Jean-Yves Bernard
Intérêts littéraires :
Biographies, Essais, Littérature, Arts, Bande dessinée, Faune/Flore, Revues, Voyages, Science/Technologie
Activités de Jean-Yves Bernard
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Un monde flamboyant
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Un livre unique, étonnant, émouvant, qui nourrit la réflexion sur la place des femmes dans le monde de l'art et qui met en scène des personnages aux identités mouvantes à travers un assemblage de textes à plusieurs voix : carnets intimes d'Harriet, artiste new-yorkaise à la recherche de reconnaissance qui réfléchit, enrage, crée, se bat contre le conformisme social et intellectuel, témoignages de sa fille et son fils, articles de journaux spécialisés en art actuel, récits de son amie psy, son amie medium, entrevues d'artistes iconoclastes, d'amis, d'amants...L'exploit de cette somme qui se lit comme un roman est de réussir un tout cohérent avec ce qui anime cette femme : un monde flamboyant tiraillé de tous bords par le désir de reconnaissance et la liberté de créer alors que le passage du temps fait son œuvre. Un chef-d’œuvre par sa composition littéraire hors catégorie qui n'est avare ni d'autocritique ni d'humour.
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Je m'en vais
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Une partie de plaisir que ce roman qui réserve au détour des pages une succession de surprises hilarantes, l'air de rien. Car sous l'apparence banale de l'histoire des déboires d'un petit collectionneur racontée avec distance et presque ennui – traitant son personnage principal de «l'autre imbécile» – il y a une richesse d'écriture qui se laisse aller parfois jusqu'au délire, le narrateur imaginant l'écho d'une porte qui claque sur l'harmonique d'un piano à queue ou transposant la violence de son ex à l'époque des cavernes...On voyage dans Paris, le grand Nord du Québec, à la frontière espagnole, mais ce n'est qu'un prétexte pour jouer avec la langue et l'imagination. L'essentiel est cette maestria avec laquelle le regard de l'écrivain sur son personnage médiocre donne au banal de son quotidien une dimension inattendue et souvent désopilante. Un régal.
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L'occupation
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La jalousie à la première personne du singulier. Rien de très original. Ça devient obsessionnel, d'où le titre, mais à la longue on se lasse.
«Écrire a été une façon de sauver ce qui n'est plus dé ma réalité, c'est-à-dire une sensation me saisissant de la tête aux pieds dans la rue, mais est devenue «l'occupation», un temps circonscrit et achevé. »
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Place (La)
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Annie Erneaux
La place
La perception d'Annie Erneaux de la vie de ses parents et grand-parents en Normandie, alors qu'elle prend conscience des différences de classe (et de culture) que son émancipation signifie. C'est un témoignage, parfois coquasse, de l'aspiration au changement de la génération de l'après-guerre. Derrière l'écriture descriptive dénuée de pathos perce le respect pudique d'un monde où le père mourant symbolise la vie rurale traditionnelle en voie de disparition. Il n'y a pas d'amour dans ce récit (comme lorsqu'elle décrit les liens entre ses parents) mais on sent une certaine bienveillance, une absence de jugement pour ce qui demeure ses racines. Touchant.
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Nous Étions les Mulvaney
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Comment la fin tragique d'un party de Saint-Valentin fait imploser une famille heureuse. Avec son grand art pour évoquer ce drame qui pénètre année après année chacun des membres de la famille , J.C. Oates nous entraine dans cette descente aux enfers insidieuse en suivant pas à pas chacun des membres meurtris par le silence entourant le rejet de la famille de la principale victime de ce drame. C'est admirablement écrit, avec un sens psychologique aigu qui nous fait ressentir la douleur et les dilemmes de cette famille qui vivait heureuse sur sa terre et qui, à la fin se retrouve, amputée du père, mort indigent, alcoolique, ruiné dans une sorte de rédemption à l'occasion de la fête du 4 juillet. On ne sort pas épargné de ce roman profond.
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Avant d'aller dormir
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Roman haletant, étouffant par moment, écrit à la première personne du singulier par une femme qui a perdu la mémoire. Chaque jour elle ne se reconnaît plus car elle oublie tout ce qu'elle vit, à chaque instant. Le cœur du roman est son journal, sa roue de secours qui lui permet de mettre des repères dans son errance où apparaissent des mystères, des mensonges. Que lui est-il arrivé ? Un accident, un incendie, une agression ? Qui sont les gens qui l'entourent ? L'écriture directe laisse peu à peu apparaître des indices, puis la cruelle imposture. C'est une intéressante illustration de l'importance des souvenirs dans la fabrication de nos vies. Un premier roman sombre mais très bien construit.
