Boo
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Bande dessinée, Langues, Loisirs, Voyages

Activités de Boo

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Sauf quand je suis un aréna

Par Frédérique Marseille
(3,42)
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Ce n’est pas parce qu’on est capable de décliner sur trois pages, en changeant de mots sans en approfondir le sens, un état d’âme, une sensation, une situation, qu’on fait un bon roman. Ce livre relève plus de la liste d’épicerie que d’un récit. L’ennui éprouvé à la lecture de ce texte s’est doublé de plus d’un grincement de dent devant l’utilisation maladroite des mots Mort et Chanteur (avec des majuscules) pour essayer de nous faire deviner l’origine de la profonde dépression dont semble souffrir le personnage principal du roman. Si ce n'avait été une lecture "obligée" dans le cadre d'un club des premiers romans, je l'aurais abandonnée dès les premières pages.
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Jaz

Par Michèle Vinet
(2,5)
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Boo
J'ai abandonné la lecture de ce livre après avoir lu environ un quart de celui-ci. J’ai pourtant essayé, investie par la tâche que Babelio et la maison d’édition L’interligne m’avaient confiée dans le cadre de la dernière opération Masse Critique. Malheureusement, je n’ai pas réussi à m’impliquer dans l’histoire, ni à éprouver une quelconque empathie envers les personnages. Cela est sans doute dû au style d’écriture car l’histoire, telle que résumée par l’éditeur, m’avait semblé intéressante. Mais, la surutilisation de phrases courtes a rendu ma lecture monotone et n’est pas arrivée à me transmettre l’émotion que j’aurais pu ressentir si l’auteure avait utilisé des phrases plus élaborées, ce qui lui aurait permis de développer des idées plus en profondeur. En plus, la surabondance de métaphores de genre « associations inattendues » dans certains passages, au lieu d’éveiller ma curiosité et mon imagination m’a rendu la lecture ennuyeuse car elles n’apportent aucun développement à l’intrigue et ne servent que peu à dessiner la personnalité de celle qui les utilise.
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Tumeur ou tutu

Par Léna Ghar
(1,0)
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Tumeur ou tutu. Avant d’avoir le livre en main, je m’interrogeais déjà sur le sens à donner à ce titre. Tumeur ou tutu = Tu meurs ou tu tues. Quand j’ai compris le jeu de mots, ça m’a achevé. Généralement, je ne suis pas trop enthousiaste quand il s’agit de lire le texte d’un écrivain qui place son récit dans la tête d’un enfant. Il y en a qui réussissent pourtant à me plonger dans leur univers, à décoder leur regard sur ce qui les entoure, à me faire vivre leur bonheur ou leur souffrance comme si c’était la mienne. Tumeur et tutu -je déteste vraiment ce titre et son côté racoleur- n’en fait pas partie. Le choix d’une écriture enfantine, mais que l’on sent travaillée pour faire effet m’a vite ennuyé, exaspéré même, au point que j’ai abandonné ma lecture au tiers du livre.
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L'or des mélèzes

Par Carole Labarre
(4,0)
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En peu de mots et en de courts chapitres, l’auteure nous livre un récit de la vie d’une communauté innue qui continue à vouloir mettre ses pas dans les pas des anciens malgré la religion imposée, l’alcool et le déracinement. Un récit décousu où le présent se mêle aux souvenirs. Mais un récit envoutant, porté par une écriture poétique et épurée. Un livre empli de nostalgie et malgré tout d’espoir.
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Les Aiguilles d'Or

Par Michael MCDOWELL
(4,75)
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C'est totalement immoral et pourtant extrêmement satisfaisant. J'ai adoré. Et, je n'ai toujours pas percé le mystère de l'écriture de McDowell, auquel j'avais déjà goûté avec Blackwater, si envoûtante qu'elle nous rend accro dès les premiers mots. Et de même que celles de la série Blackwater, la couverture des éditions Monsieur Toussaint Louverture, magnifiquement illustrée, en fait un ouvrage de collection. Seul bémol, à l'attention des éditions Alto, qui frileusement se couvrent en publiant une note ne les rendant pas responsables des propos " racistes, sexistes ou classistes" qui pourraient se retrouver dans ce texte. De nos jours, cette excessive prudence se voulant bien-pensante m'agace au plus haut point.
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Vingt Jours avec Julian et Petit Lapin, Selon Papa ...

