Activités de STÉPHANE LAROSE

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Les batailles d'Internet : assauts et résistances...

Par Philippe de Grosbois et Jonathan Durand Folco
(4,5)
4 personnes apprécient ce livre
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Publié par Écosociété, une « maison d’édition indépendante [qui] a fait le pari de la circulation des idées » (d’abord qu’elles soient bien à gauche), « Les batailles d’Internet » a comme éloquent sous-titre : « Assauts et résistances à l'ère du capitalisme numérique ». L’auteur, professeur de sociologie au collégial et rédacteur de plusieurs articles pour la revue « À babord », ne fait dans ce livre ni le procès de la technologie numérique, ni celui de la dépendance à celle-ci dont fait preuve notre société. Son combat se situe plutôt contre le capitalisme, qu’il soit numérique ou non. Son espoir est clair, bien que jamais énoncé directement : le pouvoir mondial à l’extrême-gauche. L’Internet est une construction sociale dont il faut s’emparer comme une arme de conviction massive ! Malgré l’idéologie extrémiste qui sous-tend le propos, je suis loin d’avoir détesté ce livre. Comme le précise sa maison d’édition, « l’auteur refait l’histoire d’Internet et des multiples forces qui l’ont façonné à travers le prisme du politique et de leur rapport au capitalisme. Il offre ainsi une vue d’ensemble aussi rare que nuancée sur l’univers numérique ». Son livre est très intéressant, clair et bien écrit. On apprend plein de choses, on nous amène à réfléchir. Et la recherche qui a mené à l’aboutissement de cet ouvrage est plus qu’impressionnante. Je suis d’accord avec de Grosbois : il faut critiquer, voire dénoncer le capitalisme sauvage qui règne sur Internet. Un point négatif cependant : tout le livre est rédigé en écriture inclusive, avec utilisation du point classique (« des informaticien.ne.s, des chercheur.e.s spécialisé.e.s »), ce qui a rendu pour moi la lecture pénible à bien des moments.
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La facture

Par Jonas Karlsson
(5,0)
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Jonas Karlsson est avant tout un acteur suédois très connu et de longue date, puisqu’il était encore un enfant lorsqu’il a joué dans sa première série télé en 1984. En 2004, il gagne en Suède le trophée remis au meilleur acteur. En 2007, il publie un recueil de nouvelles. D’autres nouvelles ou courts romans suivront, dont "La facture", publié en 2014 en suédois et en 2015 en français. Le personnage principal, qui est aussi le narrateur de son histoire, n’est pas nommé. C’est un type qui mène une vie ordinaire et paisible. Il travaille dans un club de films de répertoire. Il vit seul dans un petit appartement. Il n’a pas de blonde présentement. Il a un seul copain, qui s’appelle Roger. Le roman commence alors qu’il vient de recevoir une grosse facture d’environ $900 000, mais celui-ci ne comprend pas de qui ça vient et pourquoi. Il se dit que c’est sûrement une erreur et il ne s’en fait pas trop avec ça. Il va finir par comprendre que la facture provient d’une organisation internationale tout à fait légitime, qui a été créée pour taxer le bonheur. S’il doit autant d’argent, c’est parce qu’il voit toujours le bon côté des choses, qu’un rien le rend heureux et qu’il a vécu comme cela toute sa vie. C’est donc une sorte de conte basé sur le fameux dicton : « L’argent ne fait pas le bonheur ». C’est bien écrit (ou certainement bien traduit). C’est aussi très drôle et très absurde. Ça rappelle « Le procès » de Kafka et beaucoup aussi « L’étranger » de Camus, par l’insistance sur les sensations et les petits plaisirs physiques du narrateur, notamment les références au soleil et à sa chaleur. Dans les deux romans, le personnage principal se retrouve en quelque sorte jugé et condamné pour une seule et même raison, soit d’être différent des autres. Un plaisir à lire !
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La facture

