce que les oiseaux disent de nous : une enquête ornithologique

Par Noah Strycker
(3,0)
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J’ai complété la lecture de «Ce que les oiseaux disent de nous – Une enquête ornithologique» de Noah Strycker, (2018 pour la version française) initialement paru sous le titre «The Magic and Mystery of Birds: The Surprising Lives of Birds and What They Reveal About Being Human (2014). Il est intéressant de constater que Flammarion-Québec est jugé bon de traduire ce document de vulgarisation scientifique. Le talent de Strycker pour l’écriture a été mis en évidence très jeune dans ses premières chroniques. Il est maintenant un ornithologue réputé et il a plusieurs livres à son actif. Mais il s’est surtout fait connaître pour avoir battu le record du plus grand nombre d’espèces d’oiseaux observé en une année dans le monde soit plus de 6000 espèces. Ce genre de record est communément appelé «Big Year» dans le monde ornithologique. Une aventure qu’il a racontée dans «Birding Without Borders». Strycker a réalisé cet exploit en 2015 et son record a été battu dès l’année suivante. Dans «Ce que les oiseaux disent de nous» on est loin de la liste des espèces d’oiseaux à cocher. Il est plutôt question des comportements des oiseaux et ce que nous en avons appris en observant certaines espèces d’oiseaux. Le livre est divisé en trois grandes parties, la physiologie, la personnalité et l’intelligence. Pour la première partie, il est notamment question de l’orientation avec les pigeons voyageurs, de l’odorat en parlant des Urubus à tête rouge, du lien étroit entre les populations de Harfangs des neiges et de Lemmings, etc. Dans la section suivante, il aborde la notion de seuil de perturbation ou de distance de fuite en parlant des Manchots Adélie. C’est dans cette partie que les liens avec les comportements humains prennent un plus grand intérêt, notamment en abordant la peur. Il y est aussi question du sens du rythme avec le célèbre moonwalk des Manakins à cuisses jaunes, de la hiérarchie chez les poules et de la mémoire du Cassenoix d’Amérique. Puis dans la partie sur l’intelligence, j’y ai trouvé du nouveau malgré mes lectures précédentes sur le sujet. Il y est question des oiseaux qui se reconnaissent dans un miroir, mais on va plus loin en soulignant que certains oiseaux peuvent reconnaître la personne qui vient fouiller dans leur nid (dans ce cas-ci un chercheur dans le cadre d’une expérience). L’idée de nounou de nichée chez les Mérions couronnés ou même de l’altruisme chez d’autres espèces. L’essai se termine avec la notion de monogamie chez l’Albatros. Vous pouvez comprendre que ces derniers sujets se prêtent aisément à des parallèles avec les humains. Noah Strycker réussit à nous présenter des résultats de recherche scientifique en maintenant notre intérêt. Il parsème son essai de faits anecdotiques qu’il prend plaisir à nous raconter, on le sent. Puis les liens qu’il tisse avec les comportements et attitudes des humains rend le tout très divertissant. La lecture de ce bouquin m’a rappelé la «Petite philosophie des oiseaux» (2018) de Philippe J. Dubois et Élise Rousseau que j’ai lue l’an dernier. Il s’agit d’un ouvrage que l’on pourrait offrir à quelqu’un pour qu’il développe un intérêt pour les oiseaux. L’index des espèces à la fin est pratique même si quelques noms d’oiseaux ne sont pas conformes à ceux que nous utilisons en Amérique. On applaudit également l’effort de l’éditeur qui a pris la peine de nous indiquer les ouvrages de référence traduits en français dans la bibliographie.
