Haïti. 12 janvier 2010. La terre tremble. Dany Laferrière est à Port-au-Prince. Il vit le
séisme et témoigne. Pour refuser l’oubli. Pour avancer vers d’autres horizons. Pour garder en
lui Vieux Os, cet enfant du pays qui rêve de fleurs-soleil, de papillons jaunes et de vélo
rouge. « Partout où je vais, les gens m’adressent la parole en baissant la voix. Conversation
entrecoupée de silences. Les yeux baissés, on m’effleure la main. Bien sûr qu’à travers moi,
on s’adresse à cette île blessée mais de moins en moins isolée. On me demande de ses
nouvelles. Ils comprennent vite qu’ils sont plus au courant de ce qui se passe que moi. Je me
suis éloigné de cette rumeur intoxicante afin de préserver ces images qui brûlent encore en
moi. Cette petite fille qui, la nuit du séisme, s’inquiétait à savoir s’il y avait classe
demain. Ou cette marchande de mangues que j’ai vue, le 13 janvier au matin, assise par terre,
le dos contre un mur, avec un lot de mangues à vendre. Quand les gens me parlent, je vois dans
leurs yeux qu’ils s’adressent aux morts, alors que je m’accroche à la moindre mouche
vivante.
Haïti. 12 janvier 2010. La terre tremble. Dany Laferrière est à Port-au-Prince. Il vit le
séisme et témoigne. Pour refuser l’oubli. Pour avancer vers d’autres horizons. Pour garder en
lui Vieux Os, cet enfant du pays qui rêve de fleurs-soleil, de papillons jaunes et de vélo
rouge. « Partout où je vais, les gens m’adressent la parole en baissant la voix. Conversation
entrecoupée de silences. Les yeux baissés, on m’effleure la main. Bien sûr qu’à travers moi,
on s’adresse à cette île blessée mais de moins en moins isolée. On me demande de ses
nouvelles. Ils comprennent vite qu’ils sont plus au courant de ce qui se passe que moi. Je me
suis éloigné de cette rumeur intoxicante afin de préserver ces images qui brûlent encore en
moi. Cette petite fille qui, la nuit du séisme, s’inquiétait à savoir s’il y avait classe
demain. Ou cette marchande de mangues que j’ai vue, le 13 janvier au matin, assise par terre,
le dos contre un mur, avec un lot de mangues à vendre. Quand les gens me parlent, je vois dans
leurs yeux qu’ils s’adressent aux morts, alors que je m’accroche à la moindre mouche
vivante.