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Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Chronique de la dérive douce

Par Dany Laferrière
(4,0)
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« Les gens ne semblent pas se rendre compte qu’il y a un nouveau prince dans cette ville même si je ne suis qu’un clochard pour l’instant. » Dany Laferrière vient de débarquer à Montréal dans la fièvre des Jeux Olympiques de l’été 1976. Il déambule dans les rues, prenant possession de la ville avec tous ses sens en alerte. Chroniques de la dérive douce restitue ces sensations inédites qu’éprouve tout nouvel arrivant. La drague, le climat, le travail, le voisinage, la politique mais aussi la littérature, Laferrière enrobe ses réflexions philosophiques dans de courts poèmes sans rime ni raison, au gré de ses errances et de ses coups de cœur. Un texte qui, au premier abord, peut se lire trop rapidement, mais qu’on aurait tort de ne pas savourer tranquillement. Prendre le temps, se bercer dans ses phrases au rythme décousu, c’est bien le meilleur que peut nous souhaiter Dany Laferrière, l’écrivain qui allie l’art de la paresse au beau geste.
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Toutes les familles heureuses

Par Hervé Le Tellier
(4,0)
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« Toutes les familles heureuses se ressemblent; chaque famille malheureuse l’est à sa façon. » Une citation de Tolstoï, tirée de son roman Anne Karénine, donne le ton à ce récit autobiographique incisif et caustique. Hervé Le Tellier traque souvenirs et vérité au cœur d’une enfance enveloppée de désamour et de mensonges. Fils unique d’un père qui l’a tôt abandonné et d’une mère dépressive et inadéquate, le petit Hervé s’attache d’abord à ses grands-parents maternels. Au remariage de sa mère, on lui donne le patronyme de son beau-père, occultant ainsi à jamais le lien biologique paternel. Le constat final est d’une implacable lucidité : « Il y avait chez mon beau-père trop peu de père, chez mon père pas de père du tout et chez ma mère trop de faux et d’amour malade. » L’auteur s’interroge sur la solidité des liens du sang et ébranle solidement le concept de la famille comme lieu de refuge. J’ai pensé à Sorj Chalandon et à bien d’autres, malmenés par l’incompétence parentale. Heureusement, est arrivé le dernier chapitre, pacificateur, un baume appliqué sur tout le reste. J’ai parcouru ce texte avec une certaine fébrilité et même si Le Tellier tente d’y insérer un peu d’humour, j’ai souvent eu le cœur serré.
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Nuits appalaches

Par Chris Offutt
(4,0)
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« Les Tucker étaient des gens bien qui n’avaient pas eu de chance, comme beaucoup de familles des collines. (…) Les problèmes leur tombaient dessus comme un vent oblique en hiver. » Mariés à 18 et 15 ans en 1954, Tucker et Rhonda ont cinq enfants et un autre en route dix ans plus tard. De la fratrie, seule Jo, sept ans, est autonome, les autres souffrant d’hydrocéphalie ou de retard mental. Talonnés par les services sociaux pour négligence parentale, le couple demeure soudé malgré tout. À la suite d’un arrangement avec son employeur, le bootlegger du coin, Tucker se fait coincer par les hommes du shérif et se retrouve en prison. À sa sortie en 1971, plus rien ne compte que de retrouver sa famille et récupérer la somme d’argent convenue auprès de Beanpole. Un roman campé au pays des hillbillies, dans le Kentucky rural et à la frontière de la Virginie occidentale, au creux des vallons où le soleil atteint difficilement les cambuses construites avec les moyens du bord. Chris Offutt a choisi de raconter son histoire sans peser sur le misérabilisme ambiant, offrant de ce fait un récit juste assez haletant pour que l’on ait envie de continuer. Un style concis au service de personnages réalistes et d’une intrigue qui se tient. Tout y est pour passer un bon moment de lecture!
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Le secret de l'empereur