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Carte et le territoire (La)

Par Michel Houellebecq
(3,5)
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Je connaissais le nom de Michel Houellebecq parce que je fréquente un peu les nouvelles littéraires. Pour moi, c’était un écrivain français qui semble controversé et qui a du succès. Je n’avais jamais lu un livre de Houellebecq, ça ne m’intéressait pas vraiment. Mais voilà, l’occasion s’est présentée et j’ai mis la main sur un exemplaire de «La carte et le territoire» (2010), un roman pour lequel Houellebecq s’est mérité le Prix Goncourt. (Un petit commentaire en passant au sujet du Goncourt… On dirait que ce prix est attribué comme les Jeux Olympiques ou le Mundial de football…). Je me disais tout de même; «c’est un Goncourt ça devrait être bon!» Ce roman nous fait suivre la vie de Jed Martin, un artiste contemporain difficile à définir. Il débute sa carrière en photographiant des objets du quotidien en gros plan sur un fond neutre. Ces photos d’objets auront tout de même du succès, ces photos lui fournissant des contrats de photographie pour des catalogues et des publicités. Un peu plus tard, inspiré par des cartes Michelin, il commence à produire une nouvelle série de photographies en choisissant des portions de cartes régionales et des angles qui mettent les couleurs et les formes en valeur. C’est le titre de son exposition qui donne son nom au roman «La carte est plus intéressante que le territoire». C’est aussi lors de cette exposition que Jed fera la connaissance de Olga qui travaille chez Michelin. Elle deviendra sa partenaire en amour et en affaire en lui proposant de travailler avec la compagnie. La démarche fonctionne et les tirages de ses cartes se vendent à fort prix comme des petits pains. Quelques mois plus tard, c’est au moment de la promotion et du départ de Olga pour la Russie qu’il décidera de mettre fin au projet des cartes Michelin. Il n’en produira plus. Affirmant que l’artiste est une personne soumise à ses intuitions, Jed se procure, cinq mois plus tard, tout le matériel pour se remettre à la peinture. Il se met à peindre des portraits réalistes de personnages exerçant des «métiers», pris dans un sens très large puisqu’après le boucher, le tenancier de café, il y aura aussi Bill Gates et Steve Jobbs puis l’écrivain. Il montera, avec un galeriste de son quartier, une exposition de ses peintures à l’huile. C’est à ce moment que l’auteur se met lui-même en scène. Jed va solliciter Michel Houellebecq pour rédiger le catalogue de son exposition. Houellebecq accepte la proposition et la rémunération qui prendra la forme d’un tableau de lui-même représentant le métier d’écrivain. L’artiste connaîtra un succès énorme, voir foudroyant, même nous comme lecteur on n’en revient pas. Les acheteurs paient des fortunes pour ces tableaux et leurs valeurs ne cessent d’augmenter. La troisième partie du roman nous transporte complètement ailleurs puisque la mort de Michel Houellebecq et l’enquête qui s’ensuit nous placent de plain-pied dans un roman policier. Il s’agit d’un meurtre crapuleux, nous sommes maintenant à la recherche d’un meurtrier sanguinaire. Le narrateur change, ce n’est plus Jed Martin, nous suivons maintenant la pensée de l’enquêteur Jasselin. Le tueur sera retracé et son mobile est justement la toile de Houellebecq qui était disparue. Quelques semaines après sa lecture, je suis en mesure de dire que j’ai aimé ce roman. Il est donc question dans ce roman de l’ascension rapide d’un artiste et l’auteur s’en sert pour questionner la place de l’art dans la société. Il reprend l’image de l’artiste asocial, isolé et capricieux. L’auteur nous offre un portrait plutôt déprimant du monde artistique. Est-ce autobiographique? Le Houellebecq du roman ressemble à ça dans sa maison en Irlande. Quel est le lien entre Jed Martin et Michel Houellebecq? Est-ce que Jed représente la vie de rêve de Houellebecq? Il nous partagera également au passage ses réflexions au sujet du travail, de l’argent, de l’euthanasie, de la justice. Une sorte de démonstration du déclin de notre société. Il y a un aspect de ce roman qui agace, c’est la propension de l’auteur à nommer des personnages français connus (écrivain, animateur, artistes, etc.) et que nous ne connaissons pas. D’autre part, ce roman n’a pas vraiment le caractère polémique que semblent avoir connu ses autres romans. Toutefois, j’ai appris que l’auteur a tout de même créé une controverse en y copiant intégralement une notice de Wikipédia. C’est ce qui a entraîné la diffusion de ce roman sur la toile.
