Activités de Simon Bouchard

Le prix Goncourt de cette année. S’y aventurer sans trop savoir à quoi s’attendre puis ne plus pouvoir s’en déprendre. Un roman philosophique, métaphysique qui débute lentement, qui présente une galerie de personnages contemporains qui semblent n’avoir aucun lien entre eux. Puis soudain nous voici en plein dans une histoire de science fiction. C’est au-delà du réel. C’est beaucoup plus que la quatrième dimension. Une intrigue qui interroge nos choix de vie, nos individualités. La turbulence est le maître mot. Ce jeu avec le temps qui sursaute risque de m’habiter longtemps. Au moins jusqu’en mars 2021... Bientôt une série tv, dit-on.

Une lecture qui renforce l’amour de l’humanisme. Extraordinaire récit de la perte des connaissances qui est survenue il y a 1500 ans en Occident puis de leur survivance et redécouverte grâce à des érudits dont beaucoup provenaient de la civilisation arabe. Une odyssée de la pensée, des idées qui ont permis la Renaissance et le monde moderne. Un périple intellectuel qui s’est déroulé à travers les siècles dans des grandes cités qui, à différentes époques, ont incarné le meilleur de la culture et de la civilisation. Ce livre est époustouflant d’érudition. Aussi intéressant à lire que n’importe quel roman d’aventure.

Il est jubilatoire ce roman, l’ultime d’une trilogie sur la France et l’Europe des années 1910-20 aux années 1940. Il y a dans l’écriture de cet auteur un je ne sais quoi de jouissif qui rend ses personnages très singuliers et très bien typés. On se passionne pour leurs destins respectifs définis par des événements historiques et/ou dramatiques. Il y a dans ce récit des méchants qui le sont le sont par lâcheté et médiocrité et à cause des circonstances et il y a des belles et bonnes personnes qui ne sont pas toujours vertueuses, mais dont l’âme est fondamentalement lumineuse...Vraiment, ce fût une lecture très agréable!

Ecoutons ces défaites qui ne sont pas des échecs. Souvenons-nous de ces succès qui ne sont pas la grandiose victoire. Un magnifique roman à l’enseigne de la littérature historique d’envergure. Celle qui a pour sujet la désillusion et le passage du temps pour les humains et pour les civilisations. Celle qui se nourrit des événements de son époque et qui les fait résonner avec ceux des décennies et des siècles passés. M’a beaucoup plus dans cette oeuvre l’enchevêtrement des récits et des époques, la multiplicité des lieux et des points de vue, la beauté de l’écriture, la mélancolie dans laquelle tout cela baigne. Le pouvoir des mots pour donner un peu de sens à cette actualité horrible qui défile sans cesse sur nos innombrables écrans.

Une intrigue sentimentale, une mission amoureuse au coeur d’un bain de sang célèbre, celui du massacre de la Saint-Barthélémy perpétrer en France en août 1572. Plus de 900 pages parsemées de descriptions de meurtres horribles, de rappels de folies religieuses fratricides au coeur de la plus grande ville de l’Europe de la Renaissance. Ouf! Avancer dans la lecture de roman, c’est à la fois s’enfoncer dans l’illustration de la noirceur humaine et dans le parcours de personnages complexes, de personnages au diapason de la violence de leur époque. Pas du tout un récit apaisant. Plutôt une histoire de bruit et de fureur. De Willocks, j’ai préféré « La religion », roman avec le même personnage principal, mais quelques années avant cette intrigue-ci. Cet écrivain à un vraiment un goût pour les longues scènes de sadisme meurtrier. Pas certain que c’est le cas de tous ses lecteurs. Bon, vivement un roman « feel good ».

Roman exigeant : plus de 800 pages et une narration dense. Mais un roman historique saisissant. Le Grand siège de Malte de 1565, une des batailles les plus célèbres et déterminantes dans l’histoire de l’Europe. L’attaque pendant des semaines menée par les soldats ottomans de Soliman le Magnifique contre un bastion catholique, contre une porte d’entrée stratégique dans l’empire chrétien. Au coeur de cet événement historique, une superbe épopée. On suit des personnages qui remplissent des missions par amour, par fanatisme religieux, par amitié, par appât du gain, par goût du pouvoir, par respect pour l’honneur chevaleresque. Grâce à une écriture puissante, on ressent littéralement dans ses tripes l’horreur de la guerre et on réalise à quel point elle engendre des torrents de sang et de déjections. Un des meilleurs romans historique jamais écrits.