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Richard Migneault
Intérêts littéraires : Biographies, Cuisine, Jeunesse, Littérature, Psychologie, Arts, Bande dessinée, Langues, Revues

Activités de Richard Migneault

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Transfuges

Par Elie Hanson
(4,0)
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Je ne suis généralement pas amateur de romans d’anticipation. Souvent j’ai été déçu, mais j’arrivais à me dire que ce genre n’était pas pour moi. Cependant, quand certains auteurs que j’apprécie réunissent l’anticipation, le suspense et le polar, je me laisse tenter en me fiant au talent de ces écrivains. Et Elie Hanson fait partie de ces auteurs que j’apprécie pour la qualité de ses œuvres. Voilà pourquoi je me suis laissé tenter par « Transfuges » son plus récent roman ! Et je n’ai pas été déçu ! L’histoire est bonne, l’intrigue prenante, le suspense maintenu jusqu’au crescendo final, mais surtout, le fond de l’histoire nous rappelle que quelque part au-dessous de nous, juste sous la frontière, se joue un enjeu politique lourdement teinté de « petite religion » (comme on dit « petite politique ») ! Nous sommes en 2055, à Détroit ! Les États-Unis sont menés par une certaine droite religieuse qui impose ses idées à tous les citoyens et qui assume une surveillance de tous les instants. Toutes les personnes se voient implanter sous la peau de leur nuque, un module électronique qui surveille et même parfois qui « conseille » les Américains sous le joug de cette organisation religieuse. Une organisation qui se comporte souvent comme une mafia criminelle. Postes de surveillance nombreux, principes et pratiques religieuses imposées, aucune relation sexuelle avant le mariage, peine de mort pour les contrevenants et euthanasie pour les personnes souffrant de maladie mentale. Sans oublier les ingrédients essentiels à toute autocratie, qu’elle soit politique, idéologique ou religieuse : une police intrusive, violente, sans limites et une politique de délation érigée en système. Alicia, 17 ans, se rend compte qu’elle est enceinte. Pour éviter une punition radicale, elle doit fuir. Se rendre au Canada, à Montréal où elle pourra s’y réfugier dans une base pour résistants. Mais dès le premier « check point » la situation tourne mal, sa mère se fait tuer et Alicia doit se débrouiller seule. Peut-être pourrait-elle faire appel à son père ? Sauf qu’il fait partie de la police gouvernementale et qu’il semble adhérer aux règles de son employeur, les forces armées sous l’égide de l’église. Commence alors une course effrénée vers la liberté où Alicia doit faire confiance à son père, qui lui est torturé entre son amour pour sa fille, sa fidélité à l’église et aux nombreuses injonctions de son « sycophante », ce délateur et ce geôlier implacable implanté dans son corps. L’histoire est intéressante, les personnages sont crédibles, l’action est constante, le lecteur est plongé dans un tourbillon de revirements et de péripéties. Élément essentiel d’un bon thriller, l’intrigue se corse, l’action se précipite et la tension augment au fur et à mesure de l’histoire. Pas surprenant que notre lecture se précipite autant que l’intrigue ! Soyez attentif, même dans les derniers paragraphes, il peut se passer des choses. Imprévisibles ? Surprenantes ? À vous de le découvrir ! « Transfuges » est un roman qui peut plaire à tous les amateurs de romans d’anticipation ... et de polars ! Avant de commencer votre lecture, prenez une grande respiration, attention à l’apnée de lecture, et laissez-vous happer par cette course effrénée vers la liberté de personnages englués dans cette dérive religieuse qui risque de se produire chez nos voisins du sud. Et peut-être, chez nous !! Bonne lecture ! Bonne lecture ! Transfuges Elie Hanson Goélette éditions 2024 227 pages
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Les enquêtes de Joseph Laflamme T.1 : Jack

