Activités de Anick Bonin

Max a toujours eu l'impression d'être invisible. Ses parents, ses voisins et sa psy le rencontrent et aussitôt l'oubli. Léo, elle, a l'impression d'être hantée par des êtres que les autres ne voient pas et ne sait plus comment retrouver la paix. Le jour où Max semble disparaître complètement aux yeux des autres, il trouve refuge chez Léo qui à défaut de le voir, semble sentir sa présence et en être influencée. Cette bande dessinée est une magnifique réflexion sur le besoin de reconnaissance et les relations humaines sous les angles de la communication, l'amour, la confiance, la proximité et la sexualité. Le tout est magnifiquement illustré en différente teinte dans un style rappelant de l'aquarelle.

C'est le récit des expériences sexuelles d'un couple d'adolescents jusqu'à l'âge adulte. Il n'est en rien fleur bleue. Ce texte fait vaciller le lecteur entre la fascination et l’écœurement. Voyeurisme, urophilie, mutilation des corps, viol, tout pour transgresser les limites des corps et les normes socioreligieuses. Pourtant ces horreurs sont décrites dans un français des plus raffinés, concis et poétique. Je n'ai pas revu ailleurs un tel contraste entre la dureté et la cruauté des propos et l'élégante manière de le livrer au public. Âme sensible s’abstenir.

Cette oeuvre est une compilation de ses capsules à l'émission radiophonique « La nuit qui bat ». M. Sabourin partage avec ses lecteurs et ses auditeurs son amour de la vie et des plaisirs simples. Il réfléchit aussi sur le sens de la naissance; de la naissance d'un humain et de toutes les infimes choses qui ont permis d'être l'individu qu'il est aujourd'hui. L'auteur et animateur radio transmet sans réserve son enthousiasme, son émerveillement et sa fascination sur la vie. Quel bonheur d'entendre une voix qui a su bercer l'enfance de plusieurs générations de Québécois. Ce livre a la capacité de vous donner un pas de recul sur votre propre vie avec douceur et souvent amusement.

En plus d'être une icône de l'art nouveau, Mucha a été un artiste très prolifique, utilisant d'autres médiums que la peinture sur toile. Ce livre compile l'ensemble de ces autres médiums en particulier les affiches publicitaires. C'est sans doute ces oeuvres-ci qui ont été le plus accessibles à un large public, mais vu le roulement incessant des affiches dans les villes, elles avaient aussi une courte durée de vie. Cette démarche permet aux lecteurs de s'imaginer un peu différemment les rues et boutiques de Paris à la Belle Époque en plus de constater les grandes différences de représentations entre les publicités d'hier et d'aujourd'hui.

Le comte de Monte-Cristo est l'oeuvre de Dumas qui me fascine toujours malgré les adaptations. Parce qu'il y a tellement de matières à réfléchir et réorienter sur les thèmes de la justice, la moral et la vengeance. Qu'a-t-il de différent des autres? Bien, si vous n'avez que peu connu cet univers de Dumas, c'est un excellent résumé de l'oeuvre papier et une entrée en matière douce dans la littérature dite « classique » pour adolescent et adulte. L'autre adaptation de Ena Moriyama est plus condensée, expérimentale et est un hommage à une adaptation sur grand écran jouée par Depardieu. Par contre, le style d'illustration me semble un peu moins pimpant dans d'autres versions illustrées.

Écrit comme un recueil de nouvelles, chaque petit chapitre est une anecdote que Rochefort nous partage avec une simplicité sympathique et attachante. Il n'a pas de souci chronologique dans sa narration, ni de faire un portrait exhaustif de sa carrière d'acteur. Il peut parfois s'agir d'un paragraphe où l'acteur commente une citation de Shakespeare ou de trois pages sur l'origine politique derrière le nom « bikini ». Rochefort sait surprendre, mais chaque anecdote n'est pas choisie au hasard. Elles sont le reflet de l'expérience et les valeurs d'un homme féru des arts et des lettres, un grand amoureux des chevaux et son humilité face à la vie et les obstacles qu'il a franchi.

Contrairement à ce que nous dit le résumé du manga, ce n'est pas une série, mais un seul volume; sans offense, l'erreur est humaine. C'est une version condensée du classique littéraire avec en filigrane l'amour et le respect que l'auteur pour l'adaptation en film jouée par Depardieu. Le dessin est magnifique et l'auteur n'a pas eu peur de retisser la trame narrative un peu en dehors du cadre original pour respecter le nombre limité de pages. Certains lecteurs peu connaissants de l'histoire originale peuvent se sentir un peu perdus. Quant aux lecteurs expérimentés de l'univers littéraire et filmique de Monte-Cristo peuvent se sentir perplexe de certains raccourcis scénaristiques pour respecter les contraintes de l'expérience. L'exercice littéraire offre malgré tout un résultat intéressant.