VH
Valérie Harvey
Intérêts littéraires : Langues, Jeunesse, Essais, Voyages, Bande dessinée, Science/Technologie

Activités de Valérie Harvey

V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Une sacrée mamie T.1 : Édition double

Par Yôshichi Shimada et Saburo Ishikawa
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Il n'est pas facile de parler de la guerre, et bien souvent, c'est le drame qui prendra toute la place. Quelques rares artistes abordent les choses différemment, certains réussissant même à utiliser l'humour, comme dans le film La vie est belle. Ainsi, une oeuvre qui réussit à insérer le rire dans l'horreur met encore plus de l'avant l'absurdité des conflits. Une sacrée mamie raconte l'histoire vraie de ce petit garçon qui a grandi dans un Japon qui sort de la 2e guerre mondiale. Sa famille est tellement pauvre que sa mère doit l'envoyer vivre avec la grand-mère à la campagne. Mais la mamie est un peu particulière, elle garde le moral malgré la misère. Pendant qu'ils ramassent les légumes jetés à la rivière, après le marché public, son petit-fils lui demande: "Mamie, est-ce que nous sommes pauvres?" Sa réponse donne le ton de toute cette série: "Quoi?! Tu ne le savais pas? Écoute-moi bien, Akihiro. Il y a deux sortes de pauvreté: la sombre et la gaie. Et nous, nous sommes pauvres gaiement! Nous sommes des pros de la pauvreté! Nous sommes pauvres depuis des générations, alors aie confiance en toi!" Malgré les injustices, les difficultés, les épreuves qu'ils affronteront au cours de ces années avec sa grand-mère, le jeune Akihiro ne se décourage pas, grâce au regard de sa mamie qui lui montre la solidarité, la débrouillardise, l'empathie. Une sacrée mamie, c'est donc un récit sur la guerre, mais qui se concentre sur l'humanité à travers le drame. On y montre le plus beau de ce que nous pouvons être, avec la sagesse de cette mamie qui a vécu son lot d'épreuves, mais qui a compris le plus important. Ironiquement, on en sort avec le sourire, nous aussi. Et l'envie de faire du bien autour de nous. Voici l'un des plus beaux tranche-de-vie que l'on peut lire.
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Clown doctor

Par Shi Feng et Cory Ke
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Oh wow! Quel exceptionnel manhua (ou T-manga, comme on appelle parfois les bandes dessinées venues de Taïwan). J'ai été vraiment touchée par l'histoire de cette adolescente qui fait la paix avec son passé, à travers sa formation, ses apprentissages et son travail de Docteur Clown en pédiatrie. L'histoire se concentre en un seul tome, alors on sent qu'on a dû faire des choix difficiles pour adapter le roman original. Mais on réussit à bien suivre l'évolution des personnages. J'ai été très émue à plusieurs moments, c'est un ouvrage qui parle d'enfants malades, alors on a le coeur serré parfois! Toutefois, au-delà de la tristesse, c'est davantage le plus beau de l'être humain qui est mis de l'avant, la faculté qu'on peut avoir de connecter et de soulager l'autre. Je ne connaissais pas l'existence des Dr Clown. La Fédération française des associations de clowns hospitaliers fait une excellente préface pour nous expliquer ce travail. Au Québec, j'ai vérifié et il y a également la Fondation Dr Clown. Comme le titre de l'ouvrage est en anglais, je me disais que c'était peut-être ainsi qu'on les appelait en France, mais je remarque que les associations françaises utilisent "clown hospitalier" ou "docteur clown". Le choix du titre est dû à un effet de mode, peut-être? Grâce aux explications de Cory et Feng Shi, on comprend qu'ils ont dû prendre quelques libertés sur la réalité de leur travail pour créer cette fiction, mais que la recherche a été exhaustive. Les dessins de Cory sont très habiles, souvent magnifiques (seul le père est un peu moins réussi): la joie, la tristesse, le plaisir de jouer se transmettent au lecteur. Mentionnons que ce livre a gagné l'un des trois Prix Argent de l'International Manga Award remis par le gouvernement japonais en 2021 (15e édition). On a rarement la chance de lire les ouvrages des récipiendaires de ce prix international dont les jurés sont des mangakas réputés. Merci Nazca de l'avoir publié en français!
V
Valérie Harvey a apprécié, commenté et noté ce livre