Par Hervé Gagnon
(4,66)
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Paru originellement en 2014, l’éditeur Hugo Québec nous offre une version « livre de poche » très bien léchée ! Vous n’avez pas lu les enquêtes de ce journaliste bien fantasque et frondeur, voici le moyen de vous reprendre et de commencer cette série pour les amateurs de romans policiers historiques. Je vous rappelle que la série Joseph Laflamme comprend six romans ; Jack est le premier tome. Pas encore un autre livre sur Jack l’éventreur ? Ben oui ! Et ? C’est très, très bon ! Avec « Jack », Hervé Gagnon a réussi une mission presque impossible, intéresser un lecteur de polars avec une histoire qui nous parle encore de Jack the Ripper ! Oui, oui, intéressant et même passionnant ! Il est évident que cet auteur a du métier. Hervé Gagnon possède une feuille de route riche et bien remplie. Historien et muséologue, il a écrit quelques séries historiques pour la jeunesse et pour les adultes. J’avais plus particulièrement adoré les deux tomes de Malefica, l’histoire de cette belle rousse aux prises avec l’inquisition et l’ignorance. Bref, soyez certain que vous ne vous ennuierez pas en lisant les romans de cet auteur : de l’action, des rebondissements, de l’histoire, grande et petite et des personnages attachants. La finale de ce polar était tellement pleine de renversements que je me suis senti comme une crêpe ! Mais d’abord, situons l’histoire ! Montréal, 6 août 1891, peu avant minuit. Dans les quartiers sales et glauques du sud de la ville, un meurtre est commis. Une prostituée est assassinée ! Comme dernière pensée, dans les mains de son cruel assassin, elle se demande si mourir fera mal, habituée qu’elle est, aux pires souffrances de la vie. Elle meurt, et ça n’intéresse personne ! Ni la police ni la presse et encore moins les ouvriers de ces quartiers qui se battent pour leur survie. Joseph Laflamme est journaliste ou du moins, il espère être engagé par un journal. Il survit en vendant ses articles à la pige. Il demeure avec sa sœur, Emma qui, elle, essaie de joindre les deux bouts en faisant de la couture à la maison. Joseph est amoureux de Mary O’Gara, une jeune péripatéticienne qu’il s’achète de temps en temps. Quand il en a les moyens et quand la boisson lui laisse un peu d’énergie. Ce matin, au journal, il apprend le meurtre d’une prostituée. Effrayé par la possibilité que ce soit sa belle Mary, il court à l’hôpital et se rend compte que la victime lui est complètement inconnue. Cependant, il apprend alors les circonstances de l’agression sauvage et conclut, de concert avec le médecin, qu’un tueur fou se cache à Montréal. Il y voit, enfin l’occasion de faire ses preuves. Il se lance donc dans une enquête personnelle, à l’encontre des recommandations des policiers, à la poursuite de bons sujets d’articles et probablement, de l’assassin. Quels sont les liens entre le tueur de Montréal et celui de Whitechapel, disparu il y a trois ans ? Jack The Ripper aurait-il traversé l’Atlantique ? Cette série de meurtres dans la métropole québécoise ressemblent étrangement à ceux commis dans la capitale anglaise. Tout au long de cette quête de vérité à saveur de scoops journalistiques, Joseph Laflamme se frottera à une police municipale laxiste, à un pouvoir politique qui n’aime pas qu’on fouille dans ses affaires et à de mystérieux Francs-maçons qui semblent être impliqués dans cette histoire. Hervé Gagnon répond à toutes ces questions en nous concoctant une intrigue bien ficelée et en installant une tension qui augmente au fil des pages. En plus, il nous dépeint d’une façon fort réaliste, l’atmosphère de cette fin de siècle dans les quartiers mal famés du Red Light montréalais. Pas une page d’ennui, pas un chapitre inutile, une écriture efficace qui emporte le lecteur vers une finale imprévisible. L’auteur s’amuse même à jouer avec le lecteur. À un certain endroit, j’ai remarqué une incohérence (plaisir de lecteur !!!) ; immédiatement, je l’ai notée dans la marge. Puis un peu plus loin, sans avertissement et avec finesse, une explication venait éclaircir la chose ! L’incohérence s’était transformée en un fait réaliste, parfaitement en accord avec le temps, l’espace et les faits du roman… J’étais victime de mon désir de prendre en défaut un auteur qui réussissait à me clouer sur ma chaise de lecture. Bravo l’artiste ! Alors, inutile de vous dire que je vous recommande grandement ce premier polar d’Hervé Gagnon. Vous y découvrirez des personnages sympathiques, attachants à cause de leur humanisme, malgré leurs défauts. Et comme moi, vous souhaiterez retrouver ce journaliste dans une prochaine enquête. Bonne lecture ! Jack Hervé Gagnon Hugo Poche 2024 508 pages
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Le dernier souffle est le plus lourd

