Shaynning
Libraire @ Librairie Monet
Intérêts littéraires : Biographies, Jeunesse, Littérature, Psychologie, Arts, Bande dessinée, Loisirs

Activités de Shaynning

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Nour et Balthazar

Par Frédéric Sounac
(4,0)
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Cyrano de Bergerac

Par Edmond Rostand
(5,0)
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Après en avoir entendu parlé à toutes les sauces un peu partout, là je pourrai au moins me référer à l'histoire originale et surprise, cette pièce de théâtre est beaucoup plus drôle que je l'imaginais. Dans le genre "cape et épée", on nage en terrain connu avec l'amour courtois, les mousquetaires courageux et la romance triangulaire, mais Cyrano en lui-même est rafraichissant par rapport au reste. Intelligent, créatif, éloquent, philosophe et galant, il a vraiment tout pour lui, malgré son "grand nez". En fait, c'est si peu comme "tare" comparé à ses qualités que ça en devient ridicule. Essentiellement, l'histoire de Cyrano repose sur la combinaison de deux hommes pour séduire une femme, l'un doté de la beauté physique, l'autre doté d'un esprit vif. Et Rostand nous raconte comment le second a eu le dessus sur le premier en fin de compte. J'aurais presque envie d'alléger que l'auteur combattait les préjugés, en ce qui concerne les jugements basé sur le physique seul. Qu'est-ce qu'une belle enveloppe si le contenu est insipide? C'est très actuel comme pensée, à une époque où malheureusement le physique occupe beaucoup trop de place. Ce qui fait donc de Cyrano de Bergerac une oeuvre intemporelle. En ce qui concerne la romance, là on nage en terrain connu. On badine, on fait la cour à grand renfort de poésie et d'âme tourmentée par la violence des sentiments et on se pâme pour un baiser. On élève l'amour a un sentiment plus noble que la simple union charnelle, à un niveau presque intellectuel. Ce n'est donc peut-être pas quelque chose de très connu pour les modernes que nous sommes, mais l'idée est plaisante: être séduit pour la beauté du verbe et aimer pour la symphonie de deux esprits qui se côtoient et s'harmonise.Une chose est sure, ça nous change des romans où les protagonistes ne jurent que par les apparences et les performances au lit. L'humour est aussi très présent, sous forme fréquente de joutes verbales et de jeux de mots comiques. le passage de Cyrano et Christian avec les expressions "nasales" était tordante! Et rien - hormis les insultes nasales justement - ne semblait perturber Cyrano quand on osait s'en prendre à lui. Et bien sur, on reconnaitre le génie de Rostand avec le passage où Cyrano trouve le moyen de qualifier son nez selon le trait de personnalité, le fameux "C'est un mont, c,est un pic...". Chose certaine, malgré quelques difficultés qui relève du manque de visuel ( les pièces de théâtre sont toujours meilleures avec des acteurs pour la valoriser) et quelques détours de définitions sur des mots vieillots, lire Cyrano aura été une partie de plaisir qui sera sans aucuns doutes à renouveler!
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Ils étaient dix

Par Agatha Christie
(4,5)
3 commentaires au sujet de ce livre
[Réécriture de la critique du 18 nov 2019 en ce jour du 2 mars 2021] Autrefois connu sous le nom "Dix petits Nègres", "Ils étaient dix" est une version où la comptine fut modifiée dans la foulée de dénonciations de certains termes liés à la ségrégation raciale.Maintenant, l'Île du Nègre se nomme "L'île du soldats et il en va de même pour la comptine. Dix personnes sont invitées à un manoir situé sur une île par un mystérieux inconnu, mais ce n'est pas lui qu'ils trouveront. Un meurtrier fait partis des dix . Les survivants tentent d'élucider l'affaire, mais le meurtrier est convaincu d'avoir mit en scène le «crime indéchiffrable parfait». C'est un classique dans le monde des polars. Et pourtant...et pourtant. Je viens de terminer la lecture d'une longue et pointilleuse critique d'un autre Lecteur et ce qu'il a à dire sur le sujet viens de changer mon opinion face à ce roman. J'ai lu ce livre étant ado et je constate que je manquais d'expérience et de lucidité, visiblement. Je garde un très bon souvenir de ce roman, qui est captivant, assurément. Néanmoins, à la lecture de ladite critique, je suis aussi d'avis qu'il manque une chose au roman: une certaine logique. Je ne vais pas réécrire tout ce que j'ai lu, mais essentiellement, il y a en effet des invraisemblances, voir des "facilités" accommodantes dans le livre. La tempête est un excellent exemple. S'il y a bien quelques choses sur lesquelles nous n'avons pas d'emprise, ce sont bien les caprices de Dame Nature. Et pourtant, le scénario macabre élaboré par le criminel en présence repose sur le fait que les dix victimes doivent impérativement se retrouver bloqués sur l'Île. Comment alors s'est-il assuré d'avoir la tempête pour les retenir prisonnier? Et s'il avait fait beau? Même nos chaines de météo ne savent pas prédire au delà d'un certain nombre de jours, alors imaginez à l'époque. Autre exemple: la difficulté géographique. Comme le faisait remarquer le lecteur, et ce en tenant compte de l'époque en plus, comment expliquer que dix personnes aient accepté de se rendre sur une île aussi difficile d'accès, pour des raisons plutôt maigres? Et que personne ne se soit désisté pour cette simple raison? Bref, sans élaborer plus, je vois bien qu'en effet, c'est un scénario qui souffre d'invraisemblances. Et comme c'est un aspect qui aujourd'hui me saute aux yeux dans mes lectures et que je n'apprécie pas du tout, ce serait hypocrite de laissé cette note parfaite à ce livre, même s'il est glorifié au panthéon des polars. Ce qui m'amène justement à me dire que nous avons peut-être tendance à surévaluer les "classiques" simplement parce que ce sont des classiques et que l'avis général est positif - un peu comme ce navet de "Fascination" qui a séduit des millions de gens avec un scénario dont l'incohérence grossière n'a d'égal que la toxicité de ses rapports sociaux - et c'est pourquoi je réécris ma critique aujourd'hui. Il est possible également que pour l'époque de Christie, le lectorat n'avait guère de comparatifs pour se faire une idée de ce qui peut être cohérent ou non dans une histoire, mais avec l'incroyable nombre de polars aujourd'hui, et à cela s'ajoute une considérable amélioration de nature éducative de la population, il est plus difficile de pardonner ce manque de rigueur. Quoiqu'il en soit, je ne pense pas que du jour au lendemain, les gens se mettent à considérer "Ils étaient dix" autrement que comme un "Chef d’œuvre", mais je vous invite à approfondir vos réflexions au-delà de la simple célébrité d'un roman.
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Meilleur des mondes (Le)

Par Aldous Huxley
(4,5)
5 personnes apprécient ce livre
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Avec "Le meilleur des mondes", Aldous Huxley redéfinit la science-fiction en y intégrant une nouvelle perspective, qu'on connait aujourd'hui sous le nom "Dystopie", une utopie qui a échoué. Avec "1984" d'Orwell et plus récemment "La servante écarlate", Huxley fait parti des pionniers du genre. Un véritable visionnaire, considérant que ce roman date des années 1930. Et certaines choses dans ce roman sont même devenus des réalités pour nous, qui vivons le 21e siècle. Dans ce roman, le futur est parfaitement rodé: vous êtes l'enfant de personne, vous appartenez à tout le monde, vous êtes parfaitement en phase avec votre castre sociale et aucune perspective d'avenir ne viendra brimer votre présent productif. Séduisante perspective, non? Né en éprouvette, on vous injectera ce qu'il faut d'alcool à votre stade fœtal histoire que vous ayez le niveau d'intelligence requis. Il ne faudrait pas que vous soyez un Alpha stupide ou un Bêta intelligent! On vous conditionnera, enfant, à aimer tel ou telle chose, on vous apprendra que la baise est une activité plaisante à pratiquer sans amour ni attaches. On vous donnera un nom au hasard, puisque vous n'avez pas de famille. Surtout, on vous apprendra à ne jamais désirer plus et à contribuer efficacement au monde de consommation qui est si bien harmonisé. Votre bonheur sera pré-fabriqué. Mais que ce passera-il si pas mégarde on se trompait dans votre dosage d'alcool? Vous seriez un Alpha, un membre de l'élite intellectuelle, mais laid. Or, dans un monde harmonisé, qui voudrait d'un laid? C'est le cas du personnage principal, stigmatisé par son apparence. Et puis, lors d'une visite dans une réserve, on décide d'introduire l'un de ces "sauvages" à la vie moderne. Mais une âme romantique peut-elle survivre à un monde aseptisée de tout sentiment et où la notion de bonheur est dans l'éphémère? C'est le genre de roman qui vous fera grandir, évoluer. Vous vous poserez des questions et peut-être même en ressortirez-vous perturbé. Mais ça c'est justement le propre des vraies dystopies. En voici justement deux de ces questions: Ce monde vous plairait-il? Et par moment, est-il si éloigné de notre monde actuel? Il est perturbant de penser que cet homme des années 30 avait deviné certains traits qui sont aujourd'hui la norme dans nos sociétés occidentales modernes. Une œuvre à mettre dans celles à lire une fois dans votre vie.
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Boldemorve, le fantôme dont il ne faut pas boire le nom !

