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La vie secrète des animaux : un univers chargé d'émotions

Par Peter Wohlleben
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Garde forestier et vulgarisateur scientifique, Peter Wohlleben livre ici le pendant animalier de l'ouvrage auquel il doit sa réputation dans le grand public, La vie secrète des arbres. Wohlleben aborde plusieurs facettes des capacités cognitives et affectives d'une grande variété d'espèces, des plus simples et modestes aux plus grandes, sur lesquelles progressent les recherches et interrogations scientifiques : expérience de la douleur, du deuil, du bonheur, communication, mémorisation, résolution de problème à partir de représentation sensori-motrice multi-agents (si x m'observe cacher y , utiliser des galets qui feront du bruit s'ils les retournent, par ex.), notamment. Le tout est écrit sur un ton personnel, souvent anecdotique, avec de discrets renvois à la littérature savante. Il s'agit d'une contribution empreinte de modestie et d'humilité au long processus civilisationnel par lequel les autres êtres vivants commencent à être tenus en respect, dans une limitation de nos ardeur à leur infliger souffrance et dégradation par caprices, par banalisation du mal et par aveuglement volontaire.

La charge de l'orignal épormyable

Par claude Gauvreau
(3,66)
2 personnes apprécient ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Cette pièce consiste en l'auto-portrait du poète incompris, persécuté par un entourage de pseudo-scientifiques aux allures de psychanalystes, qui se jouent de lui, le manipulent, lui interdisent la quiétude et l'affection ; le tout, parsemé de scènes allégoriques, de quelques bribes d'exploréen, et baigné d'une violence sourde, mais à peine voilée, qui finit par éclater.

Mémoires d'Hadrien

Par Marguerite Yourcenar
(4,8)
3 personnes apprécient ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
L'empereur a soixante ans attend la mort et s'adresse à son successeur Marc Aurèle pour reconstituer sa vie, l'éclaircir, de sa jeunesse à Italica en Espagne, puis dans les armées, à son adoption par Trajan, à sa véritable naissance comme homme (naissance venant avec le premier regard honnête sur soi), jusqu'à l'établissement de sa vision d'un empire restaurant l'idéal grec de paix et de liberté; ses amours, en particulier celui d'Antinoüs, pour lequel il fit ériger une ville, des monnaies, des statues et un culte religieux; l'aménagement de sa succession, des querelles et tentatives d'assassinat; sa tentation du suicide devant la désertion de ses forces, suivi d'un refus patient. Ce livre découle d'une longue et fertile absorption dans les documents historiques, absorption fascinée par un grand empereur pacifique, à la fois austère et hédoniste, érigeant en règle de conduite de sa volonté l'apprentissage par l'écoute des sens et sensations; empereur ayant cultivé autant son amour de la philosophie et de l'art que de la poésie, et ayant eu de l'empire une vision à la fois grandiose et réaliste, par l'anticipation de sa chute éventuelle. Le nombre de passages qui vous inspirent des méditations et qui vous frappent par leur justesse et leur profondeur sont légions. Une œuvre forte, unique, qui relève par moment du poème, et qui vous grandit tout en rétrécissant (sans la parodier ou la malmener) la distance entre les âges.

