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Monique Lasnier
Intérêts littéraires : Biographies, Jeunesse, Littérature, Bande dessinée, Science/Technologie

Activités de Monique Lasnier

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Les plus excellentes estampes japonaises

Par Catherine David
(5,0)
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De toute beauté.
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Betty

Par Tiffany McDaniel
(5,0)
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« Dans un tableau, on définit le clair-obscur comme un effet consistant à moduler la lumière sur un fond d’ombre suggérant ainsi le relief et la profondeur. » Dictionnaire de français Larousse.fr Betty (1) est un livre en clair-obscur. La lumière naît de l’ombre. La beauté de la nature console de la cruauté des êtres humains. La chaleur du père, qui est né pour être père, ce « rêveur-conteur à l’imagination débordante » (2), contraste avec la froideur de la mère, qui ne sait pas être mère. Dans les tableaux de Rembrandt, le blanc ne serait pas aussi éclatant s’il ne surgissait pas de l’obscurité. Dans Betty, l’espoir est d’autant plus vibrant qu’il naît des profondeurs d’un univers sombre. La poésie embellit l’ordinaire. La magie des coutumes ancestrales nourrit le quotidien. Le quotidien de cette famille qui est comme « une terre brune et sèche, des feuilles vertes et humides. Une douceur un peu folle, là, au milieu de tiges dures. » Betty, une petite mulâtre, invente des histoires pour transformer son univers. Et alors, la tragédie humaine côtoie le merveilleux grâce au pouvoir des mots qui emportent les petites sœurs au royaume de la rêverie et dans les histoires inventées, là où, grâce à la féerie de l’enfance, la malédiction du monde ne peut les atteindre. « Avec nos mots, nous nous racontions des histoires qui n’avaient pas de fin et nos chants comportaient toujours des refrains infinis. Nous nous transformions les unes en les autres, et chacune devenait conteuse, actrice, chanteuse et compositrice… » « Nous faisions semblant d’avoir reçu une balle en plein cœur pour ressusciter peu après. Le ciel se retournait pour devenir un océan dans lequel nous nagions, battant des jambes dans l’eau tandis que nous gardions une main posée sur la scène flottante, l’autre était libre de jouer à projeter des éclaboussures ou de se tendre vers les baleines qui passaient tout près de nous. La nuit, ce n’était plus le bois dur des planches que nous sentions sous nos doigts, mais le corps doux et chaud d’un oiseau pour s’arracher à la pesanteur et nous emporter si haut dans les airs que le chagrin n’existait plus. » L’enfance saccagée trouve refuge dans la magie de la nature généreuse et envoûtante, qui guérit les maux. Betty baigne dans cette généreuse nature et a pour elle la plus grande affection, grâce aux leçons que lui a apprises son père. « Cher grand chêne, ton écorce est comme le chant de mon père. Aide-moi à trouver mon chemin. Cher hêtre, ne va pas le répéter au chêne, mais tes feuilles font les meilleurs marque-pages. Aide-moi à trouver mon chemin. Cher érable, ton cœur est le plus beau des poèmes. » L’amour sauve et apaise les blessures. L’amour du père « naturaliste et altruiste » qui dispense la poésie avec tant de tendresse. Cet héritier des secrets guérisseurs des mères cherokees. Un père qui raconte à sa petite Indienne des histoires qui font danser Betty « sur le soleil sans que les pieds (lui) brûlent ». Un père qui permet de survivre même si la vie est un cauchemar. Un père que Betty adore : « L’âme de mon père était d’une autre époque. D’une époque où le pays était peuplé de tribus qui écoutaient la terre et qui la respectaient. Lui-même s’est tellement imprégné de ce respect qu’il est devenu le plus grand homme que j’aie connu. Je l’aimais pour cela et pour bien d’autres choses […] je l’aimais pour la façon dont il tenait une lampe au-dessus de nous pendant nos quintes de toux lorsque nous étions malades » racontant que « les microbes sont tous en train de jouer du violon. La toux c’est leur chant ». Betty, c’est « la rencontre du bien et du mal. L’innocence confrontée à la malveillance ». Un magnifique roman empreint de poésie et qui devient très émouvant parce qu’il chante la joie à travers la souffrance et fait briller la beauté même lorsque nous côtoyons la laideur. Un livre d’espoir ! Ce dont on a tellement besoin. Un magnifique roman que je vous invite à lire en grand nombre et à le commenter afin qu’il trouve sa place, bien méritée, dans la liste des prix 2021 des Irrésistibles. 1. Voir le compte-rendu de Marie-Anne Poggi dans son Billet du 17 décembre 2020. 2. Marie-Anne Poggi.