Par Jonas Karlsson
(5,0)
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Jonas Karlsson est avant tout un acteur suédois très connu et de longue date, puisqu’il était encore un enfant lorsqu’il a joué dans sa première série télé en 1984. En 2004, il gagne en Suède le trophée remis au meilleur acteur. En 2007, il publie un recueil de nouvelles. D’autres nouvelles ou courts romans suivront, dont "La facture", publié en 2014 en suédois et en 2015 en français. Le personnage principal, qui est aussi le narrateur de son histoire, n’est pas nommé. C’est un type qui mène une vie ordinaire et paisible. Il travaille dans un club de films de répertoire. Il vit seul dans un petit appartement. Il n’a pas de blonde présentement. Il a un seul copain, qui s’appelle Roger. Le roman commence alors qu’il vient de recevoir une grosse facture d’environ $900 000, mais celui-ci ne comprend pas de qui ça vient et pourquoi. Il se dit que c’est sûrement une erreur et il ne s’en fait pas trop avec ça. Il va finir par comprendre que la facture provient d’une organisation internationale tout à fait légitime, qui a été créée pour taxer le bonheur. S’il doit autant d’argent, c’est parce qu’il voit toujours le bon côté des choses, qu’un rien le rend heureux et qu’il a vécu comme cela toute sa vie. C’est donc une sorte de conte basé sur le fameux dicton : « L’argent ne fait pas le bonheur ». C’est bien écrit (ou certainement bien traduit). C’est aussi très drôle et très absurde. Ça rappelle « Le procès » de Kafka et beaucoup aussi « L’étranger » de Camus, par l’insistance sur les sensations et les petits plaisirs physiques du narrateur, notamment les références au soleil et à sa chaleur. Dans les deux romans, le personnage principal se retrouve en quelque sorte jugé et condamné pour une seule et même raison, soit d’être différent des autres. Un plaisir à lire !
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Le cerveau et la musique

Par Rochon Michel
(4,25)
3 personnes apprécient ce livre
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Le journaliste scientifique québécois Michel Rochon, qui a longtemps travaillé pour Radio-Canada (notamment à l’émission Découverte), s’intéresse depuis longtemps aux liens entre le cerveau et la musique. Il n’est pas le premier à écrire sur le sujet, loin de là, mais son livre a plusieurs mérites. D’abord, la connaissance dans ce domaine progresse sans cesse et son ouvrage est bien à jour. Rochon montre très bien ce que le passé nous a appris, ce que le présent nous permet de comprendre et ce que le proche avenir nous réserve (composition musicale, musicothérapie, etc.). Ensuite, même si l’auteur nous parle quelquefois de phénomènes complexes ou de choses qui nous dépassent un peu, l’essentiel est bien résumé, le propos bien vulgarisé. Enfin, à la fin de chaque chapitre, il nous suggère des vidéos sur YouTube ou même des livres pour ceux qui voudraient en savoir plus. Si vous voulez savoir quelles parties du cerveau s’activent lorsque vous écoutez de la musique, si la musique est un langage, si jouer de la musique peut améliorer votre quotient intellectuel ou si la musicothérapie est vraiment efficace pour traiter certaines maladies, ce petit livre de Michel Rochon est pour vous !
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Lionel Groulx,le penseur le plus influent de l'histoire du Québec

