Activités de Nadia Gosselin

On découvre dans ce livre un personnage terriblement narcissique et manipulateur. Il sait faire dans les nuances, ce G., et enrober de miel la moindre de ses paroles. Déployer sa toile pour mieux capturer sa proie. Conscient de ses actes répréhensibles, il prend également la peine de couvrir ceux-ci en collectionnant tout ce qui pourrait le sauver d’éventuels reproches. Ce récit est d’une clairvoyance et d’une finesse psychologique fort intéressantes. Il y a vraiment dans cette histoire de quoi faire un film. Je ne serais pas étonnée que celle-ci se retrouve éventuellement sur grand écran. Au-delà de la pédocriminalité, cette affaire met en lumière le danger que représentent ces personnalités narcissiques, manipulatrices et perverses. L’onde de choc créée par sa publication dérange le monde du livre, forcément, puis la société elle-même, et l’on commence à regarder en face et dénoncer, de manière plus large, toutes les formes de harcèlement sexuel et d’abus. C’est dans l’ère du temps, me direz-vous, suite au tsunami #metoo. Et c’est tant mieux. La prise de conscience collective se déploie. Les temps changeraient-ils? Je l’espère...

Cet ouvrage documentaire est une vraie mine d’informations. Comme toujours, Stanley Péan maîtrise l’art de l’anecdote. Il n’est que lui pour si bien savoir les mettre en scène, et alors les images prennent vie sous nos yeux de manière très cinématographique. Il sait créer l’ambiance sans jamais oublier le petit détail qu’il importe de souligner. La narration coule de source et on croirait bien souvent entendre la bande sonore de jazz en back grown. Les histoires savoureuses ainsi se suivent dans un fondu enchaîné si subtil que l’on remarque à peine l’habileté avec laquelle on a su nous téléreporter d’une scène à l’autre. Il faut parfois revenir sur nos pas pour apprécier pleinement l’habileté et la souplesse de la prose par laquelle on ne peut faire autrement que de se laisse bercer.

C'est un roman coup de poing, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, qui traite de violence et d'inceste. Difficile à lire, mais nécessaire, afin de mieux comprendre et ressentir jusqu'au fond de ses entrailles la douleur des victimes. La prose est incisive, mordante. S'en étonnera-t-on en considération du titre? C'est un ouvrage où le fond et la forme se rejoignent parfaitement. Les phrases sont courtes, tout comme le souffle de la narration; on ne manque pas de ressentir chacun des coups portés. Et, merveille, au travers toute cette horreur on découvre la poésie. La poésie de l'horreur. On a su faire du beau avec du laid. C'est un ouvrage puissant à mettre sur votre liste de lecture. Coeur sensibles s'abstenir.