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À train perdu

Par Jocelyne Saucier
(5,0)
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À Lennoxville, au centre-ville (si on peut ainsi désigner ce qui me semble plutôt être un village), il y a un passage à niveau. Contrairement aux autres conducteurs qui pestent contre le temps perdu à attendre que le convoi se termine, je suis ravie¸ prenant soin de compter tous les wagons. J’adore les trains, tout comme le narrateur de ce roman : « On ne soupçonne pas la puissance de la scansion de l’acier contre l’acier. Une musique que je connais et qui m’habite. Je suis, je l’avoue, un amoureux des trains et c’est d’abord là qu’il faut chercher l’origine de mon égarement. » Un espace de voyage rêveur puisqu’on « n’appartient pas à l’ordre de la pensée quand un train passe, il nous transporte là où on ne va pas en un autre temps. » Quelle écriture évocatrice que celle de Jocelyne Saucier qui maîtrise décidément l’art de la description ! • Les paysages : « Les rues en lacis dans les vallons, les maisons blotties les unes contre les autres, tout cela peut être saisi d’un regard circulaire et en prime, de ce surplomb, on peut voir arriver les bouillonnements d’une rivière, la suivre le long d’un parc et puis, juste avant de revenir au point de départ, on peut apercevoir une minuscule église d’un bleu très pâle perchée sur une légère élévation de terrain. Swastika a un charme particulier, une beauté qui s’ignore. » • Les personnages: Comme le chef de train « C’est un homme taillé d’une pièce, pas très grand, mais costaud, sourcils broussailleux, regard pénétrant, qui dégage une énergie concentrée sur le moment présent. (…) Il y avait dans sa voix l’odeur de cambouis, le martèlement des outils, le pas lourd des géants de mon enfance allant et venant entre les convois de notre gare à Senneterre. J’étais en pays de connaissance. » Ou ce parisien qui est trop courtois : « plus poli que ça, tu t’effaces de la terre » et qui fait preuve de « trop de recherche dans l’habillement (l’écharpe, un veston bien coupé et une chemise jaune safran… jaune safran ! » s’exclame le chef de train. • Les lieux : Comme les School trains, des écoles ambulantes qui ont fait le bonheur des enfants de ces régions éloignées. « Une splendeur, ils en parlent encore avec émerveillement : le linoléum sur le plancher, les lambris d’érable vernissés, les rideaux aux fenêtres, la toilette à l’eau, la radio à piles, les lampes Aladin, tout cela brillait d’opulence et de jamais-vu à leurs yeux d’enfants des bois. » Des personnages rencontrés au fil du périple et de l’enquête , enfants d’une ancienne époque bénie dont on a envie de découvrir le jardin secret, qu’ils « cultivent loin des regards, peut-être même hors de leur propre conscience. » Pour apprécier ce roman, il faut cependant accepter de nous laisser prendre par la main car l’auteure nous amène sur plusieurs chemins de traverse aux multiples digressions et égarements, nous distrayant du fil conducteur, celui de comprendre le parcours de Gladys qui a fui son village, qui a pris le train sans autre témoin que le conducteur. « Une femme qui disparaît de sa vie, une femme quelconque, sans hauts faits ni méfaits, vieille au surplus. » Jocelyne Le narrateur l’avoue lui-même. : « Trop de faits accumulés, trop