Par Sophie Laroche et Agnès Ernoult
(3,0)
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Depuis quelques temps, la maison Fleurus fait paraitre des romans dans sa collection "Kactus", qui me rappellent la collection "Pépix" de la maison Sarbacane, soit des romans intermédiaires ( 8-12 ans) en tomes uniques ou en série très rocambolesques, humoristiques et même déjantés. Ce roman me rappelle "La foire aux malheurs" ( The Money Pit), ce film dans lequel un couple s'achetait une demeure ancestrale en apparence somptueuse, mais qui est au final un trou financier. Dans une vieille demeure située dans une campagne, cinq fantômes y vivent leur éternité. Os Court ( Au secours), "Auguste Timbre" de son vivant, s'est fait mordre au tibia par un chien, en conséquence de quoi il traine une jambe partielle dans la mort. C'est lui qui trimballe son tibia sur la couverture et c'est un fantôme épouvantablement peureux ( on peut le comprendre, quelle mort traumatisante). Boldemorve ( Voldemort), celui-dont-il-ne-faut-pas-boire-le-nom ( Ça ne risque pas d'arriver de le vouloir, à vu de nez), "Capitaine Tempête" de son vivant, est mort noyé dans un naufrage impliquant une mauvaise direction donnée par une vigie nommé Petit à Nick. Il semblerait que son rhume l'air suivi dans le trépas, au grand damne de ses cavités nasales, continuellement remplie de morve. Nicou Nitête, "Nicolas Saleboulot", un bourreau de père en fils ( fait avéré historiquement, les bourreaux étaient des parias sociaux, donc il était assez courant que le métier reste dans la famille, #NotaBene) et qui s'est accidentellement décapité avec la guillotine qu'il préparait pour une exécution. Toutenkarton ( mon préféré) est le fils de Toutankhamon, fils lunatique et joyeusement insouciant qui a été nager avec les hippopotames ( quelle mauvaise idée...) et s'est retrouvé momifié. C'est toutefois une momie tout aussi perdue et sans soucis qui se retrouve à airer en France. ET il y a Fleure Bleue, "Capucine" de son vivant...j'y reviendrai. Cinq fantômes donc, qui tiennent conciliabule autour d'une déroutante nouvelle, celle de la présence de "vivants" dans l'enceinte de la maison. Pire, il semble que le couple, Sarah et Jacques Croche, aient le désir d'acheter la propriété, même si elle est indéniablement vétuste. S'engage alors une bataille invisible entre les fantômes soucieux de préserver leur domicile hanté et leur réputation du même coup, et les vivants, une famille française comprenant quatre enfants. Le point fort du livre est son travail sur les personnages, surtout le volet "histoire" de chacun d'eux, ainsi que les systématiques jeux de mots sur les prénoms. Les fantômes sont amusants et dépeint comme une bande de "ratés", des fantômes rempli d'imperfections et de travers divertissants, dont certains sont assez attachants. En revanche, après l'introduction en règle des quatre fantômes masculins, quand nous sommes passés au seul fantôme féminin, je n'avais vraiment plus le cœur à rire: Elle est bourgeoise, mince comme un clou, parée d'une grosse robe en fanfreluches, inévitablement belle avec son minois mignon et ses grand yeux de biche, "Fleur bleu" ( quel prénom ennuyeux et cliché) est une véritable cœur d'artichaut, suffisamment stupide pour avoir le coup de foudre pour le voyou qui a ASSASSINÉ son escorte, lui a volé un baiser ( consentement!!!) et promit de la retrouver le soir même. ET bien sur, en sa qualité de grand nigaude, elle y a non seulement cru, elle est morte de froid à son balcon à cause de lui. Bon. Tout en ayant conscience qu'elle fait parti des fantômes les plus nazes de France, je ne peux m'empêcher d'être découragée de voir ENCORE ce profil de personnage féminin que j'espère encore voir couler au fond de l'Atlantide avec un Titanic rempli à craquer des milliers de clichés de filles comme elle. Et comme un malheur stéréotypé de vient jamais à moitié, cette imbécile craque pour l'ado de la famille, dans un parfait amour superficiel digne des romans Arlequins. Aussi, je remarque encore une fois un personnage féminin jalouse, superficielle et pire que tout, seul personnage fantôme à cause de quelqu'un d'autre ( un homme, bien sur). Et contrairement à ce qu'évoque l'autrice en indiquant que Fleur bleue ne sourit jamais, et bien elle sourit presque tout le temps sur les illustrations, loin de la glaciale description initiale. Ç'aurait été une bonne tournure, pourtant que d'en faire une fantôme qui ne ressent plus rien, terrible et insensible, victime d'un beau parleur et de sa propre naïveté, mais non, elle remet ça en s'amourachant d'un ado cent ans plus jeune qu'elle. En ce sens, sa présence dans le roman était aussi agréable qu'une ampoule au pied. Heureusement que les autres personnages relevaient le niveau. D'ailleurs, c'eut été si simple de simplement faire de miss Artichaut un gars! Ç'aurait été tellement plus drôle! ET mettre le capitaine Boldemorve en femme. Comme quoi on peut être a un genre de tout révolutionner. Les illustrations sont rigolotes et sont dans le ton humoristique du roman. J'aime bien la bouille lunatique de Toutenkarton, le look "Davy Jones" bien mouillé de Boldemorve et la scène à haut voltage où l"attachant Os Court se prend des décharges en se plantant les doigts dans une prise ( vous en faites pas, ça le chatouille en fait). Et ces petits escargots ( jamais mentionnées en passant dans le texte), sont vraiment mignons avec leurs yeux dont la forme évoque des clés de Fa ou une virgule. C'est assurément une valeur ajouté que d'avoir un visuel sur des personnages aussi coloré ( sauf Fleur bleue, je m'en serait passée). J'ai bien aimé Toutenkarton, très distrait et amnésique sur les angles, mais pas méchant et même assez sympathique. C'est le seul fantôme qui a assez d'ouverture d'esprit et de bon sens pour songer à la cohabitation. À partir d'ici, il y aura un peu de divulgâches. Je note une balance mal calibrée entre le début du roman et la fin, avec une longue introduction des personnages, intéressante, mais qui contraste avec une fin pour le moins expéditive, voir presque tirée à coup de canon. Le texte me donnait l'impression de débouler un escalier tête première: Halloween, mauvais coups, gros béguin inutile, dragon en feu, départ des invités, décision de ne pas tuer les habitants de la maison, pacte de sang entre enfants( Hein??), tous le monde copains-fin! En trente pages truffées de dessins. Sur 202 pages. Certains passages auraient ou être enlevés pour faire gagner un peu d'espace d'aération à la finale, comme ce passage inutile où on apprend que Pomme vit de l'intimidation. Dans un livre humoristique, il me semble qu'on peut bien se passer d'un archétype vraiment récurent en littérature jeunesse, celui de la petite fille qui aime la nature, mais qui a l'air bizarre, donc vivant de l’intimation. Pomme était bien assez intéressante sans avoir une étiquette de victime ( déjà qu'on a la midinette au cœur d'artichaut). Aussi, il y avait vraiment beaucoup de personnages pour un roman de 220 pages, et ça peut devenir lourd. Après les fantômes, on a les membres de l'équipe de rénovations, ensuite les membres de la famille. Heureusement que dans le bloc des personnages de rénovation, on ait utilisé l'espace en même temps pour faire faire des bêtises aux fantômes. Mention spéciale à la séquence touchante où Toutenkarton utilise ses bandelettes pour guider Pomme qui s'est perdue dans le parc forestier de la maison. Je pense que je vais retenir le roman pour mes profs en librairie qui cherchent des romans avec des personnages pour les ateliers sur ce même sujet, ou sur les jeux de mots, mais en soi, le scénario n'est pas mémorable et la fin trop rapide et mal fignolée. Ça plaira peut-être à mes jeunes du 2e cycle qui aiment les romans d'humour, également. Pour un lectorat intermédiaire du 2e cycle primaire, 8-9 ans+
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Edgar et la Grise