Par Catherine Lafrance
(5,0)
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À la fin de ma chronique sur Avenues.ca (cliquez Ici) sur le premier polar de Catherine Lafrance, « L’étonnante mémoire des glaces » j’écrivais : « Michel Duquesne est un personnage qu’on aimerait revoir ainsi que sa jeune collègue Anne-Marie Bérubé. Le milieu journalistique offre bien des occasions d’enquête pour ces deux héros. Surtout sous la plume bien aiguisée d’une journaliste qui en a sûrement vu beaucoup. » Eh bien, mon vœu de revoir l’excellent journaliste d’enquête Michel Duquesne a été exaucé ! Demain, le14 juin, paraitra la deuxième enquête du journaliste Michel Duquesne où nous retrouverons tous les personnages qui nous ont séduits dans le premier roman. Évidemment, Michel avec son caractère « bouillant » et ses TOCs, sa conjointe l’avocate Odile Imbeault et leur fille, Victoria, sa collègue Anne-Marie Bérubé, le chef de pupitre Yves Lavoie, la spécialiste en informatique Linda Fasalli et son ami policier William Latendresse. Chacun de ces personnages aura un rôle important à jouer dans cette enquête complexe et passionnante. Un matin de tempête de neige (Catherine Lafrance adore l’hiver!), la ville est presque paralysée par les congères, les transports en commun sont envahis par les travailleurs pressés de se rendre au boulot. Puis un drame arrive ! Un homme se jette sous la rame du métro entrant dans la station. Bien sûr, toute la ligne sera paralysée, tant bien que mal, les passagers devront se débrouiller avec un service plus ou moins rapide à la surface ... enneigée. L’instinct affuté du journaliste sonne le réveil de Michel, un peu embourbé dans le « plat quotidien »; il rêve d’une bonne enquête pendant que ses patrons l’occupent à des articles bien ordinaires. Enfin ! Qui est cet homme qui a. choisi de paralyser toute une ville en se suicidant un matin de tempête de neige ? Quelle était sa véritable motivation ? Qu’est-ce qui se cache derrière ce geste désespéré ? Très rapidement, les circonstances donneront raison à l’instinct de Duquesne. Ce malheureux suicide occulte une affaire complexe mêlant l’industrie pharmaceutique, la classe politique dirigeante et l’opacité d’un certain milieu hospitalier. Une affaire complexe, à la hauteur du talent d’enquêteur de Michel, mais qui demandera également le concours de toute l’équipe entourant le journaliste. Interrogatoires, recherches, enquêtes, tout est mis en œuvre pour résoudre cette affaire ... En prime, rebondissements et retournements viennent combler le lecteur de polars. La tension est présente, l’intrigue est parfaitement ficelée, pas de temps morts, on sent monter la fébrilité, le tempo s’accélère et la finale est à la hauteur du roman. En plus, et c’est ce qui fait la grande force de Catherine Lafrance, elle maitrise avec doigté l’art de rendre ses personnages complexes et attachants, avec un humanisme assumé et aussi, avec une histoire parallèle qui ajoute à la profondeur de chacun : L’enfance de Michel et ses relations avec son père adoptif et sa mère biologique; Son tout nouveau rôle de père; Les relations tumultueuses entre Michel et ses patrons du journal, Lavoie et Painchaud; L’enquête sur la mort des parents et de la sœur d’Odile, un « cold case » qui la hante, accompagné par un policier bienveillant; L’intégration d’Anne-Marie Bérubé comme chroniqueure à l’Assemblée nationale; Le retour au travail de William Latendresse, le policier en charge des relations avec la presse. De plus, le passé de journaliste de l’auteure ajoute une plus-value importante : le lecteur apprend les dessous du métier de reporter et les techniques de recherche, grâce à l’expérience de celle qui décrit ce monde, bien particulier. « Un journaliste ne console pas la personne qu’il interviewe. Il ne la prend pas dans ses bras. Il assiste, impuissant spectateur, à son désarroi. »  « Le dernier souffle est le plus lourd » confirme l’immense talent de Catherine Lafrance. Des personnages bien définis, un récit prenant, des dialogues ciselés et authentiques. Et du rythme !! Catherine Lafrance a le sens du rythme : chapitres courts, indices savamment dispersés, questionnements en fin de chapitre et écriture efficace. Le lecteur se laisse porter par le style, mais se fait happer par l’histoire et son développement. Ce deuxième polar de Catherine Lafrance est une réussite totale. « Le dernier souffle est le plus lourd » répond largement aux promesses et aux attentes créées par la première enquête de Michel Duquesne sont dépassées. Dorénavant, il faudra penser à Catherine Lafrance quand on nommera les incontournables du polar québécois.  Bonne lecture ! Comme Catherine affectionne particulièrement l’hiver, je ne pouvais terminer cette chronique sans une citation hautement montréalaise et hivernale : « Des congères impressionnantes s’étaient formées sur les terrains, devant les édifices ou en bordure des rues. Et c’était loin d’être terminé puisqu’on prévoyait des précipitations, à ce rythme, toute la journée. Duquesne n’était pas le seul à avoir opté pour la marche. Partout, on apercevait des gens à pied, le visage rougi, les yeux plissés et les cils recouverts de frimas, qui tentaient, eux aussi, de trouver un moyen de transport. Ils se suivaient à la queue leu leu sur le trottoir qui devenait de moins en moins praticable. »
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Changer de ciel pour mieux voir les etoiles

Par Sandra Martineau
(5,0)
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Dès les pâlissements de l'aube

