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Valérie Harvey
Intérêts littéraires : Langues, Jeunesse, Essais, Voyages, Bande dessinée, Science/Technologie

Activités de Valérie Harvey

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Je crois que mon fils est gay T.5 : Je crois que mon fils est gay

Par Okura
(5,0)
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À travers cette série, à la fois éducative et touchante, on suit le regard d'une maman qui réalise que son fils est peut-être amoureux de son meilleur ami. Elle évolue et réfléchit à travers cette possibilité qui ne lui avait jamais traversé l'esprit. Elle n'en parle pas à son fils, le laissant vivre tout simplement sa vie d'adolescent. C'est remarquablement bien écrit, et les dessins sont adorables. Dans ce tome 5, on a une ouverture vers les autres: le père (qui a souvent jugé les homosexuels en regardant la télé) revient vivre à la maison à temps plein; on en sait un peu plus sur la meilleure amie, le petit frère... On sent que le mangaka avait à coeur de transmettre un message de respect envers plusieurs formes de diversité sexuelle. C'était le dernier tome et c'est une série qui me manquera, car j'adorais suivre les réflexions de cette maman qui souhaitent le meilleur pour ses enfants, et qui se questionne sur la bonne attitude à avoir avec eux.
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Old fashion cupcake with cappuccino

Par Sagan Sagan et Blanche Delaborde
(5,0)
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Old Fashion Cupcake with Cappucino, met davantage l'accent sur l'hésitation de Nozue à propos de son attachement pour Togawa: "Ce sera la dernière fois que je tombe amoureux. Après m'être laissé aller honteusement à y croire, je n'ai pas d'autre choix que de revenir à la raison." Ce n'est pas la 1re fois qu'on raconte ce type d'histoire et cette valse-hésitation. Mais Old Fashion Cupcake, avec ses personnages plein de failles, les mots qu'ils s'échangent (bravo à la traduction de Blanche Delaborde!), sonne particulièrement juste. Même les personnages secondaires sont riches. Par exemple, son amie au travail réussit, par un souvenir commun à faire cheminer Nozue: "Quand je t'ai dit que j'envisageais de démissionner, après mon divorce, tu m'as beaucoup aidée. Tu m'as dit que je n'avais pas à choisir, qu'il n'y avait pas de raison de renoncer à mes envies simplement parce que j'étais une mère et ça m'a réconfortée." Mention spéciale aux dessins qui sont nerveux, dynamiques, avec de beaux arrières-plans. Sagan Sagan a beaucoup de talent pour communiquer les émotions changeantes de ses personnages. Une excellente suite, un ajout qui fait du sens avec le premier tome.
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Old fashion cupcake

Par Sagan Sagan et Blanche Delaborde
(4,5)
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Nozue, à presque 40 ans, s'ennuie. Il a sa routine: il va au travail, puis en rentrant il mange bien en écoutant la télé. Mais il se questionne sur la vie qui passe et qui se résume à sa routine confortable, mais peu satisfaisante. Sans le vouloir, il laisse échapper une remarque à son collègue Togawa qui l'invite à aller manger. Ils parlent de ce que Nozue s'autorise à faire dans la vie, à ce qu'il renonce "parce que ça ne fait pas à mon âge". Rapidement, Togawa fait le bilan de la vie de Nozue: "Être amoureux, obtenir une promotion et vous retrouver avec de nouvelles responsabilités, ou même simplement manger des pancakes comme ça, ça vous effraie. Vous vous êtes rendu compte à la veille de la quarantaine que vous n'aviez rien en dehors du travail. Mais vous ne savez pas quoi faire, ni même ce que vous voulez faire. Vous avez peur parce que vous ne pouvez pas admettre votre ignorance aussi facilement que quand vous étiez jeune. Vous avez peur de tenter de nouvelles choses sans savoir et d'échouer." Wow. C'est d'une franchise! Et c'est peut-être un peu brusque aussi de recevoir en pleine face un diagnostic aussi brusque. Mais grâce à ce collègue, Nozue se donne le droit de faire des activités qui lui plaisent. Et il est de plus en plus heureux. Jusqu'à ce qu'il réalise qu'il est amoureux de Togawa, qui est un peu plus jeune que lui (il a 30 ans). C'est un BL mature, alors il y a des scènes explicites. C'est un public plus âgé qui découvrira cette jolie histoire, et je crois que c'est le public qui appréciera le plus les réflexions de cette série, bien ancrée dans notre modernité.
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Adieu Eri

