ÉB
Élaine B.
Intérêts littéraires : Biographies, Littérature, Voyages, Psychologie

Activités de Élaine B.

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Sa Majesté des mouches

Par William Golding
(3,5)
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Ce roman, paru en 1954, et devenu culte depuis, il me fallait le lire. J’en avais retardé la lecture, le croyant destiné à un lectorat jeunesse. Si la prose s’avère de fait assez épurée, le thème en revanche est intemporel. Qu’arrive-t-il lorsque le vernis de la civilisation dont nous sommes enduits en arrive à disparaître dans des circonstances extrêmes. Comme lors d’un naufrage sur une île déserte. William Golding s’en inspire dans Sa Majesté des mouches pour raconter l’ensauvagement d’un groupe d’enfants laissés à eux-mêmes sur un atoll tropical à la suite d’un écrasement d’avion. Les circonstances de l’accident restent floues à dessein tandis que l’accent est mis sur la manière de vivre ensemble instaurée par les enfants. Un chef est élu, Ralph, douze ans, auquel tous se rallient dans la foulée, jusqu’au schisme prévisible. Un texte qui a dû faire son effet lors de sa sortie même si l’auteur a usé d’une certaine pudeur dans sa narration. L’absence de temporalité et parfois de vraisemblance ne m’a pas gênée. Un dénouement adéquat et tout à fait inattendu est venu conclure cette histoire glauque que je n’oublierai pas de sitôt.
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Les Nétanyahou

Par Joshua Cohen et Stéphane Vanderhaeghe
(4,0)
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Nétanyahou, un patronyme qu’on associe immédiatement à Benjamin, le Premier ministre d’Israël, de surcroît associé à un titre de roman, la piqûre de la curiosité avait déjà fait son effet. Sur la base d’une anecdote véridique glanée par Joshua Cohen auprès d’un ancien professeur à la retraite, le roman s’articule autour du séjour de Ben-Zion Nétanyahou et de sa famille dans une petite ville du nord de l’État de New York en 1959. Sollicitant un poste de professeur d’histoire à l’université de Corbindale, Nétanyahou, imbu de sa personne et de ses connaissances sur la judéité au Moyen Âge, ne cache pas son caractère aigri et ses mauvaises manières à son hôte, Ruben Blum, le narrateur de l’histoire. Ce pauvre Blum, chargé du poids de la famille (l’épouse Tsila et les enfants Jonathan, Benjamin et Iddo), regrette bientôt sa générosité lorsqu’il voit sa femme Edith en pâtir et sa fille Judith en connaître les excès. Le ton irrévérencieux bouscule joyeusement les thèmes sérieux abordés. Malgré quelques passages didactiques un peu assommants, j’ai beaucoup apprécié ma lecture. L’idée à l’origine du roman constitue en fait sa plus grande force. Joshua Cohen a su l’utiliser au mieux et sa prose a fait le reste. Un prix Pulitzer amplement mérité.
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L'usure d'un monde

Par François-Henri Désérable
(4,33)
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Un voyage en Iran retardé à cause de la pandémie s’est transformé en voyage à haut risque lorsqu’à la fin de 2022 François-Henri Désérable prend son vol à destination de Téhéran. En dépit des mises en garde qu’on lui fait en haut lieu, l’écrivain se sent prêt à s’immiscer au sein d’une population encore mal remise de la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme qui manifestait contre le port du hidjab avant d’être arrêtée, emprisonnée et rouée de coups. Un contexte explosif pour le projet initialement prévu de « traverser l’Iran dans la roue d’un écrivain suisse », soixante-dix ans plus tard (Nicolas Bouvier (L’usage du monde). Quoi qu’il écrive, François-Henri Désérable a le don d’intéresser. J’aime sa prose vive et impertinente qui sert admirablement le récit. Voyager en solitaire comporte son lot d’imprévus et de contretemps, à plus forte raison au sein d’une dictature. Mais le comme le dit si bien l’auteur : « À quoi bon voyager, si ce n’est pour gagner quelques degrés d’indulgence? Chez soi, passé minuit, un vieillard dépenaillé qui soliloque sous vos fenêtres dans une langue incompréhensible, c’est un trouble à l’ordre public; en voyage, c’est du dépaysement. » L’ouvrage n’entre pas dans un exercice de comparaison entre ce qu’a vu ou vécu Nicolas Bouvier lors de son périple en 1953, bien avant la Révolution islamique de 1979. J’y vois plutôt un hommage à l’écrivain baroudeur et à tous ceux et celles qui osent sortir des sentiers battus pour aller voir ailleurs ce qui s’y passe.
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Apeirogon