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Tiohtiáke

Par Michel Jean
(4,52)
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J'ai bien aimé l'histoire d'Élie Mestenapeo raconté par Michel Jean dans «Tiohtià:ke» (2021). C'est un livre dur qui nous raconte une réalité que nous méconnaissons par ignorance, mais aussi par déni... L'auteur nous raconte ce à quoi peut ressembler le vécu des itinérants issus des Premières Nations en passant par le trajet de vie d'Élie qui heureusement nous offre de l'espoir. Tout n'est pas noir! Après avoir lu le dernier de Francine Ruel et celui-ci de Michel jean, je constate qu'il y a une certaine parenté entre ces deux bouquins. Au-delà des histoires, c'est le ton, la langue utilisée, ça me plaît! J'ai l'impression que je me reconnais dans cette façon d'écrire, je pense que j'aime lire nos auteurs québécois.
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L'histoire ornithologique du Québec en direct du passé

Par réal Boulet
(3,0)
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J'ai complété ma lecture de «L'histoire ornithologique du Québec en direct du passé» (2022) de Réal Boulet. Mentionnons tout de suite que Réal est un collègue ornithologue d'expérience et qu'il est un passionné d'histoire. J'ai déjà eu l'occasion d'assister à une de ses conférences qui portait sur la première moitié du contenu de son nouveau bouquin. Je ne sais pas si c'est sa conférence, la pandémie ou mon intérêt pour Champlain (probablement un mélange de tout cela), néanmoins je peux affirmer que j'ai fréquenté les textes de presque tous les personnages dont il est question dans son ouvrage de référence. Je connaissais ce dont il est question dans ce livre. Il me faut prévenir les lecteurs qu'il ne s'agit pas de l'histoire de l'ornithologie au Québec, bien que certains aspects et/ou personnages puissent en faire partie. L'auteur le mentionne lui-même d'entrée de jeu que ce n'était pas là son objectif, tout en nous référant à d'autres textes qui l'abordent plus directement. L'auteur nous invite à partager un parcours dans le temps en ayant recours à des textes de personnages qui ont eu l'occasion d'observer des oiseaux il y a plus de 400 ans, dans le cas de Jacques Cartier. Cet ouvrage a le mérite de rassembler dans moins de 300 pages l'essentiel des citations des personnages historiques qui ont fait mention des oiseaux qu'ils ont observés sur le territoire québécois de leur époque respective. Je vous assure que ce livre prend moins de place que tous les documents que j'ai entreposés dans un répertoire du disque dur de mon ordi... Avant d'aborder quelques détails de l'ouvrage, je tiens à féliciter Réal pour son travail de moine, ou d'archiviste (ou plutôt d'historien) et dire que j'ai bien apprécié de me replonger dans ces documents plus ou moins anciens et d'y confronter mes perceptions avec celles des différents spécialistes «commentateurs», dont Michel Gosselin. Je vais commencer en abordant la question du perroquet que Champlain aurait observé, il s'agirait de la Conure de Caroline. En complément au livre, j'invite les intéressés et les curieux, à lire l'article de Claude Ducharme, «Le perroquet de Champlain», dans Le Jaseur, automne 2013, Vol.33 No.3, pp.8-9, disponible sur le site de la Société de loisir ornithologique de l’Estrie (SLOE). D'autre part, on lit plus loin dans le livre que le baron de Lahontan l'a peut-être observé lui aussi... On constate rapidement que ce n'est pas d'aujourd'hui que les observateurs d'oiseaux sont fascinés par les «oiseaux mouches», nos colibris. La plupart des descriptions qu'en font nos personnages historiques sont assez savoureuses. Mais ici, ce qui a attiré mon attention, c'est le volet «migration» de nos oiseaux. Gabriel Sagard écrit en 1623 en parlant du colibri «Cet oyseau (à ce qu'on dit) se meurt, ou pour mieux dire s'endort, au mois d'Octobre, demeurant attaché à quelque petite branchette d'arbre par les pieds , & se réveille au mois d'Avril, que les fleurs sont en abondance, & quelques fois plus tard.» C'est une belle présentation des perceptions de l'époque. Puis, F.