Activités de Lila CD

Il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque. Mon avis : Il y a une question à laquelle je ne savais jamais quoi répondre. Quand les gens découvrent ma passion pour les livres, ils me demandent presque systématiquement « Quel est ton livre préféré ? », j’ai des auteurs que j’appréciais plus que d’autres, ou des romans qui m’ont plus ou moins touchés selon la période de ma vie à laquelle je les lisais, mais UN roman préféré, non, je n’en ai pas… je n’en avais pas. Et j’ai lu Anima. Il est très difficile de trouver les mots pour décrire la succession d’émotions que nous transmet ce livre, mais aussi les émotions qu’il créé en nous. J’ai été émue, écœurée, bouleversée, fâchée, effrayée. J’ai ressenti de la haine, de l’amour, de la compassion, du mépris, de la honte. Bref, on ne sort pas indemne de cette lecture. J’ai appris, en lisant les remerciements que Wajdi Mouawad avait mis près d’une dizaine d’année dans l’écriture de ce livre, et ça se sent. Il m’arrive souvent de tourner la dernière page d’un roman avec un sentiment de trop peu, avec la sensation de ne pas avoir tout saisi, ou qu’il reste encore des zones floues dans l’histoire. Et sans aucune prétention, je me dis qu’il manquait quelque chose, que l’auteur aurai gagné à travailler dessus un tout petit peu plus. Avec Anima, je n’ai pas ressenti ça. J’avais lu beaucoup d’avis avant d’entamer ma lecture, et ce qui revenait le plus était « roman dur, livre dur » et me connaissant, je me suis demandé si c’était vraiment un livre pour moi, et franchement, certains passages sont très durs à lire, que ça soit par la cruauté de l’évènement ou dans la façon dont il est raconté. Donc je dirai que ce n’est probablement pas un roman pour tout le monde, donc âmes sensibles, s’abstenir. Dorénavant, il y aura des livres que j’ai lu avant Anima, et ceux que je lirai après.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en lisant Einstein, le sexe et moi. Je l’avais beaucoup vu sur Instagram avant de m’intéresser à Olivier Liron et de faire quelques petites recherches sur lui. Je découvre que c’est un autiste Asperger qui a participé au jeu Question pour un champion, et que justement, ce roman raconte cette aventure. Je ne sais pas grand-chose sur le syndrome Asperger à part ce que j’en avais vu dans la série américaine Parenthood. Je survole Wikipédia pour en apprendre un peu plus, et je fais des pieds et des mains pour me procurer le livre. Je l’ai lu et je l’ai adoré, ça a été un coup de cœur. « C’est l’inconvénient des histoires qui ne sont pas de la fiction ; elles sont bizarres et bancales comme le réel » Certains passages sont très drôles, d’autres moins. J’ai aimé sa façon directe d’exprimer les choses, sans détours, sans faux-semblants, j’ai ri, j’ai été touchée, j’ai été révoltée et j’ai été attendrie. « Je n’avais jamais entendu parler de Sandokan. Il avait annoncé Sandokan comme si c’était évident ? il faisait comme si Sandokan était sur toutes les lèvres. Peut-être qu’il allait acheter du pop-corn le samedi soir et qu’il téléphonait à ses amis informaticiens en leur demandant : « Tu as vu le nouvel épisode de Sandokan ? » » Olivier Liron nous éclaire sur ce syndrome trop méconnu. Je ne peux m’empêcher de penser aux parents d’enfants autistes complètement perdus que j’ai rencontré, notamment en Algérie où il n’existe pratiquement aucune structure. Je ne saurai expliquer pourquoi ce roman m’a autant touché, c’est peut-être sa générosité, le fait de partager avec nous son vécu, ses expériences, ou tout simplement qu’Olivier Liron est une de ces personnes qui arrive à trouver facilement une place dans nos cœurs.

Ma lecture de « Chocolat Amer » de Laura Esquivel a été pour moi un excellent moment. Il se dégage de ce roman quelque chose qui ressemble à de la magie, j’ai réellement été transportée. Et tout au long de ma lecture, je n’ai pas arrêté de repenser à deux films que j’ai vu il y a très longtemps ; « Amour, piment et Bossa-Nova » (Woman on Top pour le titre en VO), avec Penelope Cruz, et l’excellent « La maison aux esprits » avec Meryl Streep, adaptation du roman du même titre d’Isabel Allende. Le fait est que ces deux histoires se passent en Amérique du sud, mais comme je suis novice en littérature d’Amérique Latine, je serai incapable d’affirmer si oui ou non, c’est quelque chose qui est en rapport avec la culture Latine. Mais je le confirmerai la prochaine fois. Cette fois encore, je ne vais pas vous mettre un résumé du livre, je n’en vois pas l’utilité, faisant moi-même partie de ces gens qui ne lisent jamais la quatrième de couverture, mais je vous le recommande vivement si vous aimez la cuisine et la magie.

« La dernière fugitive » c’est d’abord l’histoire d’une femme qui refuse de se plier aux exigences d’une époque, l’année 1850, un lieu, l’état de l’Ohio aux USA et une communauté en particulier, les Quakers (Société Religieuse des Amis). Elle choisit malgré tout de suivre son instinct malgré tous les risques encourus. Une jeune quaker fraichement débarquée aux USA et qui se retrouve au milieu d’un circuit qu’on appelle « Le chemin de fer clandestin », nom que l’on donne à l’époque pour les réseaux abolitionnistes. C’est pour moi le quatrième roman de Tracy Chevalier. J’avais adoré « La jeune fille à la perle » et « La dame à la licorne », je m’étais ennuyé avec « Le récital des anges ». Dans celui-là, j’ai aimé alterner les passages plutôt historiques et les descriptions de paysages, mais surtout ceux où elle parlait de « Quilts ». Le fait que la couture soit mon «autre» passion a beaucoup fait pencher la balance. J’ai adoré les passages où elle parlait en détail de points de couture, de textiles, de motifs et de couleurs. J’avoue que j’ai très envie de faire un petit essai de patchwork… Et puis il y a un dernier point que j’ai beaucoup aimé dans ce livre car il me touche plus personnellement. C’est que « Honor Bright » décrit sa découverte de l’Amérique, les longs hivers, le froid, la neige et les grands espaces et j’avoue que je me suis reconnue dans certains passages. En résumé, j’ai été très agréablement surprise, je m’attendais seulement à en apprendre un peu plus sur les Quakers, mais ça a été beaucoup plus que ça.

Il y a des romans qui nous touchent ou qui nous bouleversent, d’autres nous amusent ou nous font peur, et puis il y a des romans comme « Beloved » qui nous prennent, nous sortent de notre zone de confort, nous bousculent, nous secouent, et nous font perdre nos repères, pour finalement nous laisser échoués, déboussolés. En commençant ma lecture, après une vingtaine de pages, j’ai pensé que ça allait être mon premier abandon de l’année, mais une dizaine de pages plus loin, j’ai vite changé d’avis, j’ai tout simplement été happée par l’histoire, aspirée dans une autre sphère, une autre époque, dans un autre pays, sur un autre continent. La façon dont l’auteur nous dévoile l’histoire, au fur et à mesure, et la façon qu’elle a de nous dévoiler, par petits morceaux, les éléments de l’histoire, ces petits morceaux qui se mettent en place au fur et à mesure, afin de nous dévoiler cette histoire. A cheval entre la magie et la réalité, on a l’impression de s’égarer, puis de se retrouver, pour s’égarer à nouveau. En résumé, un des meilleurs romans qu’il m’ait été donné de lire, et que je relirai très certainement.