Plaidoyer pour les animaux

Par Matthieu Ricard
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Cet ouvrage avance une réflexion de fond en comble sur nos rapports aux autres êtres vivants dans une perspective d'abord historique et à long terme, allant des chasseurs cueilleurs à la domestication, aux premiers fermiers et éleveurs, et de l'antiquité jusqu'au décollage de l'élevage et de l'abattage mécanisés dans les années 1950. En plus d'une investigation historique, Ricard aborde différentes traditions religieuses et philosophiques hors de l'orbite occidental mais l'incluant, ainsi que des sous-mouvements en leur sein, pour y révéler de nombreux affrontements et tensions sur la question du traitement et de la mise à mort des animaux : sont-ils absolument inférieurs à nous et sont-ils indignes d'égard et de protection ? Après les exposés historiques et comparatifs, Ricard aborde un à un différents pans de nos rapports aux animaux et des questionnements qui nous sont familiers (ou qui mériteraient de le devenir) : • dissimulation par recours à différents euphémismes et rationalisations des mauvais traitements et de la mise à mort des animaux d'élevage; • impact écologique et économique du productivisme ou fordisme de l'élevage; • description détaillée et minutieuse du processus d'abattage; • avancées au plan social, scientifique et juridique notamment de la défense des animaux (véganisme, militantisme) • perspectives que nous livrent les recherches biologiques et psychologiques comparées sur les différences et similitudes entre l'humain et les autres animaux au plan, par exemple, de la conscience et de la capacité à éprouver autant douleur que plaisir; • ampleur dévastatrice du trafic d'animaux en voie de disparition - notamment pour soutenir la médecine chinoise ; • utilisation des animaux à des fins d'expérimentation de produits cosmétiques, de détergent, et de médicaments; • utilisation des animaux à des fins de divertissement (comment justifier la chasse, ou la corrida?); • similitudes entre génocide et zoocide au plan des distorsions et dissociations mentales permettant à des êtres relativement normaux de soutenir le premier ou le second ; • voix de la réflexion morale et juridique sur le traitement et le statut à réserver aux animaux (sujet de droit ou personne juridique, agent ou patient moral; intérêt intrinsèque ou valeur uniquement instrumentale). Ricard rassemble, pour mener chacune de ces réflexions, une documentation colossale qu'il manie d'une main de maître. Plusieurs des objections spontanées ou réfléchies au projet de libération des animaux sont abordées, discutées et surmontées, avec un ton respectueux et élévateur. Plaidoyer pour les animaux est une lecture hautement recommandée autant pour quiconque estime que notre pouvoir de tenir les animaux à notre merci et d'en faire les instruments de nos caprices nous dégrade et diminue, que pour quiconque essaie de se persuader du contraire.

Vie et mort des traditions culturelles

Par Olivier Morin
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Cet ouvrage est la thèse de doctorat d'Olivier Morin, qui est présentement leader de recherche du groupe Minds and Traditions à l'Institut Max Plank à Jena. Il consiste en une défense de l'approche de Dan Sperber - l'épidémiologie des représentations, re-baptisée la théorie des attracteurs culturels - selon laquelle certains caractères généraux de l'esprit et du cerveau humain rendent certaines idées attractives, à commencer par l'échange ouvert et volontaire d'informations, formant un espace public. Cette approche est définie par opposition à un certain nombre de thèses qui sont populaires au sein de l'anthropologie, de l'histoire, et de la psychologie, à commencer par celle voulant que les cultures ou traditions se transmettent en bloc, en vertu d'une motivation de transmission spéciale (voire formalisée), et en vertu d'une imitation automatique et particulièrement fidèle. Plus spécifiquement, Morin rejette l'idée selon laquelle les cultures forment des touts ou des unités, mais plutôt des chaînes de transmission indépendantes qui ne s'intègrent en système qu'exceptionnellement (en un mode de vie, en une mémoire ou une identité collectives). Une part importante du premier chapitre éclaircit cette opposition. Pourquoi des chaînes de transmission se forment-elles, et pourquoi uniquement l'espèce humaine est-elle bénéficiaire d'autant de chaînes s'accumulant les unes aux autres (formant deux mondes, celui des relations sociales - amitiés, hostilités, subordination, alliances, conflits - et celui de la culture - des techniques, des jeux, des codes de communication spécifiques) ? Ces deux questions centrales à l'ouvrage sont abordées sous trois angles spécifiques : 1. l'inexistence d'une motivation et d'une capacité imitative caractérisé par son caractère automatique et par sa précision (imitation à laquelle Morin oppose l'imitation flexible et conditionnel); 2. la nécessité de résoudre d'abord le problème de l'insuccès (qui est le cas lorsque les agents ne sont pas motivés à utiliser une tradition ou lorsque, ainsi motivés, ils ne trouvent pas leur vis-à-vis intéressés à l'apprendre) et non le problème l'usure auquel plusieurs théoriciens de la culture ont accordé la priorité (problème qui se définit par la tendance rapide à déformer, modifier, transformer ce qui est transmis, sur le principe du jeu de téléphone dont la généralité au delà du contexte de ce jeu est prise comme démontrée); 3. la possibilité de rendre compte, et de l'existence des chaînes de transmission, et de leur accumulation, non en terme d'améliorations qualitatives graduelles (la thèse du "ratchet effect" que l'on trouve chez Tomasello The Cultural Origins of Human Cognition notamment) supportée par des adaptations culturelles spécifiques, mais par une combinaison de la communication ostensive (la communication ouverte et volontaire d'états mentaux récursifs, à propos des états mentaux des autres), de la reconstruction à partir d'indices, de la transmission volontaire et involontaire. Parmi les qualités de cet ouvrage stimulant figurent la maîtrise d'une ample littérature théorique et expérimentale, la délectation intellectuelle servie par une écriture souple et un éveil de chaque instant, ainsi que le choix et la précision mise au service du cas empirique examiné en guise d'exemple principal (bien que non exclusif) de la thèse, soit le jeux d'enfants et les comptines d'élimination (comme am stram gram, pic et pic et ...), compris comme "traditions extrêmes" (redevables, non de technique de stockage et de diffusion, non de facilité de mémorisation, mais d'attraits cognitifs permettant de palier à un roulement générationnel rapide). Il n'en reste pas moins un soupçon, exprimé par certains commentateurs, et dont Morin se défend, de circularité dans la définition des attracteurs et des traditions (l'une se vérifie et se définit par l'autre, et vice-versa). Et la nature et le contenu précis des attracteurs pourraient ne renvoyer qu'a un fouillis de facteurs dans l'éclaircissement desquels l'angle cognitif tant vanté par Sperber pourrait ne pas avoir la part du lion : « l’attrait des traditions tient à des facteurs si nombreux, si variables, si hétérogènes, si contingents et si difficiles à démêler qu’ils défient toute description exhaustive » (p.155).