Par Tatsuki Fujimoto
(4,33)
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Troublante histoire courte. Je n'avais pas particulièrement apprécié le one-shot Look Back, du même mangaka, et je n'ai pas lu Chainsaw Man, donc je ne peux comparer à cette série. Mais J'ai aimé cette courte histoire qui exploite le thème du regard sur soi et sur l'autre à travers la création (ici la caméra du téléphone). Et on fonce en se penchant sur la mort, et les souvenirs qu'on souhaite laisser de soi, comment on voudrait que les autres se souviennent de nous, même si cela est en partie de la fiction. Le découpage est fort révélateur: à peu près toutes les cases sont identiques, c'est le format horizontal de l'écran allongé du téléphone. Les floutés sont nombreux, marquant l'entrée dans les moments filmés. Plusieurs images sont très belles, on y sent tout l'amour du narrateur pour son personnage (sa mère, son père, Éri). Car c'est une histoire émouvante qui est racontée: à la fois un drame, mais aussi une quête d'identité, une réflexion sur l'autofiction et l'usage de la fantasy pour se questionner et pour se comprendre. Bref, c'est un excellent récit, qui porte plusieurs niveaux de lecture!
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Les temps retrouvés T.1

Par Kei Fujii et Cocoro Hirai
(5,0)
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Voilà un manga qui sort de l'ordinaire. D'abord, par la forme: elle est complètement en couleur, l'ordre de lecture est occidental. C'est un manga qui emprunte des codes que l'on connaît bien quand on est fan de BD européenne. Mais les lignes de vitesse et d'expression sont bien présentes, les onomatopées sont occasionnellement dans le paysage, on y retrouve donc aussi des traits du manga. C'est une production originale de Ki-oon, ce qui veut dire que l'édition française est l'originale, ce qui peut expliquer pourquoi les choix sont entre deux mondes, avec ce dessin particulier, riche, à plusieurs niveaux (quelle poésie dans les couleurs choisies!) Ensuite, par le thème: l'amour qui se développe entre deux aînés, qui ont déjà eu un partenaire, qui vivent chez leurs enfants adultes. Ces derniers ne comprennent pas ce qui arrivent avec leur parent: comment peut-il penser à débuter une nouvelle vie, à vivre un nouvel amour? Les mangakas suggèrent avec justesse comment la famille perçoit l'aîné comme un être qui a terminé sa "vie normale", qui est sur le déclin, et doit être guidé (infantilisé, pourrait-on dire!) Ces deux tomes sont absolument parfaits. C'est à la fois adorable (la façon dont ils s'attachent l'un à l'autre est empreinte de tant de respect pour les partenaires décédés), mais aussi déchirant à cause de l'opposition à laquelle ils font face. On s'attache beaucoup aux deux personnages et à leur entourage. C'est une magnifique façon de nous faire partager l'histoire de personnages différents (car il est rare que les personnages principaux soient des aînés), de si belle façon. Car ces parents avaient encore quelque chose à apprendre à leurs grands enfants... À force de m'extasier devant les paysages, d'être émue par les personnages, j'ai attiré l'attention de ma fille qui m'a demandé si elle pouvait elle aussi lire cette série. "Bien sûr!", ai-je répondu, même si je ne savais pas si elle allait vraiment le faire. Eh bien oui! Elle avait plusieurs questions au fil de sa lecture: "Mais pourquoi les enfants ne veulent pas qu'ils s'aiment?" Des questions difficiles à répondre... Peut-être parce qu'on oublie que les aînés sont aussi des personnes qui ont des rêves et des émotions? Bref, une série qui m'a fait réfléchir et qui m'a beaucoup touchée!
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Confidences d'une prostituée