d’anecdotes colligées, trop de trop. Une immense forêt à débroussailler. S’il se trouve un jour des lecteurs à cette chronique, qu’on me pardonne le désordre. » L’auteure est, quant à moi, tout à fait pardonnée tellement son récit est fascinant. Dès le point de départ, je me suis fait prendre par l’intrigue. Qu’est-ce qui a bien pu pousser cette femme à quitter précipitamment son village et laisser derrière elle sa fille suicidaire, « étrangère à elle-même », dont elle s’occupait tendrement, avec calme et patience ? Gladys combattait la maladie mentale de sa fille avec acharnement « sur le seul terrain qu’elle connaissait. Le bonheur. Les petits et les grands, surtout les petits. Le bonheur, c’était sa médication » puisqu’elle avait jeté à poubelle Prozac et compagnie. « Gladys s’est crue assez forte pour prendre sur elle l’instinct de mort de sa fille. » Ce départ insolite est-il le fait d’une crise de désespoir de la part de cette veuve qui a perdu son mari mort à la suite d’un accident de la mine Lake Shore lorsqu’elle était enceinte de sa fille ? Gladys qui a alors retenu ses larmes, car elle n’est pas du côté sombre de la vie aux dires des personnes qui la connaissaient : « Gladys n’était pas porteuse de mort, elle était une montagne de volonté et d’énergie, elle était un monument de vie ». Gladys est une optimiste qui refuse de tenir rancune aux mauvais coups que les événements lui assènent, « Quand on a connu le bonheur, dira-t-elle, il est impossible de croire qu’il n’est plus possible. » Quel est donc le sens de son voyage ? Est-ce que Gladys ne voulait pas simplement retrouver les jours heureux de son enfance vécue dans les trains-écoles où « la vie était exaltante, passionnante, palpitante, excitante, toujours en mouvement, un merry-go-round continuel. Les enfants Campbell ont grandi avec le roulis du train et le sentiment que leurs parents étaient les bienfaiteurs de l’humanité. Gladys plus que tout autre… » Le narrateur du roman, fasciné par les School trains, lui-même associé aux trains puisqu’il est fils de cheminot, nous emporte dans les méandres de leur histoire en cherchant à découvrir le parcours ferroviaire qu’a suivi Gladys, en retraçant les personnes qui l’auraient croisée même si celle-ci a choisi de masquer son passage par de multiples détours. Des détours que nous prenons nous aussi afin de prendre connaissance de ces « témoignages flous, incertains pour la plupart et forcément parcellaires puisqu’il s’agit d’une fuite échevelée que personne n’a pu suivre tout du long ! », témoignages qui sous l’apparence de simples anecdotes, traduisent la couleur des gens de cet arrière-pays. De tous ces gens qui se sentent « responsables d’un mot, d’un geste, d’un regard qu’ils ont eu ou n’ont pas eu, perdus à tout jamais le long de cette chaîne de ratés qui a permis à Gladys d’errer librement. » Avec le narrateur, nous essayons de suivre Gladys dans les « dédales de sa course ou sa fuite ou sa mission », car rien n’est clair. Et nous cherchons les clefs que peuvent peut-être nous fournir les multiples personnages de l’ancienne école du train et qui « ont été enfants du rail autant qu’enfants de la forêt », pour comprendre les motifs de ce périple. Des personnages qui nous offrent un superbe album photo que l’on feuillette, émus, avec tendresse et curiosité.
