Activités de STÉPHANE LAROSE

Ceci n'est pas, mais alors pas du tout une histoire du maillot de bain. Il s'agit plutôt d'un essai féministe sur l'appropriation du corps féminin par les hommes et de la perception de soi et de son corps par la femme, basée principalement (mais pas uniquement) sur l'évolution du vêtement de plage dans de nombreuses sociétés. Les informations et données historiques sont nombreuses et souvent intéressantes, mais l'interprétation féministe que l'auteure en fait est vraiment lourde et répétitive, ce qui arrive fréquemment lorsqu'on sacrifie l'ordre chronologique pour appuyer son analyse. Je ne serais pas porté à recommander la lecture de cet ouvrage.,

Le titre de cet ouvrage est bel et bien "Les moutons de la pensée : nouveaux conformismes idéologiques" et non pas "Anti-manuel woke" comme l'écrit Quialu. Autre erreur : le résumé de Quialu parle d'auteurs (au pluriel) alors qu'il n'y en a qu'un : Jean Szlamowicz, linguiste et professeur d'université. Alors que le mouvement woke essaie de déconstruire la société, Szlamowicz déconstruit le langage woke en montrant justement qu'il ne s'agit que de mots basés sur aucune réalité mais tous orientés vers la dénonciation de l'homme blanc en particulier. Bien que cet essai soit assez court et humoristique par moments, ce n'est pas un livre léger à lire et il faut savoir prendre son temps pour l'apprécier à sa juste valeur. Je vous en suggère fortement la lecture mais on n'en sort pas optimiste pour la suite du monde !

Pierre Duchesne complète ici sa large biographie du grand sociologue Guy Rocher avec un deuxième tome tout aussi intéressant que le premier. Cette fois, il y a moins de références aux concepts de la sociologie. C'est plutôt l'implication sociale du sociologue ainsi que son travail au sein des gouvernements péquistes qui retiennent l'attention du biographe ; sans oublier son immense contribution à l'établissement d'une sociologie du droit. Plus que jamais, raconter la vie de Guy Rocher équivaut presque à raconter l'histoire du Québec. Même si sa pensée évolue et qu'il peut changer d'idée sur certaines choses, Rocher ne le fait jamais par dogmatisme, encore moins pour répondre à une mode et il est en fait plutôt considéré comme un roc, une bibliothèque vivante sur laquelle s'appuyer. Je lève mon chapeau à Pierre Duchesne qui a effectué ici un travail vraiment admirable. Duchesne respecte généralement l'ordre chronologique des événements mais il n'a pas eu peur d'y déroger pour mettre en lumière certains aspects de la vie de Rocher. Bravo pour ce livre !

Juste à lire le titre et le sous-titre de ce livre et nous savons déjà qu'on a affaire ici à un livre de "complotistes". Aucun intérêt ? Désinformation ? Folies ? Pas du tout ! Cet ouvrage, très bien écrit et appuyé par des centaines de citations souvent tirées de périodiques scientifiques, vous fera certainement réfléchir et peut-être mettre en doute en tout ou en partie ce qu'on nous a martelé depuis le début de l'épidémie de Covid-19. Il est juste dommage qu'on commençait à peine la vaccination massive des gens lorsque ce livre a été écrit car les deux auteurs auraient certainement eu des choses intéressantes à nous dire sur le sujet ! Un best-seller américain à lire, en anglais ou en espagnol.

Mais qu'est-ce que ce livre fait dans la section "ésotérisme" ??? L'auteur Bruce Greyson est professeur émérite en psychiatrie, en médecine et en sciences neurocomportementales à l'Université de Virginie. Il est aussi professeur en médecine psychiatrique à la même université. Ce scientifique étudie EN TANT QUE SCIENTIFIQUE depuis plus de quarante ans les EMI (Expériences de mort imminente), appelées NDE (Near Death Experiences). Contrairement à son bien connu prédécesseur Raymond Moody, qui avait dans "La vie après la vie" exposé, pour la première fois dans le monde, une vaste série de récits de ces expériences sans vraiment les étudier scientifiquement ; Greyson, lui, nous raconte l'évolution de sa propre démarche scientifique d'étude sur ce sujet. Son livre contient aussi plusieurs passages où il laisse la parole à ceux qui ont fait l'expérience d'une EMI, mais ces passages prennent moins de place que dans le livre de Moody et servent plutôt à montrer comment l'auteur progressait dans son étude du phénomène par les questionnements que ces récits lui amenaient. Si vous vous intéressez au sujet, je crois qu'il est préférable de lire "La vie après la vie" avant celui-ci, pour vraiment avoir une meilleure idée de ce qu'est une EMI dans son entièreté. Sinon, n'ayez crainte : "After" a été conçu pour être lu par le grand public et demeure fascinant du début à la fin. Mais SVP, sortez ce livre de la section "ésotérisme" !!!