Par Charles-Philippe Courtois
(4,0)
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Les Éditions de l’Homme présentent cet ouvrage comme étant «la première véritable biographie de Lionel Groulx, un personnage aujourd'hui mal connu, dont le travail colossal a eu des répercussions profondes sur notre culture et notre évolution collective, lui valant d'être qualifié de « père spirituel du Québec moderne » au moment de son décès ». Lionel Groulx fut « prêtre, professeur, écrivain, essayiste (…) et conférencier » mais surtout un grand historien très nationaliste, voire indépendantiste qui, même jusqu’à un âge fort avancé, a été l’idole d’une importante frange de la jeunesse québécoise. La première moitié de cette biographie de 575 pages est, à mon avis, la plus intéressante. Courtois, en nous racontant les années d’enfance de Groulx, nous brosse un portrait vivant mais sans l’idéaliser de la fin du dix-neuvième siècle. Les études à l’étranger de Groulx pour devenir historien nous permettent aussi de découvrir l’Europe et ses courants de pensée du début du vingtième siècle. Mais après avoir traité de la parution du roman de Groulx « L’appel de la race » en 1922, la seconde moitié de l’ouvrage est beaucoup moins consacrée à Groulx et beaucoup plus aux chicanes de clochers entre les différentes conceptions de ce que devrait être l’Histoire (avec un grand « H ») ainsi que ce que devrait être l’histoire du Canada et du Québec. Courtois passe également en revue les différentes revues historiques de l’époque, qui chacune possède sa propre vision du nationalisme, ainsi que la progression des idées nationalistes au sein des différents partis politiques québécois et canadiens. Mais pouvait-on s’attendre à d’autre chose d’un historien voulant raconter la vie d’un autre historien ? On nous dit que Courtois a passé des années à étudier tout ce qui concerne de près ou de loin Lionel Groulx, et cela paraît beaucoup dans ce livre qui plaira sans doute beaucoup plus aux étudiants en histoire ainsi qu’à leurs professeurs, qu’à un public qui voudrait seulement découvrir et comprendre pourquoi tant de lieux et de rues portent ce fameux nom de Lionel Groulx.
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La mort rousse

Par Pierre Chatillon
(5,0)
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Inutile de raconter l’histoire. Inutile car là n’est pas l’essentiel, là ne se trouvent pas les raisons pour lire ou pas « La mort rousse », publié initialement en 1974. Il faut d’abord lire « La mort rousse » pour sa beauté. Ce livre est beau. Probablement un des plus beaux jamais écrits. La littérature, ça peut servir à ça : à faire voir la vie en beau, comme l’écrivait Baudelaire. La beauté des images, la beauté des mots aussi. Châtillon peint son œuvre avec d’innombrables noms d’espèces de fruits, de plantes, d’oiseaux ; un peu à la manière d’un Théophile Gautier dans « Omphale », pour que la richesse de la langue fasse écho à la richesse de la vie … ou de la mort. Ce n’est pas pour rien que cette histoire est celle d’un peintre. Les figures de style abondent aussi, sans jamais apparaître ni faciles, ni forcées ; un tour de force en soi. Ce livre est un brillant hommage à la nature et à la vie, à l’amour et à la mort. Un hommage à la littérature romantique dirais-je aussi, fidèle à sa beauté mais aussi à ses excès. En effet, la foisonnante et étonnante progression émotionnelle et philosophique du personnage principal semble faire du sur place vers la fin, même régresser, sans qu’on comprenne trop pourquoi. Et tout comme celle de Madame Bovary, sa mort prend un peu trop de temps à survenir. Mais que cela ne vous empêche aucunement de plonger, sans réserve, dans l’univers flamboyant de « La mort rousse ». À lire et à relire.
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Le coureur de froid