Par Jean Brodeur et Valérie Desrochers
(4,0)
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Incontournable Roman Avril 2024 La petite maison d'édition Chauve-souris nous propose un nouveau par l'auteur qui nous a livré "Piano interdit", Jean Brodeur, cette fois dans le décor blanc et sapiné du Saguenay Lac-Saint-Jean. 1934. Alors qu'un groupe d'hommes de la petite communauté émergente de Saint-Ludger-De-Milot se rassemblent afin de faire route vers leur camp, un jeune ado s'y invite. Edgar Brochu a 13 hivers, bientôt 14 et s'il est présent ce jour-là, c'est une question de survis pour sa famille. Fils d'un bucheron temporairement invalide, Edgar sait qu'il est le seul apte à ramener de l'argent pour nourrir ses parents, son petit frère et ses petites sœurs. Même si se décrit comme un travaillant solide physiquement et habitué des tâches manuelles, le patron Gérard Beaudoin n'en a cure et tente d'ignorer ce garçon qui tente de se faire engager à la place de son père. Heureusement, les frères Racine prennent son parti - Une paire de bras supplémentaires, ça ne se refuse pas. ET puis, il faut être solidaire. Edgar est donc engagé en tant que "pileur", il va manœuvrer le cheval qui sortira les billots de bois coupés par les bucherons. Un quotidien difficile marqué par des températures parfois cruellement froides, les moqueries et mauvais coup de Gagnon, la fatigue de son cheval et les dangers du métier. Néanmoins, c'est aussi le début d'une formidable relation une jument grise, "son" cheval, des soirées de lecture et des partages avec certains hommes du camp. Devenir un homme, Ce n'est pas œuvrer pour le bien de sa famille et surmonter les difficultés, c'est aussi apprendre à se connaitre. Donc, qu'est-ce qu'on retrouve dans ce savoureux petit roman aussi fraichement sorti du four qu'un réconfortant pouding chômeur bien trempé dans son sirop ( D'érable, bien sur!). De l'Histoire, déjà, celle d'une époque économique difficile marqué par le crash de 1929, qui mena le gouvernement du Québec a intervenir dans l'économie, dont le système qui permet aux Brochu d'avoir une terre dans le "canton d'occupation" donné à la ville de Joncquière, Saint-Ludger-de-Milot. C'est une nouvelle forme de colonisation, mais elle est conditionnelle à la faire fonctionner. Le colon a deux ans pour bâtir sa maison et défricher sa terre, et même la revendre par après. Autrement, le gouvernement la reprend et le colon et sa famille réintègrent la ville ( Jonquière, dans ce cas-ci). Dans ce contexte, si Edgar ne s'était pas présenté pour remplacer son père, la famille aurait perdu sa terre et serait très probablement tombé dans une situation de grande précarité financière et sociale. Mais comme la bien dit l'aîné de la famille Racine, Médée : "C'est pas compliqué. avec tout le travail déjà fait, on est une grande famille et on doit se tenir". C'est donc de cette vie de colon dont il est ici question, avec ses hauts et ses bas. Dans le camp, une pièce unique équipée d'un cuisine, le confort est rudimentaire, la bouffe délicieuse ( Merci Madame Beauchemin!) et l'hygiène minimale. Chacun à son poste et tout ce beau monde se coordonne sur le "chantier" pour couper les arbres et les mener près de la rivière, où les billots seront charriés par elle au printemps et qui sera le travail des draveurs de les guider vers les scieries. Vous aurez l'occasion de voir de l'intérieur cet univers encore très associé aux québécois. Dans cette équipe, nous trouvons "la grise", le cheval qui traine inlassablement le traineau chargé de billots vers les berges de la rivière. N'imaginez pas les chevaux sveltes et élancés qu'on voit dans les films, mais plutôt de gros chevaux aux pattes poilues qui servent aussi dans les fermes. Des chevaux très forts, qui auront certainement épaulés la construction de la province québécoise et du canada. La grise est une jument qui a connu une année difficile avec un gars incompétent, qui est resté d'ailleurs dans les mémoires des bucherons. En conséquence de quoi elle est craintive au début, mais avec la douceur et l'empathie d'Edgar, devient une jument loyale et collaborante. J'ai trouvé le "cadeau" qu'elle fait à Edgar pour Noël fort touchant. Dans les personnages notables, je mentionne Madame Beauchemin, que je ne peux pas contourner malgré sa présence tertiaire. Pourquoi? Parce que les femmes du Québec étaient d'une trempe particulière, en partie du à nos ancêtres femmes autochtones, dans laquelle elle ont du être des gestionnaire de maisonnée dans de conditions vraiment pas simples. Bref, quand j'ai vu madame Beauchemin "gérer" Gagnon, l'intimidateur et couillon de la gang, alors qu'il a sursalé la soupe d'Edgar, j'étais étrangement fière comme un paon. Ouaip, niaisez-pas les québécoises! Parmi les personnages , il y a le très inspirant Samuel, un "ilnu" (Nation innue ) de la communauté des pekuakamiulnuatshs de Pekuakami. Les explorateurs de France les ont appelés "montagnais.e" et c'est sous ce vocable que sera désigné Samuel dans le livre. Samuel est d'abord assez discret au début, mais il va finir par avoir un lien réel avec Edgar. Il a un regard sur le monde qui nous rappelle que les premières nations connaissent mieux que les colons la terre que leurs ancêtres ont habitué des millénaires durant et leur façon de traiter autrui a quelque chose de sage et de bienveillant. Samuel connait pleine de chose, dont la lecture ( ça en bouche un coin à certains!) et est en quelque sort le couteau suisse de l'équipe. Ils ont de la chance de l'avoir avec eux, ces colons, mais je pense qu'ils ne le réalisent pas assez. Gagnon, l'antagoniste, c'est le gars qui fait la vie dure à Edgar et l'adulte que je suis avait du mal à comprendre comment on pouvait être assez immature et lâche pour s'en prendre à un jeune de 13 ans, mais il y a une raison économique derrière cette attitude toxique. Bon, ça ne justifie rien, vous me direz et c'est vrai, mais au moins, ce n'est pas juste par pur malveillance. Il aura l'occasion de changer d'avis sur Edgar, d'ailleurs. Edgar, tient, parlons-en! Je ne peux m'empêcher d'être heureuse quand je croise ce profil de personnage , car il en existe encore relativement peu. Loin des archétypes qui cherchent toujours des façons de devenir plus populaires ou plus reconnus, Edgar, c'est le gars sensible qui fait ce qu'il faut pour les siens. Et, oh mes aïeux, il aime LIRE! Il a amené avec lui "Les anciens canadiens" ( de Philippe Aubert de Gaspé), recommandé par son institutrice, dont il fait la lecture à ses copains de cabane un peu plus loin dans le roman. Edgar a une belle façon d'être avec la grise et de manière générale, est un jeune homme facile à vivre qui a un sens aigu de la famille. Bref, un bon gars, pour une fois! Ça fait du bien à lire. Le roman est suivi de plusieurs petites rebiques dans une section "pour en savoir plus" dont j'ai moi-même pioché quelques petites infos pour cette présente critique. J'aime bien quand les auteurs ajoutent ces compléments d'infos, surtout pour les romans historiques. Et bonus! Nous avons la recette de "bines" ( fèves au lard) de madame Beauchemin. Comme les autres membres de la fratrie "Sonar" de la maison Chauve-Souris, "Edgar et la grise" est ce genre de petit roman étonnamment rempli et bien tourné qui sert aussi bien le lectorat intéressé par l'Histoire que les lecteurs qui apprécient les petits romans en tome unique. Il n'est pas écrit en joual, mais en français international, ce qui laissent les objets, métiers et vêtements en termes typiquement québécois. Donc, un super roman facile d'accès en terme de lectorat, où le quotidien comporte sa part de drames dans , je le rappelle, un travail dangereux dans un environnement impitoyable par moment ( les hivers canadiens, avec ses -35 degrés en janvier, ses tempêtes de neige à coups de dizaines de centimètres et sa durée qui augmente au rythme de la latitude) et ses personnages attachants. Ce n'est pas le Québec idéalisé du courant terroirs, mais ça reste une histoire chaleureuse comme le sont souvent les romans du lectorat Intermédiaire. Une bonne bouchée de Québec, aussi savoureuse qu'un pouding chômeur, je vous dis. Pour un lectorat à partir de la 4e année, 9-12 ans+
Shaynning a apprécié, commenté et noté ce livre