Par Amélie Bourbon Parme
(4,0)
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« D’une pièce à l’autre, il n’y avait plus qu’un homme prénommé Charles. Un vieux chevalier occupé à traquer les derniers vestiges de son règne, les traces de cette autorité qui traînait encore sur les murs, sous les tapis et les objets qu’il avait possédés. » Cet homme, c’est Charles Quint, empereur romain germanique régnant sur plusieurs royaumes, duchés et provinces depuis plus d’une vingtaine d’années. En octobre 1556, il s’arrache à son empire en organisant son abdication en faveur de son frère Ferdinand et de son fils Philippe, pour les territoires espagnols. En route pour le monastère de Yuste en Estrémadure, où il souhaite terminer ses jours dans le recueillement et le rachat de ses péchés, Charles emporte avec lui, en plus d’une suite d’une centaine de serviteurs, une étrange horloge noire qui, au lieu de donner l’heure, laisse entrevoir des secrets liés à l’astronomie. Un objet peu orthodoxe dans un lieu tel qu’un monastère soumis aux lois de l’Inquisition. L’ancien empereur, subjugué et envoûté, fera tout pour en percer le mystère, avant de quitter le monde pour toujours. Une ambiance feutrée règne dans les pages de ce roman historique superbement bien écrit. On suit au plus près les réflexions d’un monarque vieillissant et malade qui, de son lit à baldaquin ou dans sa chaise à porteur, finit de régler ses comptes avec son long règne. C’est un exercice de style réussi que de faire revivre aussi précisément et consciencieusement la fin de vie d’un empereur aussi illustre. J’ai été charmée par le ton et par le propos qui se situe au-delà des batailles et des conquêtes relatées par l’Histoire. Un roman qui se savoure lentement…
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La marche de Radetzky

Par Joseph Roth
(3,0)
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« Toutes ces marches se ressemblaient comme des soldats. Pour la plupart, elles commençaient par un roulement de tambour, comportaient un air de retraite aux flambeaux, au rythme accéléré pour les besoins de la marche militaire, un sourire éclatant des gracieuses cymbales et s’achevaient sur le tonnerre grondant de la grosse caisse, ce bel orage de la musique militaire. » Sur l’air de la Marche de Radetzky, pièce instrumentale de Johann Strauss père, qu’il écoutait enfant, Charles-Joseph von Trotta, sous-lieutenant des uhlans de l’empire vieillissant austro-hongrois, aurait ardemment souhaité s’illustrer sur les champs de bataille, à l’instar de son grand-père Joseph Trotta, un paysan slovène. En 1859, à Solferino lors de la campagne d’Italie, ce dernier sauva effectivement la vie de l’empereur François-Joseph 1er d’un tir mortel, ce qui lui valut sur-le-champ un anoblissement inespéré. Mais en temps de paix, difficile de s’épanouir dans l’armée. Dépendance au jeu, alcoolisme, amours adultérines, le petit-fils s’ennuie et se divertit comme il peut, loin de la surveillance de son père François, préfet d’une petite commune. « À travers les jalousies vertes, le soleil dessinait de minces rayures sur le tapis grenat. Une mouche bourdonnait, l’horloge faisait tic-tac. » L’empire multiforme incarné par son vieil empereur vivait sans le pressentir ses derniers instants avant le déclenchement de la Grande Guerre et c’est dans ce contexte particulier que Joseph Roth a campé son récit. L’histoire d’une famille liée aux Habsbourg par un acte héroïque qui pèsera obstinément sur la génération suivante. La Marche de Radetzky, c’est une lancinante progression vers l’anéantissement d’un monde connu, l’éclatement d’un empire cerné par le progressisme et les mouvements révolutionnaires émergeants. C’est à Stefan Zweig que j’ai pensé après avoir refermé ce roman. Principalement pour l’intense nostalgie émanant du texte et pour l’implacable sentiment de perte liée au changement.
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Petite Madeleine