Par Takao Saito
(5,0)
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Alors que le mangaka SAITÔ Takao entamait le plus long manga existant en 1968 avec Golgo 13 (209 tomes), qui fait partie des mangas les plus vendus (300 millions) et a été maintes fois récompensé, il trouvait pourtant le temps en 1972 de raconter des histoires très humaines et intimes du Japon de l'ère Taishô, début Shôwa. À travers les yeux de Naomi, vieille dame solitaire qui fut prostituée de longues années, on découvre des parts de la dure réalité de ces femmes, et des hommes qui les fréquentaient, en 10 courts récits. On en apprend aussi sur l'histoire du Japon (la construction des routes à Hokkaidô, les différences entre geisha et prostituée, la misère de l'époque et la vente des fillettes pour survivre). Le regard entre la modernité où vit la vieille dame est parfois mis en parallèle avec l'époque de l'avant-guerre. Deux récits le font particulièrement bien: celui de cette jeune femme qui s'oriente vers la porno et veut connaître tous les trucs de l'ancienne prostituée; et le dernier récit, où ces trois hommes veulent "emballer une gonzesse", même si c'est en l'agressant, et disent regretter le "bon temps d'avant" où la prostitution était légale dans les quartiers spéciaux (on ne dirait pas que ça été dessiné en 1972...) Par ces deux exemples, vous comprenez tout de suite que ce n'est pas un livre facile. Pourtant, la lecture est fluide, la nudité est légère (à peu près seulement des seins, on devine les actes sans les montrer précisément). Mais les histoires et les conclusions sont dures, sans appel. Même si elles sont racontées avec beaucoup de nuances et de compassion dans les mots de cette Naomi, elles bouleversent le lecteur. Ce qui montre un immense talent chez ce maître du gekiga (un style de dessins plus réaliste et dramatique qui se prête tout à fait à ces récits)! À découvrir absolument!
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Karate heat T.1: Karate heat

Par Eiichi Kitano et Jean-Philippe Dubrulle
(3,0)
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J'ai bien aimé cette série de 3 mangas qui se consacre au karaté. Mais elle est trop courte! Après un premier tome qui établit de bonnes bases et qui présente les personnages principaux, le tome 2 entre dans une compétition où on rencontre tout plein de personnages secondaires avec beaucoup de potentiel, puis la compétition se clôt au tome 3 et on tente de nous montrer un peu ce qui orientera le futur du protagoniste... En délaissant les explications des styles, des techniques, des parcours, points forts des tomes 1 et 2. On sent que c'est là que le mangaka s'est fait annoncer qu'il devait clore sa série... Dommage. Je crois quand même que ce manga sera apprécié, tout particulièrement des fans de karaté qui reconnaîtront leurs apprentissages, et les défis de la compétition. Mais ils trouveront sans doute que les interdictions pour la coiffure sont plus sévères au Japon (je me suis informée à un karatéka d'ici, et ce n'est pas comme ça). Voici ce qu'on énumère: pas de cheveux teints, cheveux assez courts pour que la nuque et les oreilles soient visibles, et devant: les cheveux ne doivent pas dépasser les sourcils. Ça ne laisse pas beaucoup de possibilités de coiffure! Plusieurs planches sont magnifiques, le personnage de Shinya est très attachant (irrésistible sourire!), celui de sa soeur jumelle aussi (qui deviendra invisible ensuite, étant donné qu'on doit sacrifier des histoires pour clore). Un beau cadeau pour les karatékas!
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Tomié: édition intégrale

Par Junji Ito et Alexandre Aja
(4,0)
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En remarquant le grand livre de Tomié dans ma bibliothèque, avec la couverture de cette belle jeune fille, mon fils passionné de mangas m'a demandé s'il pouvait le lire. Non. Attends encore quelques années. Car la Tomié adorable qui orne la couverture et l'épine de cette brique réunissant 21 récits mettant en scène Tomié, ne raconte pas une histoire tranquille. Publiés dans les magazines shôjo entre 1987 et 2000, les 21 histoires de Junji ITO utilisent de façon très habile le contraste de cette jeune fille shôjo fantasmée qui se transforme en cauchemar impossible à arrêter. Car Tomié rend amoureux, jusqu'à la folie, et ses histoires se terminent toujours mal, pour elle, et pour eux surtout. Car ils ne s'en sortent pas, contrairement à Tomié qui reviendra. Ces récits combinent deux types d'horreur: celle de la violence extrême faite à une femme (car "elle les rend fous") et la vengeance totale sans pitié de cette jeune fille devenue leur obsession, et qui poursuit sa quête meurtrière, de génération en génération. C'est très habile! Et j'ai été happée par ces récits qui se succèdent, et peuvent se lire indépendamment, même si certains se recoupent. La longue période d'écriture de ces 21 récits (13 ans) permet aussi de suivre le parcours de Junji ITO qui a débuté sa carrière de mangaka en gagnant, à 23 ans, le concours de Gekkan Halloween (magazine shôjo, je le rappelle, car, l'horreur intéresse aussi les jeunes filles qui aiment raconter des histoires effrayantes, particulièrement en été au Japon). Mangetsu en fait une magnifique réédition, reclassée en catégorie seinen en français, avec une mise en valeur de la collection dédiée à ITO: cohérence graphique, titre adapté à l'oeuvre, mise en page, reliure et impression de qualité. On est dans l'hommage à l'oeuvre de Junji ITO. Et cette Tomié reste une excellente introduction aux oeuvres de ce maître de l'horreur.
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Le voyage de Shuna

