Alexandra Guimont
Libraire @ Librairie Gallimard
Intérêts littéraires : Jeunesse, Littérature, Arts, Science/Technologie, Bande dessinée, Essais, Faune/Flore

Activités de Alexandra Guimont

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La renarde

Par Dubravka Ugresic
(4,0)
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Dubravka Ugrešić vient de nous quitter. Toute mon estime va à cette grande militante antinationaliste qui, malgré le démantèlement et la haine raciale en Yougoslavie dont elle a été le témoin direct, n’a pas perdu une graine de son humanité. Avec «La Renarde», tout juste traduit par Chloé Billon chez Bourgois, elle retrace le fil rouge de la création des histoires, tente de défricher le sentier abstrait de l’inspiration et nous guide dans l’aventure sinueuse de la construction narrative. On voyage à ses côtés en se laissant entraîner par sa pensée flottante, on s’agrippe ici et là au quai de minuscules épiphanies quotidiennes, drôles et pitoyables, où souffle parfois un vent de misanthropie.
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Inconsolable

Par Adèle VAN REETH
(3,0)
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Suite à son très réussi récit sur la vie ordinaire et la maternité, voilà qu’Adèle Van Reeth creuse avec «Inconsolable» la sépulture littéraire de son défunt père. Toujours dans l’analyse critique d’une réalité propre mais universelle, elle sonde l’émotion sous le radar philosophique. Comment se consoler? Vieillit-on plus rapidement sous le lourd fardeau de la peine? Est-ce qu’un chat, figure de l’affection pure, peut devenir un remède pour combler cette affliction? Van Reeth ne lésine pas et fait de l’anecdote une merveilleuse manière de raisonner. En évoquant «The Köln Concert» de Keith Jarret comme métaphore absolue du laisser-aller, elle défend que c’est dans l’action que l’improvisation se joue et qu’il faut une part de laxité pour être capable de supporter l’inconcevable.
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Commis d'office

Par Hannelore Cayre
(4,0)
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Faire famille autrement

Par Gabrielle Richard
(4,0)
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Inédits

Par Édouard Levé et Thomas Clerc
(4,0)
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Edouard Levé répugnait la fiction, il s’affairait plutôt à utiliser la vie comme matériau brut de création. Cette hybridation de l’expérience littéraire et de la quotidienneté est à mon sens le plus bel état poétique possible. À force de conceptualiser chaque parcelle du réel, il a modelé un œuvre décousu, mais passionnant de liberté. Ces «Inédits» posthumes, sorte de fourre-tout un peu fou, sont à la fois nombre d'études sur la morphologie de la vie, entrées de dictionnaire personnalisées, guide de voyage unique et portrait de Paris expurgé de tout glamour. Entre ready-mades et délires oulipiens, le travail de Levé résonnera aussi chez les fans de Sophie Calle.
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Coeur de pierre

Par Agnès Desarthe, Marc Boutavant, Léonard Desarthe et Léonard Desarthe
(5,0)
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Je crie au génie comique! Cet album complètement fou d’inventivité raconte l’amitié fortuite entre un chewing gum niais et un caillou neurasthénique. Ce merveilleux mariage nous fait voyager jusqu’en Inde, sur les traces filiales de cette petite pierre millénaire. Agnès Desarthe et son fils Léonard sont en symbiose parfaite dans ce projet qui prend une toute autre dimension avec les pistes musicales créées pour accompagner ce récit d’aventure. L’humour explosif aborde ici de grands thèmes philosophiques, tels que l’interrogation de nos origines et comment donner sens à notre vie face au grand Tout. Les illustrations de Marc Boutavant, bien connu pour son «Chien Pourri», complètent cette équipe de rêve. Difficile de faire mieux!
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La maladie blanche

Par Karel Čapek et Alain Van Crugten
(4,0)
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La Covid-19 a apporté son lot de découvertes littéraires, faisant du genre pandémique une catégorie en soi. Après l’excellent «37° centigrades» chez Le Passager Clandestin qui imagine une société de contrôle obsédée par les risques sanitaires, je découvre maintenant «La maladie blanche» du tchèque Karel Čapek. Cette pièce de théâtre écrite en 1937 anatomise à la perfection les méandres de la psychologie humaine mutant sans vergogne en temps de crises humanitaires. En utilisant la lèpre comme gangrène sociale, Čapek évoque l’ostracisation haineuse d’une partie de la population et la montée du fascisme en Europe. On se rend vite compte qu’à travers les faux-semblants et les opportunistes de toutes parts, la bonne volonté garante de paix s'éteint tristement dans le gouffre noir du pouvoir mis en place.
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L'homme à la tête de lion