Par Philippe Lavalette
(4,0)
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On pourrait dire que la famille Barbeau-Lavalette recherche dans sa généalogie une continuité et un sens à l’existence. Manon Barbeau avait débuté cette quête avec son documentaire Les enfants du Refus global dans lequel elle questionnait, entre autres, les intentions artistiques de son père, le peintre Marcel Barbeau, suivie par sa fille Anaïs Barbeau-Lavalette retraçant le parcours de sa grand-mère disparue, l’artiste Suzanne Meloche dans La femme qui fuit. Philippe Lavalette quant à lui, avec Petite Madeleine, se tourne vers les origines obscures de sa grand-mère maternelle, abandonnée à la naissance et devenue pupille de l’État français. « J’ai toujours pensé que certains de mes gestes étaient le prolongement de ta pensée et de tes désirs. » Un retour émouvant et nostalgique sur les premiers pas d’une aïeule née en 1909 et qui a fait son chemin malgré un départ des plus hasardeux. Le ton est donné dès les premières phrases, le récit sera enveloppé d’amour et de tendresse. L’auteur évoque avec brio les quartiers parisiens de l’époque picturale des Picasso, Modigliani, Foujita, Derain et consorts avant de poser son regard sur bébé Madeleine, laissée par sa mère devant la porte de la logeuse et recueillie par une âme charitable, Madeleine Fargeau, modèle préféré des plus grands peintres du moment. Une vie reconstituée dans ses moindres détails parce qu’occultée pendant de nombreuses années. Un exercice admirable à tous les niveaux et que l’on souhaiterait pouvoir reproduire pour soi. Je compte bien lire dans la même veine, le dernier récit de Philippe Lavalette, Marchand de Quatre-Saisons.
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Lecteur de cadavres (Le)

Par Antonio Garrido, Nelly Lhermillier et Alex Lhermillier
(4,0)
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« Un foyer fort est celui que soutient un père courageux, une mère prudente, un fils obéissant et un frère obligeant. » Song Cí se souvient de la maxime paternelle mais, par un étrange et funeste destin, sa famille n’a pu l’observer assez longtemps, éclaboussée par la condamnation à mort du frère aîné accusé de meurtre, et ultimement décimée dans un incendie de la maison familiale. Avec sa petite sœur survivante, Troisième, Cí quitte alors son village et entreprend une quête personnelle qui le mènera à Lin’an, où il compte reprendre ses études interrompues vers la judicature. C’est ce chemin parsemé de difficultés et de pièges qu’il nous est donné de parcourir avec notre pugnace héros. Sur plus de six cent pages d’immenses revers et de petites victoires, Cí devra tirer son épingle du jeu au sein de la société chinoise médiévale, codifiée à l’extrême. C’est d’ailleurs ce dernier aspect du récit qui m’a le plus captivée, l’intrigue en elle-même s’avérant lassante par une suite d’incessants revirements dont on ne voit malheureusement plus la fin jusqu’à la toute dernière page. Antonio Garrido s’est documenté avec rigueur pour pondre ce roman historique décrivant les origines de la médecine légale et les avancées techniques sous la dynastie Song. Ce côté didactique est judicieusement renforcé par un glossaire et une liste bibliographique de laquelle Garrido a puisé un réalisme puissant allié à un imaginaire foisonnant.
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L'atelier des miracles

Par Valérie Tong Cuong
(3,0)
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L'Atelier, une association venant en aide aux personnes vulnérables, semble opérer des miracles. Son directeur, Jean Hart, se dévoue inlassablement auprès de sa clientèle qu'il choisit avec ce qu'il semble être un discernement à toute épreuve. Ainsi en va-t-il pour Millie Becker, une intérimaire ayant tout perdu dans un incendie, Monsieur Mike, un itinérant roué de coups et Mariette Lambert, une enseignante à bout de nerfs. Tous les trois se retrouvent sous la coupe bienveillante de Jean à qui tout réussit et qui parvient à les propulser vers le renouveau tant attendu. Tout est bien qui finit bien? Cette trop belle histoire cache-t-elle en son sein des replis plus sombres? Un récit à trois voix dont l'intérêt ne se démentit pas jusqu'au dénouement mais auquel il manque un léger supplément d'âme. Ni wow ni bof, mais trois bonnes étoiles et donc, une moyenne respectable.
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Je ne suis pas là

Par Lize Spit
(5,0)
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« Il était bien plus que mon havre dans la tempête, il était ces milliers de ridules formées dans le sable par la marée ou les courants et qui permettaient de marcher sur la plage pendant des kilomètres sans se mouiller les pieds en une seule fois. » Léo et Simon s’étaient trouvés et leur vœu commun d’une histoire d’amour durable s’est peu à peu évaporé au cours de l’année 2018. Et lorsque le récit débute en février 2019, le lecteur ignore dans quel maelström la narratrice l’entraîne à sa suite. Une course contre la montre s’engage dont on ne peut encore mesurer toute la teneur et qui s’apparente à un combat effréné d’une femme aimante et protectrice envers son amoureux aux prises avec les spectres de la maladie mentale. Oppressant et émouvant, ce texte peut se lire d’une traite comme un thriller, mais pour ceux et celles qui ont déjà connu ou vécu une telle situation, Je ne suis pas là se prend comme un coup de poing en plein ventre. J’avais beaucoup aimé le premier roman de Liz Spit, Débâcle, mais celui-ci est encore plus percutant. Je lui accorde donc cinq étoiles pour la maîtrise de la structure, de la narration et pour ses personnages crédibles et convaincants. Une autrice dont il ne faudra pas manquer les prochains romans!
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Le pays du passé