Par Nathaniel Hawthorne et Paul Auster
(4,0)
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Écrit à l’attention de son épouse, ce court texte au charme suranné, à mi-chemin entre la chronique et le journal intime, est un bijou de tendresse, d’humour et de réflexions sur le quotidien d’un homme qui s’occupe seul de son petit garçon. De manière objective, Nathaniel Hawthorne, relate les événements, les faits, et les observations qui se passent tout au long de ces journées somme toute assez monotones. Pour avoir visité le Berkshire et marché dans les traces de Hawthorne, Melville et Édith Wharton, je peux témoigner que les descriptions qu’il fait des paysages du Berkshire sont magnifiques. Et ce, malgré la détestation qu’il éprouve pour ce coin de pays. « Quel climat horrible, horrible, horrible s’il en est! Il est impossible de savoir pendant dix minutes d’affilées si on se gèle ou si on a trop chaud, mais on se sent toujours l’un ou l’autre et le résultat constant est que notre système en pâtit. » (p65) Il est aussi plaisant de l’entendre raconter ses rencontres avec Herman Melville et ses voisins. En ce qui concerne Julian, sans nécessairement toujours exprimer ses propres émotions, la manière qu’il emploie pour le raconter dénote une profonde curiosité, un amour - tinté de quelques moments d’irritation – un respect, une douceur et une grande patience pour « le petit homme » ou « le vieux garçon » comme il se plaît à le désigner. Au milieu de cette chronique, Nathaniel Hawthorne va exprimer aussi des pensées plus intimes et des émotions qui rapprochent ce récit du journal intime. Sa réflexion sur l’attitude de Mme Tappan face au moyen de se débarrasser du lapin est savoureuse de justesse : « Il y a, dans cette proposition, quelque chose de caractéristique qui témoigne d’une sensibilité au regard de laquelle la souffrance et le malheur d’autrui sont désagréables, comme le serait une mauvaise odeur, mais qui se sent parfaitement à l’aise dès que l’objet en question ne fait plus partie de sa sphère. Je suppose que cette personne n’aurait pour rien au monde tué Bunny, bien qu’elle l’eût exposé à la certitude de mourir lentement de faim, sans éprouver ni scrupules ni remords. » (p87) À un autre moment, Julian ayant fait pipi au lit, Nathaniel Hawthorne écrit, avec pudeur : « il s’était produit un déluge dans son lit et nulle part ailleurs » (p87) Aussi, lorsqu’avec Julian, Melville et ses amis, il visite le village Shaker de Hancock, il se laisse aller à son mépris pour cette secte et va même jusqu’à écrire : « Cela montre combien toutes leurs prétentions à la pureté et à la propreté sont totalement superficielles et que les shakers sont et ne peuvent qu’être des gens sales. Et puis ce manque total et systématique de la moindre intimité (…) est à la fois détestable et répugnant rien que d’y penser. » En résumé, ce fût une lecture agréable, instructive et qui me donne envie de lire (relire) Hawthorne, ses livres, mais aussi et surtout ses Carnets Américains.. Et, en refermant le livre, on ne peut que souscrire à ce que Paul Auster dit en conclusion de sa préface : « Un siècle et demi plus tard, nous essayons toujours de découvrir nos enfants, mais aujourd’hui nous le faisons en prenant des photographies et en les pourchassant avec une caméra vidéo. Mais les mots sont préférables, à mon avis, ne fût-ce que parce qu’ils ne se fanent pas avec le temps. Il faut plus d’efforts pour écrire une phrase véridique que pour régler un objectif ou appuyer sur un bouton, c’est certain, mais les mots vont plus profond que les images (…) À sa façon modeste et pince-sans-rire, Hawthorne parvient à accomplir ce que tout parent rêve de faire : maintenir son enfant en vie à jamais»
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Atlantique Nord