L'esprit en marche : pour approfondir le quotidien

Par Normand Baillargeon
(4,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Cet ouvrage est une ode à l'esprit de recherche indépendante, orientée aux valeurs de l'humanisme athée, de la vérité, de l'impartialité, du désintéressement, et de la quête de solidarité. Hume, Kant et Bertrand Russell sont les principaux compagnons de route du philosophe et pédagogue. Il reconstitue un certain nombre de leurs propositions en éthique, en esthétique et en philosophie politique, pour éclairer diverses facettes du monde courant. J'ai le plus apprécié, parmi les 4 parties et 11 chapitres de L'esprit en marche , la rencontre d'un libéralisme politique allié à un socialisme économique chez Bertrand Russell (chapitre 4 portant sur son voyage en URSS), et l'abord proposé aux questions : pourquoi et en quel sens sommes-nous dans un monde dominé par la post-vérité ou la bullshit (le mépris des faits et la production de faits alternatifs) (chapitre 9), pourquoi est-il préférable de cesser de considérer la religion comme une catégorie de penser et d'action à part, non redevable envers les règles que nous reconnaissons comme étant à la base de la vie commune - à commencer par l'interdit du viol et la réprobation du mensonge (chapitre 10) ? L'ouvrage est d'une lecture facile, et témoigne des habilités de vulgarisateur de Baillargeon. Le plaisir de le lire vient de la clarté avec laquelle sont articulées certaines idées phares des philosophes, ainsi que de la défense de l'engagement au sens pré-cité (engagement envers la recherche libre sur lequel Baillargeon s'explique, tant du côté des sources intellectuelles qui l'y disposent et qui devraient aussi nous y conduire, que des difficultés et tensions générées du fait de cet engagement lors de sa vie de professeur universitaire). Deux bémols : le choix de certains sujets pourrait en rebuter quelques-uns (je pense au hockey et aux mathématiques, lesquelles sont mises en relation avec l'humour - l'humour sur les incongruités, l'humour visant à affirmer une supériorité personnelle, à produire des auto-contradictions performatives, ou à avancer une vision calmement tragique et désespérée de la vie). Ensuite : Baillargeon n'a pas l'écriture fine et moqueuse des Serge Bouchard et Bernard Arcand (qui ont popularisé l'exercice d'ennoblissement des lieux communs par des mises à distance anthropologiques). Son style direct et relativement sec pourrait être d'une aide limitée pour amener le lecteur non déjà convaincu de ce qu'il avance de persévérer à le lire et à se rendre à ses raisons.