What did you eat yesterday? T.1 : What did you eat yesterday?, Vo

Par Fumi Yoshinaga
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Ça fait deux jours que je suis plongée dans ce tome double de "What did you eat yesterday?", la version francophone de Kinô nani tabeta? (littéralement "T'as mangé quoi, hier?"). Vous le comprenez, le titre m'irrite parce qu'il est en anglais, mais aussi parce que c'est beaucoup plus familier en japonais que celui choisi qui ressemble à "Qu'est-ce que tu as mangé hier?". Oui, c'est dommage pour le titre, mais après deux jours à lire, j'ai cuisiné un excellent repas japonais ce soir... à cause de ce manga! Alors mes papilles (et celles de toute la famille) vous encouragent vivement à vous procurer ce manga si vous êtes des gourmands. Je le comparerais à l'effet qu'a eu "Les Gouttes de Dieu... Mariage" qui m'a enseigné comment faire une excellente ratatouille. Ou à la découverte de la fabrication du saké et des légumes bios dans Natsuko no saké. Ce n'est pas une série qui plaira à tout le monde. Il faut apprécier la cuisine japonaise. Si on ne connaît pas déjà les ingrédients souvent utilisés, il y a un lexique à la fin du tome qui sera très utile. Je me souviens la première fois qu'on m'a offert un livre de recettes japonaises, je ne comprenais rien aux ingrédients... Je l'avais apporté au Japon, et je suis allée à l'épicerie pour demander certains items aux employés. Ce furent mes premiers apprentissages! Avec ce lexique, ç'aurait été beaucoup plus facile! Chaque chapitre se termine avec des recettes. De délicieux plats où on montre bien comment on les prépare, comment mélanger les saveurs, équilibrer les goûts. Si la question-titre est posée de façon si familière en japonais (T'as mangé quoi, hier?), c'est parce que l'histoire qu'on y raconte est celle du quotidien. De deux hommes qui travaillent dans des milieux différents, qui sont en couple et vivent ensemble, et qui partagent leurs soucis à propos du travail, de la famille, du fait d'être gay au Japon, de leur âge qui avance (ils ont dans la quarantaine). C'est très réaliste et actuel. Ces brefs moments de discussions interrompues, de passé partagé, de calme autour des repas, c'est tellement juste! Je comprends pourquoi la série est toujours en cours au Japon (avec 22 tomes publiés): on peut poursuivre longtemps cette vie commune comme le fait La cantine de minuit...
V
Valérie Harvey a apprécié, commenté et noté ce livre

A sign of affection T.8 : A sign of affection, Vol. 8

Par Suu Morishita
(5,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
J'ai aimé cette série dès le tome 1. La personnalité de tous les personnages est intéressante et originale, le garçon est extraverti, honnête; Yuki est adorable, mais capable d'être franche avec lui sur ses difficultés. Même si le tome 8 ne nous révèle toujours pas le secret de Itsuomi et continue de nous intriguer en nous donnant des indices, c'est l'un des plus émouvants et des plus beaux. La relation entre les amoureux fait un grand pas vers l'avant. Pour atteindre leur objectif, Itsuomi rencontre les parents de Yuki (qui viennent d'apprendre que leur fille a un copain!). Ces scènes sont tellement bien écrites et dessinées qu'on a le coeur qui bat autant que ces parents inquiets, et que Yuki, soucieuse que tout aille bien. Je craque!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Seule la mort attend la vilaine T.4 : Seule la mort attend la vil

Par Gyeoeul Gwon et Suol
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
J'ai toujours beaucoup de plaisir à lire Seule la mort attend la vilaine, et ce tome 4 est fascinant, car on la retrouve à l'extérieur, à la chasse, directement en contact avec les bêtes féroces que sont les nobles et les animaux à chasser! C'est la personnalité de l'héroïne qui me plaît le plus. Elle a surmonté plusieurs traumatismes dans notre monde, et maintenant qu'elle est prise dans ce jeu où elle joue sa survie, elle reste lucide et rationnelle, tout en vivant des épreuves qu'elle compare parfois à ce qu'elle a déjà affronté dans "le réel". Dans le tome 4 (qui regroupent 20 chapitres du webtoon), elle est plus sûre d'elle. Elle connaît maintenant le monde et les relations entre les différents pouvoirs. Ce qui ne l'empêche pas de tomber dans plusieurs pièges, mais la façon dont elle les déjoue est tout aussi intéressant que sa personnalité. C'est théoriquement "un jeu de séduction", mais Pénélope n'a pas vraiment d'attachement pour aucun des personnages masculins. Elle est totalement concentrée à développer leur attachement, afin de survivre au jeu, mais de son côté, le pourcentage doit être près de 0% pour à peu près tout le monde! Ce qui est très ironique! Et en effet, aucun des beaux garçons qui l'entoure n'est particulièrement attachant pour l'instant. La seule qui est vraiment admirable dans cette histoire, c'est Pénélope! Belle édition imprimée, avec toujours une grande qualité de la part de Kotoon. Soulignons que le tome 5 (attendu avec impatience étant donné la finale du tome 4) aura droit à une version collector soignée (stickers, carnet, bâton de cire pour le sceau de Pénélope et kit de papeterie).
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Les carnets de l'apothicaire : enquêtes à la cour T.1 : Les carne