Par Romane Bladou
(3,8)
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Il y a de ses livres qu’on ouvre un peu par hasard, qu’on regrette d’être arrivé à la dernière page et qui ne nous quittent jamais vraiment. Atlantique Nord est de ceux-là. Romane Bladou a une écriture « photographique » et connaissant son parcours ce n’est pas étonnant. Elle, qui par son art veut « explorer l’éphémère et les lieux qu’on traverse », explique que ce livre est né de la prise de note qu’elle faisait quand elle n’avait pas d’appareil photo pour saisir le moment et l’image. Mais, aux descriptions des paysages, elle a su ajouter avec finesse et maîtrise les sensations et les émotions que l’océan et ses fureurs font naître en soi quand on y vit à proximité. On pourrait penser que les histoires qu’elle nous raconte sont indépendantes l’une de l’autre malgré le lien ténu que constitue la présence du lompe, ce poisson qu’on appelle la poule de la mer, dont on récolte les œufs et qui vit des deux côtés de l’océan. En fait, tous les personnages de ce récit sont liés non seulement par un désir de fuite mais aussi par une même solitude. Et, comme le lompe qui s’arrime au fond marin pour ne pas dériver, ils s’accrochent à leurs souvenirs, leurs espoirs, leurs racines. Un vrai coup de cœur.
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Au moins nous aurons vu la nuit

Par Alexandre Valassidis
(3,5)
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Entre rêve et réalité, la prose poétique choisie par l'auteur pour nous livrer ce récit, est particulièrement efficace pour nous faire vivre dans la tête du narrateur et recréer à travers ses souvenirs et ses questionnements une ambiance d'horizons bouchés et de mystères non résolus. Phrases courtes, qui parfois ne se finissent pas, le style peut surprendre. D'aucuns détesteront. Personnellement j'ai trouvé que cette façon d'écrire témoignait d'une réelle maîtrise de la langue et des sentiments. J'ai avalé ce court roman d'une seule traite, et, il m'en reste une impression de légère tristesse et des images de déambulation sans fin dans la brume.
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Perdre la tête

Par Heather O'Neill
(4,75)
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Un simple jeu aux conséquences dramatiques. Marie et Sadie vivent une relation fusionnelle. L’amitié entre les deux enfants est si exclusive qu’elles se mettent à l’écart des autres, s’excluant de facto de presque toute vie sociale et créant un monde dans lequel elles évoluent sans limites. Marie, enfant gâtée superficielle et blasée. Sadie, intelligente, cynique et extrêmement lucide. Les deux personnalités contraires s’attirent, se confondent pour ne former qu’une jusqu’au jour où l’irréparable les séparera. Dans son style baroque débridé et inimitable (on aime ou pas, moi j’adore) Heather O’Neill brosse un portrait du Montréal industriel fin XIXème siècle en opposant le Mile doré au Mile sordide, la condition des femmes à celles des hommes, la luxure aux plaisirs de la chair. Au-delà de l’histoire de ces deux femmes se révèle une apologie féroce du féminisme et des forces qui en découlent ainsi qu’un portrait peu glorieux de toute société basée sur le capitalisme industriel.
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En salle