Le génie sous la table

Par Eugene Yelchin
(4,0)
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Incontournable Roman Avril 2024 "Le génie sous la table" est inspiré de l'enfance de l'auteur, c'est donc un roman autobiographique, celui d'un jeune garçon entre ses six et dix ans ( à peu près) vivant en Russie soviétique et de confession juive. Avec son humour, ses questionnement et ses propres dessins, Yevgeny Yelchin ( aujourd'hui Eugene Yelchin) nous invite dans son univers aux couleurs communistes, truffé de politique absurde, de contradictions sociales, de talents comme monnaie et d'arts sous contrainte. Je vais préciser un aspect concernant l'humour. C'est un roman où l'humour "mordille", en ce sens où si ça peut faire sourire, l'envers peut aussi choquer. Je pense notamment à toutes ces fois où la famille Yelchin est victime d'antisémitisme, mais en rit, d'une certaine façon. La grand-maman était si habituée qu'elle reconnaissait l'escalade de la violence fait à ses proches, comme quand elle dit " On frappe déjà les juifs?". Néanmoins, c'est surtout l'esprit curieux de Yevgeny dans un monde si craintif et courbé qui détonne beaucoup, et cela ajoute à l'humour ambiant. le pire, c'est que ça donne l'impression que c'est Yevgeny qui est simple d'esprit, alors que ses questions sont légitimes et font sens. Enfin, toutes les absurdités du système politique sont à elles-seules amusantes, quoique désespérantes. Je précise la présence du terme "Youpin", terme péjoratif que je ne connaissais pas, mais dont l'emploi semble hostile et teinté de discrimination, comme le serait, je pense, le terme en N pour la communautés afro-américaine. Il faut savoir qu'en Amérique du Nord, ce terme est si sensible qu'il est carrément bannit de la langue commune, incluant les institutions comme les universités. Donc, je ne peux m'empêcher de me demander si le terme "youpin" n'aurait pas la même charge ici et si cela poserait problème de le voir dans un roman jeunesse. Je trouve cependant malheureux de bannir les mots ainsi, car dans un contexte historique comme ici, il sert à exposer une réalité de racisme ambiant et donc, sert le réalisme d'une époque. Bref, c'est triste , je trouve, de devoir sans cesse marcher sur des oeufs pour des termes historiques, car il va de soi que les termes racistes n'ont pas leur place dans nos sociétés actuelles, mais censurer l'histoire ne me semble pas une juste manière de traiter des sujets sensibles. Concernant l'URSS, c'était très instructif de lire ce roman, surtout de la perceptive d'un enfant. La précarité socio-économique est majeure, malgré la propagande qui laisse entendre que l'URSS est le seul pays où tout le monde connaitra le bonheur, alors que les pays occidentaux croulent sous la criminalité, le chômage et l'inégalité sociale. Quand on regarde les "kommunalka", ces bâtiments de "logements", c'est déjà une blague en soi. Yevgeny mentionne d'ailleurs que malgré l'immense taille de son pays, le fait est qu'il vit dans une seule pièce avec sa famille. La cuisine, le couloir et la salle de bain sont considérés comme "espaces communs", ce qui signifie que la seule pièce qu'ils occupent à cinq personnes sert de salon, de chambres et de salle à manger. Ils doivent faire une rotation les meubles selon les besoins et pour la nuit, les parents occupent un petit lit, Victor le grand-frère dort sur trois chaises alignées, la grand-mère sur le divan et Yevgeny sous la table, autour de laquelle dorment les quatre autres. Je trouve que cette image, qu'on peut d'ailleurs voir dans le roman, en dit long sur leur situation sociale. Chaque kommunalka possède son espion. le KGB est partout et s'assure que personne ne peste contre le gouvernement ou n'entre en contact avec les touristes. On rationne tout, sauf quand on est dans l'élite. Poser des questions est un acte "antipatriotique". La propagande et la censure sont omniprésentes. On se croirait sur la scène d'une mauvaise pièce de théâtre dont personne ne contesterait la médiocrité, hormis ceux et celles qui sont obligés de la jouer. Les seuls à vaguement y croire sont les russes eux-même. Les arts occupent une place importante dans le récit. le père est amateur de poésie et la maman passionnées de ballet classique et dans les deux disciplines, la Russie a eu ses grands noms. Paradoxalement, ces formes d'arts étaient sous contraintes ou limités dans des cadres stricts, ce qui est en contradiction avec le concept même de création artistique. Faire dans l'art subversif ou encore faire des arts expérimentaux est proscrit. On ne cré rien de nouveau, on suit la ligne directrice établit par le partie. Ça eut pour résultat de tuer des artistes ou les encourager à quitter le pays. C'est dans un contexte aussi étouffant que vit la famille Yelchin, alors que la maman a été refusée à L'école de Ballet parce que son père a été mit sur une liste noire, que le père ne fait aucune poésie "parce que les poètes disent la vérité" et que lui, il craint de dire la vérité. Yevgeny lui-même dessine en secret sous la table et dès qu'il sort de la consigne en classe de dessin , se fait rabrouer brutalement. "Comment être artiste en URSS" est une des questions que pose le roman. Un autre élément artistique que nous retrouvons est celui du "talent". Dans le roman, il est très clair que le salut social passe par une exceptionnalité de compétence ou d'habileté artistique, sportive ou militaire. Quand on devient un "talent", il n'est pas question de faire avancer une discipline, il s'agit plutôt de rivaliser avec les pays occidentaux, spécialement les États-Unis. Comme c'est triste d'ainsi instrumentaliser des domaines aussi nobles que les arts et les sports. D'ailleurs, Constantin,le recruteur de ballet, a souligné avec dédain que Mikhaïl Baryshnikov danse "par passion", et non parce qu'il travaille pour son pays. C'est aberrant à lire. Et j'imagine assez bien que ce qui était de mise pour la danse l'était aussi pour la littérature. À en juger par les décès hâtifs des poètes en Russie, comme le mentionne Monsieur Yelchin, le papa, fort à parier que les gens de Lettres ont du se sentir aussi contraints et limités dans leur expression créative et intellectuelle. La dimension du "talent" affecte aussi clairement les inquiétudes des personnages. du côté des parents, ils s'inquiètent de l'avenir de Yevgeny, qui, contrairement à son frère, talentueux en patinage artistique, ne semble disposer aucune adresse que ce soit. le hic, c'est que le jeune garçon les entend en parler ( forcément, ils dorment tous si près les uns des autres). Ça n'a certainement pas aider à se bâtir une estime de soi. Yevgeny lui-même fini par s'en inquiéter. On rappelle à plusieurs reprises que les gens de talent disposent d'un appartement privé, d'une auto et peuvent quitter le pays pour représenter l'URSS lors des compétitions. En somme, être "normal", ordinaire, c'est se condamner à une vie difficile et sans perceptives. S'ajoute à ce navrant constat le fait que les Yelchin sont discriminés du fait d'être juifs. J'aimais cette famille haute en couleurs. La maman qui ne mâche pas ses mots et dit tout haut ce qu'elle pense, positionnée en première position, gracieuse et passionnée de ballet. le papa, "entre deux", parfois communiste peureux, parfois poète et papa sensible. La grand-maman, pragmatique et tendre envers son petit-fils, femme d'expérience et modératrice de la famille. Enfin, Victor, le grand-frère, casse-cou et gentil garçon observateur, qui me faisait vraiment rire quand il utilisait son petit frère comme altère tout en lui faisant la conversation. Quand à Yevgeny, un peu ingénu et naïf, rêveur et grand curieux, qui essai très fort de comprendre son monde, mais comment comprendre un monde aussi artificiel et incohérent? J'aime bien les dessins, ils sont originaux avec ces mélanges de traits et de textures, avec des personnages expressifs aux traits diversifiés. le dynamisme de leurs mouvements ou le choix de leur pose rend ces personnages au faciès sérieux un côté un peu clownesque, ce qui, au regard de ce qu'est l'URSS, un pays trop sérieux qui a lui aussi l'air clownesque avec ses contradictions, ses absurdités et sa prétention arrogante, se fait écho. On a rarement la chance de lire sur l'URSS en jeunesse, surtout de la perceptive d'une personne qui l'a bien connu. C'était une lecture aussi ludique qu'instructive, dans un contexte historique et géographique rarement représenté, avec néanmoins des thèmes auxquels nous pouvons nous identifier comme la famille, l'identité, les arts et la pauvreté. La famille Yelchin était attachante, tantôt comique, tantôt maladroite, solidaire et aimante. Je n'ai eu aucun mal à m'y attacher et à suivre leur quotidien ordinaire savoureux. Il est aussi rare que je lise des romans des États-Unis qui ne coulent pas dans l'épais sirop indigeste du sensationnalisme, alors ça fait du bien! Un roman aussi délicieux qu'un bon plats de pierogis*. Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+ Le pierogi est un plat polonais, sorte de pâte fourrée de purée de pommes de terres et fromage, agrémenté d'autres aliments comme de la viande, qui ressemble à un dumpling, super bon!
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Petit bonheur

