Découvrez les recommandations de lecture de la plus grande communauté de lecteurs du Québec

Un must absolu ! Des dizaines et des dizaines de micro-nouvelles d'un seul paragraphe tirant avec bonheur dans toutes les directions. Ce petit bijou d’intelligence et de concision fonctionne selon le principe voulant qu’ultimement toute expérience, aussi anecdotique soit-elle, puisse atteindre à l’universel en convoquant ce fameux plus petit dénominateur commun au-delà duquel nos identités propres ne comptent plus. La forme particulière des nouvelles, entièrement rédigées à la deuxième personne du singulier, tend à conforter ce sentiment. Rien n’échappe de nos petites lâchetés ou grandeurs quotidiennes dans ce livre aussi franc que fin, à mi-chemin entre la nostalgie et le cynisme. Qu’il nous parle de chien, de drogue, de sexe, d’amitié, de mains moites, de pommes, de petites annonces, de statistiques, d’acné, de bagels, de javelot, de tatouage ou de chaton guillotiné, Simon Brousseau réussit chaque fois l’étonnant pari de dédramatiser le tragique tout en en captant la profondeur, de la même façon qu’il parvient à doter le puéril et le trivial d’une portée dépassant le simple bavardage. À lire et à faire lire!

Dans ma bibliothèque, ce livre deviendra un socle, un pilier inébranlable autour duquel les livres s’installeront pour un temps avant de s’en aller, résistant plus ou moins longtemps à l’impitoyable épreuve du temps. Nouvel essentiel pour moi donc, que ce premier volume d’une trilogie à l’ambition monstre. En suivant quatre âmes depuis la naissance de la souffrance (autant dire de la vie) jusqu’à la fin du IXe siècle sur les terres désolées de l’Australie, le prodigieux conteur Garcia médite sur la cruelle transhumance des existences. Les lecteurs craintifs auront tôt fait de qualifier le jeune auteur de mégalomane patenté, les autres, comme moi, applaudiront des mains et peut-être même des pieds en achevant le premier chapitre de cette fresque monumentale. Virtuose dans le style, confondant de maîtrise dans le pastiche, Garcia s’inspire sans vergogne de tous les grands récits (pensons à Gilgamesh, les Quatre livres extraordinaires de la littérature chinoise, le Râmâyana, etc.) pour en tirer ce grand roman philosophique, cette épopée de la douleur, cette aventure narrative enveloppante et enivrante. L’attente sera sans doute longue d’ici l’arrivée du prochain pavé, mais heureusement, ces grandes histoires nous habiterons jusque-là.

Dans ce futur parallèle, tous les jeunes sont vaccinés à l'école et 1 vaccin sur 1000 contient une nano-capsule qui explose lorsqu'ils ont entre 18 et 24 ans, provoquant une mort instantanée. Nous suivons l'histoire d'un fonctionnaire, Fujimoto, chargé de remettre des Ikigami, des préavis de mort, aux gens sélectionnés 24h avant que la puce n'explose. Très touchant, on peut voir les réactions de différentes personnes face à l'inévitable. Pour certains une délivrance, pour d'autre un mauvais tour du karma. Fujimoto sera aussi amené à évoluer à la rencontre de ces gens et à question le bien fondé de ce programme pour "la prospérité nationale".

L'Art de pêcher un requin géant à bord d'un canot pneumatique est d'un éclectisme étonnamment homogène : c'est à la fois un roman fascinant et un journal scientifique captivant, dont le récit nous tient en haleine jusqu'à la toute fin. Strøksnes offre ici une oeuvre majeure de la creative non fiction, genre encore trop peu connu au Québec. Sorte de journalisme narratif, on y raconte une histoire vraie, en utilisant les artifices de la littérature. Une grande aventure littéraire, honnête et brillante. Pour tous les amateurs du Nord, de biologie marine, de philosophie des abysses et d'histoires simples qui hameçonnent dès les premières pages.