La philosophie à l'abattoir : réflexions sur le bacon, l'empathie

Par Christiane Bailey et Jean-François Labonté
(4,0)
6 personnes apprécient ce livre
3 commentaires au sujet de ce livre
Ce livre dresse un tour d'horizon de notre domination des autres espèces, de ses sources philosophiques et des motifs pour lesquelles elle apparaît naturelle-normale-nécessaire-nice à une certaine portion de la population, et tout le contraire à une autre ; ainsi qu'il dresse un état des forces de transformation ou de maintien du statu quo en cette matière. Peut-on, comment et jusqu'où faire passer les autres espèces du statut de bien meuble à celui de sujet de droit, considérant les faiblesses, l'inapplication et autres ratés des lois et approches déjà tentées ? Les auteurs procèdent avec une grande concision et par le renvoi à des études bien choisies en ce qui concerne notamment les lois américaines et canadiennes (notamment), et en ce qui concerne l'historique du mouvement végane. Il s'agit d'un ouvrage d'introduction sobre, dont le lecteur ayant quelque bagage et notion dans le domaine ne sortira pas considérablement grandi. J'ai pu notamment y apprendre tour à tour de quelle manière Peter Singer ne correspond pas au portrait qu'en font certains adversaires -partant du plus risible et aveuglé par la colère -comme Paul Ariès (Singer admet la supériorité de l'espèce humaine sur les autres compte tenu de sa capacité à nourrir des projets, à se projeter dans l'avenir et à envisager sa propre mort; il adhère avant tout à la délibération et à l'argumentation plutôt qu'aux gestes d'éclat). Il m'a aussi été possible d'apprendre avec consternation mais sans étonnement que la loi québécoise sur le bien-être et la sécurité de l'animale (2015) exempte l'industrie agro-alimentaire de la respecter (ce qui en fait une loi purement esthétique ou de façade), que la législation canadienne protégeant les animaux n'a pas évolué depuis 1872. J'ai également pu apprendre que le végétalisme était au coeur de nombreux mouvements de contestation politique d'inspiration notamment anarchiste au début du siècle passé en Europe, ce qui agit comme un rappel de sa portée dépassant les seuls choix culinaires mais questionnant l'usage du pouvoir de contraindre autrui (et d'exercer un droit de vie et de mort sur autrui). Autre apprentissage : (i) les premières femmes docteures et admises dans les enceintes de la science académique comme la Royal Society, de même que les premières féministes anglaises s'étaient liées rapidement et comme inextricablement à la cause animale. (ii) De fortes majorités d'États-Uniens et de Canadiens disent s'opposer aux abattoirs (de même qu'à la chasse sportive et pour la fourrure), sans que cela se traduise, hélas, autrement qu'en l'attente d'un changement s'opérant de lui-même, sans requérir la révision de leurs habitudes.

Histoire inédite des Patriotes : un peuple libre en images

Par Anne-Marie Sicotte
(4,33)
2 personnes apprécient ce livre
3 commentaires au sujet de ce livre
"Jamais peuple libre n'a été l'objet d'une mal administration aussi excessive, aussi constante, aussi persévérante, aussi obstinée dans son gouvernement" (Lord Durham cité p. 421). La période historique rapidement esquivée par la seule mention des Patriotes 1837-8 recouvre un vaste mouvement de la population des Haut et Bas-Canada (des descendants de colons français, anglais, irlandais, américains, et nombre d'autres) mouvement de refus opposé par voie de consultation populaire aux abus constants de l'exécutif colonial (collusion avec la spéculation foncière et avec les monopoles commerciaux, corruption, détournement du trésor public pour couvrir des dépenses personnelles excessives, non-respect des ententes avec la communauté des Franciscains, ayant cédé ses terres à la Couronne sous condition que l'argent soit reversée en soutien à l'éducation des Canadiens, notamment). Les revendications ... de transparence dans l'usage des fonds publics, d'usage, par les élus de la Chambre d'assemblée, des impôts sur les importations, de respect des règles constitutionnelles posées en 1791, furent toutes aussitôt rejetées, travesties en incitations à la révolte, à l'attentat contre les Britons, justifiant la suspension de la chambre d'assemblée, octroi de pouvoirs extraordinaires à l'exécutif, censure de la presse, emprisonnement, et laissez-faire face aux milices tories usant d'intimidation et d'agression (notamment pour empêcher les Canadiens de voter, comme lors d'élections à Montréal-Ouest, en 1832). Rarement conditions ne sont mieux installées pour dissuader un peuple d'aspirer à se gouverner, et pour le camper dans l'acceptation résignée du règne de l'intérêt personnel des amis du régime. Abondamment illustré en peintures d'époque, ce livre d'une écriture fine et souple donne aussi à voir des pans de la vie des Canadiens de la première moitié du 19e siècle (assemblées et confédérations de comtés, droit de vote des femmes, monnaies locales et journaux, activités hivernales, notamment sur le pont de glace entre Lévis et Québec; mais aussi appui systématique du clergé à la Couronne, sous forme d'encouragement à la soumission aux puissances établies, choisies par Dieu). Il se recommande à quiconque est désireux de saisir un moment charnière, mais méconnu et longtemps déformé, de notre histoire et de notre condition collectives.