Par Jean Désy
(3,0)
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L’histoire est assez simple, voire même banale. Un médecin blanc du « Sud » (mais avec un peu de sang amérindien ?), qui s’est exilé au « Nord » en territoire innu pour retrouver sa joie intérieure, perd de façon très soudaine et sa joie et le nord. Il veut retrouver sa fille qu’il a laissée au « Sud » avec sa mère de qui il a divorcé et il veut la retrouver là, tout de suite. Il part en motoneige sans vraiment prendre la peine de bien se préparer et on comprend que tout cela est voulu, qu’il espère ne pas pouvoir se rendre et ainsi « mourir dans la dignité ». Le coureur de froid est comme le coureur de fond : il ne se sent vraiment bien, vraiment vivant et sans angoisse devant l’absurdité de la vie qu’en « courant », qu’en souffrant et en soignant ses blessures pour ensuite pouvoir repartir. Julien (c’est son prénom) se doit aussi de courir car il est écartelé entre deux mondes : celui de l’enfant désiré par sa compagne innue et celui de l’enfant déjà créé avec sa compagne de la ville. Il ne peut pas avoir les deux à la fois, d’où son vide et sa souffrance. Il ne peut vivre, il ne peut que survivre dans ce qu’il nomme (à la suite de Marie Uguay) l’outre-vie. Julien a beau être médecin, a beau dire aimer les Innus, a beau adorer sa fille Marie : c’est un être centré sur lui-même, qui est condamné à vivre et mourir seul, à moins de réussir à comprendre et à sentir que les humains sont de sa race, qu’il n’est ni meilleur ni pire que les autres, qu’il peut (qu’il doit !) trouver un sens à la vie en-dehors de lui-même. Ce roman est court (une centaine de pages) mais il gagne à être lu deux fois pour qu’il fasse son chemin dans la tête lectrice et le cœur fragile. Beaucoup de poésie dans ce roman de Jean Désy, beaucoup d’humour aussi. Je vous préviens : c’est à la fois plaisant et exaspérant à lire.
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Coureur de Froid (Le)

Par Jean Désy
(3,0)
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L’histoire est assez simple, voire même banale. Un médecin blanc du « Sud » (mais avec un peu de sang amérindien ?), qui s’est exilé au « Nord » en territoire innu pour retrouver sa joie intérieure, perd de façon très soudaine et sa joie et le nord. Il veut retrouver sa fille qu’il a laissée au « Sud » avec sa mère de qui il a divorcé et il veut la retrouver là, tout de suite. Il part en motoneige sans vraiment prendre la peine de bien se préparer et on comprend que tout cela est voulu, qu’il espère ne pas pouvoir se rendre et ainsi « mourir dans la dignité ». Le coureur de froid est comme le coureur de fond : il ne se sent vraiment bien, vraiment vivant et sans angoisse devant l’absurdité de la vie qu’en « courant », qu’en souffrant et en soignant ses blessures pour ensuite pouvoir repartir. Julien (c’est son prénom) se doit aussi de courir car il est écartelé entre deux mondes : celui de l’enfant désiré par sa compagne innue et celui de l’enfant déjà créé avec sa compagne de la ville. Il ne peut pas avoir les deux à la fois, d’où son vide et sa souffrance. Il ne peut vivre, il ne peut que survivre dans ce qu’il nomme (à la suite de Marie Uguay) l’outre-vie. Julien a beau être médecin, a beau dire aimer les Innus, a beau adorer sa fille Marie : c’est un être centré sur lui-même, qui est condamné à vivre et mourir seul, à moins de réussir à comprendre et à sentir que les humains sont de sa race, qu’il n’est ni meilleur ni pire que les autres, qu’il peut (qu’il doit !) trouver un sens à la vie en-dehors de lui-même. Ce roman est court (une centaine de pages) mais il gagne à être lu deux fois pour qu’il fasse son chemin dans la tête lectrice et le cœur fragile. Beaucoup de poésie dans ce roman de Jean Désy, beaucoup d’humour aussi. Je vous préviens : c’est à la fois plaisant et exaspérant à lire.
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Monde d'Alice (Le): 108 ans de sagesse