Par hayao Miyazaki
(4,33)
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Incontournable BD Décembre 2023 Il aura fallut attendre plus de quarante ans pour que cet hybride entre la BD et l'album nous parvienne dans la langue de Molière. Hayao Miyazaki, qu'on ne présente plus, nous offre un livre inspiré d'un conte tibétain, comme il est d'ailleurs expliqué à la fin du livre, nommé "Le prince qui fut changé en chien", où le texte est formaté comme celui d'un album illustré et où les illustrations alterne entre la BD et l'album. Je vous invite, si vous plongez dans ce livre, à lire les quelques pages qui relatent l'histoire dudit livre, ainsi que les nombreux parallèles que l'ont peu faire avec les autres personnages de l'auteur. Je n'ai pas le temps de tout réécrire ici, hélas. "Le voyage de Shuna" nous entraine dans un monde Fantasy, qui pourrait être "passé" ou "futur" à notre monde. Dans un décor davantage asiatique et montagnard que les autres œuvres de Miyazaki, nous rencontrons Shuna, un jeune prince d'une nation isolée entre les hautes montagnes. Avec son climat aride, ses terres peu fertiles et le peu de naissances aussi bien humaines qu'animale, la vie y est précaire et la faim omniprésente. Cela n'empêche pas les habitants d'être travaillant et reconnaissants pour le peu qu'ils ont. C'est dans ce contexte que Shuna fait la rencontre d'un viel homme agonisant sur une route. Malgré leurs soins, les habitants ne peuvent le sauver et se contentent d'attendre son trépas. Néanmoins, le vieil homme confie à Shuna une information qui bousculera la vie du jeune prince: Quelque part dans le monde, une céréale dorée pousse avec aisance et donne d'abondantes récoltes. Il n,en faut pas moins pour que Shuna se dise que cela aiderait le quotidien des habitants de son futur royaume et décide de mener une quête pour trouver cette mystérieuse céréale dorée. Armé de son vieux fusil et de son fidèle compagnon, un yakkuru, sorte de monture aux bois élégants ressemblant à un cerf, Shuna s'engage pour un long périple, mais il ne se doute pas que le monde qu'il va traverser est impitoyable et que le mystère derrière les céréales dorées n'a rien d'utopique. Au contraire. C'est un univers sombre, même si les couleurs sont chaleureuses et les traits des personnages doux. Il me rappelle divers univers déjà croisé, notamment le monde impitoyable lui aussi de Thorgal, avec l’esclavagisme, et les paysages me rappelle "Le grand arbre au centre du monde", de Makiko Futaki. Le côté "post-apocalypse" de cet univers me rappelle aussi "On nous appelait les mouches"et les films "Madmax", surtout ce étrange navire de guerre en pleins désert peuplé de cannibales. Je pensais que j'allais me perdre dans de beaux paysages - Et c'est le cas - mais les implications et thèmes de cette BD hybride sont sinistres et perturbants. Et ce n'est pas la traditionnelle quête du Héro sauvant son peuple, qui plus est. En fait, Shuna quitte un pays pauvre, certes, mais qui n'est pas en proie à un réel problème. D'autre part, je n'avais pas l'impression que Shuna devenait "un héro", mais plutôt un adulte. Son regard sur le monde va définitivement changer, il connaitra la violence, s'indignera de certaines pratiques, devra confronter certaines de ses valeurs et sera même un certain temps devenu mentalement et psychologiquement indisponible, comme s'il était arrivé au bout ses limites de ce que son esprit peu encaisser. Un état de choc, peut-être? Bref, même Shuna ne cadre pas dans le rôle type du héro, mais il reste un personnage courageux, intègre, moral et juste. À partir d'ici, il y aura des divulgâches. Y a pas à dire, Miyazaki est quelqu'un de créatif et lucide: Il a réussi à faire une allégorie de L'agroalimentaire paralysé par les OGM en même temps qu'une critique de la surconsommation des pays riches. Non seulement a-t-il traiter du trafic humain, avec toute la laideur que cela implique, mais il a imaginé un monde où l'entité vorace qui a le contrôle sur les semences d'orge ou de blé ( les grains dorés) est aussi le système qui permet l'esclavagisme. Pire, il contrôle une consommation d'humains effrénés, qui s'occupent des champs, puis une fois "usés" sont envoyé mourir dans la forêt, servant de nourriture au reste de L'écosystème. Les graines sont ensuite vendues au humains contre d'autres humains et le cycle continue. Déjà, le fait de ne donner que des semences mortes aux humains me rappelle les dérives de Monsanto, cette organisation qui vend des semences stériles qui ne germent qu'une fois, pour mieux obliger les agriculteurs à dépendre de leurs semences ensuite. Les créatures vertes qui semblent avoir été humaines, avant de passer dans cette immense créature organique, travaillent sans relâche et ne gagnent que la mort. Une façon, je pense, de traiter avec quel mépris pour les gens certaines organisations enchainent les employés à un travail misérable, en plus d'être aisément remplaçables. C'est un constat renforcé par le fait que les champs de blé sont soumis à un "temps" accéléré, où le blé germe à toute vitesse et la mort arrive bien vite pour les créatures vertes. Enfin, cette espèce de lune filante doté de visage qui passe au-dessus du monde, semble incarner l'esprit de cette sordide machination commerciale, intouchable, indestructible et toute-puissante. Je me dis que c’est bien là des qualificatifs que doivent employer les gens quand ils pensent aux compagnies et aux pays riches qui gèrent la quasi totalité des ressources du monde. D'ailleurs, vous remarquerez: L'endroit où poussent les graines dorées est à l'Ouest. Comme l'Europe ( d'un point de vue asiatique). Par ailleurs, Shuna ne tient pas seule la tribune dans cette histoire. La jeune femme nommée Thea, que Shuna a délivrée de sa condition d'esclave, ainsi que sa petite sœur, prendra le relais. Séparé après une cavalcade effrénée pour fuir les chasseurs d'humains, Shuna part pour la terre des "êtres divins" ( l'endroit qui produit les céréales) et Théa fuit vers le Nord avec sa petite sœur et le yakkuru de Shuna. Durant une année, elle trime dans un village pour gagner son pain et le logis, jusqu'à ce Shuna revienne, hagard, muet et apathique. Elle en prendra soin en usant de ruse pour cacher sa présence aux autres habitants et parviendra même à faire germer les céréales que Shuna portait dans une bourse à son coup. La lente évolution des céréales se fera en parallèle de la guérison de Shuna, un joli clin d’œil à la guérison mentale. En effet, les blessures mentales, les traumas comme les états de stress post-traumatiques, prennent du temps pour guérir, beaucoup de soins donné à la personne et une bonne dose d'espoir. Pour moi, Shuna a subit un réel trauma au regard de ce qu'il a vu dans cet endroit aussi beau qu'impitoyable, et je suis contente que ce soit le cas. Si les Héros se retrouvent souvent dans les pires conditions sans être amochés psychologiquement et mentalement, les humains, eux, sont tous vulnérables et ont des limites. Ce n'est pas une tare et ce n'est pas une faiblesse. Bref, je trouve touchant de voir Théa prendre soin de Shuna et sa petite sœur par le fait même. C'est un personnage féminin fort, qui a le cœur à la bonne place et une réelle force de résilience. Et sans elle, l'Histoire de Shuna ne serait pas allée plus loin. Côté texte, c'est un peu atypique. Les dialogues sont inscrits comme des descriptions, sans marqueurs. Il faut donc un peu deviner quand un personnage parle. Il n'y a pas de bulles de textes. Les textes sont relativement concis. Je pense que je pourrais extrapoler encore longtemps sur bien des aspects du livre, mais l'espace et le temps me manquent en ce début d'année. Je vais donc conclure en disant que ce genre de livre est en quelque sorte intemporel, que ses thèmes sont incontournables, où nous voyons lutter des personnages réellement "humains" et le tout dans un décor magnifique, adoucit par un trait de plomb maitrisé et des couleurs en aquarelles judicieuses. Un voyage formateur, dont on se sort pas indemne. C'est dommage d'avoir attendu tout ce temps pour avoir pu le lire, mais bon, comme on dit, "vaut mieux tard que jamais". Pour un lectorat adolescent, 15 ans+
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The Ice Guy and the Cool Girl 01

