Activités de Guillaume Houle

J'ai commencé ce récit avec beaucoup d'enthousiasme, connaissant peu Maurice Duplessis et encore moins Robert Rumilly. La portion liée à l'avant-guerre et aux positions politiques de Rumilly est fascinante. La partie suivante, où M. Nadeau traite davantage de ses oeuvres en tant qu'historien m'a ennuyée. L'ouvrage, bien documenté, a le mérite de mettre des noms et d'ajouter à ma connaissance de la France et du Québec entre 1900 et 1980, surtout entre 1914 et 1960 en fait. L'auteur a toutefois tendance à parler beaucoup des positions de droite de Rumilly tout en évitant de dresser le portrait de la gauche, qu'il se contente comme Rumilly d'esquisser en groupes ("les communistes", "les juifs", "les libéraux"), tout en rapportant les insultes que ce dernier leur lance tout au long de sa carrière. Du point de vue de la profondeur politique, le livre est assez mince... et rappelle les débats qui ont secoué l'Amérique depuis le XXIe siècle. Malgré ce qu'on peu en penser, Trump n'a pas inventé la haine, et n'est pas le premier à faire de la "gauche radicale" son bouc émissaire. Selon ce livre, Rumilly et ses émules ont âprement critiqué leurs adversaires politiques. Les tactiques physiques de certaines franges de l'Action française (en France durant les années 1920) sont comparables à celles qui ont fait trembler l'Amérique en 2020... Déception, le titre est trompeur : si Maurice Duplessis a souvent téléphoné ou écrit à Robert Rumilly, les passages qui concernent la gouvernance duplessiste ne sont pas assez nombreux à mon goût. S'il y a filiation idéologique directe, rien ne fait de Rumilly, "l'homme de Duplessis" qu'évoque le titre.

Une lecture pertinente pour quiconque s'intéresse au livre, à titre d'écrivain ou d'éditeur. Le choix de l'auteur de raconter une partie de ses mémoires donne un résultat à la fois intéressant et mitigé. D'une part, c'est fabuleux d'avoir accès une partie de la trame historique qui a façonné la chaîne du livre d'aujourd'hui. Le résultat du travail de M. Vaugeois est visible à plusieurs égards dans le milieu du livre, plus de 40 ans après. D'autre part, les aspects didactiques me semblent être dispersés dans le livre. Ce sont des éléments d'information que je connais déjà et que j'ai souvent sautés durant ma lecture, mais j'imagine que, pour le non initié, ça doit être difficile d'intégrer à la fois les éléments historico-politiques et les notions utiles à l'édition.

Un livre passionnant! L'écriture est fluide, le sujet est pertinent. Même si certains des courants de pensée et de pratique présentés par l'auteur sont marginaux (comme les extropiens), ils méritent d'être mis en lumière. D'autres courant, comme celui que les pharmaceutiques dirigent, sont d'autant plus inquiétants à travers le prisme que propose l'auteur. Ce prisme a ses défauts : d'une part, l'auteur semble avoir un parti pris contre les posthumanistes, du moins les plus excentriques d'entre eux. D'autre part, il évite la plupart du temps de traiter d'un des outils d'éducation les plus puissants : la fiction. La littérature de science-fiction est à peu près occultée de son essai, alors qu'il s'agit d'un puissant outil pour guider l'humanité dans ses multiples évolutions. Somme toute, une lecture fort instructive que je recommande à tous les adultes ou adolescents du 2e cycle du secondaire.

Un excellent livre, avec un auteur lucide qui résume bien une pensée que je souhaite qui soit connue du plus grand nombre de québécois possible. C'est un livre que je vais certainement acheter pour donner en cadeau. J'aurais souhaité que la fin soit plus étoffée. L'auteur saute plusieurs passages. Il me semble que le film était plus intéressant au niveau de la fin (avec un début moins fort que le livre). La plume est fluide et l'auteur va droit au but. Certains dialogues résonnent de la voix de l'auteur plutôt que de celui du personnage, mais les propos sont lucides, aussi je lui en ais pas tenu rigueur. Une telle lecture, épurée et dynamique. fait du bien, surtout après avoir lu plusieurs classiques littéraires aussi lourds qu'une exposition du 19e siècle à l'italienne. Oui, tout a été écrit, mais je connecte pas mal plus avec une plume nerveuse comme celle de Biz qu'avec les histoires décousues des auteurs romains (Ovide, *gros soupir*...) ou grecs.

La qualité de ce livre, c'est d'être concis, fluide et de se lire rapidement. Par contre, j'ai été surpris que l'éditeur publie un livre contenant le mot « histoire » dans le titre. L'auteur ne s'en cache pas, car il affirme en début d'ouvrage : « J'ai une conscience aïgue de tout ce que j'ai omis; dans les pages qui vont suivre, de nombreux aspects essentiels demeurent intouchés. De la même façon, je sais que mes généralisations à l'emporte-pièce et mes affirmations d'une simplicité trompeuse font violence aux subtilités d'une historiographie élaborée au fil des générations. ». À titre personnel, si j'ai évité le champ de l'histoire dans mon parcours pédagogique, c'est précisément parce qu'il commande un degré d'objectivité que je n'arrivais pas à atteindre. Or, je retrouve dans ce livre tout ce qui m'a été reproché les rares fois où je me suis essayé à l'écriture de l'histoire : de la passion, de la subjectivité, des adjectifs, des qualificatifs et des adverbes en guise de commentaires, de point de vue, d'appréciation personnelle. L'auteur a clairement rédigé ici un pamphlet politique, à partir duquel il soutient la vision et les vertus d'un Canada fluide, mouvant, vivant la trame du « masque du changement », tentant d'en dresser un portrait unique, différent de celui des autres nations. J'avoue que je n'ai pas compris ici l'intention de l'auteur : à ma connaissance, la plupart des pays du monde ont vécu des changements significatifs. Le fait que ceux-ci se soient produits sur 500 ou 2 000 ans ne fait pas du Canada un pays si spécial par rapport aux nations européennes, ça ne fait que refléter l'accélération du développement de la société humaine en général. Ce qui m'agace dans la mission de l'auteur, c'est cette tentation à survoler les choses et à louanger le changement. Même s'il explique l'origine et le pourquoi des choses, les changements culturels, démographiques, linguistiques, sociaux et autres semblent lui apparaître comme étant inévitables et heureux. Selon lui, la « majorité silencieuse » est satisfaite des changements et s'adapte à tout. Or, dans sa présentation, des préférences nettes apparaissent : les premières nations, d'une part, et la population anglophone, de l'autre. Il dissémine dans son ouvrage quelques commentaires disgracieux à l'égard des français et, en général, explique assez peu les raisons qui expliquent les choix politiques des québécois et des canadien-français. En ce sens, un tel ouvrage ne peut à mon avis que contribuer à désinformer son lectorat, et donc augmenter la fracture entre les anglophones et les francophones au Canada, accentuant la nécessité pour le Québec de trouver sa propre voie.