Par Claire Baglin
(2,5)
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Livre écrit à la première personne, il décrit le quotidien d’une jeune fille qui obtient un emploi d’été dans un « fast-food ». Elle y gravira puis dégringolera les échelons travaillant à la commande à l’auto, en salle, aux cuisines etc… Le travail en équipe est régi par des codes, des consignes à respecter, des tâches à remplir en compagnie de collègues plus ou moins bienveillants, plus ou moins ambitieux. Pendant la durée de son service, il lui faut composer aussi bien avec les clients qu’avec les formateurs et les managers. À ce quotidien aliénant et délirant, s’entremêlent les souvenirs de son enfance alors qu’une sortie au McDo était vécue avec autant de plaisir que de culpabilité. En effet, toute la famille semble crispée autour d’un père ouvrier en usine qui vit le peu qu’il est capable de gagner comme un stress et une honte et qui n’a pas les codes pour se comporter avec aisance quand il évolue en dehors de sa classe sociale. Un père aimant cependant et qui se démène pour élever ses enfants et leur donner un avenir différent du sien. Côté travail, l’écriture, d’une précision sèche et déterminée, décrit bien le caractère répétitif et aliénant de la tâche. Dans la restauration rapide on ne cuisine pas, on « manipule l’équipement de production ». Cette description des gestes faite sans colère, à distance d’émotion et dans un vocabulaire technique propre au milieu est efficace mais lasse au bout d’un moment. J’aurais aimé qu’une opinion se devine au travers du récit. Côté enfance, le récit cède un peu trop au pathos. C’est indéniablement efficace (on ne peut qu’avoir le cœur serré en lisant l’histoire qui se passe à la médiathèque) mais le contraste entre le lyrisme de l’un et la technicité sèche de l’autre rend le récit un peu bancal. Peut-être était-ce voulu. Je n’ai pas apprécié ce semblant d’incohérence. Globalement, je n'ai pas détesté ce livre. C’est un premier roman, rappelons-le. L’écriture y est de qualité et le récit bien maîtrisé. Je suivrai avec intérêt le parcours de cette autrice.
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Furie

Par Myriam Vincent
(4,62)
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Dès les premières pages j’ai pensé au film « Promising young woman » de Emerald Fennell (prix du meilleur scénario original aux Oscars 2021), un film sur la culture du viol et de vengeance que j’aurais voulu voir mais que j’ai malheureusement loupé aux Films du mois d’Août au Cinéma Outremont. Dévoré en quelques jours, j’ai particulièrement apprécié l’humour noir avec lequel est traité un sujet qui suscite bien des passions : le viol et l’interprétation de la loi qui permet à beaucoup d’agresseurs de s’en sortir indemne car, comme le dit l’oncle de Marilyn. Mis à part le style où la négation est absente, ce qui m’a pas mal agacé au début. Myriam Vincent écrit bien et le découpage du roman en micro paragraphes pour chaque assassinat, et en chapitre plus ou moins long précédés d’une description sommaire de ce qui devrait se passer dans le chapitre qui suit (style comic book) est très réussi. Bonne psychologie des personnages Particulièrement aimé page 143-144 le texte sur la peur d’être une proie dont elle s’est libérée en assassinant pour la première fois. Ainsi que le questionnement que sa double vie lui impose : « comment est-ce que je peux en même temps me vautrer dans les bonheurs complètement ordinaires du quotidien et la violence la plus sanglante? Et pourquoi je ne veux même pas choisir entre les deux? » Et jusqu’à la fin du livre il y a un crescendo dans ce suspense parce qu’on se doute bien qu’il va y avoir confrontation et la beauté de la chose c’est que le livre ne pouvait pas finir autrement que sur cette interrogation. À nous de le finir … Un éclair de génie de l’auteure. Maintenant on peut s’interroger sur la quantité de meurtres qu’elle commet (12 je crois) sans être inquiétée ou presque mais ce n’est pas un roman policier alors on s’en fiche un peu.
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Le démon de la colline aux loups