Par Yue Zhang
(5,0)
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Incontournable Mars 2024 Ce magnifiquement illustré album se déroule dans une Chine peuplée d'animaux anthropomorphes où les "petits bonheurs" existent. Chaque année, les petits bonheurs, ces êtres joliment rondouillards aux petites joues et extrémités rougies, doivent capter l'énergie de la Lune pour ensuite œuvrer à porter bonheur aux habitants. Voilà que l'un d'eux était si excité à l'approche de la nouvelle lune qu'il n'en a pas dormi des jours durant, ce qui se résulte en un assoupissement au moment fatidique. Le petit bonheur n'a donc pas pu renouveler son énergie lunaire, ne pouvant compter que sur sa petite réserve de l'an dernier. En déambulant, la mine maussade, entre les rues de la ville, il découvre au détour d'une ruelle une échoppe que seuls le propriétaire et son fils meublent de leur présence. Quand le petit bonheur vient à leur rencontre, on lui propose chaleureusement un bol de nouilles, la spécialité de la maison. Petit Bonheur en profite en interrogeant le petit sur le calme des lieux. "Nous sommes des renards", et il s'avère qu'on se méfie des renards. Le petit bonheur a alors une idée pour le moins "lumineuse"! Avec ses maigres pouvoirs, il parvient à extraire l'odeur divine des savoureuses nouilles pour en former un ruban de lumière dorée, qu'il s'attèle par la suite à rependre dans tous les coins de la ville. Chaque truffe, chaque bec est saisi par le fumeux alléchant qui passe sous leur nez, joyeusement entrainé par le petit bonheur et bien vite, l'échoppe du renard est pleine de clients. Au soir, après une soirée fort achalandée, le petit renard amène le petit bonheur chez lui et entreprend de lui confectionner un petit lit bien douillet. C'est alors que des dizaines de petits bonheurs viennent voir Petit Bonheur par la fenêtre ouverte, fascinés par la réussite fantastique de leur compère et venus le féliciter. Il se produit alors un étrange phénomène: Le petit bonheur se met à luire comme une luciole, désormais pleins de magie. Grâce a son action venue apporter très concrètement du bonheur aux renards, Petit Bonheur jouit maintenant d'une faculté extraordinaire, celle de produire sa propre source de magie. Désormais, Petit bonheur n'aura plus à extraire celle de la Lune et pourra venir en aide à pleins d'autres gens dans le besoin. Ce qui ne l'empêche pas de revenir ponctuellement dire bonjour au petit renard, même devenu grand. Que de beauté dans cet album aussi mignon que pétillant de joie et de bonté! Avec ses illustrations impeccables truffées de mille petites références au renard dans les objets, dans des décors réalistes d'une grande maitrise, Yue Zhang vient de produire un nouveau grand incontournable pour les librairies jeunesse. C'est une histoire simple, mais en même temps originale pour les occidentaux peu habitués à ces créatures du folklore chinois. J'aime beaucoup que l'idée de Petit bonheur soit restée simple, car dans la vie , il est bien vrai que les "petits bonheurs" sont simples. Et tout aussi estimables. Je le mentionne pour les professeur.e.s, vous avez une porte ouverte pour créer un projet autours d'une action du style "payé au suivant" avec ce genre d'album en devenant le "petit bonheur" de quelqu'un ou quelque chose ( comme une cause). Et c'est aussi un album qui comporte une dimension sociale avec les préjugés. Et ce qui est chouette à faire naitre des petits bonheurs, c'est qu'on a rapidement le gout de renouveler l'expérience. Et c'est un petit bonheur à la fois qu'on bâtit un monde plus agréable. Une odeur de nouille divine à la fois. Bon, ça y est , j'ai vraiment faim! Pour un lectorat préscolaire, 4-5 ans+
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Cher dragon

Par Emma Yarlett
(4,0)
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Voilà un album interactif fort amusant à lire et à manipuler. Il s'agit de l'histoire d'Alex, qui adore les dragons et qui en découvre un à sa porte. Mais comment prend on soin de ce gros lézard sympathique? Qu'est-ce que ça mange, où aime-t-il faire la sieste? Alex a donc demandé l'avis de plusieurs habitants de la ville pour le conseiller. L'album est donc épistolaire, entre les lettres de question d'Alex et les lettres de réponses des habitants, le tout ponctué d'images rigolotes. J'ai beaucoup aimé la forme, car on peut littéralement prendre les lettres dans nos mains! Et le dragon est vraiment mignon. Une belle trouvaille.
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La couleur des émotions : L'album

Par Anna Llenas
(3,0)
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Ce livre reprend une recette assez connue en documentaire du comportement jeunesse, dans une formule de fiction, celle des couleurs par émotion. Les émotions sont complexes à comprendre, surtout pour nos tout petits. Dans ce livre, on présente les émotions de base, soit la joie en jaune, la colère en rouge, la tristesse en bleu, la sérénité en vert, l'amour en rose ( bien que l'amour relève plutôt des émotions complexes). Mettre une couleur à chacune permet de mieux les visualiser. Ce livre propose donc une méthode de compréhension et d'appropriation des émotions simple et visuelle. Dans l'histoire, le monstre est tout mélangé, car il ne comprend pas ses émotions. La petite fille a alors l'idée de mettre des mots sur ses sentiments et une couleur. Je suis un peu agacée que le rose soit encore associé à "l'amour", cependant, comme si cette couleur ne souffrait pas déjà assez d'un mésamour du fait d'avoir été la couleur marketing de la "fille poupée". L'associer à la seule émotion que ressent la fille-poupée, l'amour, c'est mettre encore l'accent sur la "féminité" de la couleur, ce qui est faux, bien sur. Autre aspect qu'il faut aussi nuancer: Les émotions sont stéréotypées. Les larmes pour la peine, l'explosion enragée pour la colère sont les deux plus évidentes. Ce sont des modèles extrêmement simplifiées, car il existe au sein même des émotions divers degrés et aussi diverses manifestation. Par exemple, on peut pleurer de rage tout comme on peu devenir glacial d'expression en colère. En ce sens, l'album est une base parmi tant d'autre, qu'il serait bon aussi de diversifier. Ce n'est donc pas mon album préféré pour les émotions, mais c'est le plus connu en librairie, sans doute pour son côté très simplifié. Ce livre-ci est également conçu en trois dimensions, un "Pop-up". C'est visuellement très attrayant, mais le livre est donc plus fragile: il faut le manipuler avec soin et je le recommande pour les enfants qui ont apprit à manipuler les objets doucement, généralement les 3-4 ans et plus . Une version standard existe aussi, avec des pages planes. Pour un lectorat préscolaire, 4-5 ans+ Un album plus intéressant est "Que d'émotions!", le 3e tome de la série Anto et Antin, de Bruno Dequier, avec plus d'émotions et deux précisons importantes, celle sur la fatigue engendrant des cocktails d'émotions et l'âge dans la gestion des émotions. ISBN: 9782390340577 La série Gaston la licorne, de Aurélie Chien Chow Chine, propose une plus grande diversité d'émotions, comme l'ennui, la culpabilité, la timidité et propose aussi des vertus comme la générosité, l'écoute active, l'esprit sport ( savoir gagner et perdre ), etc.
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La porte A-4

Par Naomi Shihab Nye et Enzo
(4,5)
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Incontournable Mars 2024 À l'aéroport international d'Albuquerque , au Nouveau-Mexique, la narratrice ( l'autrice) attend son vol à l'aéroport, quand on demande en urgence une personne pouvant parler l'arabe de se présenter à la porte A4. Ça tombe bien, il s'agit de la sienne. Sur place, elle découvre une femme en pleurs, convaincue que son vol à été annulé, alors qu'il a été en réalité retardé. C'est ce que l'employé de l'aéroport tentait de lui dire et qui incombe maintenant à Naomie de traduire. Quand la femme palestinienne comprend qu'elle pourra faire son voyage comme prévu, elle s'apaise et amorce une conversation avec la narratrice. Partage de biscuits à la pistache, appel au frère de la madame, ce qui devait être une simple mise au point devient le terrain fertile à un partage touchant, et pas seulement pour la narratrice, mais pour les gens autours également. On peut rencontrer des gens formidables vraiment partout et dans toutes sorte de situations, pour un peu qu'on prête attention à notre environnement. Il me semble que dans ce rythme effréné de vie que nous menons actuellement, il soit toujours opportun de nous ramener à ces petits moments pétillants et spontanés tel que celui présenté ici. Et j'aime bien que nous ayons une petite fenêtre culturelle grâce à cette charmante femme vêtue d'une robe qu'on retrouve traditionnellement en Palestine. Aussi, j'apprécie les histoires où la langue est un outil de partage autant que de réconfort: On a généralement un attachement à sa langue et j'imagine assez facilement combien ça du être un soulagement pour cette personne unilingue d'avoir quelqu'un pour traduire dans sa langue. Une anecdote toute simple, petit moment de joie inattendu, marqué par l'entraide, la bienveillance, la générosité et la complicité, sous le crayon toujours sobre et sympathique d'Enzo. Pour un lectorat du premier cycle primaire et plus, 6-7 ans+ ( pour lecture accompagnée) et 2e cycle primaire ( 8-9 ans+) pour lecture seul.e.
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L'écuyer et son chevalier T.1 : L'écuyer et son chevalier, Vol. 1

