Jean-Daniel-Abraham Davel

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À propos du livre

«Patriote sans patrie». Terme violent. Toutes les lettres du temps désavouent
Davel, avec une rare unanimité. On croyait avoir cité les plus terribles. Il en est
encore, écrite par les Quatre Paroisses de La Vaux. Ici, la dernière excuse tombe :
Davel a travaillé là, fait le bien là, aidé chrétiennement les humbles là, servi là
cette petite société. On lui a demandé plusieurs fois d'être parrain. On a eu
recours à sa bourse. On a fait appel à sa bienveillance. On écrit maintenant :«Les châtelains et banderets commis des Quatre Paroisses de La Vaux, vos
très humbles et obéissants sujets prennent la liberté de témoigner à Vos
Excellences l'amère douleur et mortifiant chagrin que leur a causé et que leur
cause encore le séditieux et extravagant projet du major Davel qui a donné lieu et
occasion à Vos Excellences de douter de la fidélité de leurs plus zélés sujets.»Pénétrés comme ils sont d'une vive douleur, qu'il soit sorti du milieu d'eux
un indigne et malheureux sujet qui par une ingratitude la plus noire et une
perfidie la plus exécrable ait osé former un si odieux attentat contre l'heureux et
doux gouvernement de Vos Excellences sous lequel lesdits humbles exposants ont
le bonheur de vivre, ils supplient très humblement Vos Excellences de regarder la
marche de leurs compagnies comme une marque de leur prompte obéissance et
leurs ordres secrets que ce malheureux... leur donnait assuré d'avoir en mains.»On a voulu dire, encore, que le discours du pasteur de Saussure avait été
courageux. C'est un morceau de rhétorique habile, où il est clairement expliqué
au peuple que la rébellion est un crime, que ce criminel Davel a de grandes
excuses parce qu'il avait de bonnes intentions, mais enfin, le thème est là : «Il y a
telle voie qui paraît droite à l'homme et dont les issues conduisent à la mort.»
Autant nous dire, en peu de mots, que ce criminel est un illuminé que l'on excuse
par sa folie même, et qu'un pasteur, payé par Berne, était un fonctionnaire
comme un autre, produisant de l'éloquence, et peu sensible aux vérités
spirituelles.Davel, seul. - On regarde, on cherche, on en revient toujours là. Davel était
seul. Il était venu seul, à cette évolution spirituelle qui l'engagea dans cette
entreprise bien vaine, il a vécu seul, il est mort seul. Un signe, peut-être : cette
tête qui disparaît, la nuit même, et que remplace le quatrain bien connu :Passant, qui que tu sois ! voici l'illustre placeOù le brave Davel, d'une héroïque audacePour avoir chatouillé notre ours un peu trop fortPar un coup de sa patte a terminé son sort.Mais c'est encore un trait de ce peuple, de donner à une juste protestation la
forme d'une raillerie, et d'oser de nuit, ce geste, voler une tête qu'on n'a pas su
maintenir sur les épaules.Enfin, en terminant, je dirai pour justifier certains oublis de mon texte, qu'ils
sont volontaires. Par exemple, je ne pouvais parler des étudiants qui demandèrent
l'honneur de garder le Traître. Cela dispersait l'attention. J'ai fait rencontrer de
Crousaz à la descente de l'Escalier du Marché. Davel l'avait rencontré plus
haut. Le mouvement d'intérêt poétique me forçait à faire jaser le merle avant
le délateur.

Éditeur : B CAMPICHE
Collection : Campoche
Paru le 14 février 2013
ISBN 9782882413109

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