Par Alice Herz-Sommer et Caroline Stoessinger
(5,0)
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Si vous allez sur YouTube et que vous recherchez le nom d’Alice Herz-Sommer, vous découvrirez plusieurs extraits d’interviews de cette femme exceptionnelle, tirés d’un documentaire sur elle appelé The Lady in Number 6. Ce film a d’ailleurs remporté en 2014 l’oscar du meilleur court-métrage documentaire. Après avoir visionné ces extraits, ou peut-être même le documentaire (disponible en vidéo sur demande), vous aurez sans aucun doute le goût d’en savoir plus en lisant ce livre. Au moment où le livre paraît, Alice Herz-Sommer a 108 ans. Elle vit seule à Londres depuis plusieurs années, dans un minuscule appartement où un vieux piano Steinway un peu désaccordé occupe presque toute la place. Alice est née en 1903 en Tchécoslovaquie dans une famille juive riche et cultivée. Elle a connu personnellement l’écrivain Franz Kafka. Elle a assisté, en 1911, au concert d’adieu du compositeur Gustav Mahler et a pu lui poser des questions alors qu’elle n’avait que sept ans ! Alice deviendra elle-même une pianiste de renom, mais qui décidera très tôt de se consacrer surtout à l’enseignement de la musique. Le malheur frappe cependant en 1942, alors qu’elle et sa famille sont déportées dans un camp de concentration. Ce qui fascine chez Alice Herz-Sommer, c’est le fait que durant toutes ces années au camp et puis après en être sortie, elle est demeurée une femme rieuse et joyeuse grâce à la musique. Elle n’attache aucune importance à la possession de biens matériels. La musique est sa nourriture, sa richesse, sa vie, son moyen de communication avec Dieu. Elle ne déteste personne, pas même les Nazis qui ont tué sa mère et son père. C’est une personne ouverte aux autres qui, lorsqu’elle a demeuré en Israël, enseignait le piano autant aux Juifs qu’aux Palestiniens en les aimant de manière égale. Les leçons de piano d’Alice étaient aussi des leçons de vie, qui ont marqué un grand nombre d’étudiants et étudiantes qui sont devenus des pianistes célèbres. Le livre ne retrace pas la vie d’Alice de manière chronologique et c’est tant mieux. On peut le déguster tranquillement, chapitre par chapitre, jusqu’à ce que le portrait final d’Alice Herz-Sommer ait été complété. On ne peut que sourire et se sentir bien après en avoir terminé la lecture. Elle qui est née en 1903 est finalement décédée en février 2014 à l’âge de 110 ans.
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Sodoma : enquête au coeur du Vatican

Par Frédéric Martel
(3,0)
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Frédéric Martel est un journaliste, sociologue et auteur français très impliqué socialement et politiquement. Il est aussi ouvertement homosexuel, ce qui joue un rôle essentiel dans le but d’écrire Sodoma mais aussi dans la possibilité de pouvoir réaliser l’enquête présentée dans ce livre. Le projet de Martel consiste d’abord à montrer et prouver que tout le clergé de la religion catholique, dans tous les pays du monde et particulièrement au Vatican, est constitué majoritairement d’homosexuels ; probablement depuis toujours mais certainement et particulièrement depuis le pape Paul VI (1963-1978). Le problème est que ces homosexuels, contrairement à Frédéric Martel et la plupart des homosexuels de notre époque, tiennent encore vigoureusement à cacher leur homosexualité ; pas nécessairement aux autres membres de leur communauté mais à leurs paroissiens et à la société en général. On ne parle pas ici d’une homosexualité abstinente. Au contraire, la plupart de ces prêtres sont très actifs sexuellement et trouvent l’âme frère du moment chez des prostitués, des jeunes séminaristes, des gardes suisses au Vatican, etc. C’est pour cacher leur propre homosexualité qu’ils s’affichent homophobes. Et lorsque ceux-ci occupent des postes de prestige au Vatican, ce sont eux qui influencent la parole de l’Église vis-à-vis l’homosexualité, le sida, l’emploi des contraceptifs, etc. Dans le fond, ce que reproche Martel au clergé, au-delà de son hypocrisie sans bornes, c’est d’avoir causé un tort immense à la société, notamment bien sûr à la communauté homosexuelle. Un autre problème se trouve dans le fait que l’Église, face aux scandales de pédophilie, réagisse de la même manière que face à l’homosexualité et ne comprenne pas la différence pourtant majeure entre les deux. Ce qui fait qu’elle dénonce tout en cherchant à protéger les coupables. Il y a dans cette longue enquête des pages absolument fascinantes et révoltantes à la fois. On découvre littéralement des voleurs, des bandits, des pédophiles et des êtres pouvant exercer de la violence inouïe. On déprime à constater l’hypocrisie du clergé, la misère sexuelle de ses membres, le fait que ces communautés de prêtres soient composées essentiellement de gens qui s’espionnent, se médisent, se détestent. On doit cependant déplorer plusieurs défauts à Sodoma. D’abord, Martel passe presque complètement sous silence l’hypocrisie du clergé sur la question des femmes, se contentant seulement de mentionner la misogynie de plusieurs membres. Sa langue française est volontairement remplie d’anglicismes tout à fait inutiles, certains entre guillemets, d’autres non ; cela rend la lecture immensément pénible. Enfin, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup trop long : trop de gens rencontrés, trop d’exemples répétitifs, trop d’éléments superflus. Son analyse et ses thèses sont noyées dans un débordement d’individualités dévoilées au grand jour. À cause de cela, je doute que la plupart des gens qui vont essayer de lire le livre le feront jusqu’à la fin. Peut-être ne se rendront-ils même pas jusqu’ à la moitié du livre, là où se trouvent très certainement les pages les plus scandaleuses, celles qui m’ont littéralement jeté à terre.
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Un paysan contre Monsanto