Par Natsu Hyuuga, Minoji Kurata et Touco Shino
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
(Après la lecture des 4 premiers tomes) Je dois avouer que je suis une vraie fan des Carnets de l'apothicaire. J'ai essayé de résister à la tentation de cette autre version (Sunday GX/Mana Books) parce que j'ai déjà la version blanche (Big Gangan/Ki-oon)... et aussi le lightnovel (Lumen). Mais non, je trouve cette version "Enquête à la cour" tout aussi fascinante! Je dois dire que l'héroïne Mao Mao me plaît beaucoup: son intelligence, sa rationalité, ses réflexions. Même ses petits travers sont intéressants: son amour masochiste pour les poisons et ses fuites pour éviter les émotions, ou les questions qui la mèneraient à des émotions négatives. Avec le passé qu'elle a eu, ça s'explique bien sûr. Jinshi également porte le poids de son enfance, et c'est un personnage qui prend de la profondeur au fil de l'histoire. Même si on est dans une fiction, on n'idéalise pas trop la Cour interdite ou le Quartier des plaisirs. Au contraire, Mao Mao fait régulièrement des remarques qui nous permettent de saisir que c'est une forme d'esclavage pour la plupart des femmes qui y sont pris. Et les jeux politiques complexes et sans pitié sont fascinants à suivre, même si je n'aurais pas aimé vivre à cette époque! La version "Enquête à la cour" a plus de tomes disponibles au Japon qu'en français (17 en ce moment), et elle couvre le contenu d'un lightnovel en 3 tomes (contrairement à 4 tomes pour la version Ki-oon). Quand on sait qu'il y a 14 lightnovels au Japon (et ça continue!), ce sera peut-être la série qui couvrira toute l'histoire, qui sait? Bref, je ne peux pas résister à ces deux versions qui ont chacune des avantages. Les dessins de la version Mana Books vont plus directement vers l'efficacité alors que l'autre accorde plus d'importance à dépeindre la beauté des traits et des vêtements. J'aime aussi les couvertures colorées avec ces fleurs qui varient, les tranches, le quatrième de couverture... Et la variété des personnages qui sont mis de l'avant! Je recommande donc également cette version. C'est rare qu'on peut découvrir l'interprétation d'un même roman par deux artistes distincts. Plus que tout, il faut lire Les carnets de l'apothicaire, l'une ou l'autre, peu importe, il ne faut pas bouder ce plaisir!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Fends le vent ! T.1 : Fends le vent !, Vol. 1

Par Wataru Midori
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
En lisant le tome 1 de "Fends le vent!" (quel beau titre français!), j'ai eu l'impression que la mangaka Wataru Midori savait exactement comment elle voulait développer son histoire: en combien de tomes, avec tel et tel personnages. La série aura donc 5 tomes. C'est surtout un avantage: au contraire d'une série qui sera interrompu par l'éditeur, on sent ici que toutes les personnes en place auront un sens: le meilleur ami d'antan, l'orthoprothésiste, l'ami curieux, le rival. Et qu'on aura le temps d'explorer leurs défis. Mais ça explique également pourquoi je suis restée perplexe qu'on en sache si peu sur l'accident qui a transformé la vie de Shôta, et l'a privé de sa jambe gauche dans ce tome 1 (ça viendra peut-être dans les suivants). La qualité du tome m'a surprise: il y a quelques pages couleur au début, et le paysage urbain caché sous la couverture souple (cromalin) est joli. Les arrières-plans sont souvent bien travaillés, l'impression du vent quand Shôta court également. Je ne suis pas sûre que je ferais confiance à l'orthoprothésiste qui manipule un peu Shôta pour arriver à ses fins. J'aime que Shôta découvre un autre sport (athlétisme) qui lui convient, alors que je croyais qu'on allait rester dans le soccer du début. Bref, c'est un récit qui aborde l'handicap et le sport de façon différente.
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