-X. de Charlevoix note en 1720, «Il y a bien apparence qu'il se retire vers la Caroline, où l'on assûre qu'on ne le voit qu'en Hyver.». On constate que les observations s'accumulent permettant aux connaissances d'évoluer. En 1749, avec Pehr Kalm, on connaît encore mieux les Colibris à gorge rubis «Ces oiseaux arrivent ici au printemps au moment où il commence à faire chaud et font leur nid en été, mais vers l'automne, ils se retirent à nouveau dans les pays du sud de l'Amérique.». L'auteur a relevé un aspect concernant les sites de nidification qui m'a aussi fasciné. L'île aux Hérons accueille des Grands hérons depuis des siècles, ils y sont encore aujourd'hui. Il en va de même pour l'arrêt annuel des Bernaches du Canada au Lac St-Pierre, elles le font depuis des siècles... impressionnant! Il est également fort intéressant de constater que nos personnages historiques font état de la diminution des populations d'oiseaux dès 1720 avec les écrits de Charlevoix. Puis, en 1749, Kalm précise que «les oiseaux dont la chair ne se mange pas augmentaient en nombre.». Cette préoccupation quant à la disparition éventuelle d'espèces d'oiseaux revient aussi dans les écrits d'Audubon lors de son expédition sur la Basse-Côte-Nord en 1833. Il y est question des milliers d'oiseaux de mer et de pingouins tués. Il fait aussi allusion aux «eggers» qui récoltent les oeufs notamment des Fou de Bassan. À cet égard, pour ceux et celles qui s'intéressent à l'expédition de Jean-Jacques Audubon sur la Basse-Côte-Nord, il faut consulter les textes et documents produits par Pierre-Olivier Combelles. Il a reproduit, à la voile, l'expédition de Audubon en 1989-90, comme C. W. Townsend en 1915. Sa thèse de doctorat porte sur ce sujet. Il en a fait un résumé dans Le Naturaliste Canadien, Vol.123, No. 1, Hiver 1999, «Le voyage de John James Audubon au Labrador (1833)», pp. 67-74 et dans le Littoral, Numéro 16, Automne 2021, pp. 6-53, «Pierre-Olivier Combelles sur les traces de John James Audubon au Labrador, en Basse-Côte-Nord, en 1833». Vous y trouverez notamment la liste des 28 dessins d'Audubon qui proviennent de la Côte-Nord avec les planches correspondantes dans «Birds of America» son oeuvre ultime. Je reviens au livre de Réal Boulet; il nous présente brièvement Henry George Vennor pour ses descriptions des hiboux en 1860 et son ouvrage «Our Birds of Prey» publié en 1876. À cette période, j'aurais peut-être glissé un mot au sujet de Archibald Hall (1812-1868) qui avait produit un mémoire «On the Mammals and Birds of the District of Montréal» pour le compte de la Natural History Society of Montréal (fondé en 1827) dont l'essentiel a été publié dans différents articles du Canadian Naturalist and Geologist. Il y a eu William D'Urban qui a identifié 75 espèces lors d'un relevé en Outaouais à la demande de la Commission géologique du Canada. Il en a publié un résumé dans la même revue. En fait, ils étaient plusieurs membres de cette Société, certains étaient médecins et affiliés à McGill. Tout ce beau monde se côtoyait... Il y a là du matériel pour un autre ouvrage sur l'histoire de l'ornithologie. En somme, merci Réal, pour les découvertes et ces moments passés avec ces personnages historiques dont nos oiseaux ont su attirer l'attention.