Par Luc Baranger
(5,0)
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« Tout ce qui lui venait à l’esprit, c’était que le dictionnaire qualifiait de « sauvages » ceux qui avaient veillé à préserver une nature que les dénommés « civilisés » s’acharnaient à détruire. » Page 96 Quelle formidable impression de fermer un livre et de se dire, « je viens de lire un grand roman. » Voilà le sentiment qui m’a envahi quand j’ai terminé ma lecture du dernier roman de Luc Baranger, « Dès les pâlissements de l’aube ». Deuxième impression du chroniqueur, la peur de ne pas rendre totalement justice à une œuvre fort complexe à résumer et qui demande au lecteur, une certaine persévérance dans sa lecture. Lire ce roman n’est pas facile ! Mais tout un plaisir de lecture ! « Dès les pâlissements de l’aube est un livre inclassable, difficile à catégoriser, mais provoquant une seule conclusion possible, ce roman est un pur chef-d’œuvre. En résumé, une histoire étonnante, une époque à découvrir ou à redécouvrir, des personnages plus grands que nature et une langue, un style à couper le souffle. Débutons donc par l’histoire ! Le récit commence dans une section des 400 kilomètres de tranchées qui ont fracturé la France, pendant la guerre 14-18. Comme des veines où le sang coulait sans interruption. Nous sommes dans les derniers mois de cette guerre atroce, les soldats épuisés, sales, blessés, espèrent la fin du carnage qui a emporté des centaines de milliers des leurs. Et aussi beaucoup de leurs ennemis ! Dull Dawn est un de ces soldats, un Indien Lakota, né la veille du massacre de Wounded Knee. Ce 29 décembre 1890, plus de 300 autochtones seront exterminés sans raison. La mère de Dull Dawn sera l’une des victimes. Aujourd’hui, dans ces tranchées, il est obsédé par une idée qui le tourmente, il rêve de rencontrer un des dirigeants de ce massacre, le général des armées John Joseph Pershing. Pourtant, ce soldat est reconnu pour ces exploits extraordinaires ; sa capacité à traverser les lignes ennemies sans se faire voir, à rapporter des ennemis qui pourraient révéler des informations importantes et aussi quelques scalps bien frais de soldats allemands. Quelle est la motivation intrinsèque de cet autochtone américain à participer à cette guerre qui ne le concerne pas du tout, lui qui comme la plupart de ses frères indiens a subi les pires traitements, la ségrégation raciale et le rejet des Blancs ? Né dans ce pays que ses ancêtres ont occupé depuis des siècles, il n’est même pas reconnu comme citoyen à part entière. Un objectif l’allume, être l’instrument de la vengeance, devenir le comte de Monte Cristo amérindien et venger ces morts inutiles. Pendant ses longs moments de pause entre deux batailles, sous les tirs ennemis, il nous fera connaitre son histoire, la sienne et celle de tous ces Indiens d’Amérique. Une histoire effrayante, mais un récit passionnant. Et tout au long de son histoire, nous croiserons des personnages rencontrés dans les livres de notre enfance, dans certaines émissions qui nous présentaient de façon édulcorée, les conflits entre les cowboys américains et les « méchants sauvages ». Au détour d’une page, on rencontre par exemple le grand Chef Sitting Bull, celui qui a affronté le général Custer à la bataille de Little Bighorn. Ou encore le célèbre Bill Cody, que l’on connait mieux sous le nom de Buffalo Bill, qui fera des tournées en Europe et en Amérique pour présenter son « Wild West Show ». Sans oublier, un détour dans la ville de Willow Bunch, ville de naissance d’Édouard Beaupré, ce gentil Géant Beaupré mort à 23 ans. Mais un personnage ressort de ce roman, malheureusement peu connu, mais tellement important dans les événements qui ont marqué l’histoire du peuple sioux en Amérique à la fin du XIXe siècle. Jean-Louis Légaré, absent de nos livres d’histoire, a apporté une aide humanitaire vitale à ce peuple qui fuyait les États-Unis après la bataille de Little Bighorn. Plus grand que nature (il mesurait 1,93 mètre), véritable héros, le lecteur découvre un homme généreux, sensible aux souffrances des peuples amérindiens et surtout, capable de monter aux barricades pour assurer une certaine justice pour ces peuples opprimés. Bien sûr, Légaré sera une figure importante pour Dull Dawn qui profitera de sa sagesse, mais aussi de sa générosité. Mais, pour Dull Dawn, tout au long de son adolescence, de son vécu dans le cirque de Buffalo Bill et ensuite, comme soldat à la guerre, un seul élément hantera son esprit, le massacre de Wounded Knee où ont été assassinés des femmes, des enfants et des hommes désarmés dont sa mère et de sa sœur. Voilà donc en quelques mots, le résumé imparfait d’un roman foisonnant, riche en faits historiques, faisant un portrait ultra réaliste d’une guerre sale dans les tranchées de 14-18 et de l’histoire honteuse du traitement des Amérindiens par les blancs américains. L’auteur prend résolument partie pour les « Peaux-Rouges » et lecteur assiste à ces événements puis n’a d’autres choix que de se ranger du côté des opprimés. Enfin, je m’en voudrais de ne pas parler de l’écriture, du style de Luc Baranger. Une histoire aussi puissante, des personnages légendaires, des événements autant dramatiques que douloureux, tout cela ferait de ce roman une grande fresque historique incontournable. Mais la langue de Baranger, son style imagé et son sens de l’humour punché en font rien de moins qu’un chef d’œuvre. Emballé par l’histoire, je me suis souvent arrêté pour relire une phrase bien tournée, admirer une image inspirante ou encore, sourire à un trait d’esprit intelligent. Certaines phrases font parfois chanter les mots, mais d’autres ont le pouvoir de les faire crier. De haine, de colère, de fureur et de rage ! Alors, amateur et amatrice de romans historiques, férus.es d’histoire et lecteurs et lectrices exigeants.es, ne passez pas à côté de ce roman qui trace un portrait vivant et fascinant d’une période de l’histoire dont nous ne pouvons pas être fiers. Ce roman, pour le regard de Luc Baranger sur cette époque, deviendra un incontournable de la littérature québécoise. Cependant, je trouve essentiel de rappeler que la lecture de ce roman de 489 pages est exigeante et elle ne se laisse pas apprivoiser facilement. . Malgré les presque 500 pages et même si le livre est assez dispendieux, l’effort ( ... de lecture et de ... portefeuille) en vaut la peine ! Un roman passionnant où on apprend tellement de choses, une écriture sensible et sans compromis, un regard mordant sur une époque, des faits historiques mis en lumière et des personnages inoubliables, « Dès les pâlissements de l’aube » contient tous les ingrédients d’un grand roman. Un roman monument, une œuvre majeure, un nouveau classique de la littérature québécoise ! Extraits Deux jours après le massacre de Wounded Knee : « C’est le moment que la neige a choisi pour tomber vraiment. Là-haut, un Dieu honteux d’avoir laissé commettre c massacre inutile, cherchait-il à camoufler sa désinvolture sous le tapis de la conception immaculée ? » Page 211 Petit dialogue entre un grand-père lakota et son petit-fils, au sujet des frontières : « - C’est quoi le Montana ? -Une invention des Blancs, comme le Wyoming qu’on vient de traverser. Les Wasichus* eux-mêmes sauraient pas faire la différence entre les deux, mais comme je te l’ai dit, ils ne peuvent s’empêcher de tracer des lignes invisibles partout. C’est plus fort qu’eux. Et dès qu’ils en dessinent une nouvelle, ils sont obligés de donner un nom à chaque côté. » Page 273-274 *Blancs Bonne lecture ! Dès les pâlissements de l’aube Luc Baranger Éditions Équateurs Roman 2023 488 pages
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Dans les murs