Par Scott Chantler
(4,0)
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J'ai lu cette BD canadienne sur mon temps de dîner, entre deux bouchées de pudding chômeur et les deux ensemble, ça se déguste assez bien! Un peu à la manière de Dragonland, "L'Écuyer et son chevalier" propose un duo atypique, où l'écuyer n'est pas l'apprenti incapable que leur chevalier respectif veulent bien croire. "Écuyer" et son chevalier arrivent dans une petite bourgade, qui semble à priori abandonnée, en atteste une certaine dévastation du pont, mais en réalité, les habitants craignent la présence d'un dragon, leur "malédiction". Pour l'apaiser, ils lui offrent du bétail, en dépit du fait que les vivres se font rares pour leurs besoins de subsistance. Pour le chevalier, nulles doutes, cette bête écaillée se doit d'être domptée et ni un ni deux, le voici cavalant vers le repaire du dragon, qui a élu domicile dans la tour de l'ancien magicien du village. le jeune écuyer attend de puis deux jours déjà et le temps est bien long. Il entreprend alors de trouver une solution à la "malédiction" du village en consultant la bibliothèque. Sans le savoir, le jeune homme vient se lancer dans une réelle enquête, qui ne place pas le dragon au centre de tous les problèmes. Nous sommes dans ce type de scénario où celui qui tien normalement le "second rôle" a en réalité le premier. Pendant que son chevalier un peu arrogant se fait emprisonner par le dragon, l'écuyer enquête sur ce qui se passe dans le village et il est n'est pas au bout de ses surprises. La première de toute est qu'il avait raison: le dragon n'est pas le "fléau" derrière les évènements dont sont victimes les villageois. Mais alors, qui ou quoi est derrière la destruction du pont, de l'incendie, du fantôme près du puit? Avec son approche pragmatique, son sens de l'observation et de la déduction, l'écuyer illustre qu'avoir "la tête dans les livres" présente quand même de bons avantages...comme de ne pas tomber dans les conclusions hâtives? Avec ses charmants personnages, ses tons gris, noirs et oranges, et son détective-en-herbe du Moyen-Âge, l'auteur détourne l'univers Héroic Fantasy pour en faire un polar jeunesse pétillant et efficace, avec un dragon dont j'aime beaucoup le côté décalé, qui me rappelle celui de "Le Monde de Pickto", avec leur air un peu "vieux coloc sympathique" pas du tout à l'image du dragon féroce du style de Smaug, dans le Hobbit. D'ailleurs, vous irez voir le cahier de l'auteur à la fin, où il vous explique comment il a élaborer son dragon. Aussi, je ne soulignerai jamais assez l'importance de casser les vieux moules désuets de la virilité masculine, alors en ce sens, ça me plait toujours de voir des jeunes garçons réfléchir, lire et de manière générale, ne pas être couillons. Par ailleurs, il a un petit côté ingénu qui me rappelle un peu Tintin, mais ça lui va bien, après tout il à l'air plutôt jeune. Ça me fait aussi bien rire qu'il s'appelle simplement par son intitulé "Écuyer", comme les personnages du Donjon de Naheulbeuk. Ça illustre l'écart de considération du chevalier pour son écuyer. Dans les petites suggestions que je ferais pour améliorer la BD, je travaillerais les expressions, qui ne sont pas toujours très claires, autant celle des humains que celle du dragon. Heureusement que dans le cas de ce dernier, la gestuelle de ses pattes et de sa queue aide. Bref, j'ai eu bien du plaisir à suivre ce personnage qui, je l'espère gagnera à se faire connaitre, tout en ayant droit à l'une de mes créatures fantastiques préférée, les dragons ( surtout les impertinents amateurs d'humour). J'aime que les auteurs et les autrices sortent des cadres, surtout en jeunesse, plus circonscrits dans ses normes que la littérature générale, je trouve. À voir! Pour un lectorat intermédiaire, à partir du 3e cycle primaire, 10-12 ans ( les 8-9 ans habitués de la lectures peuvent aussi s'y aventurer si la longueur de la BD ne leur fait pas peur).
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Soeur aînée

Par Lily-Belle de de Chollet
(4,0)
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Dans ce nouveau membre de la collection "Court Toujours' aux éditions Nathan, on va traiter de fratrie. Depuis qu'elle a mise en ligne une vidéo humoristique d'une tortue en pâte à modeler parodiant les clichés du cinéma, Tess, une adolescente, connait maintenant un petite succès. Néanmoins, elle se doit maintenant de publier rapidement de nouvelles aventures de sa petite tortue, projet mené conjointement avec son meilleur ami. Quand les deux ados laissent entendre que la prochaine vidéo se déroulera dans un château, ils n'ont pas le choix de garder cette ligne. Heureusement, une certaine fête se tiendra, selon les dires d'une amie, dans le "château" d'une fille populaire. Tess envisage de s'y rendre, mais c'était sans compter sa mère obstétricienne, qui doit aller aider une maman à accoucher ce soir-là. Elle oblige donc son aînée à rester à domicile pour garder sa petite sœur Esmée et son petit frère Oscar ou de les amener avec elle à ladite soirée, qui est de toute façon sans alcool ( Même si, bien sur, il y en aura sans doute un peu). Tess est parée pour une soirée haute en couleur, entre son projet cher à son cœur et sa petite sœur profondément amère à son endroit. Au moins, Oscar est ravi d'enfin sortir avec sa grande sœur. C'était une lecture touchante, crédible et divertissante. J'aime qu'on se soit réellement intéressé à ce fossé entre les deux sœurs, entre la plus vieille qui a besoin de son espace et la plus jeune qui se sent rejetée. J'apprécie qu'on ait travaillé cette façon qu'on a dans les fratrie de se lancer des mots durs sans nuances, mais que dans les faits, il y en ait. Je pense notamment à Esmée, qui traite sa sœur de "débile" alors que Tess la traite de "boulet". La communication est un des grands défis dans les relations interpersonnelles et comme les fratries sont dans notre toute première sphère sociale, la familiale, elle revêt donc une grande importance dans le développement des compétences sociales. En ce sens, apprendre la portée des mots et y apporter des nuances, est quelque chose qu'on apprend forcément à faire dans une fratrie. Et j'ajoute qu'il est très rare de ne pas accorder d'importance à ce que nos frères et sœurs disent, précisément parce qu'on a vécu avec eux. Dans cette histoire, on voit qu'il y a un développement entre les sœurs, qui ont peut-être perdu de vue l'importance de se considérer et même de se porte de l'affection. Étonnant pour un si court roman de réussir à faire progresser une relation comme celle-là, mais il faut dire que le contexte si prête: Il y a certains personnages, dans leur commentaires, qui amènent les sœurs à se voir autrement ou à extrapoler une émotion. Aussi, j'aime que le petit Oscar soit le type de petit frère qui a l'air de trouver sa sœur fantastique, au point de vouloir faire des sorties avec sa grande sœur. S'il a beaucoup d'énergie ( normal il a 9 ans), il a une belle conscience de ce qui est important pour Tess et le fait qu'il se soucis de ce qu'elle pense de lui illustre à quel point son point de vue est important pour lui. Au fond, c'est une fratrie qui s'aime, mais qui a eu du mal à le verbaliser et se le manifester, mais ça, c'est un enjeu assez rependu dans les sphères familiales. Le thème des capsules sur Youtube est aussi intéressant, car ici nous avons l'expression d'une forme artistique. S'il y a bien une chose de positive avec la technologie est la démocratisation des arts et des modes d'expression, qui n'a plus de frontières et ne se limite plus aux élites sociales ou académiques. Ça se lit tout seul, c'est riche en action tout en ayant un fond solide sur le travail des personnages et des enjeux, en dépit du format court. Je réitère que la collection Court Toujours et celles des autres maisons qui ont ce genre de petit format, est tout aussi pertinent que les pavés, en plus de proposer des lectures beaucoup plus accessibles aux ados, incluant les "moins lecteurs" ou ceux et celles qui n'ont pas forcément d'intérêt ou de temps. Une autre belle réussite pour la collection. Pour un lectorat adolescent du premier cycle secondaire, 12-15 ans+
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Ca m'est bien égal