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Tempêtes

Par Andrée A. Michaud
(3,12)
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Andrée A. Michaud est sans merci. Elle n’offre aucun répit au lecteur. Pas de refuge contre la noirceur. Tempêtes est un roman sombre, angoissant, poignant, anxiogène, « noircissime », suffocant ! Nous sommes pris dans la tourmente de la nature déchaînée, hameçonnés par ce suspense oppressant dès les premières lignes. Comme elle l’écrit si justement : « L’atmosphère [rappelle] ces jours d’angoisse où on demeure dans l’attente d’un événement indéterminé. » Deux protagonistes : Marie et Ric, isolés chacun sur un versant opposé de la montagne Cold Mountain (le Massif bleu) . La première, emmurée à cause d’une tempête qui a laissé tomber plus de 70 centimètres de neige, un record ; le second, qui subit les assauts d’orages démentiels de juillet. En fait, il y a plus que deux personnages centraux, trois autres s’imposent : la nature, la montagne et la folie. La nature habite tout le récit et donne naissance à des fantômes, des morts, des disparus ; cette satanée Cold Mountain qui gronde, quatrième personnage autour duquel toute l’histoire pivote, et la folie qui pousse au meurtre ou au suicide ceux qui en sont atteints. Nous faisons d’abord la connaissance de Marie dans son univers de réclusion et de captivité, dans un décor sinistre qui fait écho à son âme tourmentée. Elle se retrouve isolée dans un chalet qu’elle a hérité de son oncle Adrien, dont on dit qu’il s’est suicidé. La tempête faisant rage, l’électricité manque et un visiteur improbable se présente dans ce tourbillon de neige. Un homme « mi-humain, mi-fantomatique » frappe à sa porte. Marie est habitée par des fantômes, celui de son oncle Adrien, celui de Frank et celui d’un mystérieux homme de pierres, au sourire rouge qui surgit de la montagne. Visitée par d’étranges personnages, Marie est terrifiée. Elle est victime d’hallucinations, cède à la panique et se perd dans la folie ; elle ne sait plus qui elle est ni qui elle était. Nous sommes haletants et ressentons fortement l’angoisse de l’enfermement, du huis clos de Marie. On devient presque claustrophobes. Enfin, dans un soupir de soulagement, nous quittons Marie à la fin de la première partie, 126 pages pendant lesquelles on a rêvé de libération tellement on s’est senti encagé avec elle. La retrouverons-nous alors qu’elle s’enfonce dans le bois ? C’est dans le village Fall-Junction, le seul village aux environs du chalet de l’oncle Adrien, que nous rencontrons Ric, le prête-nom et faire valoir d’un écrivain célèbre qui se suicide. Sans ce pourvoyeur, il doit terminer le roman que celui-ci a amorcé afin de toucher le paiement final au dépôt du manuscrit achevé. Il choisit donc d’aller visiter les lieux où débute ce roman et se retrouve près de Cold Mountain au camping des Chutes rouges. Le monde de Ric est pour le moins aussi glauque que celui de Marie. Il vient « d’arriver en enfer ». Un violent orage éclate et des pluies torrentielles grossissent la rivière inondant ponts et chemins. Le terrain de camping est isolé, devenant un piège dont on ne peut s’échapper et le théâtre de meurtres laissant des cadavres découverts par des vacanciers horrifiés. Ric doit lutter pour sa vie, faire face à des vents violents, à une nature déchaînée et affronter les vagues tourmentées de la rivière en colère gonflée par les eaux qui dévalent de la montagne. l doit prouver son innocence et faire taire les soupçons qui pèsent contre lui de la part ceux qui en font le coupable idéal. Des spectres jonchent son chemin. Il dépérit à vue d’œil, n’a pas connu de véritable nuit de sommeil, « assommé par la chaleur, l’humidité poisseuse, l’animosité… et la promiscuité » à laquelle il est soumis nuit et jour. C’est un homme « épuisé qui ne [sait] plus distinguer les visages des vivants de ceux des morts ». Un polar fort, à la hauteur de la réputation d’Andrée A. Michaud. Du grand art où l’auteure, aguerrie à ce genre, nous emporte ailleurs, dans la pénombre et dans l’angoisse. Honnêtement, j’ai souvent interrompu ma lecture, pour respirer tellement c’est accablant. On a peur, on se sent secoué par les tourbillons et le vent. « Les frontières entre la vie et la mort, la fiction et la réalité, le passé et le présent, les craintes légitimes et le délire sont donc ici plus que jamais poreuses. » (Dominic Tardif, cahier lire, Le Devoir, 28 septembre 2019.) Andrée A. Michaud a un très grand talent de peintre ; elle réussit à évoquer la fougue des éléments et à semer la terreur grâce à sa plume imagée, ciselée, fougueuse, cinématographique. Elle est la réalisatrice d’un film d’horreur d’un monde inhospitalier, mais elle ne nous révèle pas la clé des mystères qui se déroulent sur cet écran obscur. Elle nous laisse cependant avec ces tempêtes qui rugissent dans la montagne ou qui grondent à l’intérieur de nous puisque la folie est une « tempête perpétuelle ». En lisant Tempêtes, je me suis sentie comme le bateau violemment balloté par les vagues, les bourrasques et le vent du tableau de William Turner, Tempête de neige en mer. L’image de ce tableau m’a poursuivie tout au long de cette lecture. Un conseil : lisez ce roman en pleine clarté, près d’une fenêtre grande ouverte, sinon le soir toutes lumières allumées. Magistralement écrit, ce livre est terrifiant.