Par Paul François
(4,0)
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Monsanto est une compagnie américaine majeure dans le domaine des biotechnologies agricoles. C’est elle qui produit le Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde. Monsanto, dans le passé, a produit des tonnes de BPC. Elle fut l’un des deux plus grands producteurs de l’Agent Orange, qui a affecté l’état de santé de millions de personnes durant la guerre au Vietnam. On lui doit aussi les hormones bovines de croissance, l’aspartame, la saccharine, l’insecticide à base de DDT, le polystyrène (responsable d’une quantité monstre de déchets), le maïs et le soja transgénique et j’en passe … Au mois d’août 2018, on a beaucoup fait état dans les bulletins d’information de la victoire de Dewayne Johnson, un jardinier américain, contre Monsanto : 290 millions de dollars pour ne pas l’avoir informé de la dangerosité du Roundup, ce qui lui a valu un cancer terminal. On a cependant beaucoup moins entendu parler ici de la saga judiciaire en France entre Monsanto et un agriculteur du nom de Paul François. Ce livre nous permet de découvrir une autre saloperie de Monsanto, à savoir l’herbicide Lasso, un produit qui est interdit au Canada depuis 1985. Il nous fait voir également le grand pouvoir de cette compagnie qui corrompt les systèmes agricole, médical et législatif français. Après une brève présentation de lui-même et de ses origines, Paul François décline page après page tous les innombrables problèmes de santé, examens, hospitalisations, etc. qu’il a dû subir depuis 2004 suite à une inhalation accidentelle de Lasso. Il éprouve d’abord toutes les misères du monde à faire reconnaître sa maladie comme accident de travail et à obtenir le dédommagement qui s’impose. Ce sera ensuite le combat contre Monsanto proprement dit, portant sur la négligence de la compagnie à bien informer des précautions à prendre lorsqu’on manipule le produit. Le livre se termine avec la victoire de Monsanto en Cour de cassation, qui annule une décision en cour d’appel qui était favorable à Paul François. Il est essentiel que des livres comme celui de Paul François soient publiés et qu’on en parle, si on espère voir les choses changer un jour. Cependant, je dois souligner que j’ai dû lire ce livre deux fois pour pleinement l’apprécier. À la première lecture, on sera probablement déçu de l’absence de tension dramatique, due à une écriture assez ordinaire, voire maladroite de l’agriculteur (pourtant aidé par la journaliste Anne-Laure Barret) ; due aussi au fait que ce qui arrive à Paul François ne semble jamais vouloir se terminer. L’utilisation de nombreux anglicismes ainsi que la présence d’erreurs ou de termes impropres lorsqu’il parle du Québec et du Canada s'avèrent également agaçantes. À la deuxième lecture cependant, toute cette énumération de symptômes et de procédures légales passe mieux.
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J'ai choisi d'être libre