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L'homme sentimental
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Étonnant roman : un ténor célèbre rencontre par hasard des passagers observés dans le train. Le ton, l'humour et l'introspection du narrateur sont servis par une écriture ample et détaillée qui dévoile peu à peu le destin de ses amours malheureuses. Le portrait du baryton wagnérien assoiffé de célébrité est désopilant.
Un grand écrivain décédé cette semaine.
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Retrouve-moi
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Comment de jeunes femmes traumatisées par des agressions réussissent à survivre. C'est la trame de fond ce cet excellent thriller très actuel où la vie dans une famille d'accueil génère des meurtres entre ados. Le devoir de français de la principale suspecte («Une famille parfaite») s'intercale entre les enquêtes de la police et les recherches de l'une de ces femmes rescapée d'un enlèvement. Émouvants épisodes de tendresse familiale lors de la réhabilitation de la mère alcoolique. Touchant.
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L'étrangère aux yeux bleus
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Histoire d'une jeune anthropologue russe qui veut en 1949 vivre le quotidien du peuple tchouktche gardiens de rennes dans la toundra près du détroit de Béring voué à la disparition. Elle tombe amoureuse puis devient chaman alors que le zèle stalinien de ce peuple isolé menace le mode de vie ancestral au nom de la collectivisation. L'auteur tchouktche excelle dans l'évocation de cette époque où grandit cet amour. On s'attache à Anna, au chaman qui l'initie et aux charmes de la nature. Excellent.
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Red Fox
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Relu 25 ans plus tard, ce thriller n'a rien perdu de ses qualités et il s'avère visionnaire concernant l'évolution actuelle de la Russie. L'écriture, l'intrigue, le dépaysement, les mystères sont captivants. Mais ce qui surprend aujourd'hui, c'est combien ce roman d'espionnage montre, de façon limpide comment le fascisme guerrier de Poutine était prévisible, car enraciné dans le système soviétique, la culture militaire et étatique russe. Étonnant !
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Comment se retrouver lorsque l'on ne sait pas d'où l'on vient et qu'on a fuit toute sa vie ? À travers un dialogue entre une préposée aux bénéficiaires abandonnée à la naissance et abusée dans un pensionnat pour autochtones et une femme mourante, généreuse et sans concession, se développe une amitié où le récit du passé, incontournable, ouvre la porte, fragile, à pouvoir accepter la tendresse.
Beau roman qui ne tombe ni dans le mélo ni dans le sordide, mais sonne juste sur un sujet d'actualité. On est touché par Emmy, Jackie, Raymonde et Lucette, ces femmes qui se lient dans la simplicité d'être vraies.
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Les enténébrés
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Roman foisonnant ou l'amour de Sarah envers deux hommes est traversé de secousses liées à l'actualité (la crise des réfugiés), l'histoire (les camps de concentration nazis) et ébranlé par les réminiscences de traumatismes où les troubles de santé mentale semblent se transmettre de génération en génération. Cherchant désespérément à se retrouver dans ces tourbillons et se libérer de tous les carcans des relations de couple, Sarah finit par se réconcilier avec la vie, sa fille, et le père de sa fille au prix d'un renoncement douloureux. L'écriture prend toutes les formes (discours sans ponctuation, journal, confidences, conférence, passage d'une époque à une autre, d'un je à un autre sans distinction) ce qui déroute par moments. On sort de ce roman captivant essoufflé, éprouvé par la profondeur du désarroi, de l'horreur et de la détresse qui étreint les personnages, mais il y a des perles sur l'amour, la fidélité, la vie et la filiation. Partiellement autobiographique.
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La voix libératrice d'une femme qui quitte son mari infidèle et part faire le tour de l'Islande avec le fils sourd muet de son amie enceinte de jumeaux. Au-delà des péripéties sur cette île volcanique et de ses surprises amoureuses, c'est le naturel du discours féminin agréablement décousu qui donne sa saveur à ce roman où les petits détails éparpillés du quotidien forment une courtepointe pleine de tendresse, une «embellie».
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Comme dans Le Prince des Marées, ça commence par un suicide. Le pourquoi devient la trame de fond de ce roman de 900 pages, où la fuite en Italie du narrateur en deuil avec sa fille est stoppée par la maladie de sa mère et l'amène à renouer avec sa terre natale, la Caroline du Sud, ses frères, son père alcoolique, ses anciens amis marqués par la guerre du Vietnam et ses beaux-parents polonais meurtris à vie par la shoa. Admirablement construite, avec des pages admirables sur Venise et un sens psychologique impressionnant, cette saga met en scène des personnages complexes, contrastés, émouvants, révoltés qui ne mâchent pas leurs mots et leurs reproches. La douleur de vieilles blessures trouve sa rédemption dans une fin inspirée par l'amour de la belle suicidée. Excellent tour de force romanesque.