Par Colum MCCANN
(4,33)
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2016 : un homme sur sa moto est en route vers un rendez-vous dont il ne sait quoi attendre ni espérer. Sa fille Smadar, treize ans, a été tuée en 1997 lors d’un attentat-suicide, sur une rue fréquentée de sa ville. Malheureusement fréquent en Israël. Un autre homme a vécu la même chose que lui. Il est Palestinien et a perdu en 2007 sa fille Abir, dix ans, atteinte par un tir de balle en caoutchouc derrière le crâne. Les deux vont se rencontrer au cours de cette réunion des Combattants pour la paix, des parents endeuillés des deux côtés du mur, Arabes et Juifs unis dans un seul but : apprendre à connaître l’autre et amorcer le dialogue. Comme sur cet autocollant apposé sur la moto de Rami « Ça ne s’arrêtera pas tant que nous ne discuterons pas. » C’est un livre admirable que je viens de terminer. Construit de plusieurs courts chapitres dont la numérotation bascule à son mitan, Apeirogon aborde de multiples sujets, phénomènes et faits historiques qui tournent en orbite autour du thème principal, celui de l’amitié improbable entre Rami l’Israélien et Bassam le Palestinien. J’ignorais, avant d’ouvrir cet ouvrage, de quoi il y serait question, car j’aborde toujours toute nouvelle publication de Colum McCann les yeux fermés. Cet auteur réinvente sans relâche son travail d’écriture, le peaufinant sans cesse et dans ce récit, il atteint des sommets dans la forme et dans le fond. Brûlant d’actualité, Apeirogon, devrait être lu par tous, inexperts et initiés confondus.
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Tous des loups

Par Ronald Lavallée
(4,0)
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« - Tu t’es porté volontaire? Vo-lon-tai-re? On te montre le trou du cul du Canada, tu lèves la main et tu dis : Moi, moi, envoyez-moi! - Je crois à la mission civilisatrice de la police. » 1914 : Matthew Callwood, vingt-quatre ans, constable de la Police royale du Nord-Ouest a été désigné comme le remplaçant de Suchenko, en poste depuis deux ans dans un petit village au Nord du Manitoba. Habité en majorité par des Cris, des Métis et quelques Canadiens-français, l’endroit est isolé et le climat y est rude. La contrebande d’alcool, le braconnage et quelques interventions ponctuelles auprès des soûlons violents et tapageurs occupent le quotidien de Calwood et de son adjoint, Harvey. À la recherche d’une mission pouvant l’élever au sein de sa hiérarchie, Callwood ressort des dossiers une affaire de meurtre familial, celle de Moïse Corneau qui aurait tué sa femme et son bébé et aurait pris la fuite après son emprisonnement. Dans un labyrinthe de marais et d’étangs et dans une course contre la montre avant que l’hiver ne s’installe, Callwood organise une battue à bords de canots afin de retrouver le fugitif. Une chasse à l’homme qui se transformera en véritable descente aux enfers pour l’équipe de traqueurs confrontés à une nature impitoyable. Ronald Lavallée est un auteur franco-manitobain que je découvre avec ce titre, suggéré par la revue Les Libraires. Un récit glacial sur la vanité des hommes et l’incompréhension mutuelle renforcée par les préjugés raciaux. Ce roman trouvera à coup sûr une place de choix dans ma liste Grande Noirceur.
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Tous des loups

Par Ronald Lavallée
(4,0)
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« - Tu t’es porté volontaire? Vo-lon-tai-re? On te montre le trou du cul du Canada, tu lèves la main et tu dis : Moi, moi, envoyez-moi! - Je crois à la mission civilisatrice de la police. » 1914 : Matthew Callwood, vingt-quatre ans, constable de la Police royale du Nord-Ouest a été désigné comme le remplaçant de Suchenko, en poste depuis deux ans dans un petit village au Nord du Manitoba. Habité en majorité par des Cris, des Métis et quelques Canadiens-français, l’endroit est isolé et le climat y est rude. La contrebande d’alcool, le braconnage et quelques interventions ponctuelles auprès des soûlons violents et tapageurs occupent le quotidien de Calwood et de son adjoint, Harvey. À la recherche d’une mission pouvant l’élever au sein de sa hiérarchie, Callwood ressort des dossiers une affaire de meurtre familial, celle de Moïse Corneau qui aurait tué sa femme et son bébé et aurait pris la fuite après son emprisonnement. Dans un labyrinthe de marais et d’étangs et dans une course contre la montre avant que l’hiver ne s’installe, Callwood organise une battue à bords de canots afin de retrouver le fugitif. Une chasse à l’homme qui se transformera en véritable descente aux enfers pour l’équipe de traqueurs confrontés à une nature impitoyable. Ronald Lavallée est un auteur franco-manitobain que je découvre avec ce titre, suggéré par la revue Les Libraires. Un récit glacial sur la vanité des hommes et l’incompréhension mutuelle renforcée par les préjugés raciaux. Ce roman trouvera à coup sûr une place de choix dans ma liste Grande Noirceur.
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Déboussolé