Par Dimitri Rouchon-Borie
(4,59)
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Le syndrome de takotsubo est une maladie cardiaque qui se déclenche à la suite de chocs émotionnels, négatifs le plus souvent, comme à la suite d’une rupture, d’un deuil, ou d’anxiété. D’où l’appellation de syndrome du cœur brisé au propre comme au figuré car, au moment de l’attaque, le cœur démissionne, ne se contracte plus et le ventricule brisé prend la forme d’un piège à poulpe qu’on appelle takotsubo au Japon, où la maladie fut découverte. Mireille Gagné, dans ce recueil explore ce thème du cœur brisé au travers de 17 nouvelles courtes qui parfois se recoupent mais toujours décrivent le moment où l’existence des victimes reste suspendue entre deux issues incertaines. On y retrouve un insomniaque dont le cœur se brise lorsqu’une oie sauvage s’écrase à ses pieds, des déportés japonais au Canada pendant la deuxième guerre mondiale, une prisonnière sur le point d’être pendue et qui attend en ligne son tour, un homme qui meurt seul la nuit pendant que sa femme le trompe, un autre dont le cœur flanche quand il rencontre la future dirigeante de l’entreprise qui l’emploie et qui n’est autre que l’inconnue qu’il avait séduite dans un bar pour une nuit sans lendemain, une femme victime d’un accident de voiture etc. etc. Dans chacune de ces nouvelles un sentiment d’urgence sous-tend le propos mais, même si la noirceur de l’imminence de la fin se fait sentir entre chaque ligne, il se dégage de chaque histoire un sentiment de paix faite de résignation et d’acceptation de l’inéluctabilité de ce qui est à venir, comme une réponse au défi de l’incertitude. Autant vous le dire tout de suite, je n’aime pas trop lire des nouvelles, mais comme avec Murakami (Après le tremblement de terre), je me suis laissée emporter par le style particulièrement poétique de l’écriture de Mireille Gagné, qui m’avait déjà conquise avec Le lièvre d’Amérique (dont je recommande fortement la lecture). Un style tout en nuances et qui en peu de mots bien choisis permet au lecteur de participer et de vivre mentalement ce que ressentent les personnages. Et que dire des titres des nouvelles sinon qu’ils sont un récit en eux-mêmes. Pour n’en citer que quelques-uns : « Qu’est-ce que le cœur sinon un muscle de mémoire », « Comment un cœur en explosant peut-il faire autant de blessés ? », « Combien de cœur faut-il emboîter avant de se sentir entier ? ».
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Le syndrome de Takotsubo

Par Mireille Gagné
(4,28)
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Le syndrome de takotsubo est une maladie cardiaque qui se déclenche à la suite de chocs émotionnels, négatifs le plus souvent, comme à la suite d’une rupture, d’un deuil, ou d’anxiété. D’où l’appellation de syndrome du cœur brisé au propre comme au figuré car, au moment de l’attaque, le cœur démissionne, ne se contracte plus et le ventricule brisé prend la forme d’un piège à poulpe qu’on appelle takotsubo au Japon, où la maladie fut découverte. Mireille Gagné, dans ce recueil explore ce thème du cœur brisé au travers de 17 nouvelles courtes qui parfois se recoupent mais toujours décrivent le moment où l’existence des victimes reste suspendue entre deux issues incertaines. On y retrouve un insomniaque dont le cœur se brise lorsqu’une oie sauvage s’écrase à ses pieds, des déportés japonais au Canada pendant la deuxième guerre mondiale, une prisonnière sur le point d’être pendue et qui attend en ligne son tour, un homme qui meurt seul la nuit pendant que sa femme le trompe, un autre dont le cœur flanche quand il rencontre la future dirigeante de l’entreprise qui l’emploie et qui n’est autre que l’inconnue qu’il avait séduite dans un bar pour une nuit sans lendemain, une femme victime d’un accident de voiture etc. etc. Dans chacune de ces nouvelles un sentiment d’urgence sous-tend le propos mais, même si la noirceur de l’imminence de la fin se fait sentir entre chaque ligne, il se dégage de chaque histoire un sentiment de paix faite de résignation et d’acceptation de l’inéluctabilité de ce qui est à venir, comme une réponse au défi de l’incertitude. Autant vous le dire tout de suite, je n’aime pas trop lire des nouvelles, mais comme avec Murakami (Après le tremblement de terre), je me suis laissée emporter par le style particulièrement poétique de l’écriture de Mireille Gagné, qui m’avait déjà conquise avec Le lièvre d’Amérique (dont je recommande fortement la lecture). Un style tout en nuances et qui en peu de mots bien choisis permet au lecteur de participer et de vivre mentalement ce que ressentent les personnages. Et que dire des titres des nouvelles sinon qu’ils sont un récit en eux-mêmes. Pour n’en citer que quelques-uns : « Qu’est-ce que le cœur sinon un muscle de mémoire », « Comment un cœur en explosant peut-il faire autant de blessés ? », « Combien de cœur faut-il emboîter avant de se sentir entier ? ».
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Madame Hayat