Robert Allie a apprécié, commenté et noté ce livre

Réserve (La)

Par Russell Banks
(4,0)
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J’ai lu «La Réserve» (2007/2008) de Russell Banks, un auteur américain né d’un père canadien ce qui lui confère la double nationalité. Il est considéré comme un écrivain engagé de par son œuvre, mais aussi pour son implication dans la protection des droits des écrivains et parce qu’il ne se gêne pas pour faire connaître son opinion. Dans ce roman «La Réserve», Banks s’éloigne d’un de ses thèmes privilégiés soit le monde ouvrier et les opprimés en général. Il plonge plutôt dans un autre univers, celui de la grande bourgeoisie. Toutefois, il met en scène Jordan Groves, artiste peintre ayant du succès issu d’un milieu modeste et affichant des opinions de gauche. L’auteur met de l’avant ce paradoxe du «défenseur de la veuve et de l’orphelin» qui doit charmer ses clients très riches qui achètent ses œuvres et qui ne partage pas ses opinions. Il sera donc question, entre les lignes de l’histoire, d’éthique et de morale. À l’été 1937, Jordan Groves est invité à la traditionnelle célébration du 4 juillet qui réunit tous les ans la famille Cole et leurs amis dans la Réserve au camp Rangeview. La Réserve c’est la «Tamarak Wilderness Reserve» constitué de 16 000 hectares d’espace sauvage dans les Adirondacks propriété de quelques familles de New York. Le Rangeview est la plus grande des maisons qui se trouvent dans la réserve. Groves a été invité par le Dr Carter Cole, célèbre neurochirurgien, héritier de la de maison, qui souhaitait lui montrer des tableaux ornant les murs de sa résidence secondaire. Le Dr Cole fit part à Jordan que son arrivée avait été plutôt remarquée... Jordan est aussi pilote et il s’est permis de poser son hydravion sur le lac près de la maison contrevenant aux règles en vigueur dans la Réserve. On comprendra rapidement que Groves n’a pas la réputation de respecter les règles. Jordan Groves se préparait à assister à une soirée mondaine ennuyeuse, mais c’était sans compter sur la présence de Vanessa, la fille du Dr Cole et d’Evelyn sa femme. Vanessa Cole est une belle femme lumineuse, mais un peu instable. Elle traîne une réputation sulfureuse parce que ses comportements et/ou attitudes ne cadrent pas dans ce monde où les apparences sont plus importantes que la vérité. Ainsi, Jordan et Vanessa suscitent tout les deux des chuchotements à leur passage parmi les invités. Jordan se rend bien compte de ce que dégage cette jeune femme, cela va au-delà de ses autres conquêtes de voyages. Est-ce une menace pour lui et Alicia et leurs deux enfants? La mort du Dr Cole lors de la fête est le déclencheur d’une suite d’événements qui viendront bouleverser la vie des principaux personnages. Jordan, Alicia, Vanessa et Hubert (un guide franco-américain) verront leur vie respective prendre une trajectoire qu’ils auraient souhaité éviter. Je ne vous en dirai pas plus... Je crois que l’essence de ce que l’auteur voulait nous faire voir ou comprendre, c’est toute la place qu’occupe le mensonge dans le petit monde qu’il nous décrit. Un monde où les apparences sont tellement plus importantes que la vérité / l’éthique / l’honnêteté. C’est un monde plutôt fourbe. Lorsque la vérité éclate et que les «vraies affaires» sont dites, le réel bonheur dans lequel ils croyaient tous évoluer s’écroule. Où se trouve la limite de l’adage «Toute vérité n’est pas bonne à dire...»?