Par Yves Pelletier
(3,5)
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« Je suis un perdu, un fugitif, un bum, sans cœur et sans attaches. Un touche-à-tout qui ne prend jamais rien en main. Je n’ai pas l’étoffe d’un vrai écrivain, d’un vrai cinéaste, d’un vrai bédéiste. Je suis un cabotin. » Yves P. Pelletier, ex-membre du groupe d’humoristes RBO (Rock et Belles Oreilles), débute son récit autobiographique par son départ de la maison familiale en 1981. À vingt ans, billet ouvert en poche, sac au dos, il s’envole vers le continent européen, son Eurailpass comme sésame, avec en tête de perdre son pucelage. C’est le premier des nombreux voyages qu’il effectuera, toujours en revenant avec des amitiés et des amours nouvelles. Je me suis plu à reconnaître et à apprécier son humour décalé dans ses souvenirs d’enfant et de jeune adulte. Des confessions touchant à l’intime, déployées avec une certaine pudeur, se posent sur une carrière artistique plutôt échevelée. Le récit se termine en 1993 alors que l’auteur vient de rompre avec sa compagne et s’apprête à partir pour le Tibet. Tibet. Ayant le même âge que l’auteur, j’ai fait avec lui un voyage temporal fort agréable sur les ailes de la souvenance.
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Une datcha dans le golfe

Par Emilio Sánchez Mediavilla
(4,0)
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Emilio Sanchez Mediavilla a pris bien soin de taire sa véritable profession de journaliste à son arrivée au Bahreïn en 2014. Venu rejoindre son amoureuse Carla, dépêchée par son entreprise, Emilio séjournera deux ans à plein temps dans l’archipel formé de trente-trois îles, dont certaines gagnées sur la mer. En est sorti ce récit décousu mais fort instructif des us et coutumes d’un État méconnu. Tirant le plus gros de son économie des pétrodollars, le Bahreïn est gouverné par une monarchie constitutionnelle et sa société est divisée entre musulmans chiites et sunnites, ces derniers occupant les meilleurs postes. Une ségrégation basée sur le culte religieux gangrène le pays, en plus du racisme envers la main-d’œuvre étrangère occupant les petits emplois, en majorité d’origine asiatique. Un constat que l’auteur décrit chiffres et statistiques à l’appui. Outre les trois grands tabous du monde arabe (le sexe, la politique et la religion), la société bahreïnienne doit aussi vivre sous une dictature implacable que la famille royale s’ingénie à bien faire paraître aux yeux de la communauté internationale, mais dans les faits, l’emprisonnement arbitraire et la torture attendent ceux qui osent s’opposer au gouvernement. Un ouvrage court et condensé qui informe tout en divertissant, pimenté par les anecdotes du journaliste caché derrière celui qui raconte.
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Les abeilles grises

Par Andrei KOURKOV
(4,0)
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Sergueï Sergueïtch est un habitant de la guerre. Résidant en zone grise dans un village situé entre les séparatistes du Donbass et les soldats ukrainiens, son voisin Pachka et lui sont les derniers à y vivre encore, malgré les bombes et les restrictions de toutes sortes. Mais au début du printemps, Sergueï est fermement décidé à déménager ses six ruches vers un monde meilleur, loin des conflits qui ravagent sa terre. Un voyage qui le mènera en Crimée, rattachée depuis peu à la Russie, chez un confrère Tatar rencontré une vingtaine d’années plus tôt à un congrès d’apiculteurs. Une guerre fratricide vue à travers les yeux d’un citoyen ordinaire vaquant à ses occupations, s’inquiétant du bien-être de ses abeilles et cherchant le bonheur à sa portée tout en tentant d’éviter les tracasseries administratives découlant des soubresauts politiques de son pays. Andreï Kourkov prend bien le temps d’installer son récit au cœur d’un hiver interminable avant de le déployer sur des versants méridionaux printaniers, pour enfin le déposer dans un paysage baigné d’un été chaud et ensoleillé. Un parcours que l’on emprunte aux côtés du personnage principal et de ses abeilles, réputées pour offrir un sommeil réparateur lorsque l’on s’étend sur leurs ruches. « C’était comme se recharger d’une sorte d’électricité humaine. Cette électricité qui allume non pas les ampoules mais le regard de l’homme, et l’allume si bien qu’il voit plus loin qu’à l’ordinaire. » Kourkov a tiré une bien belle histoire d’un contexte plutôt dramatique, un texte tragi-comique qui en appelle à la solidarité humaine et à une vie meilleure.
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Justice divine