Theodosia, six ans, assiste à l’assassinat de sa mère la reine d’Astrée pendant un assaut brutal. À cet instant, elle perd sa mère, son peuple, son titre et son identité. Elle sera désormais nommée Thora princesse des cendres et sera affublée d’une couronne de cendres, symbole de sa fragilité et de sa servitude. S’en suit dix ans de torture et d’insécurité. Laura Sebastian nous offre une histoire de soumission, d’hypocrisie, de pouvoir, mais aussi d’espoir. Des personnages forts, nous portent à nous accrocher et à en vouloir plus. La magie s’ajoute à mon plus grand plaisir, apportant avec elle des croyances et de grands mystères sur Theo, la jeune fille qui désire la liberté.

Dans cet essai paru initialement en 1998, Laurent-Michel Vacher part d’un constat : une grande part de la philosophie contemporaine s’est éloignée des sciences alors que celles-ci ont pourtant connu au courant du dernier siècle un développement sans précédent. Si, emporté par sa verve pamphlétaire, l'auteur tend à tourner les coins rond et à caricaturer les philosophies qu'il critique, il démontre toutefois avec force la fertilité intellectuelle des principales avancées scientifiques (en physique, chimie, biologie, sciences humaines). Le philosophe appelle ses pairs à une salutaire remise à l’écoute du réel.

Avez-vous déjà entendu parler de Madame Victoria, surnommée ainsi parce que son corps a été retrouvé près de l’Hôpital Royal Victoria en 2001 et qu’il n’a pas été identifié à ce jour? Dans ce livre, l’auteure rend hommage à cette femme inconnue en lui faisant vivre 11 histoires différentes, parfois crédibles, parfois éclatées. Quelle excellente idée que d’avoir écrit et publié ce livre! Je ne me souviens pas d’avoir lu quelque chose de comparable. L’auteure aborde les notions d’identité et d’anonymat avec une plume sublime. Autour de ces 11 portraits de femmes inspirantes, on en apprend sur la découverte du corps et sur l’enquête. Qui sait, ce roman va peut-être faire avancer ce dossier non résolu! J’ai pris plusieurs pauses tellement j’étais émue!

Je suis en totale admiration face à la journaliste Mélanie Loisel, jeune trentenaire, qui a eu l’audace de demander des entretiens à ces 62 personnes avant qu’il soit trop tard. Des sujets tels l’Holocauste, l’indépendance de l’Inde, la création de l’État d’Israël, Hiroshima et plus encore y sont abordés. C’est un ouvrage nécessaire, pour ne pas oublier, pour réfléchir à des solutions et pour garder espoir. C’est une lecture costaude, à savourer un témoignage à la fois, en prenant son temps. Bien qu’elle ait posé les 3 mêmes questions de base à chacun des témoins, chacun des 62 récits est unique. Les questions sont adaptées en fonction du témoin et de l’événement. Certains textes ont 4 pages, d’autres en ont 10. Mélanie nous met rapidement en contexte avant de nous présenter le résumé du dialogue. Aussi, elle nous partage ses impressions, pour nous dire que telle personne montrait des signes d’impatience ou qu’il y a eu un long silence, par exemple. Certains témoins suscitent la controverse. Elle les confronte un peu pour les faire parler, mais son but n’est pas de les acculer au mur. Elle veut entendre et transmettre leur version des faits. Ce livre sort du lot et rend l’histoire plus accessible. Personnellement, j’aime me creuser le coco, mais je peux très bien le faire comme une grande si on me donne envie d’en savoir plus. C’est exactement ce que Mélanie fait. Elle nous donne envie d’en savoir plus si nous le souhaitons. Elle donne envie de s’intéresser à ce qui s’est passé ici et ailleurs depuis 1939. En résumé, je suis heureuse que ces 62 témoins aient accepté de participer au projet de Mélanie Loisel.

J’aime sa façon de vulgariser la science en utilisant des images fortes. En consultant ce livre, vous apprendrez entre autres comment survivre à une zombification oculaire (à ne pas confondre avec la conjonctivite) et à une crise de snobisme digestif (diarrhée du voyageur), rien de moins! Dans ce deuxième tome, le Pharmachien parle des petits et des grands bobos. Il nous suggère quoi faire et quoi ne pas faire pour 17 types de bobos. Aussi, il nous dit quand et qui consulter, parce qu’un petit bobo peut devenir grand. Suite aux informations sur ces bobos, on retrouve Le grand jeu des questions inutiles, qui contient 11 tableaux de Nintendo/Super Nintendo à réussir sur des sujets tels le taux d’acidité et les placebos! Ce livre s’adresse aux gens qui savent lire entre les lignes et qui ont un bon sens de l’humour. De plus, il s’adresse directement aux pharmaciens et aux pharmaciennes à la page 169.

