Activités de Raphaël Angers

Très bon petit livre sur la manière dont les plateformes numériques exploitent notre psyché par l'entremise de l'économie de l'attention. Le but de cette économie, chercher à conserver l'attention de l'individu sur la plateforme le plus longtemps possible. Ce faisant, les plateformes récoltent des données sur nous pour nous vendre de la publicité. Tout ceci dans le but, on s'en doute bien, de faire de l'argent. Le constat général est très informatif, mais j'ai quelques réserves par rapport à la conclusion du livre. L'auteur prône l'approche réformiste, consistant à revendiquer auprès des plateformes numériques un changement de leur façon de faire et leur structure économique. Je crois que c'est extrêmement naïf de croire qu'elles vont changer en leur faisant pression, car c'est avant tout leur raison d'être. Selon moi, le mieux serait de s'éloigner de ces plateformes, soit en ne les utilisant plus et en créant/rejoignant des espaces numériques qui nous conviennent mieux. J'irais même jusqu'à espérer qu'on diminue drastiquement le temps passé sur Internet et qu'on y accorde beaucoup moins d'importance dans nos sociétés.

Petit livre très intéressant qui critique assez sévèrement Internet sous des angles peu abordés habituellement. Il critique l'Internet comme une technique qui s'inscrit dans un contexte socio-historique particulier. L'Internet n'est pas un outil neutre. Il a d'abord été conçu avec des intentions en tête, dont recueillir des données sur nous et gardez notre attention pour mieux nous exposer à la publicité. Ensuite, l'Internet et le matériel qui permet de le supporter entraînent une grande pollution. Au terme de ces quelques chapitres, il est très évident que l'auteur espère qu'on finisse par délaisser le monde numérique pour créer un monde véritablement plus juste et plus écologique. Et c'est ironique de l'affirmer sur le web comme je le fais, mais je crois qu'il a raison.

En prenant pour étude de cas les États-Unis et la France, Francis Dupuis-Déri montre le glissement de sens qu'a subi le mot démocratie durant les deux derniers siècles. Au moment des révolutions politiques de 1776 et de 1789, les acteurs politiques au centre du processus de décision des nouveaux régimes instaurés vouaient une haine envers la démocratie. Curieusement, cela a changé dans les deux derniers siècles. Malgré que les deux pays n'ont pas changer de régime politique depuis leurs révolutions respectives, l'utilisation du mot démocratie a commencé à devenir positive durant le XIXe siècle. C'est une démonstration convaincante que fait Dupuis-Déri, tellement qu'il m'a amené à me demander si nos démocraties occidentales modernes étaient véritablement démocratiques. Et la réponse semble être négative...

Dans ce livre, Alain Deneault offre une réflexion sur le colon, une figure qui n'est ni un colonisateur, parce qu'il n'est pas puissant comme lui, mais qui n'est pas non plus colonisé, puisqu'il ne vit pas des conditions aussi défavorables que ce dernier, telles que les communautés autochtones à travers le pays . L'auteur met également en lumière, par une analyse rigoureuse de l'histoire du Canada, que le Canada est, et reste, une entreprise commerciale assoiffé de richesses. Le Canada est une colonie, et les Canadiens font majoritairement figure de colons qui se font exploités pour renflouer les comptes bancaires d'une petite élite dirigeante de colonisateurs. Pour libérer les colons et les colonisés, Alain Deneault propose l'idée très enviable de démanteler le Canada.

C'est un petit livre qui est très à-propos dans le contexte actuel et ce, pour deux raisons. 1- Covid-19: On ne peut plus "voyager" ou jouer les touristes, en tout cas, pas en dehors du pays. 2- Crise écologique : L'impact sur l'environnement de l'industrie du tourisme est énorme, et cela ne semble pas près d'arrêter quand le virus ne se sera plus d'actualité. Pourquoi? Depuis les années 1950, il y a de plus en plus de touristes, donc plus de transports, plus de gaz à effet de serre et une dégradation de l'environnement marin et côtier. Bref, c'était plaisant de lire une réflexion nuancée sur le voyage, qui ne fait ni l'apologie du tourisme, ni forcément la condamnation des voyageurs. L'auteur explore la notion de voyage et sur ce qui motive ce dernier, c'est-à-dire l'exotisme, l'évasion, la contemplation, l'ensauvagement, etc. Je vous laisse un de mes passages préférés: "Le voyage, de toute éternité, nous plonge face à l'énigme déroutante de notre appartenance au monde. Une énigme dont la clé repose en ce lieu crucial où la conscience et le monde, l'intérieur et l'extérieur, ne font qu'un. Le principe du départ contient celui du retour. La vraie vie est ici, désormais plus que jamais"(p.132).

C'est un livre qui retrace l'histoire du réchauffement climatique et du capitalisme, plus spécifiquement le capital fossile. Il montre comment le concept d'anthropocène pour parler du réchauffement climatique devrait en fait être remplacé par capitalocène. Ce serais en effet le capitalisme le principal responsable du réchauffement, et non seulement "l'humain" de manière générale. La partie du livre sur l'histoire de l'énergie hydraulique m'a particulièrement marqué. C'est choquant de savoir qu'au début du XIXe siècle, l'hydraulique était en voie de devenir une source d'énergie dominante. Mais à cause des contraintes spécifiques au capital, cela ne s'est pas produit, malgré la supériorité technique et économique de cette énergie. L'énergie fossile était plus adapté aux besoins du capital car elle permettait d'augmenter la production, ce qui permettait de faire du profit, ce qui permettait de l'investir pour améliorer la production, pour faire plus de profit, etc. Les constatations de l'auteur sont extrêmement pertinentes pour essayer d'imaginer une transition vers un monde plus écologique. Il insiste sur l'urgence de se débarrasser du capitalisme le plus tôt possible. Je recommande fortement ce livre.