Activités de Dolorès Leduc

La femme à travers les générations, Dolorès Leduc, Éditions de l’Apothéose, 2015 J’ai beaucoup aimé suivre Éloïse, Gabrielle sa fille, et Florence, sa petite fille, dans leur vie quotidienne, leurs difficultés, leurs joies et leurs peines. L’existence n’a pas été facile pour aucune de ces trois femmes, mais, toujours, elles se redressent et « rebondissent ». Puisque le roman se passe entre les années 1890 et 1970, s’étendant sur un laps de temps de près d’un siècle, cela nous permet d’observer des changements importants dans la société québécoise et dans la situation des femmes. Un livre à lire pour mieux comprendre l’histoire des femmes, ce qui a été construit par d’autres femmes pour nous amener là où nous sommes maintenant. Connaître notre passé nous aide à comprendre notre présent ! Les personnages dans ce livre sont attachants, et je l’ai lu d’une seule traite, tellement j’avais hâte de savoir ce qui allait se passer. La mère d’Éloïse est une jeune fille de 16 ans et son père, un homme peu débrouillard et plutôt paresseux. La famille est extrêmement pauvre. Ils auront bientôt, comme c’est la coutume à l’époque, plusieurs autres enfants. Mais Éloïse sera toujours réprimandée et punie par son père, qui a une préférence marquée pour son fils plus jeune. Elle quitte le domicile familial pour trouver du travail en ville ; naïve et innocente, elle se fait conter fleurette par son patron, et lorsqu’elle tombe enceinte, il la traite d’irresponsable. Comme si les bébés se faisaient tout seuls… Puisqu’il est marié, il n’a aucune intention d’aller plus loin avec elle. Elle accouche d’un beau garçon qu’elle abandonne aux religieuses afin qu’il soit mis en adoption. Elle aura deux autres enfants, une fille, Gabrielle, et un petit garçon un peu simplet. Plusieurs enfants suivront et elle va finalement mourir lors de son dernier accouchement, à l’âge de 41 ans. Sa fille Gabrielle n’a que 14 ans. Pour elle comme pour sa mère, l’éducation est essentielle. Et elle fait de son mieux pour s’occuper de ses frères et sœurs. Mais son père se laisse séduire par une veuve, qui veut tout régenter dans la maison et se mêle de tout. Devenue professeur comme sa mère, Gabrielle se marie avec Yvon. Mais elle aime secrètement Gérard, avec qui elle aura une fille, Florence. Celle-ci sera toujours rejetée par Yvon, après que Gabrielle lui ait donné un fils. Et c’est la même histoire qui se reproduit pour Florence : une fille naïve, un peu rebelle, qui se laisse embobiner par un beau parleur. Malheureuse chez elle, elle devient amie avec une fille qui l’entraîne dans des sorties défendues et dans des fréquentations malsaines. Elle tombe enceinte à son tour, mais le gars la quitte aussitôt, la traitant de tête de linotte et l’accusant de ne pas avoir fait attention ! Le mari de Gabrielle décède, puis son père ; finalement Gabrielle vend la maison à St-Paul et s’installe en ville avec son demi-frère, son frère, sa fille et son petit. Ces trois femmes, Éloïse, Gabrielle et Florence, font face, chacune à leur tour, à des difficultés inhérentes à leur époque respective, qu’elles traversent chacune à leur manière. Quel moment de notre histoire a été le plus difficile pour les femmes ? Est-ce plus facile maintenant pour les femmes, avec entre autres l’émancipation, la contraception, le droit de vote, les droits juridiques acquis ? Comme l’écrit Dolorès Leduc : « Je crois que nous devrons toujours faire des efforts en vue de progresser vers une société juste et équitable. » Madeleine Fortier, écrivaine