En amour comme en politique, on avance masqués pour ne pas perdre son âme ou son innocence.
Et parfois, on perd les deux. «Je suis la fille ô combien légitime du père de la Nation, mais
je n'existe pas. Officiellement, du moins. Je suis une enfant laissée en friche depuis sa
naissance par un père sans coeur. Ma mère préfère oublier qu'elle s'est un jour accouplée à
notre héros national dans un mariage raté qui a duré à peine le temps d'une grossesse, me
laissant orpheline de père, comme une bâtarde. Jeune, si je lui demandais pourquoi je n'avais
pas de papa, elle devenait évasive. Sujet tabou. Encore aujourd'hui, elle n'aime pas évoquer
cette paternité, comme si mon père appartenait au royaume des morts. Pourtant, il est bien
vivant et s'accommode fort bien de cette omerta sanctionnée par le double secret de famille et
d'État. Moi, pas.» Ainsi débute le roman de Pierre Godin, qui nous entraîne dans un pays
imaginaire dont l'histoire en pics et en creux ressemble à s'y méprendre à celle du Québec
moderne avec ses moments de grâce, ses tragédies, ses joyeusetés et ses protagonistes, tels
Vénus et Petrus, deux amants romantiques qui s'aiment passionnément, se déchirent, se
trahissent. Tout cela, au nom d'une patrie mythique difficile à nommer qui existe dans les
coeurs sinon dans la réalité.
En amour comme en politique, on avance masqués pour ne pas perdre son âme ou son innocence.
Et parfois, on perd les deux. «Je suis la fille ô combien légitime du père de la Nation, mais
je n'existe pas. Officiellement, du moins. Je suis une enfant laissée en friche depuis sa
naissance par un père sans coeur. Ma mère préfère oublier qu'elle s'est un jour accouplée à
notre héros national dans un mariage raté qui a duré à peine le temps d'une grossesse, me
laissant orpheline de père, comme une bâtarde. Jeune, si je lui demandais pourquoi je n'avais
pas de papa, elle devenait évasive. Sujet tabou. Encore aujourd'hui, elle n'aime pas évoquer
cette paternité, comme si mon père appartenait au royaume des morts. Pourtant, il est bien
vivant et s'accommode fort bien de cette omerta sanctionnée par le double secret de famille et
d'État. Moi, pas.» Ainsi débute le roman de Pierre Godin, qui nous entraîne dans un pays
imaginaire dont l'histoire en pics et en creux ressemble à s'y méprendre à celle du Québec
moderne avec ses moments de grâce, ses tragédies, ses joyeusetés et ses protagonistes, tels
Vénus et Petrus, deux amants romantiques qui s'aiment passionnément, se déchirent, se
trahissent. Tout cela, au nom d'une patrie mythique difficile à nommer qui existe dans les
coeurs sinon dans la réalité.