Par Henda Ayari et Florence Bouquillat
(5,0)
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Ce livre raconte l’enfer vécu par Henda Ayari, une jeune femme arabe vivant en France qui par naïveté, stupidité, manque d’amour et d’estime de soi, s’est mariée à un homme musulman salafiste qu’elle n’aimait même pas. Un homme qui va la violenter physiquement et psychologiquement pour finalement l’abandonner sans le sou, en lui laissant ses trois enfants. Ce petit résumé ne rend cependant pas du tout justice au livre. L’histoire de Henda Ayari est complexe, pleine de rebondissements, pleine de tiraillements aussi : famille du père, famille de la mère, famille du mari, Algérie, Tunisie, France … On comprend à la lecture comment se construit la prison de la femme salafiste en France et on réalise à quel point le salafisme est une secte religieuse tordue et dangereuse. Henda va tout faire pour s’en sortir mais sa courageuse remontée ne se fera pas sans plusieurs chutes additionnelles. Je pense qu’il est important ici de souligner à quel point ce témoignage ne ressemble en rien à celui d’Ingrid Falaise dans « Le monstre ». Le récit de Falaise cherchait le plus possible à éviter de critiquer la culture et l’islam que pratiquaient son mari et la famille de celui-ci, qui pourtant étaient bel et bien à l’origine de ce monstre violent et manipulateur. Cela en faisait une histoire plutôt personnelle, axée presque uniquement sur les émotions et l’irrationel, celle d’une fille « folle d’amour » et d’un gars « ivre de pouvoir ». Le livre de Henda Ayari, au contraire, nous permet non seulement de ressentir mais de comprendre. Ayari décrit très bien l’influence délétère qu’ont eu sur elle « ses » familles et leurs cultures respectives. Son témoignage n’est pas que personnel : Il se veut aussi un message d’espoir pour toutes les autres femmes emprisonnées par le salafisme, des femmes qui veulent demeurer musulmanes (c’est le cas de Henda) sans pour autant voir leur individualité et leur vie étouffées par leur religion.
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Un racisme imaginaire

Par Pascal Bruckner
(3,0)
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Yves Michaud:Un diable d'homme!

Par Jacques Lanctôt et Pierre Karl Péladeau
(2,0)
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Yves Michaud est surtout connu aujourd’hui par le combat de longue haleine qu’il a mené pour obtenir plus de transparence du monde bancaire, combat qui lui a valu le surnom de « Robin des banques ». On se souvient aussi peut-être de la fameuse « affaire Michaud ». En effet, le 14 décembre de l’an 2000, l’Assemblée nationale du Québec adoptait unanimement une motion de blâme à l’endroit d’un simple citoyen, en l’occurrence Yves Michaud, pour de soi-disant « propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et, en particulier, à l'égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des états généraux sur le français à Montréal ». Il fut par la suite démontré rapidement que l’immense majorité des députés ayant approuvé la motion n’avaient pas lu, ni même entendu les paroles en question. Lorsqu’on sut enfin ce qu’il avait réellement dit, il était très clair que tout cela relevait, c’est le moins qu’on puisse dire, d’une interprétation biaisée et outrancière de ses paroles. À ce jour, Michaud n’a pas encore obtenu justice, c’est-à-dire le retrait de cette motion de blâme et des excuses publiques de l’Assemblée nationale. Ces événements sont évidemment traités de manière importante dans cette biographie d’Yves Michaud, sans négliger pour autant son parcours de journaliste, notamment le fait qu’il fut le fondateur d’un concurrent du journal « Le Devoir » appelé « Le Jour », un quotidien résolument indépendantiste qui n’a pas fait long feu. Auparavant, Michaud avait été député à l’Assemblée nationale. Après la fermeture de son journal, il a occupé des postes relativement prestigieux tels que Délégué général du Québec en France et Directeur du Palais des congrès de Montréal. La biographie est précédée d’une préface rédigée par Pierre-Karl Péladeau et d’une introduction rédigée par Yves Michaud lui-même. Cette introduction composée avec style, avec panache, usant d’un vocabulaire riche, parsemée de citations de divers grands auteurs et avec en prime le classique sens de l’humour pince-sans-rire de Michaud, tranche fortement avec le texte de la biographie. Jacques Lanctôt utilise un style assez simple, à la limite de la pauvreté. Lorsque l’auteur tente de faire image, soit qu’on demeure dans le cliché ou alors cela semble forcé et malhabile. Il intègre aussi à sa biographie des commentaires personnels biaisés sur certains événements historiques, qui franchement n’ajoutent rien de très intéressant. Le récit de certaines anecdotes vient heureusement rehausser le tout, mais elles ne sont malheureusement pas assez nombreuses pour sauver l’ensemble. Yves Michaud reconnaît lui-même en introduction qu’il n’est pas homme à se raconter et à se livrer facilement et que son biographe n’en est pas un de chevronné. Cela donne ce livre que je n’hésite pas un instant à qualifier d’échec. Une occasion ratée.
S
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Dites-leur que je suis Québécois

