«Adolescent, il aimait se rendre sur le triage du Bourget
avec des camarades. Quand ceux-ci se contentaient de regarder
les wagons dévaler les bosses et les enrayeurs freiner les
bolides en posant sur la voie de petits sabots d'acier,
Guillaume, lui, jouait l'intrépide. Il choisissait un convoi sur
le point d'être expédié, se glissait dessous entre les bogies et
rampait d'un wagon à l'autre en écoutant, pendant les essais
de freins, les pièces de métal se plaquer contre les roues avec
fracas, pour enfin les lâcher. Le plus excitant, c'était de repérer
le moment où le train s'ébranlerait pour partir, et de
sortir de la voie in extremis. Les premières fois, Guillaume
roulait sur les accotements au plus petit choc de tampons.
Puis, avec l'expérience, il apprit à déceler l'instant exact où
tous les attelages étaient tendus et la locomotive sur le point
de tracter l'ensemble. Il sut alors comment sauver sa peau à
la seconde même où le train démarrait. La sensation qui suivait
était toujours délicieuse. Il se retrouvait sur le dos, la
respiration libérée, sur un tapis de mâchefer et d'herbe, tandis
que le convoi défilait à deux mètres en prenant de la
vitesse.»
«Adolescent, il aimait se rendre sur le triage du Bourget
avec des camarades. Quand ceux-ci se contentaient de regarder
les wagons dévaler les bosses et les enrayeurs freiner les
bolides en posant sur la voie de petits sabots d'acier,
Guillaume, lui, jouait l'intrépide. Il choisissait un convoi sur
le point d'être expédié, se glissait dessous entre les bogies et
rampait d'un wagon à l'autre en écoutant, pendant les essais
de freins, les pièces de métal se plaquer contre les roues avec
fracas, pour enfin les lâcher. Le plus excitant, c'était de repérer
le moment où le train s'ébranlerait pour partir, et de
sortir de la voie in extremis. Les premières fois, Guillaume
roulait sur les accotements au plus petit choc de tampons.
Puis, avec l'expérience, il apprit à déceler l'instant exact où
tous les attelages étaient tendus et la locomotive sur le point
de tracter l'ensemble. Il sut alors comment sauver sa peau à
la seconde même où le train démarrait. La sensation qui suivait
était toujours délicieuse. Il se retrouvait sur le dos, la
respiration libérée, sur un tapis de mâchefer et d'herbe, tandis
que le convoi défilait à deux mètres en prenant de la
vitesse.»