Fin des mots (La)

Il n’y a pas de rédemption possible dans les mots, aucun salut qui soit définitif. Nous avons
beau les ériger comme autant de murs autour de nous, même en les multipliant ils demeurent un
refuge passager, condamné à l’oubli. C’est dans la mort et le silence qu’ils trouvent leur
propre finitude, mais aussi leur véritable finalité, leur fin qu’eux seuls pourtant peuvent
dire, avant que tout ne soit rendu. C’est « l’horizon des événements », ce point aveugle « où
les murs se terminent », où un autre monde s’entrouvre avec ces mots mêmes qui, en
disparaissant, en éclairent les limites.