Par Michael Hjorth et Hans Rosenfeldt
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Ce qui fait la force de ce duo d’enfer : des intrigues policières originales, intéressantes et plausibles jumelées au développement psychologique des personnages principaux récurrents dans leur sphère personnelle et professionnelle. Dans ce sixième roman, les auteurs se sont permis quelques incursions dans les affaires précédentes, se disant possiblement que leur lectorat avait depuis longtemps digéré les premiers tomes et adopté l’équipe dirigée par l’inspecteur de la Criminelle de Stockholm, Torkel Höglund. Des chapitres courts agrémentés de nombreux revirements de situations, des dialogues efficaces et un style littéraire sans fioritures mais qui va droit au but, tels sont les ingrédients qui pimentent les polars de Fjorth et Rosenfeldt. Et que dire de leur aptitude à accrocher le lecteur à la toute fin… C’est tout simplement jouissif! Pas le choix de continuer avec le prochain, Ce qu’on a semé! Toute une addiction, mais qui fait du bien, celle-ci!
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Cent millions d'années et un jour

Par Jean-baptiste Andrea
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Stan, en bon paléontologue, a l’habitude de « penser en millions d’années ». Déformation professionnelle oblige. Alors, lorsqu’il entend raconter par l’intermédiaire d’une fillette qu’un squelette de dragon se trouverait encore caché aux yeux du monde dans une grotte logée au creux d’un cirque de montagnes, aucune hésitation possible. Il organise une expédition, le temps d’un été, afin de fouiller plus avant cette information qui ne repose sur rien de concret. « Un géant athée amoureux d’une déesse, un ancien séminariste ventriloque et un guide qui parle la langue oubliée des montagnes » l’accompagnent dans cette ascension vers les glaciers de la chaîne alpine, à la rencontre d’une créature venue des temps anciens. Le nom de Jean-Baptiste Andrea circule largement ces temps-ci et, avant de lire son dernier roman Veiller sur elle pour lequel il a reçu le prix Goncourt, j’ai voulu explorer son style en amont de l’ultime distinction littéraire. Et j’ai beaucoup aimé. Le récit explore toutes les facettes de son personnage principal, sans trop en dire mais en laissant voir, par ellipses. L’hiver n’a jamais été décrit plus poétiquement et suavement que dans ce roman alors que tout être l’ayant appréhendé dans sa chair peut en reconnaître toute l’ingratitude. Un texte à la fois beau et grave sur le combat d’un homme blessé dans son enfance et pour qui sa profession a comblé tous les manques.
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Défendre Jacob

Par William Landay
(4,0)
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Emprunté à la bibliothèque municipale, ce roman était en fait destiné à mon mari, féru de polars. Pour ma part, je n’en attendais pas grand-chose et il a patienté longtemps sur la pile avant que son tour ne vienne (pas mon mari, le roman…). Un pavé qui s’est avéré d’une facilité déconcertante à lire grâce à son intrigue assez tortueuse pour hameçonner quiconque s’intéresse aux affaires judiciaires. Andrew Barber, le narrateur et procureur adjoint de l’État du Massachussets raconte son passage tourmenté de l’autre côté du miroir, à la place qu’occupe un accusé, en l’occurrence son propre fils de quatorze ans, Jacob, soupçonné du meurtre d’un condisciple de lycée. À tort ou à raison, c’est ce que le lecteur découvre peu à peu, du premier jour de la découverte du corps dans un parc jusqu’à la réouverture du dossier quelques dizaines d’années plus tard. Outre tout ce qui entoure le judiciable, le roman questionne également la responsabilité parentale face aux actes posés par les enfants, à l’instar de ce jugement récent de culpabilité imposé à une mère par l’État du Missouri à l’égard de son fils, auteur d’une tuerie dans une école en 2021. Un roman policier addictif aux allures de drame psychologique, pimenté d’un dénouement totalement surprenant.
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La bibliomule de Cordoue