Par Georgi Gospodinov
(4,0)
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À la toute fin de son roman, l’auteur « remercie tous ceux qui s’assiéront, un après-midi, dans l’abri-temps de ce livre. » C’est exactement ce que j’ai ressenti à la lecture, un véritable voyage dans le passé, du plus personnel au plus englobant, celui de la grande Histoire. De l’épidémie des troubles liés à la maladie d’Alzheimer et aux démences dues à la vieillesse, Guéorgui Gospodinov en a tiré un roman fascinant et troublant. Gaustine, un psychiatre gérontologue, ami du narrateur, a l’idée de créer des cliniques où faire revivre le passé pour des personnes atteintes du grand oubli lié à l’âge. Toutes les décennies du XXe siècle y seraient représentées selon les besoins. Rassurants et réconfortants, ces lieux, « abris antibombes du passé », obtiennent rapidement un succès tel, que même des États entiers souhaitent revenir en arrière dans une période plus propice afin de sécuriser du même coup une population entière. Ici, point de machine à remonter le temps sophistiquée ni de stratagèmes alambiqués, l’être humain se suffit à lui-même. Gospodinov se raconte aussi à travers ce récit hallucinant qui nous confronte à notre propre décrépitude et à celui, plus large, de la planète. Et ne craignez pas que la lourdeur du thème pèsera sur votre lecture car l’humour y a aussi sa place.
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Le cercueil de Job

Par Lance WELLER
(4,0)
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L’une cherche au ciel, dans sa fuite éperdue, la constellation du Cercueil de Job tant de fois évoquée par son père et l’autre convoque avec fatalisme sa mauvaise étoile, celle sous laquelle il est né, causant du même coup la mort de sa mère et la haine de son père. Bell Hood, une esclave de seize ans et Jeremiah Hoke, un soldat confédéré, se sont connus autrefois sur la plantation de Locust Hall dans le Mississippi, mais pas du même côté de la clôture. La Guerre de Sécession, dans toute son horreur et sa cruauté, viendra sceller leur sort au plus fort d’une bataille sanglante, celle de la prise du fort Pillow le 12 avril 1864. Un roman de chair et de sang qui en dit long sur la grande déchirure des États-Unis survenue au XIXe siècle avec la question de l’abolition de l’esclavage. Lance Weller décrit avec une impitoyable exactitude le lancinant chemin de croix parcouru par celles et ceux qui osaient secouer leurs chaînes, en plus de décrire au plus près de la réalité, les atrocités d’une guerre civile sans pitié. L’auteur a su intégrer cependant quelques îlots de bonté humaine dans un récit dur et intolérable par moments. Nul doute que ce titre ira se loger une place de choix dans ma liste Grande Noirceur.
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Olive, enfin

Par Elizabeth Strout
(4,0)
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Je n’ai pas ressenti la nécessité de lire auparavant le roman Olive Kitteridge, ayant regardé, entre-temps, la mini-série avec la fabuleuse Frances McDormand dans le rôle-titre. Alors, lorsque Elizabeth Strout a imaginé une suite à son personnage fétiche, je n’ai pu résister à l’envie d’en connaître la teneur. Olive, enfin, explore et expose le quotidien de quelques habitants de la petite ville de Crosby dans le Maine, tous des connaissances d’Olive. Celle-ci, désormais veuve, fréquente Jack Kennison, un veuf de soixante-quatorze ans, tous deux comblant ainsi leur solitude devenue étouffante. Le roman dévoile aussi la partie cachée de la vie de certains couples âgés ainsi que de leurs secrets de famille longtemps tus. Un panorama sur les conditions liées au vieillissement de la population dans nos sociétés occidentales porté par l’humour particulier et la langue acérée d’Olive Kitteridge. J’ai tellement aimé que je me dois de lire le premier volet!
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Ordesa