Par Maya Ombasic
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« Depuis ce soir-là, une part de moi n’a plus cessé de cogner pour sortir de mon corps, comme un prisonnier aveugle frapperait les murs de sa cellule. » Je commence rarement mes chroniques par une citation. J’aime mieux donner la parole à l’auteur, à la fin de mon texte, comme pour dire, voici ce que j’ai voulu vous démontrer. Voici les mots de l’écrivain.e; laissez-vous séduire ! Pour « Dans les murs » de Maya Ombasic, je fais une exception. Cette citation, dès les premières pages du roman, est tellement parlante, qu’elle allait de soi, qu’elle devait débuter cette chronique. Pour souligner le style de l’auteure, personnel et poétique et pour marquer son personnage, énigmatique et fascinante. Laure Capelli quitte Montréal, en laissant son mari et son fils, pour un voyage de recherche. Elle se rend à Trieste pour trouver des manuscrits inédits pouvant l’aider dans ses travaux sur la littérature migrante. Cette ville la fascine depuis son enfance. Envoutante, une de ces villes qui nous habite plus que nous l’habitons. Laure y découvre plus que des vieux manuscrits, elle rencontre Constantin et toute la passion qu’il provoque. C’est le début d’un long voyage à l’intérieur de soi: Constantin à la recherche de son père et Laure, à la recherche de sa propre identité. Ces quêtes se feront Dans les murs de quelques villes enivrantes, ces errances nous racontent les nostalgies des villes que les deux passionnés parcourent : de Trieste à Istanbul, en passant par Beyrouth, les Îles grecques et Sarajevo… À chaque arrêt, sauf au mont Athos réservé uniquement aux hommes, les deux amants vivront une passion dévorante. Mais le lecteur n’est pas en reste, les descriptions de ces villes aux charmes ensorcelants, sont des poèmes urbains comme seule Maya Ombasic peut nous les révéler. Voilà ce que l’on retient des romans de Maya, c’est l’esthétique de son écriture, l’harmonie des mots. Son portrait magique des villes … comme des peintures … une suite de tableaux nous montrant l’urbanité, l’âme, l’histoire, l’atmosphère, la culture. Avec sa poésie, on ne visite pas ces endroits, on se laisse imprégner par leur beauté. Elle atteint le même effet avec sa description des scènes d’amour, comme une série de tableaux peints avec les pinceaux de la tendresse. Dans les murs c’est un amour charnel pour le corps et un amour fusionnel avec ces villes aux parfums bien particuliers. En lisant Dans les murs, on peut certainement qualifier Maya Ombasic du titre de peintre des mots pour illustrer les émotions. Ou encore mieux, de peintre des phrases, en couleurs, pour nous imprégner du souffle d’une ville, d’un lieu, d’une caresse. À la fin de notre lecture, il nous reste des sensations, des souvenirs, des images. Des phrases qui nous ont marqués par leur musique et des images qui nous ont fasciné par leur beauté. Inoubliable Istanbul, cet « immense chaudron de larmes et de regrets » ! Étonnant saint Charbel, patron du Liban et ses suintements rosâtres ! Triste, tellement triste, l’histoire de Sarajevo ! Quelques extraits : « Ce que personne ne nous dit, c’est que dans la logique banale des choses de ce monde, le réfugié doit toujours demeurer à sa place, un peu plus bas que ceux qui l’ont accueilli. » « L’homme étant un mouton en mal de berger. » « … d’où vient ce vent au milieu de ton ventre qui souffle pour éteindre les étincelles dans tes yeux. » « La fleur des pulsions obscures, tenace et vénéneuse, croît toujours dans le jardin de la mémoire archaïque. » Si vous ne connaissez pas Maya Ombasic, je vous invite à lire ses recueils de nouvelles, toujours surprenantes mais surtout, Mostarghia, le roman de son odyssée migratoire de la Bosnie en guerre jusqu’à Montréal. Roman enveloppant, un véritable hommage à son père. Un hommage bouleversant plein de sensibilité et d’amour. Et surtout, ce témoignage d’un pays perdu que l’on doit quitter sans préavis, et ces arrivées, trop nombreuses et angoissantes dans ces ailleurs inconnus. Mostarghia, le roman de l’exil mais aussi le roman de l’amour, de la relation tendre entre un père et sa fille. Entre la tristesse et la joie, le bonheur et le drame ! Bonne lecture !
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Richard Migneault a commenté et noté ce livre