Printemps de l'Amérique française (Le)

Par Louis-Georges Harvey
(5,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
L'indépendance américaine a été l'inspiration d'un mouvement anticolonial sur la grandeur du continent et outre-Atlantique. Elle acquit valeur de modèle à partir duquel juger de la destinée des colonies européennes : contre la pesante main de l'aristocratie métropolitaine institutionnalisant ses privilèges (pige éhontée dans le trésor public, imposition de taxes à son avantage, monopolisation des terres et du commerce, onéreuse nomination aux postes de conseiller de la couronne dans le mépris des revendications des autorités élues), constitution d'un régime républicain souverain, généralisant les principes d'électivité, de responsabilité, les lieux de participation, et généralisant l'accès aux terres agricoles pour protéger la vertu citoyenne contre l'influence corruptrice du commerce et de l'industrialisation. L'onde de choc de l'indépendance parcouru ce continent du nord au sud et fut d'une puissance comparable à la chute du mur de Berlin ou à l'Accord de Kyoto. Elle est l'éléphant dans la pièce de l'histoire du Canada. Des générations d'historiens se sont effectivement échinées pour ne pas la voir et pour ratatiner la participation qu'y prirent les Bas-et Haut-Canadiens aux dimensions d'une révolte ethnique (français contre anglais, catholiques contre protestants) ou d'un apprentissage forcé, quoique manqué, du libéralisme anglo-saxon entendu comme seule et unique voie d'accès à la modernité. Le premier mérite de la nouvelle génération d'historiens où figure le présent ouvrage, à l'exemple de Gérard Bouchard (Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde) et de Yvan Lamonde (Histoire sociale des idées au Québec 1760-1896), est de (i) démontrer l'étroitesse fallacieuse d'un attachement aux seules distinctions conceptuelles Libéralisme vs Nationalisme, Modernité-Libérale vs Tradition-Ethnicité dans la reconstitution des sources intellectuelles du pays et de ses provinces, et de (ii) porter au grand jour la force d'un double héritage intellectuel débordant ce cadre et ne s'y réduisant pas : héritage néo-classique (l'ascension de la République romaine et la chute de l'Empire comme patron pour juger des institutions présentes), héritage de l'humanisme civique : dresser la vertu citoyenne contre l'influence grandissante du commerce et de l'argent sur les appareils politique. Louis-Georges Harvey s'attache dans un premier temps à retracer l'ascendant néo-classique sur les esprits bas-canadiens à partir d'une correspondance de Louis-Joseph Papineau et de son fils Amédée dans le premier chapitre, avant de brosser le portrait plus large du rayonnement du néo-classicisme et de l'humanisme civique - en France, en Angleterre et en France sur une période de deux siècles approximativement. L'imprégnation de la pensée des Constituants américains par l'humanisme civique et par la conviction de refonder une Républicaine romaine sur le nouveau continent forme une part substantielle de l'ouvrage. Par comparaison avec ce que sont les États-Unis devenus, le lecteur apprend ainsi avec surprise que ses fondateurs tenaient, et étaient juger pour leur succès, à opposer la participation politique des petits agricultures et petits propriétaires aux règnes de l'argent et des banques associés à l'aristocratie européenne corrompue (s'accaparant et jouant de tels pouvoirs, dans l'ombre et à l'encontre de l'intérêt commun). Le coeur de l'ouvrage consiste, à partir d'extraits des journaux canadiens et américains, à partir de livres publiés en France et aux États-Unis dans la première moitié du 19e siècle, et à partir d'extraits de correspondance, à démontrer que l'élite bas-canadienne s'est d'abord tenue en retrait de l'américanité républicaine et civique, avant de l'embrasser et de faire passionnément corps avec elle, et avant de revenir à une certaine distance désillusionnée. Critique, d'abord, des Américains, de leur matérialisme et de leur hypocrisie intéressée pour mieux affirmer la loyauté bas-canadienne à la couronne britannique (période présumée dominée par une pensée stratégique, alors que les Britanniques et ses coloniaux entraient en guerre contre les États-Unis en 1812-15 sur fond de bateaux américains interceptés et de marins tués par les Anglais). Retrait vis-à-vis l'anticolonialisme américain et enrôlement militaire des bas-canadiens suivi d'un mouvement contraire initié par le rejet du projet d'union des haut et bas-Canada en 1822. Ce rejet amorce une intense période où la situation du Bas-Canada vis-à-vis la métropole est comparée et identifiée, à coeur de jour dans les articles et journaux (le Canadien, L'écho du pays, la Minerve notamment), à celle des colonies américaines vis-à-vis la métropole à partir de la loi du Timbre (1765). La représentation du peuple bas-canadien, l'analyse de l'indépendance politique, du régime républicain et de la généralisation du principe de l'électivité et de la participation citoyenne comme aboutissement naturel de la décadence des monarchies coloniales font partie des principales dimensions du monde intellectuel dont participait le parti Patriote, de pair avec l'étude des motivations de la Révolution, avec la réplication par les Patriotes de son mode d'organisation (boycott des produits de la métropole, comités de correspondance et de vigilance, constitution de milice paramilitaire dont les Fils de la liberté, ou les Frères chasseurs), de pair également avec la conviction, qui fut longtemps partagée et entretenue, d'être soutenue par les Américains qui, croyaient-on, viendraient porter main forte aux patriotes dans la conquête de l'indépendance politique du Canada envers la métropole. Le désintérêt, du moins l'inaction des Américains envers la répression militaire du mouvement républicain canadien fut la cause d'une désillusion (Américains qui avaient pourtant, avec la Doctrine Monroe en 1823, proclamé s'opposer fermement à toute intervention des puissances monarchiques européennes en sol américain - continental). En effet, malgré les toast donnés au nom des Patriotes du côté Sud de la frontière (notamment lors de certaines assemblées au Vermont), Van Buren avait interdit aux Américains de prêter assistance aux Canadiens dans leur lutte politique, pour des motifs de stabilité des traités économiques. Cette histoire est solidement charpentée, appuyée sur une documentation abondante et exposée avec justesse. Elle met notre histoire et notre condition collectives sous un éclairage qui semble mieux en phase avec la compréhension honnête et franche du contexte intellectuel dans lequel baignaient les acteurs. Et mieux en phase, peut-être, avec ce pour quoi il y a intérêt à faire de l'histoire - déterrer des réserves inaccomplies d'actions et de raisons dont le présent peut s'inspirer.

