Activités de Charles D.

Ce tome 2 m’a beaucoup plu. J’y ai retrouvé tous les éléments historiques que j’apprécie justement dans ce genre littéraire et puis j’ai été agréablement surpris. D’abord par la structure du roman qui alterne entre deux types de narration. Ensuite, par la place centrale qu’occupe Noah, le fils aîné de Catherine. Celle-ci était le personnage principal du tome 1. Elle est encore très très présente mais elle n’occupe plus une place aussi importante. Enfin, par le thème sous-jacent à la quête de Noah. Alors que le tome 1 avait une thématique féministe sous-jacente, cette fois c’est une thématique LGBTQ+ qui est sous-jacente. Je l’avais pas vu venir, celle-là !

Quel courage! Adel Khelifa est né de parents musulmans, immigrés d'Algérie. Il nous raconte tout. Sans filtre. Ce tour de la question est non seulement vaste, il est aussi poignant. Oui, il y a une part de récit de soi sauf que c'est tellement bien fait que cela en devient romanesque. Et la structure en deux parties m'a plu énormément. Le style de la seconde partie est aux antipodes de la première. Le rythme est presque frénétique, onirique, débordant d'émotions. Cela dit, j'espère que Adel Khelifa a encore de choses à nous raconter. Chapeau également à la maison d'édition pour la couverture, la présentation et le choix de ce texte. C'est du travail d'orfèvre. Vous publiez peu mais c'est toujours un événement.

Pour les amateurs d’autobiographies, d’autofictions, de confessions ou d’essais. Catherine Voyer-Léger est une autrice, chroniqueuse et animatrice bien connue du milieu culturel. C’est une grande, une excellente communicatrice. Son écriture est fluide, d’une lecture aisée. Les trois récits personnels que contient le livre sont touchants, sinon bouleversants. À titre de témoignages, de « tranches de vie », ils sont dignes de mention. Mais ceci n'est pas un roman. Qu'est-ce au juste ? Selon toute vraisemblance, il s’agit d’un ouvrage de commande. La directrice de la collection III de Québec Amérique ayant vraisemblablement invité madame Voyer-Léger à rédiger cet opuscule. Selon le site de Québec Amérique, « Les textes de la collection III renferment chacun trois récits inspirés de moments marquants dans la vie de leur auteur. Peut-être s’y glisse-t-il une part d’invention. Peut-être pas. » La structure du texte de madame Voyer-Léger lui donc a été imposée par la ligne éditoriale de la maison d’édition. Je me permets une analogie. Un peu comme dans certaines disciplines sportives, il s’agit en quelque sorte d’un « programme imposé ». J’ai lu quelques-uns des titres de cette collection. La plupart des autres auteurs s’en tirent mieux. Plus de créativité, de grâce, de souplesse dans les mouvements.

Quelle déception ! Maxime Raymond Bock a réalisé un remarquable travail de recherche qui, malheureusement, ne fait pas de son texte un bon roman de moeurs urbaines. Un genre littéraire qui a donné des petites merveilles aux lecteurs d'oeuvres d'ici (Au pied de la pente douce, Bonheur d'occasion, Une saison dans la vie d'Emmanuel, Race de monde, etc.). D'aucuns ont souligné la lourdeur de l'écriture, (j'ai noté de nombreux paragraphes qui s'étendent sur près de cinq, oui, oui, cinq pages. N'est pas Marie-Claire Blais qui veut...), les détails superflus, les pivots narratifs qui donnent le tournis (le passage constant d'une époque à une autre sans repères). Il y a toutefois quelques prolepses qui montrent que l'auteur connaît son métier. J'ai également eu beaucoup de difficultés avec la faiblesse des personnages secondaires, sortes de planètes orbitant autour de Morel, sans que l'on connaisse la composition de leur atmosphère. Et ce dernier chapitre totalement hors propos. Pourquoi ne pas avoir conclu sur la visite de Morel avec sa petite-fille et sa vue en plongée sur la ville ? Dommage.