Activités de Stéphanie Lussier

J'ai bien aimé l'histoire d'Élie Mestenapeo raconté par Michel Jean dans «Tiohtià:ke» (2021). C'est un livre dur qui nous raconte une réalité que nous méconnaissons par ignorance, mais aussi par déni... L'auteur nous raconte ce à quoi peut ressembler le vécu des itinérants issus des Premières Nations en passant par le trajet de vie d'Élie qui heureusement nous offre de l'espoir. Tout n'est pas noir! Après avoir lu le dernier de Francine Ruel et celui-ci de Michel jean, je constate qu'il y a une certaine parenté entre ces deux bouquins. Au-delà des histoires, c'est le ton, la langue utilisée, ça me plaît! J'ai l'impression que je me reconnais dans cette façon d'écrire, je pense que j'aime lire nos auteurs québécois.

J’ai adoré ce livre où le personnage principal, Violette, tente de retrouver cette pulsion de vie à travers les récits qu’elle recueille des endeuillés en tant que garde-cimetière. Chaque petit geste du quotidien n’est pas laissé au hasard et la sauce un peu plus des petits et grands drames qui se sont joués, de ceux des défunts non loin. Les chats dont elle prend soin, le thé qu’elle sert, les fleurs du jardin dont elle s’occupe, les aventures des amants et amantes éplorés par la mort… tout est matière à philosopher et à s’émerveiller de la vie et de ses manifestations. J’ai lu ses deux autres romans sans attendre. Les allés-retours dans le temps et à travers les nombreux couples demandent concentration mais le fil conducteur se dessine à mesure que la lecture avance pour se boucler en toute harmonie. Une belle plume à découvrir.

Un récit touchant, rempli de candeur, d’amour et de paix malgré une histoire douloureuse de vérité, qui traite de la guerre du Viet-Nam et de tous ses non-dits, ses passages délaissés des mémoires. Kim Thuy trace le fil de l’espoir, omet des détails pour nous faire savoir que ces silences ont fait contrepoids à l’horreur, nous démontre que tout est relié, même ce que l’on croit scindé, opposé. Les vies s’accrochent les unes aux autres pour s’affranchir de leurs destins. L’auteure nous fait sortir de cette vision purement américaine de cette guerre et nous redonne un peu d’humanité dans cette nouvelle compréhension dans laquelle elle nous guide avec présence, douceur et dignité.

Ce livre m’a choisi. Le titre m’interpellait tant que je n’avais même pas pris le temps de lire qui en était l’auteur. À 45 ans, en pleine transformation, réorientation de carrière, ce livre rempli de synchronicités pour moi m’a conduite dans un univers de plaisirs des sens, de joies et de légèretés. Il m’a donné l’élan pour fleurir au quotidien, pour repenser mes petites actions et habitudes de tous les jours. Il invite à l’observation, à saisir toute la profondeur de l’existence sans pour autant s’en alourdir, à plutôt se permettre de l’explorer comme une enfant avide de découvertes. Une histoire simple qui nous redonne foi en notre pouvoir créateur, qui nous encourage à retrouver notre propre essence et à fleurir dans notre vérité. Christine Michaud et son œuvre en psychologie positive sont à découvrir.

Boucar traite de la mort (et de la vie) de façon intimiste en nous partageant son expérience personnelle de la mort de sa mère et en nous racontant comment vivent et meurent les matriarches dans les clans d’éléphants. Outre ce comparatif captivant, son récit nous touche par sa simplicité, sa vérité. Il nous interpelle en nous démontrant tout ce qu’un être peut donner de son vivant et au-delà, l’étendue des émotions qu’une telle perte génère mais aussi en quoi elle s’inscrit dans le cycle de la vie. Un livre réconfortant, empli de résilience et qui raconte la mort avec poésie et humanité.

Des textes courts qui veulent tout dire, repensent notre histoire, éclairent notre quotidien, éveillent notre amour. Une plume juste qui apporte des nuances sur un ton anecdotique jamais dénué de vérité. Une poésie de tous les jours qui s’inscrit discrètement au fil des mots, sans jamais nous perdre, accessible pour tout lecteur. Des thèmes variés qui forment un tout harmonieux, relient les micro-essais entre eux pour nous offrir une unité en notre désir de découvrir chaque sujet abordé, d’entrevoir un nouvel angle, d’assister à une reconstruction de quelque chose qu’on croyait connaître. Une belle surprise pour moi.