Les livres de Jakob ou Le grand voyage à travers sept frontières

Par Olga Tokarczuk
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
Ce roman historique relate la vie de Jakob Frank (1726-1791), son ascension au rang de prophète et de messie, dans le sillage de Sabbataï Tsevi, du souffle qu'il reçoit à son baptême (et celui de ses disciples), de son emprisonnent à sa mort dans une relative disgrâce aux yeux même de certains de ses coreligionnaires. Un pouvoir d'attraction sur les gens, y compris les inconnus, une apparente facilité à tourner les circonstances en sa faveur et à peser sur le cours des événements y compris les plus décisifs sont présentés parmi les attributs de la personnalité de Frank composant son aura particulier. Les actes contraires aux anciennes lois (celles du Talmud) réputées disqualifiées par l'avènement prochain du véritable dieu, de la Shekina emprisonnée dans un portrait de la saine vierge, sont au coeur de sa doctrine, qui semble avoir comporté à la fois un noyau dur et des inventions opportunistes, plus ou moins habilement maquillées et recouvertes. La narration est à points de vue multiples, assurée par autant de personnages qui ont côtoyé ou connu de près ou de loin Frank (incluant même le point de vue d'une femme logeant dans un entre-deux entre la vie et la mort). Au nombre des qualités indéniables de cette gigantesque fresque assemblée par Tokarzuk sont la virtuosité dans le maniement de cette multiplicité, ainsi que la richesse avec laquelle est dépeinte la vie au sein de la Pologne de cette époque, et qui occupe la majeure partie du roman (bien que la Turquie, la Moldavie, l'Autriche, et l'Allemagne - ce qui est tenait lieu - soit aussi des théâtres de l'action). Le lecteur est d'emblée plongée dans un climat rude et nimbé de mystère avec le premier voyage de Benedikt Chmilowsky initiant son oeuvre encyclopédique (sa Nouvelle Athènes), climat qui s'éclaircit pour se ré-épaissir à nouveau, et différemment, au fur et à mesure. J'estime qu'une force majeure du roman est d'esquisser une continuité insoupçonnée entre ce genre de schisme religieux d'avec le judaïsme que représente le Frankisme, et l'esprit naissant du rationalisme des lumières. Lorsque Frank, vieillissant, discute avec un prétendant de sa fille devenu franc-maçon, et que ce dernier lui affirme la nécessité d'un départ sur les nouvelles bases de l'observation, de l'expérimentation et de la mesure, il apparaît incertain, mais uniquement pour se faire ensuite opposer : "Mais c'est ce que vous réclamez !" Un point faible : le livre ne vous tient pas en haleine, n'éveille et n'entretient pas suffisamment d'attentes, peut-être en raison de l'abondance des tours et détours (en raison de cette multiplicité soulignée plus haut).