Par Julie Fogliano, Molly Schaar Idle et Juana Martinez-Neal
(4,0)
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Incontournable Album Avril 2024 Il est relativement commun de parler d'amitié dans les albums et les romans jeunesse, mais ici, ce que je trouve particulièrement intéressant, c'est de traiter l'amitié dans son sens large et de nommer ses composantes un peu indirectement. Deux petites filles sont de part et d'autre d'un arbre et elles ont l'air d'être ennuyée de la présence de l'autre. En texte, on démarre les "ça m'est égal que...". Dans les premières pages, elles existent de part et d'autre sans trop se regarder et sans interagir, au gré des "ça m'est égal ce que tu as l'air physiquement" et "ça m'est égal ce que tu penses de mes goûts personnels". Peu à peu, des sourires commencent à poindre, des échanges sont faits et des rires éclatent. "Ça ne m'est pas égal ce que tu ressens et ce que tu souhaites", "ça ne m'est pas égal quand tu te mets en danger" et surtout, "j'aime" tes qualités, tes signes d'affection et je connais tes préférences. "J'aime que tu sois toi et que je sois moi", que nous soyons différentes, mais malgré tout que nous ayons du plaisir et que nous nous complémentons si bien. le livre illustre pleins de beaux moments entre les deux filles et se solde avec "Je tiens vraiment beaucoup à tour cela, j'y tiens vraiment beaucoup". Qu'est-ce que c'est une "amitié"? C'est bien plus qu'un statut qu'on se donne un peu trop spontanément étant enfant, et ce n'est ni quelque chose qu'on peu acheter, ni quelque chose qu'on peut extorquer. L'amitié est inconditionnelle, elle possède plusieurs bases importantes et entre dans les sphères sociales fondamentales. Bien avant d'avoir des relations amoureuses, nous avons des relations amicales, dont les bases sont d'ailleurs les mêmes, le désir sexuel exclut: la confiance, la réciprocité, le plaisir partagé, la communication saine, le partage, le respect, la solidarité, l'affection et les projets communs, tous cela à des degrés variables. Ce n'est donc pas qu'une histoire "d'être camarades de classe" ou encore "copains de sports". L'amitié, c'est quelque chose de précieux et compte tenu de ses nombreuses bases, quelque chose de complexe, qu'on apprend dès l'enfance. L'album présent est une ode à l'amitié dans sa définition.Qu'est-ce qui est futile de ce qui est essentiel. On n'a pas besoin d'aimer le physique de la personne ou encore sa façon de s'habiller, de dessiner ou de chanter. On a pas à juger de ces choses-là, même si bien sur, on peut en discuter. C'est d'ailleurs un critère superficiel que de choisir ses amis en fonction de leur apparence, car ça suppose de passer outre ce qu'ils sont dans leur essence. C,est pourquoi l'album commence par ces "ça m'est égal que" très axés sur le physique ou l'environnement direct ( comme la moustache du papa ou l'odeur des sandwichs du repas du midi). Dans l'autre partie, on traite de ce qui importe, des valeurs et des comportements socio-affectifs donc. On aborde la question de l'empathie, soit de savoir se soucier de ce que ressentent les autres et d'être capable de se mettre à leur place. On articule l'idée de la réciprocité, soit que cette amitié est équitable et équilibrée, elle profite aux deux sans que ce soit au détriment d'une ou de l'autre. Elle est complice aussi, car elles partagent des fous rire, des moments moins joyeux, des jeux comme des discutions. Elles sont capables d'affection dans leurs gestes, que ce soit des câlins ou de se prendre les mains, leur contact est confiant et sincère. Elles aiment que leur différence soit reconnue et célébrée au même titre que leurs ressemblances leur permettent des intérêts et projets communs. Plus que tout, je pense, il y a l'importance dans leur validation d'émotions, qu'elles peuvent vivre entre elle et qui est liée à leur réel souci de l'autre. Je ne réitèrerai jamais assez combien il est fondamental de parler des amitiés et de ce qui s'y rattache, car en complément des apprentissages d'ordre académique, nous devons apprendre à vivre ensemble et se développer au contact de nos pairs, comme les animaux grégaires que nous sommes. Apprendre l'amitié, c'est apprendre à grandir. C'est admettre l'importance de la communication efficace, les compromis, le partage, l'humilité aussi ( on est pas tous seuls, il y a d'autres gens autours de nous). C'est aussi de développer son estime de soi, d'avoir un appui dans les moments difficiles ou les petits tracas quotidiens. Les petites demoiselles ont donc bien raison de dire que tout ça, il faut y tenir vraiment beaucoup. Avoir de belles relations sociales, ne serait qu'avec quelques personnes, c'est un passeport pour la vie. Ni plus, ni moins. Les illustrations sont fort mignonnes et vous remarquerez que la petite fille blonde de gauche, celle avec les bulles bleues, est dessinée différemment de celle de droit, celle avec les bulles jaunes. le trait est plus rond et plus net que celui de droit, dont ont voit les multiples traits superposés et plus d'angles dans les vêtements et le corps. Les deux petites filles ne se touchent pas au début, mais à la fin, elles sont bras dessus, bras dessous, ce qui laisse entendre la collaboration des deux illustratrices sur les derniers dessins tout spécialement. J'ai juste un peu de mal avec le choix d'un bleu si profond pour la petite fille de gauche car les dessins semblent cachés, beaucoup plus qu'avec le jaune, plus subtile et moins visuellement "par dessus" le dessin. J'aurais opté pour un bleu contenant plus d'eau, pour atténué la nuance, on verrait mieux la petite fille. Néanmoins, l'idée des bulles de couleur est un joli symbole, où le bleu et le jaune finissent par s'unir et former une zone verte. Une zone commune. Bref, des beaux dessins au plomb tout doux avec de belles expressions faciales, un très beau message sur l'amitié et ses composantes, accessible et étonnamment bâtit comme "un froid vers un chaud", sans doute un peu comme la relation, qui par de l'indifférence vers la chaleur relationnelle, j'imagine. Un bel ajout aux albums jeunesse, dont j,ai déjà hâte d'en parler aux professeur.e.s. Pour un lectorat préscolaire, 4-5 ans+
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La couleur de ma différence