Comme le sous-titre l’indique, ce livre permet de différencier le vrai du n’importe quoi en santé. Olivier Bernard souhaite que l’on développe notre esprit critique et qu’on se responsabilise face à notre santé. Du côté « vrai », il nuance entre autres naturel = bon et chimique = mauvais, la sûreté des médicaments et les vaccins. Du côté « n’importe quoi », il s’exprime sur les Spécialistes de l’ADN Angélique, l’irrigation du colon, la thérapie quantique et plus encore. Aussi, on apprend comment concevoir un produit homéopathique contre l’intolérance au gluten. Mon coup de cœur est un jeu où vous êtes le héros!

Et si la poésie rendait la vie plus habitable? Et si la poésie pouvait changer le monde? En 92 pages bien remplies, Véronique Côté affirme que nous avons besoin de poésie sous toutes ses formes. La poésie de tous les jours. La poésie qui peut être partout. La poésie qui peut être dans la contemplation d’un paysage. La poésie d’une libellule qui se pose dans les cheveux. La poésie d’un vol d’outardes. La poésie du Fleuve. La poésie d’un geste gentil et gratuit. La poésie d’un geste qui n’a pas de prix. La poésie qui ne se présente pas nécessairement sous forme de poème. Aussi, Véronique Côté fait un plaidoyer pour l’accès à la lecture et à l’écriture. Elle parle de la poésie sous forme écrite, d’accès aux connaissances et du taux d’analphabètes fonctionnels au Québec. Ai-je besoin de préciser que ça me touche particulièrement comme sujet? C’est un essai qui fait réfléchir, qui fait rire, qui rend les yeux humides, et surtout, qui donne espoir. Ce livre démontre bien que chaque petit geste compte. Ensemble, nous pouvons faire la différence!

Bien que je connaisse davantage le Canada que le Canadien moyen, je n’ai pas du tout l’impression d’avoir fait le tour du 2e plus grand pays du monde. Loin de là. Et ma perception s’est confirmée en lisant ce livre. Ce guide de voyage se lit comme un recueil de textes poétiques. Ce sont de courts chapitres, qui n’ont pas d’ordre géographique ou chronologique, et qui sont tous liés. Ce livre donne envie de se dégager un budget pour prendre le train, et plus particulièrement, pour le parcours Le Canadien, soit le trajet Toronto-Vancouver. Je vous dis ça parce que le train est un des personnages principaux de ces cartes postales. De plus, Marie-Julie nous partage beaucoup d’informations et de faits historiques. Une des cartes postales concerne ma ville d’adoption : Québec. J’apprécie que Marie-Julie parle d’autres choses que de l’architecture du Château Frontenac, que tout le monde (ou presque) connait. Marie-Julie m’a donné envie de faire mon sac et de partir à l’aventure à nouveau!

Si je l’ai lu 3 fois en un mois, ce n’est pas parce que je ne comprenais pas! C’est parce que ça fait du bien! C'est une lecture doudou qui réchauffe le cœur. L'auteure fait des parallèles entre sa propre vie et celle d'Emily Dickinson (1830-1886, 1800 poèmes). Nul besoin de connaître Emily Dickinson pour être touché. Fait référence à ce que les spécialistes savent d’Emily, et nous le transmet d’une façon si harmonieuse que ça nous donne envie d’en savoir plus sur elle. On sait peu de choses sur Emily Dickinson puisqu'elle a vécu recluse et qu'elle ne cherchait pas la gloire. Dominique Fortier lui rend hommage, la met en valeur. L'importance des lieux et d'avoir un espace pour écrire. Les lieux qu’on habite. Les lieux qui nous habitent. Dominique n’est pas allée visiter les lieux d’Emily Dickinson. Ce sont des lieux de papier pour elle.