Le joueur

Par Fedor Mikhaïlovit Dostoïevski, Anna Grigorievn Dostoïevskaïa et Dominique Fernandez
(4,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Ce roman dicté à la hâte brille par son habilité à dépeindre l'addiction au jeu et la transformation des relations sociales des suites de l'endettement. Le choix d'un personnage central qui occupe, dans la hiérarchies des conditions sociales, une position inférieure de percepteur (gardien d'enfants) et qui, dans l'ordre des tempérament, pourrait être le plus dispersé et instable qui soit, est judicieux puisqu'il semble ouvrir l'accès à ces dénominateurs communs à tous que sont notamment l'acquiescement et la croissance aliénante d'un enivrement auquel d'aucuns sinon tous s'adonne d'abord à contre-cœur. Un des nombreux charmes de cette lecture tient en l'aisance avec laquelle Dostoievsky réussit à camper ses personnages, dont celui de la grande tante dont la mort (et l'héritage) tant attendus et souhaités, et qui, non contente de faire irruption au milieu de tous avec un air "impérial et dominateur", ira jusqu'à dilapider sa fortune de la plus navrante façon (entourée de perfides profiteurs déguisés sous les traits de conseillers ès numéro gagnants) Ne fût-ce que par cette adresse et par la finesse des termes qui donnent chair aux caractères et aux situations, celles des personnages pris dans autant d'espoirs et de situations confuses, brouillés, mal communiqués (dont au premier chef l'amour d'Alexis et de Pauline, qui ne lui témoignait ouvertement que mépris), Le joueur est d'une lecture qui vous remue et émeut de belle et noble façon.

Dame de pique (La)

Par Aleksandr Pouchkine, André Gide, André Gide, Jacques Schiffrin et André Gide
(3,0)
1 commentaire au sujet de ce livre
Les intrigues de cet assortiment de contes collectés et transcrits par Pouchkine vont de la séquestration d'une enfant par un voyageur séducteur, de l'extinction de vieilles rancœurs à force de duels ratés, de mariage improbable entre voyageurs déroutés, au pacte pour gagner une partie de carte préféré au rendez-vous amoureux. Ils sont recommandables par les fines tensions qui s'y aménagent au sein des rapports filiaux (parents-enfants), sociaux (supérieurs, subordonnés), et entre corps de métiers, parfois (rarement) au frontière avec le paranormal. Dans le portrait de la vie russe de la fin du 18e et début 19e siècles qui s'y dresse se côtoie une diversité de conditions, laquais, paysans, cordonnier, gardien de poste, vendeur de cercueil, comte, hussards... Situations et conjonctures sont dépeintes avec plus de détails et de clarté que les caractères de personnage, qui sans être inintéressants n'y ont pas une part centrale. Parfois proches de la légende, ces contes satisfont un appétit de rebondissement et de mystère qui est nourrit avec un sens remarquable de la mesure. Il s'agit bref, d'un recueil à la lecture facile et divertissante.

Ce qu'on respire sur Tatouine

Par jean-christophe Réhel
(4,03)
50 personnes apprécient ce livre
18 commentaires au sujet de ce livre
Ce livre a été grandement acclamé par la critique, mais ne m'a pas rejoint. J'ai eu beaucoup de difficulté à m'attacher au personnage principal. Je le trouvais lâche, pessimiste et apathique. De plus, bien qu'ayant vu tous les Star Wars, je ne comprenais pas toutes les références ce qui a probablement nuit à mon appréciation du livre. Bref, pour moi, c'est une lecture correct mais sans plus.

Kukum

Par Michel Jean
(4,6)
112 personnes apprécient ce livre
22 commentaires au sujet de ce livre
Ce livre nous permet de vraiment comprendre les conséquences de la colonisation sur les peuples autochtones sans tomber dans la moralisation. Plusieurs passages m'ont frappé directement au cœur. Ce livre devrait être une lecture obligatoire au secondaire pour contribuer à réduire les préjugés, le racisme et la discrimination face aux peuples autochtones.