Par Miyuki Tonogaya
(3,0)
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J'ai lu ce manga quelque part en février-mars, sur mon heure de dîner à la librairie. J'avais été intriguée par le contraste de personnalité des deux personnages, avec une demoiselle, Fuyutsuki, au tempérament calme et posé, avec un homme, Himuro, plutôt nerveux et très sensible. Je n'imaginais pas que ledit jeune homme aux cheveux blancs, en version masculine de la Reine des neiges, serait effectivement le descendant de la reine des neiges. Je reconnais là la tendance des romances asiatiques à exagérer un peu trop, mais bon, c'est leur droit. ^^ Personnellement, je pense que le concept était déjà très bon sans ajouter une couche de fantasy urbaine sur le tout, mais je ne le trouve pas forcément moins bon, juste un légèrement exagéré. Dans ces bons points, je dirais que le côté "quotidien tranquille" est reposant. Nous avons juste une petite romance légère et saine qui se profile doucement, entre une fille qui peut sembler froide aux premiers abords, mais avec un fond très chaleureux, alors que son binôme est facilement gêné, attendrit dans des proportions un peu intenses et doté d'un tempérament très doux. Sans parler de son talent à tout faire geler autours de lui ( littéralement), Himuro a donc un coeur qui fond assez facilement. le manga a donc un côté "floconneux" avant même de parler de pouvoir de neige et de glace. Et comme je le mentionne souvent, je me réjouis toujours de voir des auteurs et autrices nous pondre des histoires d'amour saines, loin des psychodrames toxiques peuplés de Bad boys et des Fantasy bourré de créatures superficielles qui sont un peu trop nombreux en ce moment, dans les littératures jeunesse et adulte. Ici, je vois de la confiance, du respect, du plaisir réciproque en présence de l'autre, des projets communs, une communication gênée, mais saine, et une réelle complicité. Une "vraie" romance, en somme. Dans ses points faibles, je sais que l'absence de gros méchant ou d'enjeu social rebutera ceux et celles qui préfère un filon conducteur. Ç'aurait pu être un enjeu hors de la relation, aussi, pas besoin de toujours faire souffrir les amoureux. Comme il s'agit d'une tranche-de-vie, des enjeux du quotidien auraient pu servir de fil conducteur sans problèmes, mais il est vrai que le côté anecdotique donne l'impression de suivre ne pas avoir de finalité. Néanmoins, certain.e pourraient aimer cette dimension. Aussi, il est vrai que la répétition de "Il est le descandant de la Reine des neiges" est agaçante, mais je pense que les webtoon et autres mangas du Net sont souvent structurées comme des anecdotes indépendantes les uns des autres. Disons que j'ai souvent vu ce genre de répétition et cela tenait au fait que le manga d'origine n'était pas en structure continue. C'est donc un manga bien mignon et paisible, où la chaleur tendre côtoie le doux froid, avec des illustrations fort jolies et de gentilles interactions amoureuses qui ont le bon goût de rester simples ( pas "simplistes!). Puisqu'il est classé en Josei, les mangas destiné au public féminin adulte et son environnement de bureau très typiquement jeune adulte, je le classe donc en JAD ( Jeune adulte), 17 ans+, mais il reste qu'il convient aux ados de 12 à 17 ans qui s'y intéresseront.
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Bibliophile Princess T.1 : Bibliophile Princess, Vol. 1