Jean-François Braunstein, philosophe et professeur d'université, est un spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie des sciences. Alors qu'au Canada la plupart des gens seraient incapables de nommer un philosophe contemporain, ce n'est pas le cas en France, où bien des philosophes sont littéralement des vedettes intellectuelles, certains publiant des essais très médiatisés. On les invite fréquemment aussi sur les plateaux de télévision pour commenter l'actualité et éclairer les lanternes des téléspectateurs. Braunstein ici résume et explique les théories à la fois farfelues et dangereuses du mouvement woke et explique pourquoi ce mouvement est tout à fait comparable à une religion ; bien que je lui ferais remarquer qu'il s'agit d'une religion sans aucun dieu ou déesse. La pierre angulaire du wokisme est la théorie du genre, où le sexe avec lequel une personne est née ne compte pas. Ce qui importe est comment un individu se sent en ce moment. Il peut aller d'un genre à l'autre (la fluidité des genres) sans problème. Le transgenrisme devient alors une sorte d'idéal. À la limite, le corps non plus n'existe pas. Il n'est que discours. Vous ne comprenez pas ? Eh bien moi non plus. Mais c'est normal. Toute logique, tout rationnel, toute science comme les mathématiques, la biologie ou la médecine sont rejetées comme étant liées au pouvoir blanc et au racisme systémique (deuxième pierre angulaire du wokisme). Comme dans son essai précédent paru il y a trois ans (La philosophie devenue folle), les auteurs et les textes dit célèbres auxquels Braunstein fait référence en long et en large m'étaient inconnus ou connus seulement par ma lecture de l'essai précédent. Malgré encore bien des passages assez complexes, malgré aussi une lassitude qui s'installe à la longue en lisant toutes les croyances folles liées à cette religion, malgré un désespoir de voir nos universités et nos écoles sombrer dans la folie, ce livre constitue une référence capitale pour apprendre et comprendre ce qu'est le wokisme et comment le combattre.

Jean-François Braunstein, philosophe et professeur d'université, est un spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie des sciences. Alors qu'au Canada la plupart des gens seraient incapables de nommer un philosophe contemporain, ce n'est pas le cas en France, où bien des philosophes sont littéralement des vedettes intellectuelles, certains publiant des essais très médiatisés. On les invite fréquemment aussi sur les plateaux de télévision pour commenter l'actualité et éclairer les lanternes des téléspectateurs. Braunstein ici résume et explique les théories à la fois farfelues et dangereuses de "scientifiques" et "philosophes" à l'origine de trois débats : la théorie du genre, les droits des animaux (où l'animal est considéré comme étant un homme ... et l'homme comme un animal) et la supposée mort dans la dignité, bien installée au Québec et au Canada mais pas encore en France, où on l'appelle encore "euthanasie". Je dois avouer que les auteurs et les textes dit célèbres auxquels Braunstein fait référence en long et en large m'étaient parfaitement inconnus. Mais il réalise tout un travail de remontée aux origines de ces trois débats et de la progression dans le temps de ceux-ci. On lit ce livre et on apprend donc d'où certaines idées assez folles d'aujourd'hui sont venues. C'est en général très intéressant mais j'aimerais avertir les potentiels lecteurs de deux éléments. D'abord, Braunstein ne se soucie pas toujours de bien vulgariser ce de quoi il cause. Les théories philosophiques citées sont souvent assez complexes et Braunstein y répond avec autant de complexité. Ensuite, je dois dire qu'à la longue, lire des insanités (même seulement théoriques), ça fatigue émotionnellement. S'installe alors une assez profonde lassitude. C'est donc un ouvrage à lire à petites doses pour vraiment apprécier à sa juste valeur.

La firme américaine McKinsey, qui existe depuis presqu'une centaine d'années, a "conseillé" le gouvernement Legault sur la façon de répondre à la pandémie de Covid-19. Selon Jean-François Nadeau, c'est aussi à la firme McKinsey que l'on doit l'obsession de François Legault de comparer le Québec à l'Ontario. Le problème est que cette firme fait tout pour ne pas être exposée publiquement. Le problème est que cette firme se place continuellement en conflit d'intérêts, travaillant à la fois, par exemple, pour des agences de santé gouvernementales et des compagnies pharmaceutiques, dont celle qui produisait l'OxyContin. Le problème est que McKinsey suggère très souvent à ses clients de couper dans les dépenses d'entretien et de sécurité. Cela a causé plusieurs accidents mortels. Le problème est que sous apparence d'avoir de belles et grandes valeurs, tout ce qui intéresse McKinsey est de faire faire plus d'argent à ses clients et leurs actionnaires, et bien sûr plus d'argent pour les conseillers de McKinsey et la firme elle-même. Le livre lui-même est un peu long, un peu dur à suivre si vous ne connaissez pas trop le domaine dont il est question. Il aurait pu ou dû frapper plus fort. Mais franchement, il y a là-dedans assez de matière pour fortement vous inquiéter que le gouvernement de François Legault ait fait appel à cette firme. M. Legault, vous aimez la lecture ? Qu'attendez-vous alors pour lire ce livre et vous excuser auprès des Québécois ?

J'avais énormément apprécié Hiver noir (Wolf Winter) de Cecilia Ekbäck, un bon mélange de roman historique, fantastique et policier dont l'action se passe à la montagne Blackasen en 1717. L'action de The Historians (pas encore traduit en français au moment où j'écris ce commentaire) se passe encore en partie à la montagne Blackasen, cette fois durant la seconde guerre mondiale. Délaissant ici le fantastique, Ekbäck, dans ce roman historico-policier, s'intéresse aux relations politiques et commerciales entre les pays scandinaves (+ la Finlande) et l'Allemagne hitlérienne, mais aussi à l'influence des idées du Troisième Reich sur ces mêmes pays. Cela aurait pu être très bon. Malheureusement, les personnages sont mal développés, souvent naïfs jusqu'à la stupidité et le tout traîne en longueur. Une grande déception pour moi.