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L'amoureux

Par Rébecca Dautremer
(5,0)
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L’Amoureux Dautremer, Rébecca L'Amoureux Pourquoi le rouge et le rose sont-ils associés à l’amour ? Parce que le sang irrigue un cœur qui bat pour l’être aimé ? Parce que le rose évoque la peau qu’on caresse ? Parce que les joues rosissent d’émoi ? Le rouge et le rose inondent cet album de Rébecca Dautremer, une de mes auteures jeunesse et illustratrices préférées. Les rouges, carmin, grenat, écarlate, cramoisi, framboise. Le pourpre et le magenta. Les roses bonbons et fardés. Les couleurs explosent ! Les phrases virevoltent dans des images éclatées sans cadre ni bordure mettant en vedette des personnages naïfs et rigolos. Cet album raconte et dessine l’amour à hauteur d’enfants qui sont magnifiquement coquins. Ernest est-il amoureux de Salomé ? C’est ce que pense la maman de la mignonne fillette. Pourtant, il n’arrête pas de l’embêter. Il « lui tire les cheveux, fait tomber ses lunettes exprès… attrape sa capuche ». Mais ça veut dire quoi être amoureux se demande Salomé ? Ses amis en ont long à dire sur le sujet. Abel à la chevelure crépue et aux larges pantalons rouges (évidemment) sait qu’on « tombe amoureux ». Justine, la petite rousse, pense qu’on « est amoureux parce qu’on est triste ou quand on est timide… ou plutôt si on est tout rouge ». « Quand on est hypnotisé. » Tout un chacun expose sa théorie sur l’amour. Noa, la toute petite fille dont la robe est ornée d’une jolie fleur, a entendu parler d’un « coude-foudre » et dit que « l’amoureux c’est du feu, ça brûle ». Aristide, l’enfant noir, situe l’amour dans le cœur. Alors, se demande Salomé, faut-il un parapluie ou être grand pour être amoureux ? Faut-il être tout nu pour faire l’amoureux puisque Émilie, au chapeau à cloche, affirme en riant « qu’amoureux c’est pour faire des bébés ». Faut-il être un ange pour être amoureux, car selon Tomas (le petit), coiffé d’une grande casquette à large palette, c’est « comme un rêve… on vole dans le ciel » ? Des images féeriques et des paroles d’enfants attendrissantes. À contempler les dessins de cet album, de véritables tableaux, nous sommes emportés dans un joli rêve. Un livre fantaisiste, poétique et ravissant. Un cadeau à offrir à l’enfant, à l’homme ou à la femme que vous aimez et qui accepte d’admirer la beauté avec un regard tendre, presque naïf.
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Parfois, on a l'impression qu'il ne se passe rien...