Par Yui, Yui Kikuta et Satsuki Sheena
(4,0)
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(Après la lecture des quatre premiers tomes) Les romances de princesses traduites en ce moment sont fort intéressantes. My Happy Marriage par exemple reprend le conte de Cendrillon, à la sauce japonaise et fantasy, en gardant le côté touchant. Princesse Puncheuse montre une héroïne qui booste son corps (et ses coups) par la magie, voulant rétablir un peu de justice. La série Bibliophile Princess, quant à elle, met de l'avant une héroïne qui s'impose par la connaissance qu'elle tire des livres, c'est "un cerveau" et elle est appréciée pour ses réflexions pertinentes, sa lucidité. Dans les statistiques que j'ai étudiées, au Japon, plus une femme augmente son niveau d'éducation, moins elle a de chance d'être mariée (donc bonne chance avec un doctorat). C'est donc une bonne chose de mettre le désir d'apprendre comme une caractéristique désirable et enviable, une valeur qui peut être utile pour une princesse, qui ne l'empêche pas d'être aimée du prince (bien au contraire!)... De la même manière que Lovely Complex montrait que nous portons des stéréotypes sur la taille physique (la fille était plus grande que le garçon), Bibliophile Princess réussit tout en douceur à montrer que la lecture, et la réflexion tirée de ces connaissances, est essentielle pour mener un royaume. À partir du tome 4, la princesse fait face, pour la première fois, à des reproches quant à ses choix favorisant la paix. Bien hâte de voir comment elle s'en sortira!
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Le chat qui rendait l'homme heureux : et inversement T.1: Le chat