Par Ahmet Altan et Julien Lapeyre de Cabanes
(3,4)
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De très beaux passages sur la littérature, pour le reste, autant que je m’en souvienne, j’ai préféré L’Éducation sentimentale de Flaubert.
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Instruments des ténèbres

Par Nancy Huston
(4,0)
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Ce récit est divisé en deux parties bien distinctes, le "Carnet Scordatura" et "La Sonate de la résurrection". Fin XXème à New-York, Nadia, une Américaine d'une cinquantaine d'années, fait de sa vie un bilan négatif qu'elle exprime à travers son journal intime Le Carnet Scordatura. Le récit se déroule sur une année. Elle vit une crise identitaire qui la pousse jusqu’à modifier son prénom de Nadia en Nada (rien en espagnol et si on lit le livre en anglais, la disparition du i « I » (le « je ») est particulièrement frappante. Nadia a un jumeau mort-né qu’elle appelle Nothing ses parents ne lui ayant jamais donné de nom. Elle cherche à s’effacer et se dédouble à travers son « daimôn », une créature imaginaire avec qui elle dialogue tout au long du carnet. Le daimôn porte un autre regard sur sa vie, il la pousse à affronter son passé et ses mauvais souvenirs. Elle se replonge dans son enfance rythmée par la mort de son frère jumeau, les violences du père, la dépression de sa mère. Ces retours en arrière se font de façon décousue mais ça ne nuit en rien au récit. Parallèlement, Nadia écrit un roman La Sonate de la résurrection qui met en scène des jumeaux, Barbe et Barnabé, dans la France du début du XVIIIe siècle. Il est inspiré de faits réels, rapportés dans l'ouvrage d'André Alabergère Au temps des laboureurs en Berry, un recueil d'archives anciennes. Les jumeaux forment un couple d’opposés et pas seulement parce qu’ils sont de sexe différents. • Barbe a une vie difficile et instable, ballottée dans plusieurs familles différentes, certaines familles la torturent autant physiquement que mentalement, elle est victime de maltraitance et de viols. Elle apprend le métier de guérisseuse et on va l’accuser de sorcellerie. • Barnabé a des conditions de vie faciles, une vie stable. À la naissance il a été accueilli par les moines d’un prieuré. Il y est en sécurité et choyé. Ce qui est ironique, et c’est là la preuve de la subtilité du style de Nancy Huston, alors que Barbe souffre de la tyrannie masculine, Barnabé vit dans un monastère où les moines travaillent au service de religieuses. Au fur et à mesure de la lecture, des correspondances entre les souvenirs de Nadia et le destin des jumeaux vont se dévoiler. On retrouve dans ce récit les thèmes chers à Nancy Huston : la rupture entre la mère et l'enfant, la musique, la crise identitaire, le dédoublement et la pensée féministe. Car, au-delà du récit, fort bien mené en passant, dans ce livre, Nancy Huston aborde une position féministe. En filigrane, on peut y lire que le sort des femmes n'a pas changé malgré les siècles, que la violence qui leur est faite reste la même car le sexisme et d'autres violences sont toujours d'actualité. La condition de la femme est marquée par la maternité. . Les époques changent mais l'avortement reste une affaire de femmes et une épreuve (Nadia et Barbe manifestent toutes deux un amour absolu pour cet enfant qu'elles ne peuvent pas garder d'où la souffrance). Et malgré les années passées entre 1996 (la date de parution du roman) et aujourd'hui, le peu de compassion envers les femmes qui refusent la grossesse est toujours présent et le droit à l'avortement n'est toujours pas accepté par certains. On peut aimer ou détester les livres de Nancy Huston mais on ne peut nier la qualité de son écriture et son art à manier la dérision et l'humour grinçant. Pour preuve cette réponse de Stella, amie de Nadia, qui, comme Nadia se plaint de l'absence de jugement dernier qui lui permettrait de solder ses comptes une fois pour toute, lui dit : « Je sais, c'est dur…. Mais ce n'est pas parce qu'il n'existe pas de Démerdeur Suprême qu'on est obligé de rester dans la merde ».