Bilou et la libraire du tonnerre

Par Roxane Turcotte et Jean-Luc Trudel
(5,0)
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Bilou est un petit garçon qui a de la difficulté à lire. C’est son terrible secret ! Madame Lulis, elle, est une « libraire du tonnerre ». Quand on entre dans sa librairie, un livre s’envole immédiatement vers nous. Un livre pour nous ! Bilou n’entre jamais dans la librairie. Mais un jour, en regardant par la vitrine, il voit un album s’envoler vers lui. On dirait un livre de pirates. Madame Lulis présente le livre à Bilou, mais il le refuse. Samedi, Bilou se décide et entre à la librairie. Commence alors une belle complicité entre la libraire et le petit lecteur. Les grands savants pédagogues nous diraient que madame Lulis pose des gestes de médiation ; nous, les simples lecteurs, nous assistons à une belle complicité entre une libraire et un petit garçon ayant des difficultés à lire. Le texte de l’album est un message d’espoir. L’écriture de Roxane Turcotte est émouvante, toute en nuances. Le livre devient accessible, la lecture se transforme en magie et le charme opère. Bilou veut lire autre chose. Les illustrations complètent merveilleusement bien le texte. L’enfant lecteur y trouvera tous les symbôles du texte et la fantaisie des images pourra le faire rêver. Cette histoire est à mettre entre toutes les mains. Parents et enseignants y trouveront matière à réflexion ; les petits seront séduits par le message d’espoir et la magie de la lecture. Les grands y verront toute leur utilité dans ce mariage important entre les petits et la littérature.
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Richard Migneault a apprécié et commenté ce livre

C'est parce que...

Par Louis Émond et Frédéric Normandin
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Que j’aime ce genre d’album ! C’est parce que… David, le héros de cette histoire a beaucoup d’imagination. C’est parce que … on a le droit de s’amuser en lisant. C’est parce que … c’est drôle de pouvoir rire un peu des adultes. C’est parce que … la finale, surprenante, m’a fait rire … Quelle bonne idée de rééditer cette histoire qui n’était plus disponible en format papier. Tout d’abord sorti aux éditions Soulières, « C’est parce que … » a pris une cure de jeunesse avec les illustrations de Frédéric Normandin (un illustrateur que j’adore depuis les trois albums de Dany Laferrière sur la belle Vava). Voici un album joyeux, un texte plein de fantaisie et des illustrations éclatées. Un peu à l’image de son auteur, Louis Émond. David aide sa petite voisine à retrouver sa corde à danser qui s’est enfuie. Il lui arrivera toutes sortes d’aventures, des plus loufoques aux plus terrifiantes. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette histoire abracadabrante ? Les dernières pages apporteront une réponse surprenante et donneront l’occasion aux lecteurs de se moquer un peu du monde des adultes ! Un album pour rire et sourire ! Une bonne histoire très bien illustrée.
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Richard Migneault a apprécié et commenté ce livre

L'escapade de Paolo

Par Lucie Crovatto et Lucie Papineau
(4,25)
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Paolo est un petit perroquet toui, intelligent et affectueux. Il est le compagnon de Camille, une fillette qui l’adore. Chaque matin, Camille part à l’école et Paolo, dans sa cage, regarde les autres oiseaux, les envie un peu, mais il sait que Camille reviendra. Et tout sera encore extraordinaire. Un jour, le petit perroquet aperçoit un autre oiseau de la même couleur que lui. Avec son bec, il ouvre la porte de sa cage, mal fermée et rejoint son nouvel ami. Le soleil sur ses plumes, la douceur de la pelouse, la liberté de voler partout dans le ciel, Paolo est heureux. Jusqu’au moment où un gros chat fonce vers lui ! « Sauve qui peut ! » Le petit perroquet s’envole juste à temps. Mais ce n’est pas le seul malheur qui vivra notre petit oiseau … « L’escapade de Paolo » est une belle histoire d’amitié et de liberté, écrite avec beaucoup de sensibilité par Lucie Papineau. Une histoire touchante qui heureusement se termine bien. Camille est une petite fille très attachante à laquelle le petit lecteur ou la petite lectrice s’identifiera sûrement. Ce qui est remarquable dans cet album, c’est la beauté des illustrations. Le travail de Lucie Crovatto est magnifique. Tout attire l’œil de l’enfant qui se fait raconter l’histoire. À chaque page, on y découvre des oiseaux de toutes les couleurs, une nature joliment illustrée et des couleurs douces. Même les pages les plus noires sont belles à regarder. En plus, dans les pages de garde, les petits ornithologues amateurs retrouveront la plupart des oiseaux qu’ils pourront observer à l’extérieur, dans leur jardin ou dans leur ruelle. En prime, l’album est recouvert d’une magnifique illustration, une affiche que l’enfant pourra garder ou exposer sur le mur de sa chambre. « L’escapade de Paolo » est une excellente initiation au coloré monde des oiseaux tout en racontant une belle histoire d’amitié entre un petit perroquet et son amie Camille.
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Richard Migneault a apprécié, commenté et noté ce livre