Par Mensah Hemedzo
(5,0)
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Mensah Hemedzo a fui la dictature togolaise, laissant derrière lui femme et enfant, pour se bâtir une nouvelle vie ailleurs, avant une éventuelle réunification avec sa famille. Résident temporaire en Alsace, il entend parler du Québec qui est en pénurie d’enseignants. Mensah possède un doctorat en littérature française et deux ans d’expérience en enseignement universitaire. Il postule pour immigrer au Québec et il est sélectionné. Son plan A est de devenir professeur dans une université québécoise, son plan B est d’enseigner dans un CÉGEP, son plan C est d’enseigner au secondaire dans une école québécoise. Il devra finalement adopter un plan D car, comme son histoire le démontre très clairement, les employeurs québécois en éducation préfèrent engager des natifs sans expérience et avec des qualifications minimes plutôt que des immigrants diplômés ailleurs et avec plus d’expérience. Il est assez ironique que toute cette histoire se passe dans le milieu de l’éducation, là où pourtant on prétend savoir le sens des mots tels que discrimination, préjugés et intégration. Car ne vous y trompez pas : Mensah Hemedzo n’est pas rejeté parce qu’il est un mauvais professeur. Son récit prouve que c’est tout le contraire. Tous les petits contrats qu’il réussit à obtenir (souvent en devant se battre avec acharnement) montrent qu’il est un enseignant exceptionnel, bien apprécié de ses élèves. Le problème n’est pas là. Il est plutôt dans les fausses promesses qu’on lui a faites et par extension dans tout le système d’immigration québécois qui échoue lamentablement à bien intégrer les nouveaux arrivants. Le problème réside aussi ailleurs. Je ne saurais dire si l’auteur en est conscient ou non mais celui-ci possède des valeurs qui font défaut à bien des Québécois. C’est devenu un lieu commun de dire que ceux-ci n’aiment pas la chicane. L’individu québécois prend souvent son trou sans se plaindre. Pas Mensah Hemedzo. À chaque fois qu’il est victime de discrimination, il réclame une explication en appelant au téléphone les gens qui en sont responsables, en allant les rencontrer ou en leur écrivant des lettres polies mais qui montrent clairement sa grande détermination à ne pas se soumettre à l’injustice. De plus, c’est l’évidence même que pour Mensah Hemedzo, le respect de la personne est une valeur cardinale et que ça ne peut exister à sens unique. Son respect pour chacun de ses élèves est frappant mais il exige (et obtient !) de ceux-ci en retour un respect absolu envers lui que la plupart des enseignants québécois d’aujourd’hui n’oseraient jamais demander. L’honneur, vous le découvrirez à la lecture, est aussi une valeur primordiale pour lui alors qu’elle semble bien difficile à trouver maintenant dans notre société. Je dois souligner aussi le plaisir immense de lire un récit présenté dans un français impeccable et avec plusieurs touches d’humour pince-sans-rire. Un livre donc que je recommande fortement.