Par Wilfrid Lupano, Léonard Chemineau, Christophe Bouchard et Pascal Buresi
(4,66)
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Le livre est tout simplement splendide : reliure, couverture, couleurs, dessins, calligraphie, sans oublier le signet intégré. Et passé la première impression favorable, j’ai dévoré, mais en prenant mon temps, cette bande dessinée qui éclaire un pan de l’Histoire que, pour ma part, je ne connaissais pas. Le califat de Cordoue s’est établi sous Abd al-Rahman III au cours du Xe siècle, consolidé ensuite par son fils Al-Hakam II qui, à sa mort, en 976, fut légué à son fils de onze ans Hicham. Et c’est sous la gouverne du vizir Muhammad Amir, durant la minorité de Hicham, que s’amorce un changement brutal de régime. Les religieux et le vizir s’entendent alors pour resserrer les mœurs de la population en détruisant la quasi-totalité de la munificente bibliothèque longuement acquise par les émirs précédents. Seuls seront conservés les ouvrages référant au Coran et à l’islam en général. Un autodafé qui aurait, selon les historiens, duré plusieurs jours aux abords du palais. Tarid, le bibliothécaire eunuque, Lubna, la scribe esclave et Marwan, un touche-à-tout errant et ancien assistant de Tarid tentent de sauver les livres les plus importants du carnage en les empilant, sous le couvert de la nuit, sur le dos d’une mule rétive. S’amorce un périple des plus hasardeux que raconte magnifiquement Wilfrid Lupano au texte et Léonard Chemineau au dessin. Mises à part certaines expressions employées dans les dialogues qui m’ont semblé parfois trop modernes pour l’époque, j’ai résolument apprécié ma lecture. Une postface historique complète ce superbe album qui agrémentera assurément toute bibliothèque digne de ce nom.
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L'arbre du pays Toraja

Par Philippe Claudel
(3,5)
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« J’ai entrepris ce texte comme on espère reprendre une conversation interrompue, comme on tente de tisser un piège léger et invisible susceptible de capturer les voix et les instants perdus. » C’est d’un rituel pratiqué par un peuple indonésien, les Toraja, dont s’est inspiré le narrateur, un cinéaste, afin de surmonter le deuil de son meilleur ami et producteur. Un arbre dans le tronc duquel étaient déposés les corps des enfants morts trop tôt, assimilé ici à un récit servant de réceptacle à une amitié de longue date. La maladie, la vieillesse et ultimement la mort imprègnent chaque page de cette histoire que vient à peine troubler à la surface une idylle amoureuse entre ce narrateur d’âge mûr et une jeune femme, voisine d’appartement. Mais alors que le texte de Jean-Claude Grumberg (Jacqueline Jacqueline) pétillait d’humour, d’amour et de rêveries, celui de Philippe Claudel m’a littéralement frappée de plein fouet par son implacable lucidité, celle de la froide raison. Je n’ai pu faire autrement que de comparer ces deux ouvrages sur le même thème, celui de la finitude humaine, et d’en tirer ces brèves conclusions qui n’engagent évidemment que mon avis personnel.
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La promesse

Par Damon Galgut
(4,5)
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Une ferme en Afrique du Sud au sein de laquelle une famille va se disloquer peu à peu avec la mort de la mère Rachel en 1986. Dix ans plus tard, le père Manie meurt à son tour, puis d’une décennie à l’autre, comme en une sorte de rituel immuable, les deux plus vieux de la fratrie, Astrid, en 2005 et Anton en 2015, perdent aussi la vie dans des circonstances tragiques. La benjamine Amor survit à la fatalité et sur elle, repose la réalisation d’une promesse faite par la mère sur son lit de mort à l’égard de la domestique Salomé, une femme qui s’est dévouée à la famille depuis une quarantaine d’années. Damon Galgut, qui a remporté le Booker Prize en 2021 avec ce roman, entraîne son lecteur dans un tourbillon narratif naviguant d’un personnage à l’autre avec une formidable maîtrise. Un style déroutant au début mais que je me suis vite approprié grâce à cette voix extérieure envoûtante qui déroule l’écheveau des événements. Chaque figure, même la plus secondaire, participe au tournoiement récitatif, sans relâche pour le lecteur, accroché jusqu’à la toute fin. Et, en étalant son histoire sur une longue durée, l’auteur se permet également d’observer et d’analyser la société sud-africaine et ses politiques douteuses, apportant forme et corps à une intrigue peu compliquée à la base.