Robert Allie a apprécié, commenté et noté ce livre

Le promeneur de chèvres

Par Francine Ruel
(4,59)
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J'ai lu le Promeneur de chèvres (2021) de Francine Ruel. D'emblée, je peux vous dire que je n'avais lu aucun bouquin de cette auteure. J'ai bien aimé ce roman et je vous en suggère la lecture. Je suis bien content qu'on me l'ait offert et je vais en faire profiter d'autres personnes. Francine Ruel a raconté à quelque reprise lors de la tournée de promotion de cet ouvrage que l'inspiration première venait de son ami et agent littéraire Patrick Leimgruber lui-même éleveur et promeneur de chèvres. Il est donc propriétaire d'un cheptel caprin... On apprend beaucoup de termes en lien avec les chèvres dans ce roman. Tout d'abord, l'auteure au lieu de cacher le contexte actuel, comme d'autres sont tentés de le faire, elle utilise la pandémie comme toile de fond, si l'on peut dire. C'est ainsi que Gilles, normalement guide touristique lors de voyages au bout du monde, se retrouve à la rue. Il s'est installé avec ses «compagnons de fortune» (drôle d'expression dans les circonstances) dans un campement improvisé à Montréal. Par un hasard comme ceux que les romans peuvent créer, son grand-père Henri le reconnaît aux nouvelles à la télé. Il décide alors de prendre son bazou, de faire la route du fin fond des Cantons de l'Est jusqu'à la grande ville, pour aller extirper son petit-fils de cette misère pandémique. Henri ramène Gilles sur sa ferme. Gilles se dit qu'une bonne douche et un peu de sommeil lui feraient du bien et qu'il pourrait revenir à Montréal ensuite. Les événements vont plutôt l'amener ailleurs... Il va se rendre compte rapidement que son grand-père a besoin de lui et que les chèvres aussi... C'est ici qu'entre en jeu le thème dont Francine Ruel voulait que son roman soit le porteur, la transmission du savoir (ou des passions). Lentement mais sûrement, Henri montre à Gilles, avec l'aide de son voisin Patrick, comment prendre soin des chèvres, dont les promenades. Ces promenades deviendront un attrait touristique, une source de revenus et une forme d'apaisement incontournable pour les visiteurs et aussi pour Gilles. Gilles a gardé contact avec ses amis de la ville, mais c'est plutôt eux qui lui rendent visite que lui qui se rend en ville. À cet égard, Janie, la pâtissière, occupe beaucoup de place dans sa tête et dans son coeur, mais il ne lui dit pas. Henri s'organisera pour que le message passe sans vraiment être subtil. Henri vit entourée de livres en disant que c'est sa Marie, décédée d'un cancer, qui l'a guidé vers la lecture. Cette passion pour la lecture en a même fait une sorte de bibliothécaire pour les gens du village qui passent lui emprunter ses livres sauf son édition de «Le Soleil des Scorta». La vieillesse aura raison de Henri, mais celui-ci partira l'âme en paix en ayant l'impression d'avoir fait son devoir. Sans oublier le grille-pain, le punch de la fin m'a ravie, on sourit tout en étant bouleversé, j'aime ça.