Un fruit amer

Par Nicolas Koch
(5,0)
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@ josee senecal . Pas du tout ! Ce roman est tellement riche. Ce que je raconte n'est que l'amorce de tout le roman. Vous pouvez y aller sans crainte, vous irez de rebondissements en péripéties ...
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Richard Migneault a apprécié, commenté et noté ce livre

Terminal Grand Nord

Par Isabelle Lafortune
(4,22)
11 personnes apprécient ce livre
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« Terminal Grand Nord », pays de froidure, désert blanc aride, la Côte-Nord n’est pas nécessairement un endroit de villégiature hivernale. Mais ces grands espaces, la forêt boréale de pins et d’épinettes, le froid cinglant qui fait mal au visage, la neige qui craque sous les bottes et les sentiers de motoneiges quadrillant les forêts, composent un décor parfait pour un polar nordique, à la québécoise ! Dans « Terminal Grand Nord », Isabelle Lafortune a eu l’audace de mettre en scène les relations difficiles entre les peuples innus, amérindiens et blancs, en y ajoutant un peu de politique et quelques malversations de compagnies minières. Joli programme pour un premier roman très réussi ! En avril 2012, on retrouve le corps de deux jeunes Amérindiennes. Dans la région, l’atmosphère est tendu. Ce double meurtre s’ajoute au scandale impliquant deux policiers ayant eu des comportements inappropriés sur des jeunes filles innues. Compte tenu de la tension politique, du caractère explosif de la situation, la ministre de la Justice délègue Émile Morin, le directeur des enquêtes criminelles de la Sureté du Québec. Policier chevronné avec une vaste expérience, son calme et ses compétences devraient aider à calmer le jeu. Celui-ci demande à son ami Giovanni Celani, un écrivain reconnu, qui a habité dans la région, de l’accompagner pour profiter de sa connaissance de l’endroit, de ses coutumes et surtout, des façons d’aborder les gens, blancs comme innus. La tâche ne sera pas facile. L’affaire est complexe ! Personne n’a remarqué la présence de ces deux jeunes filles. L’enquête piétine et des événements viennent rendre le travail des policiers encore plus ardu : la démission de la ministre de la Justice, le suicide de son remplaçant, les magouilles des compagnies minières et le trafic de drogues. Pour notre grand plaisir, l’auteure enrichit l’histoire en nous dévoilant certains éléments de la vie familiale et privée de l’enquêteur Morin et du passé de son ami écrivain. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié la présence de la fille de l’enquêteur dans cette histoire : avec fraîcheur et candeur, Angelune Morin ajoute une touche bien particulière au récit. Des personnages principaux forts, mais aussi une galerie de personnages secondaires attachants, que l’on aime aimer. Pas tous, quand même ! Isabelle Lafortune possède une maitrise du récit assez impressionnante pour un premier roman. Malgré la complexité de l’affaire, elle réussit à accrocher le lecteur dans cette enquête passionnante. La tension monte et le suspense est maintenu. Ses personnages sont bien construits, avec une complexité toute en nuances et en vraisemblance. Avec son écriture efficace et pleine de sensibilité, elle réussit à nous décrire la beauté des paysages, parfois leur laideur et la rigueur de ces lieux. On perçoit toute sa tendresse et son affection pour ce coin de pays et pour les gens qui l’habitent. «Terminal Grand Nord, un premier roman ? Eh bien oui ! Avec des airs d’une œuvre maitrisée. Et avec ce talent annoncé de l’auteure, tout nous porte à croire que les futurs écrits d’Isabelle Lafortune seront attendus avec impatience. Un premier roman à lire, sans faute ! Une romancière à découvrir avec plaisir ! Curiosité agréable … à chaque chapitre, l’auteure nous présente une citation du célèbre philosophe florentin, Nicolas Machiavel. Y aurait-il des liens entre l’écriture et L’art de la guerre ? Isabelle Lafortune cache-t-elle quelques principes machiavéliques dans l’art d’écrire un polar ? À nous de le découvrir !
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Heimaey