Par Manuel Vilas et Isabelle Gugnon
(3,0)
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« Avant de devenir Un humain appelé Vilas Il a été un silence cosmique. Avant de devenir L’homme le plus grand de mon enfance C’était un inconnu Maître de notre vérité, il l’a emportée très loin Les morts attendent notre mort s’ils attendent quelque chose. Je trinque à ton mystère. » Manuel Vilas tente de percer, dans ce récit autobiographique qui touche à l’universel, le brouillard, parfois opaque, entourant les pères et les mères. À l’aube de la cinquantaine, l’auteur part sur papier à la recherche de ses entités parentales, le père, ancien voyageur de commerce mort en 2005 et la mère, femme au foyer, morte en 2014. En de brefs chapitres, l’auteur convoque ses souvenirs d’enfance, s’ingéniant à restituer un passé depuis longtemps révolu à l’aide d’objets, de photos et de contacts plus ou moins convaincants avec les survivants d’une famille disloquée. À de nombreuses reprises, son propos a trouvé écho dans mes réflexions sur la mort et le deuil des proches parents. Fuyant ostensiblement les enterrements rapprochés d’une parentèle de plus en plus éloignée, Manuel Vilas, nouvellement divorcé, s’interroge aussi sur le sort qui l’attend dans la vieillesse et sur l’intérêt que ses enfants lui porteront avec le temps, le confrontant ainsi à sa propre déficience en tant que fils. Le texte agit comme un miroir et l’on ne peut que se projeter dans ce récit hautement triste et touchant. J’accorde trois étoiles à cet ouvrage qui a malheureusement basculé trop souvent dans la répétition.
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Les affligés

Par Chris Womersley
(3,0)
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« (…) les hommes ne sont rien, une fois jetés dans l’engrenage de l’Histoire. » Pour Quinn Walker, c’est une vérité qui s’est vérifiée à maintes reprises dans sa vie. Fuyant la scène du crime de sa petite sœur dont on le tient responsable, l’adolescent sous le choc quitte sur-le champ sa famille affligée et s’enrôle dans les rangs de l’armée australienne pour aller combattre en terre étrangère. Cet épisode de la Première guerre mondiale le marquera à jamais et de retour dans son village natal en 1919, la figure et le moral fracassés, Quinn cherchera à venger sa sœur Sarah, le meurtre de cette dernière n’ayant jamais véritablement été éclairci. Le personnage principal impose sa vision du déroulement de l’histoire, une vision cependant troublée par des symptômes de stress post-traumatique et hantée par les souvenirs de plus en plus flous de son ancienne vie. L’auteur parvient à faire ressentir au lecteur toute la douleur et le désarroi inhérents à celui qui doute et qui ne peut obtenir le pardon de sa famille, tous le croyant disparu à la guerre. Seule la mère, sur son lit de mort, reçoit ses confidences, ainsi qu’une fillette orpheline, recluse dans la forêt, à l’image de sa sœur bien-aimée. L’intrigue, enchâssée dans un contexte historique fort bien rendu, pèche toutefois par le côté moins abouti de certains personnages secondaires et par une finale abrupte qui laisse en plan des aspects du récit dont j’aurais apprécié un plus ample développement.
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Le monde se repliera sur toi

Par Jean-Simon DesRochers
(4,0)
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Jean-Simon DesRochers aime transposer ses personnages dans des espaces-temps et des lieux divers, aux prises avec un quotidien banal. Avec Le monde se repliera sur toi, DesRochers s’ambitionne et déploie son intrigue sur plusieurs continents, sur fond de terrorisme écologique et d’enjeux planétaires. Y dénombrer la foule d’acteurs qui se côtoient ou se frôlent dans ce récit échevelé, s’avère tout bonnement périlleux. Chaque chapitre succinct amène sur la scène de brèves performances d’êtres humains ordinaires qu’une suite d’événements en chaîne fera converger, sur une période de quatre mois, vers un point de bascule. Une idée audacieuse mais qui n’est pas parvenue à me toucher ni à me convaincre. Je continue cependant à suivre cet auteur car j’apprécie son style littéraire et son imagination. Il possède un art de raconter bien spécifique et qu’on ne peut lui dénier. Il faut lire, pour s’en persuader, La canicule des pauvres ou le diptyque Les années noires.