Par Simon Priem et Stéphane Poulin
(5,0)
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Un enfant, promenant son gigantesque chien Saint-Hubert, franchit l’entrée d’un parc aux arbres centenaires. Le voilà qui s’assoit avec son lapin en peluche, son chien à ses pieds qui pendent dans le vide. Qu’il semble minuscule au centre de cet immense banc vert sauge ! Est-ce que cet enfant s’ennuie ? Non, il observe le monde ! Mais se passe-t-il quelque chose ? « Parfois on a l’impression qu’il ne se passe rien… » Alors, de cette simple phrase, d’un RIEN, surgissent mille et une petites choses. Car ce RIEN est plein : un balayeur nettoie les carrés de la marelle où se sont entassées les feuilles de couleurs ocre et orange brûlé ; les amoureux se promènent en discutant sous les yeux attendris d’une vieille dame nourrissant les pigeons ; « deux amis qui marchent côte à côte » ; une femme noire, au chandail rose gomme, peint tranquillement un tableau ; un écureuil se cache dans les branches du grand chêne ; un oiseau vole discrètement ; des vieillards, dont la partie de dames est interrompue par le gros chien qui fait voler en éclat le jeu, tombent par terre, consternés par cette bousculade ; les pigeons s’envolent, effrayés par le canidé qui les pourchasse. Dans ce RIEN, il y a tout ce qu’on peut voir de douceur et de tendresse, alors que « le temps s’assied et regarde ce rien avec nous ». Dans ce RIEN et dans cette heure d’une journée apparemment ennuyante, il y a « une lumière plus douce que d’habitude », la lumière de l’univers et des fabuleux tableaux de Stéphane Poulin, où explosent les couleurs d’automne. Ce RIEN porté par les images au tracé délicat, des images où fourmillent mille petits détails où s’arrête notre regard. Un univers de plénitude, parce que « la vie c’est plein de petits riens dont parfois on se souvient ». Parce que la vie, c’est regarder la beauté de ces petits riens à travers les yeux de Stéphane Poulin qu’on dit un illustrateur, mais qui, en réalité, est le peintre féérique du quotidien. Un calme apparent, où la solitude est une illusion. Où une vieille dame, un enfant, les deux lapins en peluche s’assoient sur un même banc de parc, le chien à leurs pieds, simplement pour regarder ce RIEN, qui est plein, qui est important. Un album magique, pour ouvrir son cœur aux petits riens. Au temps qui passe. Au rythme de la vie qui bat. Une ode à la beauté des choses simples superbement habillées de merveilleuses images. Les douces phrases poétiques de Simon Priem, qui a été l’inspiration de Stéphane Poulin et sans qui cet album n’aurait été RIEN, berceront doucement vos rêves.
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La grosse laide

Par Marie-Noëlle Hébert
(4,3)
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Un livre bouleversant. Il vous faudra un certain courage pour le lire, mais ce n’est rien comparativement à celui dont Marie-Noëlle Hébert a fait preuve pour le dessiner. Sans fausse pudeur, elle partage le récit de sa vie de souffrance dans un corps qu’elle déteste, contre lequel elle se bat et de sa lutte pour le modifier puis pour l’accepter. Le journal intime dessiné en noir et blanc (surtout en noir) de Marie-Noëlle, poupon joufflu, enfant potelée, jeune adolescente enrobée et femme grosse. La haine des autres et la sienne à l’égard de ce corps qu’elle rejette. Ce corps maudit qui fait l’objet de railleries et de propos cruels. À tous moments, j’ai eu envie de cesser la lecture pour ne plus voir toute cette noirceur et surtout le mépris qu’elle subit. Mais en même temps, le besoin de comprendre et de la voir délivrée m’a incitée à poursuivre. Je ne l’ai pas regretté et j’ai tourné les pages lentement pour recevoir par le cœur ce message intime livré avec tant d’authenticité et de générosité. Un récit qui m’a laissée en pleurs. Un livre que plusieurs personnes (féminines ou masculines) comprendront ; celles qui ont voulu avoir un autre corps que le leur, celles qui n’ont pas été choisies pour jouer au ballon-chasseur ou au volleyball parce qu’elles s’essoufflaient trop rapidement, celles qu’on laissait en plan pendant les slows alors que l’autre personne trop jolie était LA choisie de la soirée. Une lecture qui fait naître des sentiments de compassion et tellement d’admiration pour cette femme à qui on ne souhaite maintenant que d’être heureuse. Une lecture qui fait faire un examen de conscience : ne sommes-nous pas, ou n’avons pas été un jour, grossophobes ? Merci à Marie-Nicole Lemieux de me l’avoir fait découvrir lors de son entrevue avec France Beaudoin à l’émission Pour emporter.
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