My happy marriage T.4 : My happy marriage, Vol. 4

Par Akumi Agitogi, Rito Kohsaka et Tsukiho Tsukioka
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Ce tome 4 explore la vie de ce couple, si adorable, après le sauvetage spectaculaire du tome 3 (qui était d'ailleurs la fin du premier roman). On entre dans une nouvelle aventure, et on explore deux trames à la fois: des esprits malins libérés qui préoccupent Kiyoka, et les cauchemars de Miyo qui menacent sa santé. Ça m'a fait réaliser que le conte de Cendrillon se terminait avec "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Comme si sortir Cendrillon de sa famille toxique allait suffire pour qu'elle aille bien... Miyo reste hantée par cette famille qui la détestait. Elle n'a pas confiance en elle, elle ne croit pas que ce bonheur durera, et elle cherche à tout faire pour préserver la situation, s'enfonçant de plus en plus. La finale du tome 4 est terrible, elle nous laisse sur une porte ouverte et bien des mystères (et le tome 5 n'est pas encore publié au Japon!) Heureusement, pour les plus impatients, il y a l'animé qui se rend un peu plus loin, et le roman 2 (en anglais). L'adaptation en manga est magnifique. L'exploration des émotions est remarquablement bien faite, les dessins fabuleux amplifient encore davantage l'impact de l'histoire. Un manga d'exception!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Ochite Oborete T.1 : Ochite Oborete, Vol. 1

Par Yuko Inari
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
(série complète lue) Les trois couvertures de cette série sont parmi les plus belles que j'ai vues! En bonus, à la fin de chacun des tomes, la mangaka fait comme si les personnages ont dû réellement "prendre la pause" pour les réaliser, c'est très drôle! Cette courte série m'a happée dès le premier tome, je les ai enchaînés un à la suite des autres, car j'avais vraiment envie de connaître la suite. La personnage principale, Honatsu, a oublié son enfance à cause d'un accident vécu à 11 ans, où son père est décédé. Comme elle est amnésique, on ne lui a jamais raconté en détails ce qui était arrivé (cet aspect m'a semblé un peu étrange). On commence la série, elle a 16 ans, et poursuit sa vie, ayant renoué les amitiés qu'elle avait déjà avant cet accident. Honatsu est bien définie: on sent son malaise constant, n'ayant pas la base de l'enfance sur laquelle s'appuyer. Est-on la même personne quand on a oublié qui on a été et les souvenirs qui nous ont construit? J'aurais aimé qu'on ait le temps d'explorer davantage ces questions (comme le magnifique titre le met de l'avant), mais c'est impossible en 3 tomes. Le mystère de cette coupure dans son passé prend toute la place, et c'est normal que la mangaka s'y attarde pour bien le décrire. Toutefois, comme c'est souvent dans les séries courtes, la brièveté de l'histoire sacrifie les personnages secondaires (la meilleure amie de Honatsu, par exemple; la famille absente), et se boucle trop vite (même si c'était peut-être la meilleure finale à choisir). Bref, il y avait du potentiel pour davantage; mais cela n'empêche pas que c'est une belle histoire, émouvante, et magnifiquement bien dessinée.
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Colette : Mémoires d'une maison close

Par Moyoko An'no
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Je continue mon exploration de la prostitution dans les mangas. C'est un thème qui est traité dans toutes les cibles éditoriales. On le retrouve autant dans le shônen (Demon Slayer, arc oïran); dans le shôjo (La courtisane d'Edo), le seinen (Sakuran, Confidences d'une prostituée), et cette fois, ce fut dans les magazines josei, donc pour le public féminin adulte, qu'est paru Colette. Le grand format est impressionnant: un ouvrage de 544 pages d'un papier de qualité. Ce qui donne un prix est plus élevé, mais qui offre une histoire complète. Toutefois, il faut être bien assis pour le lire, car, avec ce poids, ce sera impossible de le lire debout dans l'autobus! De toute façon, ce n'est pas une histoire qui se prête bien aux trajets d'autobus. Pas tellement à cause de la nudité, plutôt modérée dans un tel contexte, mais parce que c'est un récit qui réfléchit aux destins croisés de Colette, Léon et d'autres personnages qui l'influencent. Par la voix de Colette, qui s'interroge beaucoup sur les clients, leurs aspirations; mais aussi à propos de ses collègues, qui vont plus ou moins bien. Et surtout, elle se penche sur elle-même, sur le chemin qui l'a amené sur cette route, sur son avenir. Le trait de Moyoko Anno n'est pas surchargé, bien au contraire. Les trames des cheveux, par exemple, sont pratiquement absentes, seuls les contours des cheveux sont présents. On se concentre sur les personnages, souvent leurs yeux qui sont plus détaillés. Ça donne un style unique à cette artiste, qui sert bien son thème, car j'ai l'impression qu'il permet aussi d'éviter le voyeurisme. Ce n'est pas un récit qui donne les solutions, ni qui fait la morale. On en ressort avec autant de questions qu'on y est entré. Mais avec une parcelle de compréhension supplémentaire sur ce monde fermé des maisons closes parisiennes de ce temps. Ça prend beaucoup de talent pour y arriver. La mangaka raconte bien, par ces tranches de vie, les désirs de ces filles, qui ne sont pas différentes de celles d'aujourd'hui.
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Histoires courtes T.2 : Histoires courtes, Vol. 2