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Robert Allie a apprécié, commenté et noté ce livre

Tigre Blanc (Le)

Par Aravind Adiga
(3,5)
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«Le tigre blanc» (2008 v. originale/2010 v. française) de Aravind Adiga a obtenu The Booker Prize 2008. Dans «Le tigre blanc», Munna / Balram Halwai / Ashok Sharma (le même personnage qui change de nom) raconte son histoire sous la forme de lettres qu'il adresse au premier ministre chinois qui viendra à Bangalore. Le roman est composé de sept chapitres qui correspondent à chacune de ces lettres. Balram décrit son enfance au sein d'une famille pauvre dans un village tout aussi dépourvu. Son père est décédé de la tuberculose après une visite dans un hôpital de fortune sans médecin, même si normalement il devait y en avoir un... Rapidement identifié comme un des jeunes hommes les plus instruits du village, il sait lire et écrire, on lui attribuera le surnom de «Tigre blanc» parce qu'il est aussi rare que cet animal. Balram est animé par une volonté de se sortir de la «cage à poules», de sortir des «ténèbres» pour avoir accès à la «lumiére». En étant insistant, têtu et rusé, il réussira à obtenir un emploi de chauffeur auprès d'un riche propriétaire issu de son village natal. En côtoyant au quotidien le monde des «Gros Ventres» (riches) et des «Ventres Creux» (pauvres), Balram, ne veut plus être que serviteur et subir l'asservissement de la société indienne. Il en veut plus, toutefois il sera tourmenté par ce qui est juste, par ce qui pourrait arriver à sa famille. Il tentera de peser le pour et le contre notamment avec la séquence du «crachat de droite» (honnête et respectueux de sa position) et du «crachat de gauche» (exploité et prêt à une révolution). Il passera à l'acte en tuant son patron et en lui prenant un magot destiné à la corruption du gouvernement. Avec cet argent, il pourra «investir» dans sa «start-up» de transport par taxi à Bangalore sous son nouveau nom de Ashok Sharma. Il mentionne qu'il vaut maintenant 15 fois plus que la somme «empruntée» à son patron. Ayant maintenant accès à la «lumiére», il dira «Jamais je ne dirai que j'ai commis une erreur.» Dès le début, le lecteur a une bonne idée de la trame de l'histoire et de ce qui s'en vient. Ce n'est donc pas, à mon avis, le but du récit. Il s'agit plutôt d'un moyen de nous décrire les deux grandes «castes» de l'Inde contemporaine, les très riches et les très pauvres. Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre, mais j'ai justement apprécié ce roman pour le ton satirique des descriptions du quotidien et son humour grinçant. Il exprime clairement, les paradoxes ou les contradictions de son pays. Dès les premières pages, le ton est donné, il souligne au premier ministre chinois en visite pour en apprendre davantage au sujet des entrepreneurs que «bien que l'Inde soit dépourvue d'eau potable, d'électricité, de système d'évacuation des eaux usées, de transports publics, d'hygiène, de discipline, de courtoisie et de ponctualité, elle possède des milliers d'entrepreneurs.» Plus tard dans le roman, il ajoutera sur le même ton, nous n'avons pas autant de «médailles d'or» aux Olympiques, mais nous avons «la démocratie»... Balram lui rappelle «la passion immense de la Chine pour l'indépendance et les libertés individuelles». Il dira «Je sais que la démocratie ne vous est pas familière, je vais vous l'expliquer.» Balram nous raconte que depuis ses 18 ans il a certainement voté dans une douzaine d'élections sans jamais avoir vu l'intérieur d'un isoloir. «Notre pays, voyez-vous, au temps de sa splendeur... ressemblait à un zoo. Un zoo propre, bien tenu et ordonné... Chacun y était à sa place et heureux. Puis... le 15 août 1947, jour du départ des Anglais, les cages furent ouvertes. La loi de la jungle remplaça celle du zoo. Les plus féroces, les plus affamés, dévorèrent les autres et prirent du ventre.»