Par Ian Manook
(4,33)
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Ian Manook, surnommé à juste titre, le romancier de la Mongolie aura fait connaitre à la plupart des lecteurs de polars, son policier au nom compliqué de Yeruldelgger. Avec ses trois romans, il nous a permis de mieux connaitre cette contrée inconnue, les paysages fascinants, les yourtes, la gastronomie mongolienne (pas toujours appétissante) leurs coutumes et leur spiritualité. On a tous l’impression d’avoir quand même voyagé un peu dans ces steppes immenses au côté de ce policier bien spécial. Avec Heimaey, Ian Manook nous transporte plus à l’ouest de la Mongolie, sur une île pas mal plus petite mais toute aussi étrange, l’Islande. Et nous transporter est vraiment le bon mot. Heimaey est tout d’abord un très bon polar, mais il est aussi une formidable invitation au voyage, une invitation à découvrir ce pays insulaire, à travers ses paysages époustouflants et ses sources d’eau chaude. Je vous présente rapidement l’histoire. Dans sa jeunesse, Jacques Soulniz est venu offrir son aide, suite à la terrible éruption du volcan Helgafell en 1973. Volontaire et jeune, évidemment, même si le drame se joue au pied de ce volcan, les aidants vont quand même s’amuser … jusqu’au moment du drame où l’une des filles du groupe meurt. Quarante ans plus tard, Soulniz revient avec sa fille Rebecca. Son but, renouer avec elle, les liens que se sont peu à peu perdus, tout en revisitant les paysages sur lesquels il a laissé ses traces. Mais, comme dans tout bon polar, ça ne se passe pas aussi bien que prévu ! Menaces anonymes, une auto rouge qui les suit continuellement, et … la disparition soudaine de Rebecca. Il semblerait que les fantômes du passé reviennent hanter Soulniz … Qui sont ces gens qui les poursuivent ? Que veulent-ils ? Quels sont les liens avec ces meurtres qui surviennent sur leur passage,dont un est marqué sous le signe de la légende de Nabrok, un rite traditionnel isalndais … ma foi, assez cruel. Que je vous laisse découvrir. Chargé de l’enquête sur des transaction de drogue et impliqué grandement dans cette histoire, Kornelius Jakobsson, ce policier très efficace mais un peu corrompu, aidera le père dans les recherches pour retrouver sa fille. Tenace, efficace et au fait des coutumes de son pays, ce policier nous étonnera par ses méthodes peu orthodoxes et sa passion pour le chant traditionnel islandais krummavisur. L’enquête, la poursuite et la recherche du passé vont vous accrocher. Ce policier un peu pourri, vous le trouverez bien sympathique, la relation entre Rebecca et son père pourrait vous rappeler des souvenirs. Mais ce voyage initiatique au pays des volcans aux noms imprononçables (rappelez-vous 2014 …l’Eyjafjallajokull) vous transportera dans des endroits majestueux et surprenants. Le passé de Ian Mannok comme journaliste spécialisé en rubrique touristique donne à ce polar prenant, un côté « road trip » qui est fort agréable. Un petit conseil, tenez-vous prêt de votre ordinateur ou de votre tablette, ouvrez votre moteur de recherche favori et regardez les images et photos des lieux visités par les personnages … Plaisirs garantis ! Ainsi, vous pourrez doublement apprécier la qualité des descriptions de l’auteur et son écriture très visuelle. Ian Manook est maintenant un incontournable du polar français. À lire, pour voyager, confortablement assis, dans votre salon.
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Enfermé.e

Par Jacques Saussey
(4,5)
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D’entrée de jeu, je vous le dis, ce roman est très dur. Il vous parle d’une réalité qui n’est pas rose et l’auteur ne ménage pas ses lecteurs. Mais « Enfermé.e » est un très grand roman. Puissant. Sans concession ! « Enfermé.e » c’est l’histoire de Virginie. Virginie est une femme dans un corps d’homme. Enfermé.e commence d’une façon vertigineuse. Le lecteur rencontre Virginie à trois moments de sa vie : à sa naissance hautement risquée, à 18 ans où sa vie prend un tournant crucial et aujourd’hui où elle travaille dans un centre pour personnes âgées. Au fur et à mesure du récit, nous suivrons les étapes de sa vie, de sa petite enfance à son adolescence jusqu’à son âge adulte. En alternance, nous découvrirons pas à pas, l’horrible histoire de cette personne qui se construit malgré les nombreux embûches et la méchanceté de ceux qui l’entourent. Et sa vie actuelle, ce qu’elle est devenue et la fatalité où l’amène son parcours. " Si je ne peux pas être qui je suis, je préfère être morte plutôt qu'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le mien. " Ce roman a pour thème, la trans-identité. Un sujet assez troublant. En suivant le parcours de Virginie, l’auteur jette un regard acéré sur quatre milieux qui semblent très hostiles aux personnes différentes : la famille, l’école, la prison et le centre pour personnages âgées. Il ne reste plus beaucoup d’endroits où les gens différents se sentent acceptés et aidées. Jacques Saussey a écrit ce roman à la demande de sa nièce qui a vécu son coming out en 2015. Évidemment, comme auteur de romans noirs, il a enrobé son histoire de quelques scènes de fiction. Ou du moins qu’on espère loin de la réalité. Intimidation, violence physique et verbale, viol, meurtre, tout y passe. Âmes sensibles, j’oserais dire … ne vous abstenez pas car cette violence me semble loin d’être gratuite même si parfois, elle est difficilement insupportable. De plus, comme je suis la carrière de Jacques Saussey depuis le début, je me sens le droit d’affirmer qu’au niveau du style et de l’écriture, l’auteur nous propose de superbes passages bien écrits, souvent très poétiques et même parfois plein de tendresse. Le personnage de Virginie est attachant et elle est le seul personnage (sauf une exception) à qui l’auteur donne une identité. Elle possède un prénom et un nom. Cependant tous les autres personnages, ceux qui volontairement font tout pour renier son identité à elle, l’auteur a pris le parti de leur enlever leur identité. Donc, tout le long du roman, vous rencontrerez la cuisinière, le jardinier, le curé, le directeur, le père, la mère, Beau Gosse, la Fouine, le Bouledogue, de beaux personnages peu sympathiques. Enfermé.e est un roman qui donne le frisson, pas toujours dans le sens du plaisir. On n’en ressort pas indemne, mais convaincu qu’une réflexion s’impose sur notre rapport à la différence.