Par Xavier Coste
(5,0)
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Librement inspirée de la vie de Stephan Bibrowski, cette bande dessinée nous pousse à cran en dévoilant les méandres cruels des freaks show du XXe siècle. L’Homme à la tête de lion était un artiste circassien atteint d’hypertrichose et n’aura gravité sa vie durant qu’avec d’autres ostracisés de la société. Camaraderie, esprit de famille, mais aussi rivalités grotesques et sans pitié, son existence ne fut qu’une longue et lancinante blessure d’abandon. Quel autre destin pour ces individus atteints de difformités que d’être exhibés devant une horde de guignoles inconscients? Et quel sort attend le milieu du cirque lorsque la radio et le cinéma accaparent goulument les foules éprises de nouveautés et de loisirs? Après son admirable adaptation de 1984, Xavier Coste marque encore une fois le monde de la bd et présente une œuvre qui éclate brillamment dans le ciel du 9e art.
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Quand tu écouteras cette chanson

Par Lola Lafon
(3,33)
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Quoi de mieux que la collection «Ma nuit au musée» pour déambuler par procuration dans les plus grandes institutions du monde? Lola Lafon investit ici la Maison d’Anne Frank et son Annexe devient la pierre angulaire sur laquelle les souvenirs familiaux de l’autrice viennent s’écorcher. Venant elle-même d’une famille juive dont les grands-parents ont été déportés au cœur de l’horreur, elle fait un laborieux travail de ressouvenir et d’acceptation. Après s’être penchée sur le destin tragique de jeunes femmes telles que Nadia Comăneci et Patricia Hearst, elle nous présente une autre Anne Frank qui, loin des clichés pathétiques dont elle a été l’objet par nombre d’éditeurs et de producteurs de cinéma, se rapproche plus sérieusement de l’écrivaine ambitieuse qu’elle rêvait d’être.
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La Voie romaine

Par Sylveline Bourion
(4,2)
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Après la pluie

Par Chiara Mezzalama et Léa Drouet
(4,0)
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Autant le calme plat que la tempête peuvent disloquer les bases d’une famille en apparence unie. Les changements climatiques et la météo douteuse deviennent l’allégorie parfaite pour parler du couple qui s’amenuise et se délite. Après la pluie le beau temps? Sans doute si l’on considère qu’à la suite du déluge, l’harmonie du vivant reprend tranquillement son cours dans un nouveau cycle. Le roman de Chiara Mezzalama se lit comme une traversée épique et elle nous enseigne ici que, dans le chaos, l’énergie se transforme et qu’une nouvelle vie est toujours possible.
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Le cauchemar du Thylacine

Par Davide Cali et Claudia Palmarucci
(4,0)
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Où vont les animaux une fois leur espèce complètement décimée? Le thylacine de Tasmanie le découvrira lors d’une quête fantomatique en compagnie du docteur Wallaby. À la fois mode d’emploi pour attraper les mauvais rêves et éloge funèbre pour animaux disparus, cet album terrifiant de vérité met en perspective la notion même de cauchemar. Non sans rappeler un tableau grotesque de Jérôme Bosch, Claudia Palmarucci fait de ce livre un tombeau dessiné pour les grandes pertes qu’a connues hélas notre planète.
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La vérité sur la lumière

Par Audur Ava Olafsdottir
(4,0)
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Naître, c’est sortir des ténèbres ventrales pour s’exposer à la lumière verticale du monde. Et dans le dernier livre d’Ólafsdóttir, c’est quatre générations de sages-femmes qui s’évertuent avec humanité à faire jaillir cet éclair qu’est la vie. L’une d’entre elles - la grand-tante Fífa - conçoit des textes portés par un puissant désir de création. C’est le second engendrement: utiliser le langage pour nommer et façonner le vivant. Dans ce septième roman, les mots de cette grande dame des lettres islandaises dansent sous nos yeux avec grâce, comme le ferait une aurore boréale dans l’immensité du ciel nordique.
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La nuit des pères

Par Gaëlle Josse
(3,0)
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Historiquement, on ne cesse de filer la métaphore montagnarde pour évoquer et définir la figure du père. Insurmontable, infranchissable, imperméable ; la narratrice de Gaëlle Josse se la représente ainsi aussi. Et ce n'est qu'une fois celui-ci confronté à l'amnésie qu'elle veut gravir l'histoire de son père, avant que le trajet de la mémoire effrite ses sentiers intérieurs. Dans un désir sincère de réconciliation et pour vaincre l'oubli, ce roman distille consciencieusement une relation filiale complexe, ponctuée de silences, jusqu'à ce que le pic de tout secret se déleste enfin de sa neige éternelle.
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Cher connard

Par Virginie Despentes
(3,5)
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Virulente et clairvoyante, la pensée de Despentes nous leste magnifiquement le cerveau et articule avec discernement tout le tragique de la réalité qui divise la société post-MeToo. Ce roman épistolaire, aux voix multiples et complexes, permet une compréhension du contexte, voire même une réconciliation des intimités propres des protagonistes. Sans concession, Virginie Despentes est assurément une figure majeure de notre XXIe siècle! Elle œuvre pour le bien commun et le décloisonnement des voix en analysant la sensible dialectique des rapports hommes-femmes et son héritage sexué du monde à coup de riffs littéraires et de rage nécessaire.