Par Tsukasa Hojo
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
J'ai lu plusieurs mangas sur la Seconde guerre mondiale. Mais cet ouvrage, réunissant cinq courtes histoires de Tsukasa Hōjō, dont trois traitent de la guerre, m'a profondément bouleversé. La première histoire, celle qui donne le titre, "Le temps des cerisiers", est la plus douce, et elle ne parle pas de la guerre, mais d'une jeune fille, Sarah, qui a des facultés particulières. C'est une merveilleuse aventure, qui m'a donné le goût de lire "Sous un rayon de soleil", la série qui suivra cette courte présentation de Sarah. Ensuite, les trois récits traitant de la guerre s'enchaînent. "American Dream" se déroule aux États-Unis, juste avant le début de la guerre; "Aux confins du ciel" est basé au Japon à la toute fin de la guerre, quand le Japon allait perdre la bataille; et "La mélodie de Jenny" à peu près au même moment, au Japon aussi, mais par les yeux d'un Américain en fuite. Ce sont trois histoires profondément humaines, qui montrent avec doigté à quel point les victimes de la guerre sont dans tous les camps, que personne n'y gagne quoi que ce soit, qu'on ne fait que semer la tristesse. La préface de Pierre-William Fregonese indique que ces histoires dures sur la guerre (publiées en 1995) n'ont pas plu au Weekly Shônen Jump, et expliqueraient pourquoi Hōjō a cessé de publier dans le magazine. Ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre son parcours: le mangaka participera à la fondation de Coamix en 2000, devenue une grande boite de production de mangas et d'animés. La qualité de cette édition par Panini est superbe, je n'apprécie pas toujours les grandes éditions, mais celle-ci vaut la peine. Il y a peu de pages couleurs, mais les dessins de Hōjō sont de qualité, et de plus grandes pages permettent de bien en profiter. La couverture, avec le personnage de Sarah qui est souligné doucement par un fini glacé, est très élégant. Vraiment, un manga émouvant! Pour faire comprendre à quel point la guerre n'a pas de sens, à quel point elle brise l'humain, pour transmettre aussi la beauté de la nature, de l'ouverture de l'autre, c'est un ouvrage magnifique. Et d'autant plus pertinent à notre époque...
V
Valérie Harvey a apprécié, commenté et noté ce livre

Tsugai, daemons of the shadow realms T.2 : Tsugai, daemons of the

Par hiromu Arakawa
(5,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
J'aime vraiment cette mangaka. Elle sait créer des monstres horrifiants. Les grands vilains sont encore invisibles, mais on les devine déjà qui manipulent l'arrière-scène, et n'hésitent pas à sacrifier leurs pions. J'aime ses héros aussi. Ils sont difficiles à décrire, car ils sont loin du cliché du "garçon un peu idiot et inexpérimenté, au grand coeur" et de la "fille intelligente qui soigne". Le frère Yuru est au contraire fort habile avec les armes, redoutable au combat (tome 2). Et sa soeur Asa a déjà démontrée sa puissance et sa détermination (tome 1). Arakawa sait mettre de l'humour également: que l'on pense aux surprises de Yuru devant le monde moderne; aux demandes d'affection d'Asa; ou aux tsugaï (mention spéciale au lièvre et à la tortue). Ces touches de sourire sont nécessaires, car comme dans Fullmetal Alchemist, les combats sont violents, et les victimes nombreuses. On commence tout juste à dévoiler l'histoire des jumeaux, et c'est très intrigant. Vraiment une série fascinante, d'une mangaka expérimentée qui sait comment raconter et dessiner!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Le sablier T.1