Toute la ville en parle

Par Fannie FLAGG
(5,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
L
Lise
Comme un plat réconfortant, comme un film qu’on aime voir et revoir, comme le meilleur ami/la meilleure amie, tels sont les romans de Fannie Flagg. On voudrait qu’ils ne s’achèvent jamais. « Toute la ville en parle », sa dernière parution, est le premier roman de Fannie Flagg que j’ai lu et j’ai aimé dès la première ligne. Depuis, j’ai fait la liste de tous ses livres et j’ai commencé à les lire. Du bonheur à chaque page.

La femme à la fenêtre

Par A. J. Finn
1 personne apprécie ce livre
2 commentaires au sujet de ce livre
LP
Laurence Primeau
La mise en situation est intéressante, originale. Les punchs savent bien se faire attendre. Le lecteur comprend progressivement pourquoi Anna demeure enfermée chez elle. L'auteure parvient à nous faire douter de tous les personnages, incluant la narratrice. La lecture est ponctuée de revirements de situation captivants. Bref, un thriller efficace.

Deux soeurs

Par David Foenkinos
(4,5)
8 personnes apprécient ce livre
6 commentaires au sujet de ce livre
LP
Laurence Primeau
Un roman qui rend parfaitement compte des ravages que peut causer une rupture. Foenkinos nous démontre que certaines expériences sont transformatrices, pas toujours pour le mieux.

Notre-Dame-des-Anges

Par Émilie Rivard
(3,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Une histoire qui tombe un peu a plat dans le merveilleux décor de la basse-ville de Québec. J'ai apprécié la lecture, mais trouve un peu dommage que l'auteure verse autant dans les coïncidences et le scénario de film comédie romantique. On voudrait que ça marche plus !!

Vaste comme la nuit

Par Elena PIACENTINI
(5,0)
1 personne apprécie ce livre
1 commentaire au sujet de ce livre
Le commentaire de Lynda: Mathilde Sénéchal, capitaine de Police, vient de perdre son mentor. Ce dernier avant de disparaître lui a fait parvenir une lettre, la jeune femme va devoir enquêter sur une ancienne affaire datant de plus de trente ans. Mathilde va se rendre dans le petit village d'Arcourt, endroit qu'elle connaît bien y ayant passée son enfance. Confrontée au silence des habitants, ayant perdu tout souvenir de ce jour où Jeanne a disparu, la jeune femme n'est pas au bout de ses peines. Certains souvenirs reviennent petit à petit, quels secrets va-t-elle découvrir ? Au début de ma lecture, je me suis sentie un peu perdu, l'auteure nous propose différents personnages, différentes situations, je ne voyais pas trop le lien, mais c'est cela qui donne un très bon roman. Une fois que je me suis bien entré dans l'histoire, toutes les pièces du puzzle mises en place se sont imbriquées. Certains personnages de ce roman m'ont donné l'impression d'avoir vécu des moments très difficiles, Mathilde la première. Au fil des pages, beaucoup de secrets nous sont dévoilés, l'intrigue est bien menée. Le style de l'auteure est très agréable, je me suis senti plongée dans cette atmosphère qui devient de plus en plus prenante au fil des chapitres. Le suspense m'a tenu en haleine, les divers rebondissements m'ont surprise, le personnage de Mathilde m'a beaucoup plu, j'ai aimé avoir l'impression d'être au plus près d'elle pendant toute son enquête. http://lesmilleetunlivreslm.over-blog.com/2019/12/vaste-comme-la-nuit-elena-piacentini-editions-fleuve-noir-distribue-par-interforum-canada-par-lynda-massicotte.html

L'orangeraie

Par Larry Tremblay
(4,68)
62 personnes apprécient ce livre
10 commentaires au sujet de ce livre
FS
Frederique Simard
Je qualifierais L’Orangeraie d’œuvre touchante et percutante. Ce roman nous sensibilise contre la guerre au terrorisme, et nous prouve que nous sommes trop souvent inconscients des répercussions que cela peut avoir sur les enfants et sur des peuples entiers. Les thèmes, comme la guerre, l'amour et la manipulation, les personnages, qui ont tous une personnalité bien définie, et le langage du roman sont tous des éléments qui rendent l’œuvre prenante et qui nous font soulever plusieurs interrogations sur la vie ainsi que sur la religion. C’est l’actualité d’aujourd’hui écrite en un roman.

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Lecture en cours :

L'infini dans un roseau
Catégorie : Littérature
Éditeur : Le Livre de Poche
Collection : Le Livre de poche. Documents
Paru le 3 avril 2023
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