Par Umi Sakurai et Sophie Piauger
(4,0)
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Les mangas consacrés aux chats sont très nombreux, et souvent traduits en français, car l'amour des félins ne se limite pas au Japon. Et c'est très réussi, et divertissant (Neko damari, Chat de yakuza). "Le Chat qui rendait l'homme heureux - et inversement" va plus loin. Cette série, dont j'ai lu 9 tomes jusqu'à présent, reprend les codes du manga mignon, avec plusieurs situations comiques que les amoureux des chats reconnaîtront. Mais il montre également comment un animal de compagnie peut contribuer à réapprivoiser doucement le monde, et à forger des liens avec les autres. Ce qui est tout à fait juste, si on se fie aux études scientifiques (où on note une diminution du stress et un contact plus facile avec les autres). C'est ce qui arrive à Fuyuki Kanda, le nouveau propriétaire de Fukumaru: il fait lentement le deuil de sa femme décédée, et il ose confronter à ses limites, en faisant de plus en plus confiance aux autres. Comment un chat peut avoir cette influence? Eh bien, c'est tout le plaisir de cette lecture. Le dessin peut être très caricatural pour amplifier le rire, mais il peut être nuancé aussi, quand on souligne que Kanda s'isole et pleure tout seul par exemple. La mangaka est passée d'une publication sur Twitter, qui la limitait à de très courts chapitres, à une publication en magazine, ce qui lui donne graduellement l'opportunité de développer d'autres personnages. On varie parfois les narrateurs, pour raconter la vie d'un autre chat ou d'une autre musicien. D'ailleurs, c'est pratiquement autant un manga sur la musique (monde de compétition et de collaborations) que sur les chats! On a adapté ce manga en série télévisée en faisant du chat une marionnette, ce qui donne un esthétisme douteux, quand on voit les publicités (ça ne me donne pas le goût de voir la série!) Je sais bien que Fukumaru est souvent jugé "laid" par certains personnages (c'est un exotic shorthair, la même race que Garfield), mais quand même! On en a aussi fait un jeu sur portable, avec les personnages en chibi, c'est mieux réussi (mais non disponible ici). C'est non seulement un des meilleurs mangas de chats, pour moi, c'est aussi un coup de coeur. Car l'histoire touche un sujet sensible de façon si juste: la solitude des personnes âgées. Et elle montre bien que si un animal peut aider, ce sont les liens avec d'autres êtres humains qui permettent vraiment de guérir et d'avancer.
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Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Show-ha Shoten T.1 : Show-ha Shoten, Vol. 1