Par Mc Knoell Alexis
(4,0)
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Incontournable Août 2023 Pour ce nouveau membre de la fratrie Unik couleur de chocolat, de la maison Héritage, on traite de racisme, de différence et d'estime de soi. Pas du racisme radical comme dans certains romans ado scabreux, non, plutôt celui des mots et des préjugés, qui à leur façon, font beaucoup de mal, eux aussi. Notre narrateur est anxieux en ce jour de début de classe. de ce qu'on comprend, il n'a pas eu son mot à dire dans la décision de sa mère de lui faire fréquenter une nouvelle école, qu'on peut deviner plus nantie ou du moins, située dans une zone de la ville plus nantie. Et où notre narrateur à la peau noire se retrouve en minorité très minoritaire dans une populace très caucasienne (Blanche). À travers ses vers libres, le narrateur nous esquisse un parcours scolaire ponctué de remarques déplaisantes et souvent basée sur des jugements ou d'association incorrecte. Je cite par exemple le "Tu parles bien pour un Noir", qui me fait sourciller tout autant que le narrateur. Il est centre de l'attention, se comparant à un pion noir sur un échiquier. Ce qui le nargue, c'est d'être toujours renvoyé à sa différence et que cette même différence est toujours renvoyée à des origines étrangères, alors qu'il est Québecois. Il aimerait qu'on change de sujet tout comme il aimerait pouvoir répondre aux remarques qui alourdissent son esprit. Un jour, la remarque de trop lui fait perdre son sang froid et il répond par la violence. Il se fait exclure cinq jours pour s'être battu. Au-delà de cette humiliation, c'est surtout le trop plein que notre narrateur a le besoin de canaliser. Heureusement Il y a une dimension sociale qui me semble très intéressante dans cette histoire est c'est celle de la minorité visible renvoyée à elle-même dans son entité. On aurait pu avoir le même cas de figure pour une fille dans une écolde composée que de garçons. On aurait pu avoir le même cas de figure avec un ado en chaise roulante ou tout autre handicap physique visible dans une école où personne n'en a. Dans ce genre de contexte, il n'est donc pas rare de voir la personne devenir aux yeux des autres "Le/La différent.e" qui a X différence. On observe alors des renvoies fréquent à cette différence, comme si aux yeux des autres, c'était une "aberration", un genre d'ovnis, un atypique, en oubliant tout ce que cette personne a de commun à eux: des émotions similaires, des intérêts similaires, des besoins similaires. Pour la personne qui le subit, elle a alors l'impression d'incarner la différence en elle-même et c'est bien évident que ça devient lourd, surtout quand il faut supporter les remarques de centaines de curieux épatés ou perplexes. Être une super-minorité dans un monde qui côtoie peu la diversité, c'est pratiquement un fardeau et ça demande donc des facteurs de protections: Un réseau social d'appuis, le concours des profs, une bonne éducation à la diversité et surtout, à l'empathie. Toutes des solutions, de rien, c'est gratuit. J'ai sourit quand j'ai lu le passage sur le prénom. Non pas que cela me fasse rire que son prénom soit écorché, mais cela m'évoque le petit livre sympathique "Je m'appelle Wlodjymyerz", livre que j'ai du écrire moult fois pour arriver à enregistrer le prénom - C'est chose faite, je le connais par coeur! Dans ce livre, Wlodjymyerz ( prononcé "Vlo-dji-mierge") se faisait constamment écorcher son prénom polonais et il y a tout un éventail de pistes de réflexion sur cette question. Les prénoms étrangers ne sont pas seulement donnés aux étrangers. Ils sont parfois ceux des enfants nés dans les pays hôtes. Les "caser" de facto dans la catégorie des "immigrants" ou des étrangers est donc une erreur, tout comme celle de le faire par la couleur de peau. Aussi, la question de la prononciation a été aussi traitée et comme une des professeurs de cette histoire le disait: Un prénom est sacré, c'est un identifiant et souvent une source de fierté donné en l'honneur d'un membre de la famille ou tiré d'un pays dont les membres exilés ou immigrés restent parfois attachés. Franciser ou remodeler un prénom pour en faciliter l'usage est donc litigieux, voir irrespectueux, en ce sens. du reste, depuis quand apprendre des nouveaux mots est-il devenu impossible à faire? On en apprend tous les jours dans notre langue d'usage, est-ce si pénible de le faire pour des prénoms étrangers? le narrateur de "La couleur de ma différence" peut légitimement, à mon avis, se sentir lésé de se faire maltraiter ainsi son nom. Je pense qu'une part revient au professeur de demander et l'autre part à l'étudiant de le fournir. "Faire de sa différence sa fierté" est un des thèmes de cette histoire et ça, je seconde cent fois! Nous avons tous une différence, certains en ont même plusieurs, certains en ont qui ne sont pas visibles. Mais aucune différence, qu'elle relève de la couleur, de l'orientation sexuelle, de l'identité en générale ou du genre ne mérite d'être une source de honte et objet d'ostracisation. Se faire sentir inférieur ou "bizarre" parce qu'on est ce qu'on est est d'une stupidité absolue de la part des gens qui la traite comme telle. D'abord parce que même dans nos différences, nous avons aussi beaucoup de ressemblances. Ensuite, parce que la différence est source de curiosité. Voir autre chose, c'est l'occasion de "voir" autrement, d'articuler autre chose et donc, d'assouplir l'esprit. C'est comme ça qu'on devient tolérant, empathique et ultimement socialement intègre. Mon avis , bien sur. J'ai beaucoup traité des "autres", je m'intéresse maintenant à notre narrateur ( appelons le Mc Knoell, puisque c'est un roman à saveur biographique). Mc Knoell a deux aspects à considérer: Sa gestion de la colère, d'un part, et la construction de ses défenses, d'autre part. Les deux seront abordés. Dans le premier cas, le directeur a raison sur la question de sa réaction violente. Si sa colère est légitime, sa réponse agressive physique l'est beaucoup moins. La violence ne résout rien, elle ne crée que plus de violence et en plus, risque de le faire passer pour quelqu'un de peu recommandable. Toutefois, cet incident se relaie à l'autre point, celui de sa défense. Mc Knoell va donc parler à sa mère des évènements, sanction oblige. Cette maman a de bonnes recommandations. Sommairement, elle recommande à son fils de tabler sur son estime de soi. Socle de notre psychée, l'estime de soi fait des miracles. L'estime de soi, quand elle est solide, permet d'accepter d'échouer et d'être faillible, elle permet d'accepter d'avoir des émotions, elle rend moins susceptible et vulnérable aux violences, elle nous donne la force d'encaisser les critique. Surtout, l'estime de soi permet de reconnaitre ses forces et d'être bienveillant envers soi-même. C'est elle qui permet de refuser d'être maltraité et utilisé. Elle sait ce que la personne vaut. Mc Knoell a donc une bonne estime de soi, mais manque de confiance en soi. Il savait déjà qu'il méritait mieux et il avait raison de croire que tout ce qu'il vit est injuste. Maintenant, avec les conseils de sa maman, à savoir "comment répondre aux gens" et "t'aimer un peu plus", il a de bonnes chances de s'intégrer et d'évoluer sainement. Ce ne sera pas facile, des imbéciles et des ignorants, il y en aura toujours. Par contre, il aura aussi des gens pour le soutenir et pour célébrer sa personne au-delà de sa différence. Ça semble même se profiler vers la fin du livre. J'aime les romans qui, à travers des formules simples, sont à saveur universelle, tout comme j'apprécie les romans qui permettent de se placer dans la peau de gens vivant des situations dans lesquelles on ne peut pas se placer autrement que dans la fiction. "La couleur de ma différence" n'est donc pas simplement une histoire de racisme pour moi, mais bien une fenêtre sur la "différence". Les LGBTQ+, les filles, les Intellos, les artistes, les immigrants, tant de jeunes pourront aussi s'identifier aux constates et aux interrogations soulevées ici. Par ailleurs, les conseils de la mère, bien qu'en apparence simple pour des entités complexes telle que l'estime, restent très pertinents. Il faut d'ailleurs que j'ajoute aimer la présence maternelle de cette histoire. Les parents sont imparfaits, mais nombre d'entre eux veulent soutenir leurs ados sincèrement, on l'oublie souvent dans la littérature adolescente, plus souvent tournées vers les enjeux. Ici, on est dans une source positive, une figure maternelle attentive et solidaire, qui propose des solutions et même des idées de quoi répondre. Ça ma bien fait rire! C'est la page 97, en voici un exemple: " Y a un Blanc à mon école, tu devrais bien t'entendre avec lui." haha Ça sonne aussi absurde qu'en sens inverse, c'est bien trouvé! Il y a un court, mais éloquent passage sur le "profilage racial" qui sévit encore dans certaines professions, comme la police. On parle de profilage racial quand on attribue automatiquement une intention ( souvent malveillante) à un groupe ethnique donné. C'est un des élément qu'on retrouve dans ce qu'on appelle maintenant "le racisme systémique" ( ne pas confondre avec "systématique", c'est pas pareil), c'est-à-dire un racisme internalisé dans un système donné. Se faire interpeller par des policiers parce qu'on a un physique ethnique noire, ou latino ou magrébin, c'est raciste et c'est du profilage racial. Pour la personne qui se fait interpeller avec pour motif son ethnie, c'est humiliant. C'est comme si on mettait tous les gens du groupe ethnique dans le même panier. Ce sont des généralisations dangereuses et surtout, qui ne mènent concrètement nul part. Bref, il y a tout un enjeu sur cette seule thématique qui mérite qu'on la souligne et qu'on en discute. Il y a un Postface de l'auteur, monsieur Mc Knoell Alexis, qui explique l'histoire derrière l'histoire. La sienne. Il relate, entre autres trucs intéressants, un élément que je trouve moi aussi important, en tant qu'individue d'une société interculturelle, mais aussi en tant que libraire jeunesse: La "juste représentation dans la culture". Pour se reconnaitre, les enfants et ados ont besoin devoir la diversité dans leur littérature ( et dans tout le milieu artistique et culturel) . À une époque pas si lointaine, la littérature jeunesse était homogène et particulièrement aseptisée de toute diversité. C'était navrant et surtout, un terrible rappel de la politisation de la littérature jeunesse. Les choses ont changées, un peu. On a plus de personnages de couleur noire, miel, pain doré, toute palette; on a plus de diversité de rôles pour les trois genres ( J' inclut l'inter-genre), ont a plus de personnages en situation de handicap et plus de personnages avec des enjeux de santé mentale. La lutte pour une meilleure représentation n'est pas violente, mais elle est là. Tout ça pour dire que l'auteur a raison de mentionner ce qui semble un détail, mais qui est en réalité un enjeu littéraire avéré. Pour se sentir estimés, les jeunes on besoin de se voir et de s'identifier à des modèles qui leur ressemble, mais pas seulement! Pour comprendre la diversité, les gars doivent lire sur des personnages féminins, les blancs sur des personnages noires, les typiques sur les atypiques. Pour former un tout harmonieux, y a pas de miracle: Faut le "voir" et le comprendre, pour le célébrer par après. Ce n'est pas en s'intéressant seulement aux catégories qui nous concernent qu'on va réellement évoluer. Houla, je me sens d'humeur philosophe ce soir! Enfin, ce roman nous rappelle le poids de nos propres mots. Sans même avoir d'intentions mesquines, parfois, la nature de nos propos ou la récurrence d'un préjugé font du mal. Je pense qu'à défaut de ne plus rien dire pour ne pas blesser, il faudrait surtout être attentifs à ce que nous disons et surtout, aux réactions ou émotions qu'elles suscitent chez la personne qui reçoit nos mots. Cela renvoie naturellement au développement de l'empathie et à l'importance des représentations évoqués antérieurement. Quand on est souvent entouré de diversité, on a tendance à moins s'en étonner et surtout, on se rend compte que nos différences n'empêchent nullement les ressemblances entre nous. Ah, bon sang, moi qui voulait faire court...bah, c'est raté! Ce petit livre, je le constate, nous fait naviguer sur pleins de thèmes intéressants et il y a pleins d'axes sur lesquels extrapoler. Merci à son auteur! Bien qu'il y ait une centaine de pages, il y a une à trois-quatre phrases par pages, c'est donc rapide à lire - Mais pas moins pertinent, attention! C'est le propre de la collection Unik que cette formule très aérée en vers libres. Notez que c'est aussi la singularité de la forme des phrases qui étonne. Des vers arrondies, en flèche, en escalier, en courbe ascendante. Des polices qui grossissent, s'amincissent ou deviennent transparentes; Des mots, plutôt que des phrases. Tout cela respire la créativité et viendra chercher le lecteur sur un aspect autre que le simple texte: celui de la forme symbolique. Leur taille ou leur emplacement est toujours corrélé au texte, ce qui le rend particulièrement dynamique et renforcé. Cela devrait plaire à un plus large spectre de Lecteurs ado, dont les moins amateurs de paragraphes ou les visuels. Enfin, comme il s'agit de vers libres, on traite donc aussi de poésie, dans une forme beaucoup plus accessible et ludique. Cela concerne l'ensemble des membres de la fratrie Unik. Nous avons placé la collection Unik en littérature adolescente ( 12-17 ans), pour qu'ils restent bien ensemble sur le rayon et parce que les sujets sont généralement sensibles. N'empêche que pour les profs des 10-12 ans du groupe de Lecteurs de la littérature Intermédiaire du troisième cycle primaire, ces livres peuvent leur convenir, si vous avez envie de vous lancer dans des enjeux plus sérieux ou si vous avez des Lecteurs matures et/ou sensibles. Je rappelle que les livres n'ont pas réellement d'âge, ce ne sont que des approximations et des lignes directrices. Pour un lectorat adolescent du premier cycle secondaire, 13-15 ans+.