Activités de Samuel Ladouceur

Je suis partagé dans mon évaluation de ce livre, principalement parce que j'ai apprécié ma lecture tout en étant déçu par le manque de contexte chronique qui l'habite. Jean est très habile dans sa façon de raconter le malheure, l'anxiété et l'angoisse de personnages complètement dépassés et/ou envahis par la modernité de son monde dystopique. Le personnage principal se fait propulser dans tous les sens, sans jamais arriver à se sortir de ses malheurs, et c'est efficace dans son écriture. Ce monde est toutefois un peu vide, les référents à de nouveaux ministères ou des endroits sont minces bien qu'ils jouent un rôle plus que central dans le roman. Les projections dans le futur, comme avec le Dépôt qui illustre une version aliénante de si-Amazon-prenait-le-contrôle-du-monde, sont un peu faciles et leur potentiel est supérieur à ce qui est fait dans le livre à mon sens. La finale est également subite et un peu hors-sujet, comme si l'auteur en avait assez de son personnage. La lecture en vaut malgré tout la peine pour les fans de scénarios dystopiques, malgré que cela risque de les laisser sur leur faim.

J'ai entâmé la lecture de ce livre sur un coup de tête. La prémisse me semblait intéressante et typique des romans chaleureux québécois. Je ne me suis pas rendu à la centième page que j'ai laissé tombé. Les dialogues entre les personnages sont d'un vide inquiétant, peut-être crédible au niveau de comment de vraies personnes ordinaires se voyant à tous les jours peuvent échanger, et d'une banalité comme j'en ai rarement lu. Vous pouvez sauter des chapitres en entier et toujours comprendre le fil de l'histoire, ce qui à mon sens n'est pas un présage pour un roman. Si l'intérêt de ce roman se retrouve à la fin de l'oeuvre, je m'en excuse, car je ne m'y suis jamais rendu.

Malgré les qualités d'écriture et la force descriptive de Roxanne Bouchard, j'ai été déçu de ce troisième volume des enquêtes de Moralès. Le fil narratif est incohérent et les décisions prises par les personnages sont dignes de mauvais films de série B. Laisser embarquer une agente des pêches sans arme ni renfort sur un bateau avec des criminels reconnus? check. Faire apparaitre un hélicoptère d'écologistes tueurs d'animaux de nulle part alors qu'on nomme constamment que plus personne ne chasse à telle date? check. Aussi, on arrive environ à la moitié du livre avant de saisir de quelle enquête il est question au juste. Moralés va enquêter pour tout au plus une trentaine de pages après qu'on l'implique, malgré lui, dans une investigation de la police de Montréal. Il m'arrive rarement de tourner la dernière page d'un livre, surtout avec une fin se voulant aussi significative que celle-ci, et de ne ressentir absolument aucun attachement envers les personnages principaux. Je vais rester avec une profonde affection envers Nous étions le sel de la mer, mais je ne recommanderais pas le reste de la trilogie.

J'ai apprécié cette lecture de Demeule. Elle a certainement le don de nous plonger rapidement dans l'univers de chaque personnage dans une intimité ressentie et vraie. L'utilisation des codes QR est certainement une idée intéressante. Si scanner chaque code devient tout de même lassant après un bout de temps, la lecture n'est pas dépendante de ce mécanisme. C'est comme une surprise à chaque occasion que le lecteur prend la peine de le faire. J'ai un peu sourcillé par la tournure paranormale qui sort un peu de nulle part en plein milieu de récit, mais pas au point de laisser tomber la lecture. Je trouvais malheureux d'évacuer à un certain niveau la douleur des personnages par ce genre d'échappatoire au lieu de les expérimenter pleinement dans leur humanité. Peu importe, ma lecture en valait la peine et je serai ravi de continuer à découvrir les ouvrages de l'autrice. Certainement un livre que je recommanderai.