Par Akinari Asakura et Takeshi Obata
(4,0)
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J'ai été surprise par l'efficacité de ce titre centré sur l'humour. Bien sûr, ce manga fait rire, par les histoires drôles (ou pas, ils apprennent!) que racontent les deux héros. Mais ce n'est pas seulement cela: on réfléchit aussi à ce qui nous fait rire, au contexte qui crée (ou non) l'ambiance nécessaire, et aux effets du rire. Les réalisations des héros sont très pertinentes (comme quand ils doivent faire rire la famille de l'un d'entre eux pour être acceptés). C'est fascinant. Je croyais que c'était un manga sur le manzai (un type d'humour en duo très populaire au Japon), mais le tome 1 parle uniquement de l'humour en général, alors que dans le tome 2, on se penche plus précisément sur les particularités du manzai (qu'on explique aux héros et lecteurs d'ailleurs). De lire une aussi bonne série n'aurait pas dû m'étonner. Obata (Death Note, Platinum End, Bakuman) aussi a illustré Hikaru no Go, une série qui rend le jeu de go fascinant, même pour des non-initiés. Le mangaka Asakura a beaucoup de talent comme scénariste, il a certainement beaucoup réfléchi aux mécanismes pour faire rire avant de raconter son histoire. Comme dans Bakuman, on utilise parfois des péripéties artificielles pour amener de la tension (du type: si on ne réussit pas à gagner tel petit concours, on va abandonner). Heureusement, Asakura ridiculise lui-même ce procédé dans son tome 2! Un bon départ pour cette série au titre difficile à saisir pour les francophones... Mais il ne faut pas bouder cette lecture, surtout si vous avez aimé les autres titres d'Obata, c'est tout à fait dans ses cordes, un excellent mix entre dessins dynamiques et textes réfléchis (d'Asakura cette fois!)
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Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Silence T.1 : Silence, Vol. 1

Par Yoann Vornière
(4,0)
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Lorsqu'on développe une histoire, on oublie à quel point ce qu'on appelle "l'arrière-monde" est important. C'est particulièrement le cas en fantasy, car si l'auteur n'a pas bien défini les règles et la géographie par exemple, le lecteur sent cette hésitation. Le manga Silence a cette force: l'ensemble est très cohérent. L'histoire des réfugiés est bien développée, les pouvoirs ont une logique, les motivations des héros sont complexes et réalistes. Yoann Vornière dévoile graduellement ces mystères aux lecteurs, de façon très habile, il a le don de raconter, en plus d'avoir un dessin dynamique. Silence se lit d'une traite, l'histoire est prenante, sans temps mort, les personnages sont attachants. Le seul hic du tome 1, c'est le personnage secondaire féminin, Ocelle, qu'on néglige un peu, surtout depuis sa tentative de sortie. Elle reste en attente, beaucoup trop sage pour une fille qui a tant d'audace. J'espère qu'elle sera davantage partie prenante de l'aventure dans les tomes suivants. J'ai adoré les références au bestiaire du folklore français, c'est une belle idée de s'inspirer de la richesse de ces monstres populaires! Étant Québécoise, je connais peu ceux de la France, même si je connais très bien la souris verte de la comptine, mais je ne la voyais pas comme ça! Fantastique! C'est une excellente idée d'avoir mis deux pages explicatives sur le bestiaire à la fin aussi, avec des commentaires de l'auteur. Vraiment, un récit bien raconté, un trait riche et maîtrisé, un synopsis intéressant et un monde bien développé, c'est bien parti pour cette série originale française de 4 tomes. Bravo!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Love mix-up T.6 : Love mix-up, Vol. 6

Par Wataru Hinekure et Aruko
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Faire durer son récit, réussir à le poursuivre ces romances adorables avec humour, continuer à imaginer et développer des personnalités très attachantes, franchement, c'est tout un défi. J'en suis au tome 6, je ris encore autant, j'interromps ma lecture pour montrer les dessins ou la situation aux gens autour de moi... Bref, c'est toujours aussi excellent. Si vous cherchez une histoire sympathique, qui fait du bien, avec des dessins magnifiques, ne manquez pas Love Mix-Up. Il a été adapté en série télévisée, mais je crois que le meilleur médium, c'est vraiment le manga, à cause du talent de la dessinatrice Aruko. À tout moment, elle met sur papier des visages caricaturaux, pour bien souligner les réactions des personnages (le gorille Hashimoto, le collier d'Ida, la descente en ski d'Aoki). Il m'arrive souvent de m'esclaffer en les voyant, et je suis certaine qu'il est impossible de transmettre cela aussi bien en série, c'est une autre bonne raison d'ouvrir les tomes un après l'autre! J'ai réussi à convaincre toute la famille de le lire, et on s'amuse beaucoup (à noter qu'il n'y a aucune scène "explicite" dans la romance BL, ce qui facilite le partage). Un beau coup de coeur!