«Enfant, j'imaginais toujours que les vieux (cinquante
ans) avaient un net avantage sur moi. Leurs visages
aux cheveux qui viraient à l'argent, leurs yeux étoilés
jusqu'aux tempes, leurs corps faits, arrivés, me disaient
qu'ils avaient un contrôle absolu sur tout. Ils ne dépendaient
de personne, ils avaient le droit d'être heureux.
Je ne me doutais pas qu'ils pensaient à la mort, de plus
en plus souvent, et à la déchéance à venir, qu'ils
ne pouvaient pas faire semblant puisque le temps
leur disait tous les jours. Attention, je m'écoule,
ça ne s'arrêtera pas, jouis du bonheur que tu possèdes
encore. Est-ce que j'ai accumulé assez de bonheur
pendant la première moitié de ma vie ?»
Sur un ton direct et lyrique en même temps, Martin
Provost parle de son enfance et de son adolescence,
autour de trois faits majeurs : la mort accidentelle
de son frère, l'avortement de sa soeur et la découverte
de son homosexualité. Ces trois événements, traités
avec profondeur et simplicité, sont les échos d'un
naufrage familial, dont les survivants se débattent avec
cette conclusion impossible : personne n'est coupable.
On reconnaît ici la qualité du regard du cinéaste, attentif
aux exclusions, au sentiment de solitude que les êtres
sensibles peuvent éprouver, mais aussi aux ressorts
dont ils sont capables.
«Enfant, j'imaginais toujours que les vieux (cinquante
ans) avaient un net avantage sur moi. Leurs visages
aux cheveux qui viraient à l'argent, leurs yeux étoilés
jusqu'aux tempes, leurs corps faits, arrivés, me disaient
qu'ils avaient un contrôle absolu sur tout. Ils ne dépendaient
de personne, ils avaient le droit d'être heureux.
Je ne me doutais pas qu'ils pensaient à la mort, de plus
en plus souvent, et à la déchéance à venir, qu'ils
ne pouvaient pas faire semblant puisque le temps
leur disait tous les jours. Attention, je m'écoule,
ça ne s'arrêtera pas, jouis du bonheur que tu possèdes
encore. Est-ce que j'ai accumulé assez de bonheur
pendant la première moitié de ma vie ?»
Sur un ton direct et lyrique en même temps, Martin
Provost parle de son enfance et de son adolescence,
autour de trois faits majeurs : la mort accidentelle
de son frère, l'avortement de sa soeur et la découverte
de son homosexualité. Ces trois événements, traités
avec profondeur et simplicité, sont les échos d'un
naufrage familial, dont les survivants se débattent avec
cette conclusion impossible : personne n'est coupable.
On reconnaît ici la qualité du regard du cinéaste, attentif
aux exclusions, au sentiment de solitude que les êtres
sensibles peuvent éprouver, mais aussi aux ressorts
dont ils sont capables.