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Une Enquête Philosophique

Par Philip Kerr
(3,0)
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Philip Kerr, «Une enquête philosophique» (version française de 2011) écrit en 1992, ce roman place l'histoire en 2013. Kerr s’était donc donné un horizon de 20 ans, est-ce un roman d’anticipation? Non! Il s’agit bien d’une enquête policière, mais avec une place privilégiée attribuée à la philosophie. Je vous le dis tout de suite, si vous voulez vous initier à l'oeuvre de Philip Kerr ne commencé pas par ce roman. Lisez plutôt l'un des 14 romans impliquant son enquêteur Bernie Gunther. On se retrouve donc à Londres en 2013, dans une Europe qui ressemble à l’Union européenne d’aujourd’hui. Toutefois, l’action prend place dans une société où le crime est très présent et sa contrepartie aussi, la répression. Tout le monde est fiché, il y a des caméras partout et pour économiser le gouvernement a remplacé les peines de prison par le coma punitif. Puis, dans le cadre d’une nouvelle politique gouvernementale de diminution de la criminalité, le programme «Lambroso» a été mis sur pied. Ce programme révolutionnaire est capable de repérer dans la population mâle les individus dangereux susceptibles de se transformer en meurtriers. Ce programme a été mis sur pied et géré par l'Institut du cerveau, une entreprise privée subventionnée. Ainsi, tous les hommes ont été appelés à passer un scan du cerveau pour vérifier l’état de leur noyau ventriculo médian (NVM). Une anomalie du NVM prédispose les sujets à l'agressivité, à la violence, voire au meurtre. Ces hommes ainsi identifiés sont invités à participer à un traitement particulier qui a pour but de réduire leurs pulsions meurtrières. Pour préserver leur confidentialité, chaque patient se voit attribuer le nom d’un écrivain ou d’un philosophe. Notre enquêtrice principale, Isadora «Jake» Jakowicz, est une policière diplômée en psychologie, spécialiste des tueurs en série et plus particulièrement des gynocides. Elle est aussi une belle grande blonde qui hait les hommes à cause de son père. Le roman s’ouvre sur un meurtre sordide, agression sexuelle avec violence et mutilation, Jake se voit confier l’enquête. La résolution de ce gynocide demeurera en filigrane du roman jusqu’à la fin. Toutefois, dans la même période, des meurtres d’hommes démontrant le même modus operandi s’accumulent. Alors qu’elle se trouve à l’étranger dans un congrès de criminologie, Jake est sollicitée avec ses patrons et la ministre de l’Intérieur parce qu’un autre meurtre de ce genre est commis. Le huitième en huit mois… Impressionnée par les arguments de Jake concernant le type de tueur auquel ils ont affaire, la ministre la nomme en charge d’une opération spéciale pour capturer le meurtrier. L’élément qui rend cette enquête très sensible c’est que les huit hommes assassinés étaient tous fichés dans le programme Lambroso et ils avaient tous des noms de philosophes. Ce qui a poussé Jake a suggéré qu'il y avait une fuite d’information à l'Institut du cerveau. Même si la ministre lui a donné accès à tous les moyens nécessaires, Jake va devoir se démener, et même combattre ses patrons et des collaborateurs pour mettre un terme a cette série de meurtres. On apprendra qu’un patient portant le nom de Wittgenstein, un philosophe autrichien, a réussi à entrer dans le système, y a effacé toute trace de son existence, s’est procuré une liste de tous les hommes fichés et qu’il assassine un à un, ceux qui portent un nom de philosophe. Notre assassin affirmera qu’il les tue pour éviter que des crimes soient commis par ces mêmes personnes. On le laisse faire ou pas? Il posera lui-même la question, peut-on se prendre pour Dieu et rendre soi-même la justice? Quant à l'incarcération en prison remplacée par une mise en coma artificiel, dans le but de réduire les dépenses de l'état, est-ce une bonne solution ? Et face aux différents crimes commis est-ce que tous les criminels méritent la même peine ? Est-ce que contrôler le taux d’agressivité chez les hommes est un bon moyen de prévention? Le crime est-il un art puisqu’il est si présent au cinéma, dans les romans, au théâtre, dans les jeux vidéo? Notre meurtrier affirme que oui! Tout au long du roman, les chapitres alternent entre l'enquête de Jake et les pensées du tueur. Une centaine de pages (25% du roman) nous font part des réflexions du meurtrier. La lecture de ce roman peut parfois sembler difficile parce qu’un peu trop médicale, scientifique et philosophique. On se rend bien compte que Kerr «a fait ses recherches», ce qu'il propose existe ou pourrait exister. C'est une lecture intéressante, mais ça manque un peu d’émotion. À certains moments, on a l’impression de lire un essai. Fait à noter, j’ai été agacé par la misogynie très affirmée que l’auteur s’est permise via ses personnages à l’égard de l’inspectrice Jakowicz et de la ministre de l’Intérieur. Il y a aussi un racisme qui s’exprime librement qui me semble dater d’une autre époque.