Activités de Frédéric Lalonde

Ce livre m'intriguait à la librairie parce que je n'étais pas certain de comprendre de quoi il était question. Mélange d'autofiction, de récit de voyage et d'essai féministe. Ça me paraissait intéressant en fait et je n'ai pas été déçu. La narratrice se rend en Floride pour assister au lancement d'une fusée et tout au long de son pélerinage elle convoque des souvenirs de son père et elle réfléchit sur le fait de voyager seule quand on est une femme. Sa réflexion est enrichie par le rappel de plusieurs femmes exploratrices et voyageuses qui ont été des pionnières à différentes époques de l'histoire. Il y a une tonne d'informations capitales dans ces portraits de femmes que j'ai été enchanté de découvrir ou de redécouvrir. Le style empli de liberté du livre permet souvent de passer du quotidien de la narratrice à des événements historiques et à des réflexions féministes. Elle établit un lien de sororité entre elle, les voyageuses du passé et même celles de l'avenir. L'écriture même de l'autrice est un voyage et comme lecteur j'ai été heureux de l'entreprendre!

L'ensemble de la recherche réuni en un seul volume. Un livre immense, dans tous les sens du terme! Définitivement mon roman préféré. Une intrigue, c'est vrai, difficile à résumer, tant il y a de personnages et que le temps du récit est vaste. Ce qui m'a plus particulièrement, c'est la manière dont le thème de la jalousie est abordé et aussi, dans Le temps retrouvé, toute la réflexion sur la création littéraire. Évidemment, c'est aussi un roman sur le temps et la mémoire. Toute la force de l’œuvre réside dans l'écriture elle-même. Personne a mon avis n'a, plus que Proust, utilisé la langue française pour en faire exploser toute la richesse, le sens et la musicalité. Chaque phrase est jouissive. Un chef-d’œuvre qui peut faire peur, mais qui tient toutes ses promesses!

Quand j'ai vu ce livre arrivé à la librairie, j'ai été curieux. La quatrième de couverture est assez intrigante, j'aime les romans volumineux (quand ils sont bons) et Les Herbes rouges ont édité les romans de Jean-Simon Desrochers, que j'ai tous appréciés. Justement, il y a certainement des similitudes entre ce premier roman de Marie-Ève Thuot et ceux de Desrochers. Il s'agit d'un roman choral, où tous les personnages ont un lien familial. Chaque personnage est décrit selon son rapport aux relations de couple et/ou à la sexualité. Il y a d'abord Xavier, qui travaille dans un bar, mais n'a pas eu de relation sexuelle depuis plusieurs années. Ses deux frères, au contraire, ont collectionné les conquêtes dans les dernières années. Sont aussi abordées des réalités moins conventionnelles et plus dérangeantes, comme une tante qui marie son neveu ou encore Charlie, une femme qui aime coucher avec de très jeunes hommes. Il faut mentionner aussi la secte extinctionniste qui exhorte ses membres à être infertile pour stopper toute procréation sur la terre. Il y a beaucoup de personnages colorés et chacun apporte un éclairage différent au thème que creuse l'auteure. Seul bémol, le roman est peut-être un peu trop long, mais dans l'ensemble c'est excellent et même impressionnant pour un premier roman.

Voici un roman idéal pour les amoureux de l'art. L'intrigue se déroule en deux temps, à deux époques différentes, soit dans les années '70 à Montréal et en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale. On y suit la vie de Anne, propriétaire d'une galerie d'art contemporain et de Jean, qui fut peintre dans sa jeunesse et travaille lui aussi dans une galerie. Sans connaître ce milieu à fond, je trouve que la compétition et la rivalité entre collectionneurs d'art est très bien décrite. L'importance que peut représenter un tableau, autant pour des valeurs monétaires que sentimentales est très bien dépeinte. En plus, l'Allemagne nazie est abordée sous un angle qui passe souvent sous le radar tant il y a eu de pires atrocités pendant la guerre, c'est-à-dire le vol de tableaux aux citoyens juifs. Les liens que Denis Robitaille réussit à tisser entre les deux époques est très intéressant. Il y a une certaine intrigue policière, mais ce n'est pas uniquement la force du roman. L'écriture est sobre et sans grandes figures de style. C'est l'authenticité du milieu décrit , le grand souci des détails historiques, ainsi que la force du propos qui font de ce livre une lecture instructive et très agréable.