Par Hinako Ashihara
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Après le triste décès de la mangaka Ashihara Hinako, je me suis plongée dans sa série Le Sablier, sa plus connue en français, publiée en 10 tomes chez Kana (et toujours disponible à l'achat). C'était une façon pour moi de rester un peu plus longtemps en sa compagnie, de lui porter hommage. Le Sablier a été publié il y a un peu plus de 20 ans, c'est une série qui débute en coup de poing, par plusieurs événements tragiques dans le premier tome. La petite An, alors âgée de 12 ans, restera marquée. Et les tomes 2 à 8 explorent les 14 années qui suivent, à travers sa romance avec Daigo, mais surtout l'immense douleur qu'elle porte et qui nuit à toutes ses relations humaines. Ce long moment en compagnie des personnages m'a fait penser à la série Perfect World, où on comprend bien comment ils réfléchissent et changent avec le temps. Étonnamment, c'est une romance qui parle beaucoup de santé mentale, sans que personne ne le dise à voix haute. Maintenant, ça reste encore un sujet peu évoqué au Japon, et ce l'était encore plus il y a 20 ans, on le voit dans les jugements des personnages ("sa mère a fréquenté un psychiatre, il paraît"). C'est donc un récit à vif, rempli d'émotions. La mangaka écrit, en finale du tome 8: "Certains agissements et certains traits de caractère d'An sont ceux qu'on attribue en général à la rivale du personnage principal plutôt qu'au personnage principal lui-même. Alors je crois que certains lecteurs ne l'aiment vraiment pas." Ashihara Hinako réussit pourtant, à travers les parcours de ses personnages, à les montrer s'écouter, évoluer et guérir. C'est une très belle histoire d'humanité que Le Sablier, et je comprends que cela ait abouti à deux adaptations au Japon (une série et un film). Les tomes 9 et 10 sont des histoires extra, tout aussi intéressantes à lire, et qui nous permettent de comprendre un peu le passé et l'avenir.
V
Valérie Harvey a commenté, noté et aimé un commentaire à propos de ce livre

La maison des maiko T.1

Par Aiko Koyama
(4,5)
1 personne apprécie ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
1 commentaire plus récent
Quel bonheur d'explorer Kyoto et le monde très secret du quotidien des maikos d'aujourd'hui, avec toute la gestion de la foule de leur quartier extrêmement visité, des technologies présentes autour d'eux, de la tentante nourriture du konbini parfois, qui se mêle à ce mode de vie hors du temps. Il y a de magnifiques dessins de Kyoto, ce qui vient personnellement m'interpeler bien sûr, mais j'ai aussi adoré ces petites touches d'attachement entre les deux amies dont l'une ne suit pas le parcours rêvé, mais qui semble avoir fait la paix et avoir trouvé son propre chemin. Un récit précieux! Ce sont des petites histoires adorables, qui nous font du bien et qui mettent en appétit! Car les mets de Kiyo sont si bien décrits, avec la beauté de la gastronomie japonaise, mais aussi le goût tout particulier de Kyoto... Ah nostalgie!
V
Valérie Harvey a commenté et noté ce livre

Les saisons, Nacchan et moi

Par Sagan Sagan
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Impressionnée par la qualité des deux Old Fashion Cupcake, je suis allée lire le premier manga de Sagan Sagan. Au niveau des dessins, c'est tout aussi bien, j'adore sa façon de communiquer les émotions des personnages, la gêne, la colère, l'élégance, la joie, la franchise de Nacchan (et à quel point il peut être mignon) et la réaction que ça provoque chez Shima! Vraiment, son trait nerveux et dynamique me touche beaucoup. Il y a aussi un érotisme bien présent (même s'il n'y aucune scène explicite autre que les baisers). Ici, on n'est pas dans une histoire suivie: la majorité des scénettes fait une seule page (parfois deux). On y raconte toujours la vie du couple, à travers les mois qui se succèdent, et les saisons qu'ils traversent. Ce n'est pas précisé, mais j'ai l'impression que ça se déroule sur plusieurs années: entre la fin de leur scolarité et le début de leur vie active sur le marché du travail (parfois, ils n'ont plus d'uniforme scolaire, ils semblent vivre ensemble, etc.) Ce flou sur la temporalité du récit permet de suivre l'attachement entre les deux personnages. Le but des récits n'est pas de constater l'évolution de leur lien, car ils s'aiment déjà et sortent ensemble dès la première page. Mais de partager avec eux les différentes beautés et défis du temps qui passe d'une saison à l'autre. C'est d'une douceur extrême!