Activités de Yvon Lepage

Racontée avec sensibilité et une touche d’humour qui interpelle, une histoire personnelle et familiale particulière qui suscite des questionnements importants. Il y a des questions auxquelles sont confrontés les nouveaux arrivants, ici d’origine chilienne (« Peut-on embrasser une nouvelle culture sans renier ses origines?) et celles qui touchent une société d’accueil en position dominante qui peut peser lourd. Remarquable est l’histoire de son coup de cœur pour la langue française. Et aussi ces extraits percutants qui revendiquent la justice, entre autres lorsqu’il est question de sa mère (« Quand j’enrage juste parce qu’on ne donne pas du Madame à ma mère, qu’on la tutoie ou qu’on l’appelle familièrement par son prénom, je sens tout remonter en moi. La colère part de là. L’image de ma mère, à genoux, tête baissée à laver des bécosse, qui reçoit des ordres, même formulés poliment, d’un enfant, je me rangerai toujours du côté des humiliées. C’est là où je me terre. »). Un beau livre hautement recommandable.

Un témoignage exceptionnel pour illustrer la lente et progressive prise de conscience de la transidentité. Au départ, un cheminement plein de questionnements et d’incertitudes, un parcours semé d’embÛches, souvent très douloureux, surtout quand la grande vulnérabilité rencontre le rejet et l’incompréhension des proches, du bien aimé conjoint et des parents. La fille d’elle-même a eu un accouchement extrêmement douloureux, périlleux. Heureusement, dans une finale très touchante, elle sera accueillie et reconnue de plusieurs proches par amour.

Un témoignage fort, tranchant. On pourrait retenir que l’auteure innue traduit, avec une grande sincérité, la tragédie et les conséquences extrêmes et pérennes de la colonisation; on pourrait aussi retenir l’affirmation et les revendications qui lui viennent de ses racines et qui peuvent encore annoncer une nouvelle page d’histoire et enfin un rapport de nation à nation. On pourra rêver, mais ce livre rappellera toujours des siècles désastreux pour les peuples autochtones comme celui dont Kapesh parle ici en toute connaissance de cause.